Bataille du Bosphore
La bataille du Bosphore est une bataille navale livrée le dans le Bosphore, près de Constantinople (aujourd'hui Istanbul), pendant le siège de la ville par les Ottomans. Elle oppose trois navires génois et un transport byzantin à la flotte turque qui est durement battue. Cette défaite inattendue de sa flotte incite Mehmed II à tenter un plan audacieux pour faire transporter ses navires dans la Corne d'Or.
Date | |
---|---|
Lieu |
dans le Bosphore près de Constantinople (aujourd'hui Istanbul) |
Issue | Victoire byzantino-génoise |
République de Gênes Empire byzantin | Empire ottoman |
Baltoglu Süleyman Bey |
Chute de Constantinople (1453)
Batailles
La conquête de Constantinople
Succédant à son père Murad II décédé le , le sultan Mehmet II (1451-1481) manifeste très rapidement son intention de s'emparer de Constantinople et de mettre fin à l'Empire byzantin. Cet état, qui n'est plus que l'ombre de lui-même, n'existe de fait que par sa capitale, encerclée par les possessions turques. À l'empereur byzantin Constantin XI qui cherche par tous les moyens à préserver la ville et les débris de son empire il répond en hiver 1451 : « les deux rives [du Bosphore] sont à moi, celle d'Asie parce qu'elle est habitée par les Osmanlis, celle d'Europe parce que tu n'es pas capable de la défendre. »
Pour renforcer son emprise, le sultan turc décide d'interdire l'accès du Bosphore et fait bâtir la forteresse de Rouméli-Hissar sur la côte européenne, cet ouvrage faisant pendant avec la forteresse d'Anadolu- Hissar, déjà érigée sur la côte asiatique, puis en janvier 1453 il réunit ses ministres et leur indique que son empire ne sera jamais en sécurité tant que Constantinople restera entre des mains chrétiennes. Il souligne notamment que les échecs éprouvés par ses prédécesseurs résultaient principalement de l'impossibilité dans laquelle il s'étaient trouvés de soumettre la ville à un blocus effectif, faute de disposer de la supériorité maritime. Or, ce n'est plus le cas : la marine byzantine est quasi inexistante alors que la flotte ottomane compte plus de 400 unités. Cette supériorité navale jointe à la puissance écrasante de l'armée turque, qui peut aligner plus de 100 000 combattants épaulés par une artillerie excellente, contre 7000 défenseurs à peine, doit assurer le succès de l'entreprise, qui commence début avril 1453.
Les premières opérations navales
La flotte ottomane est commandée par Baltoglu Süleyman Bey. C'est un Bulgare converti à l'Islam. Mehmet II lui a donné des instructions très claires et impératives : empêcher tout navire de quitter la ville assiégée ou d'y pénétrer, soutenir l'effort des troupes terrestres assiégeantes par le bombardement des murailles, s'emparer du chenal de la Corne d'Or, barré par les Byzantins depuis le 3 avril, à son embouchure et sur toute sa largeur, par une énorme chaîne. Cette dernière tâche se révèle très rapidement irréalisable.
Les conséquences
Critiqué par plusieurs dignitaires ottomans, Mehmed II décide de remplacer l'amiral Baltoglu par Hamza Bey à la tête de la flotte ottomane[1].
Cette défaite rappelle également à Mehmed l'importance de la Corne d'Or, le port naturel de Constantinople, qui permet à la flotte byzantine de disposer d'un refuge sûr. Il élabore alors un plan audacieux consistant à faire démonter ses navires et à les faire transporter grâce à des bœufs par voie terrestre jusque dans la Corne d'Or, malgré les difficultés du relief. À la stupéfaction des assiégés, les Ottomans parviennent à y transporter soixante douze navires[2], ce qui oblige les Byzantins à dégarnir certaines murailles pour assurer la protection de la muraille bordant la Corne d'Or.
Notes et références
- Critobule 1954, p. 55
- Chaliand1990, p. 272
Voir aussi
Bibliographie
- Steven Runciman (trad. de l'anglais par Hélène Pignot, préf. Laurent Motte), La chute de Constantinople : 1453 [« Fall of Constantinople 1453 »], Paris, Tallandier, coll. « Texto », , 348 p. (ISBN 978-2-84734-427-1)
- René Grousset, L'Empire du Levant : histoire de la question d'Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 1re éd. (1re éd. 1946), 648 p. (ISBN 978-2-228-88506-5)
- Georges Ostrogorski (trad. J. Gouillard, préf. paul lemerle), Histoire de l'etat byzantin, Paris, Payot, coll. « Bibliotheque historique », , 649 p. (OCLC 299917704),
- Jean-Paul Roux, Un choc de religions : la longue guerre de l'islam et de la chrétienté, 622-2007, Paris, Fayard, , 459 p. (ISBN 978-2-213-63258-2).
- John Julius Norwich, Histoire de Byzance : 330-1453, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 14), , 506 p. (ISBN 978-2-262-01890-0),
- Raphaël Schneider, La marine musulmane durant le siège de Constantinople, revue Histoire de la marine, numéro 7, hiver 2006