Bataille de Tall Afar (2017)
La bataille de Tall Afar a lieu lors de la Seconde Guerre civile irakienne. Elle débute le par une offensive de l'armée irakienne et des Hachd al-Chaabi soutenus par la coalition afin de reprendre la ville de Tall Afar, tenue par l'État islamique depuis juin 2014. Tall Afar est reprise le , les djihadistes se replient ensuite dans un village, al-Ayadiya, qui est repris à son tour le .
Irak Hachd al-Chaabi
| État islamique |
Abdelamir Yarallah |
40 000 Ă 50 000 hommes[1] - [2] Hachd al-Chaabi : 20 000 hommes[3] | 1 000 Ă 2 000 hommes[4] - [5] - [6] |
Seconde guerre civile irakienne
Coordonnées | 36° 22�nbsp;27�nbsp;nord, 42° 27�nbsp;13�nbsp;est |
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Prélude
La ville de Tall Afar est située 70 kilomètres à l'ouest de Mossoul[9]. Elle est prise à l'armée irakienne par les djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant le [10]. En 2016, lors de la bataille de Mossoul, l'offensive dans la région de Tall Afar est assignée aux milices chiites des Hachd al-Chaabi[11] - [12]. Le , ces dernières coupent la route de Sinjar à l'ouest et réalisent leur jonction avec les peshmergas stationnés au nord ; la zone de Mossoul et Tall Afar se retrouve encerclée dans une seule et même poche[13] - [14] - [15]. Puis, le , les miliciens chiites et la 9e division blindée de l'armée irakienne coupent la route qui relie ces deux villes ; Tall Afar est alors totalement encerclée, tandis que Mossoul retombe aux mains des forces irakiennes en juillet 2017[16].
Avant sa prise par les djihadistes, la ville de Tall Afar comptait 150 000 à 200 000 habitants, dont une majorité de chiites turkmènes, enclavée dans cette région sunnite[12] - [17] - [18]. Mais par crainte des massacres, la plupart des habitants ont fui[12] - [18]. En août 2017, selon l'armée irakienne, le nombre de civils restant dans la ville se limiterait à 5 000 personnes[5]. La coalition affirme pour sa part que 10 000 à 50 000 habitants sont encore présents à Tall Afar et ses environs[3].
Forces en présence
Les djihadistes sont encerclés à Tall Afar : les forces irakiennes et les milices chiites sont déployées au sud, tandis que les peshmergas sont positionnés au nord[5]. L'aéroport, situé à six kilomètres au sud-ouest de la ville, est notamment contrôlé par les forces irakiennes depuis le [19].
L'armée irakienne, la police fédérale, les unités de l'Iraqi Special Operations Force » (ISOF) surnommées la « division d'or », et les miliciens des Hachd al-Chaabi sont engagés dans l'assaut[9] - [20] - [21]. L'armée déploie les 9e, 15e et 16e divisions[20] - [21] ; au total 40 000 hommes[22]. La police fédérale engage la 6e division de la Force d'intervention rapide[21]. Le commandement des Hachd al-Chaabi affirme pour sa part avoir mobilisé 20 000 hommes[3] ; douze brigades de cette coalition participent à l'offensive[21] �/span> notamment l'Organisation Badr[23], la Division de combat d'al-Abbas[23] - [24] et les Brigades de l'imam Ali[25] �/span> et parmi ces derniers figurent également un certain nombre de Turkmènes chiites originaires de la ville[26]. Le commandement des opérations militaires à Tall Afar est confié au général Abdelamir Yarallah[6].
La France soutient l'offensive avec la Task force Wagram, constituée de quatre CAESAR et 150 hommes[27] - [28]. Des forces spéciales américaines[29] et belges[29] appuient également les troupes irakiennes, de même que les aviations française[30], britannique[31] et australienne[32]. Au cours de la bataille, les forces aériennes de la coalition mènent une cinquantaine de frappes en huit jours[23].
Le général irakien Najim al-Jibouri estime que la bataille ne devrait pas être la plus acharnée ; selon lui les hommes de l'État islamique sont « exténués et démoralisés » et seraient environ 2 000 retranchés dans Tall Afar[33] - [5]. L'armée américaine donne le même nombre[6]. Des responsables locaux cités par des agences de presse évoquent pour leur part un millier de combattants[34]. Parmi les effectifs de l'État islamique à Tall Afar figurent également une proportion assez importante de combattants turcs[21].
