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Batteries d'artillerie côtières du mur de l'Atlantique

Les batteries d'artillerie côtières sont l'un des éléments du mur de l'Atlantique construit par les Allemands pour empêcher un débarquement dans le nord-ouest de l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.

Construction d'une batterie côtière dans le Pas-de-Calais
Inspection allemande d'une des batteries côtières

Caractéristiques

La construction des batteries côtières allemandes débute entre septembre et décembre 1940, d'abord pour couvrir les préparatifs de l'opération Seelöwe (projet réel ou simulé de débarquement allemand en Angleterre) et interdire l'accès du pas de Calais aux navires britanniques. Plusieurs batteries lourdes sous casemates sont construites dans les secteurs de Calais, du cap Gris-Nez et de Dunkerque. À partir du déclenchement de l'opération Barbarossa, le gros de l'armée allemande est engagé sur le front de l'Est et la perspective d'un débarquement britannique à l'Ouest devient envisageable : Hitler ordonne le renforcement de ces défenses qui deviennent la première pièce du futur mur de l'Atlantique[1].

Les premières batteries sont :

  • Siegfried au sud du cap Gris-Nez : 4 pièces de 380 mm ;
  • Friedrich August au nord de Boulogne : 3 pièces de 305 mm ;
  • Grosser Kurfurst (Grand Électeur) : 4 pièces de 280 mm ;
  • Prinz Heinrich entre Calais et le cap Blanc-Nez : 2 pièces de 280 mm ;
  • Oldenburg à l'est de Calais : 2 pièces de 240 m ;
  • M1, M2, M3 et M4, plusieurs batteries entre Gris-Nez et Calais : 17 pièces de 170 mm, une de 350 mm et des pièces moyennes dont 7 batteries de pièces françaises capturées[1].

Outre les batteries côtières participant à la défense des grands ports (Brest, Cherbourg, Le Havre, etc.), ports transformés en forteresses par les Allemands, d'autres batteries de canons étaient disséminées le long du littoral de l'Atlantique, mais surtout de la Manche et de la mer du Nord. Elles se trouvaient plus ou moins en retrait du rivage, certaines à quelques kilomètres à l'intérieur des terres et sans vision sur la mer (les coordonnées de tir étaient données par un poste de tir fortifié situé plus en avant de la batterie). Les batteries étaient équipées de quelques canons à longue portée, en général 3 ou 4, censés empêcher l'approche des navires. Ils étaient opérés par l'armée allemande ou par la Kriegsmarine. Courant 1943, celles situées loin des grands ports passèrent sous le commandement de l'armée.

Dès 1943, et régulièrement à partir du printemps 1944 (avec la maîtrise du ciel par les Alliés), les batteries allemandes subirent des bombardements aériens. Ceux-ci se déroulaient tout le long de la côte de la Manche et de la mer du Nord, le commandement allié étant soucieux de cacher jusqu'au dernier moment le lieu de débarquement choisi. Si ces bombardements ne détruisirent que peu de canons protégés par des casemates, ils ralentirent fortement la construction de nouvelles casemates, obligeant souvent la construction de nuit ou la reconstruction, et limitèrent le renforcement des protections des batteries.

Les batteries les plus puissantes, les mieux armées et les mieux protégées, se trouvaient dans le Pas-de-Calais (leurs tirs pouvaient atteindre les côtes anglaises) comme la batterie Todt ou dans les forteresses portuaires. Celles situées entre les ports, souvent de construction plus récente (mi-1943-1944) étaient de niveau inégal dans leur achèvement et dans leur équipement. Ainsi certains canons étaient des prises de guerre, des canons parfois obsolètes, comme les canons Schneider français de la Première Guerre mondiale. Ces batteries étaient protégées des attaques aériennes ou terrestres par différents petits bunkers ou tranchées ainsi que par des champs de mines et par des armements, souvent là aussi pris à l'ennemi, par exemple du matériel russe capturé sur le front de l'Est.

Face au débarquement de Normandie

Batteries côtières allemandes de la baie de Seine

En Normandie, avant le débarquement du 6 juin 1944, il y avait plus d’une vingtaine de batteries principales sur les côtes de la baie de Seine entre Le Havre et Cherbourg. Leur portée variait d'une dizaine à plus de trente kilomètres (batterie de Crisbecq) et elles possédaient entre 3 et 4 canons, souvent des pièces de marine. Les canons étaient protégés dans des casemates de béton armé, construites par l'organisation Todt suivant des normes bien définies. Les casemates étaient protégées des attaques aériennes et terrestres par des canons antiaériens et des nids de mitrailleuses ou canons légers. Une batterie côtière était ainsi composée de plusieurs bunkers reliés par des souterrains et des tranchées, le tout entouré de barbelés et de champs de mines. Les bunkers étaient le plus possible camouflés dans leur environnement immédiat.

La plupart des batteries subirent un bombardement aérien massif dans la nuit précédant le débarquement mais aucun ne fut pleinement efficace. Outre le bombardement, certaines furent prises d'assaut par des troupes aéroportées, ce fut le cas de la prise de la batterie de Merville, haut fait d'armes des troupes aéroportées britanniques. La plupart des batteries purent ouvrir le feu le ou les jours suivants, mais sans influer sur le cours du débarquement et la plupart furent assez vite réduites au silence par la flotte de cuirassés et croiseurs alliés.

Certaines des batteries se révélèrent vides, les canons ayant été déplacés, ou vers d'autres batteries, ou vers des emplacements plus à l'arrière pour les protéger des bombardements. Ce fut le cas de la batterie de la pointe du Hoc ou de celles de Saint-Martin-de-Varreville. C'était aussi l'une des distinctions des batteries conçues pour la Marine, qui privilégiaient les canons fixes, souvent des pièces de marine, dans des casemates très fermées, des batteries de l'armée avec des canons plus mobiles et une casemate plus ouverte à l'arrière pour les déplacer. Contrairement au Pas-de-Calais, la Normandie ne présentait aucun canon monté sur plate-forme ferroviaire.

Certaines forteresses du mur de l'Atlantique abritant ces batteries deviennent des poches de résistance en 1944, voire jusqu'en 1945 pour plusieurs d'entre elles.

Beaucoup de ces batteries sont encore visibles aujourd'hui, certaines étant devenues des musées ou des lieux de mémoire.

  • Voir à cet effet la catégorie batterie d'artillerie côtière du mur de l'Atlantique

Références

  1. P. Delaforce 2006, p. 14-16.

Bibliographie

  • (en) Patrick Delaforce, Smashing the Atlantic Wall: The destruction of Hitler's coastal fortresses, Pen and Sword, (1re éd. 2001), 239 p. (ISBN 978-1107439757, lire en ligne) [1]

Liens externes


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