Les djihadistes ont préparé leur défense en creusant des tranchées autour des 26 quartiers de la ville[35]. Les rues de Tall Afar sont également assez larges pour permettre aux chars et aux véhicules blindés d'y circuler ; à l'exception du quartier de Saraï, le seul comparable à la vieille ville de Mossoul[33] - [35].
DĂ©roulement
Le , l'aviation irakienne commence une campagne de bombardement contre la ville[34] ; elle largue également des tracts à l'adresse des habitants et les autorités annoncent la mise en place d'une station de radio pour les tenir informés des développements[35]. Enfin, dans la nuit du 19 au , le Premier ministre Haïder al-Abadi annonce le début de la bataille à Tall Afar[9] ; il déclare que les hommes de Daech n'ont « pas d'autre choix que de se rendre ou d'être tués »[3].
Vulnérables en terrain découvert, les djihadistes se replient rapidement à l'intérieur de la ville et abandonnent les villages environnants sans opposer de fortes résistances[21]. Le soir du 21 août, les forces irakiennes atteignent les faubourgs de Tall Afar : la police fédérale contrôle alors cinq villages et n'est plus qu'à quelques centaines de mètres du quartier d'al-Kifah, à l'ouest de la ville ; les Hachd al-Chaabi atteignent aussi les faubourgs ouest et les unités du contre-terrorisme progressent au sud-ouest en reprenant cinq villages[36]. Le 22 août, l'armée irakienne, les unités du contre-terrorisme et les milices chiites entrent dans la ville par le sud et par l'ouest[37]. Les défenses de l'État islamique s'effondrent rapidement[38] - [23]. Quelques heures plus tard, les Hachd al-Chaabi reprennent les quartiers d'al-Kifah, au nord-ouest, et al-Nour, au sud-est[39]. Le 23 août, ils atteignent le quartier d'al-Tanak, dans l'Est, tandis que les unités du contre-terrorisme investissent le quartier adjacent d'al-Sinaai[40]. Le soir du 24 août, l'armée irakienne affirme occuper cinq quartiers au sud et à l'est de la ville, dont ceux d'al-Nour et d'al-Mo'allameen, tandis que le quartier d'al-Wahda, à l'ouest, est également sous leur contrôle[41] ; un quart de la ville est alors aux mains des forces irakiennes[41]. Le 25 août, ces dernières s'emparent encore des quartiers d'al-Nasr, à l'est ; de Saad, à l'ouest ; et d'al-Taliaa, au sud de la citadelle[6] ; elles affirment alors contrôler les trois quarts de la ville[42]. Le 26 août, le centre-ville de Tall Afar est repris : les hommes de la division d'or réoccupent le quartier de Bassatine, ainsi que celui de la citadelle, où ils hissent le drapeau irakien[6]. Le même jour, les forces irakiennes reprennent également les quartiers d'al-Salam et d'al-Ourouba, au nord-est ; al-Qadissia, au nord-ouest ; et al-Rabie, à l'ouest[6]. Les combats se poursuivent cependant dans la localité d'al-Ayadiya, au nord, ainsi que dans quelques poches de résistance à l'intérieur de la ville[6]. Le Commandement conjoint des opérations (JOC) affirme alors que les forces irakiennes occupent « 94 % de la ville, soient 27 quartiers sur 29 » ; il déclare également que 1 155 km2 sur 1 655 km2 occupés par les djihadistes autour de la ville ont été repris, soient 70 % de la zone[43]. Le 27 août, l'armée annonce dans un communiqué avoir repris le contrôle total de la ville de Tall Afar[44].
Les derniers combats se concentrant alors dans le secteur d'al-Ayadiya, une localité à 11 kilomètres au nord de Tall Afar, où environ 700 djihadistes se sont regroupés[23] - [44] - [45] - [2]. Le 30 août, la police fédérale et la Force d'intervention rapide s'emparent du village de Qoubouq, tandis que l'armée irakienne et les Hachd al-Chaabi contrôlent la moitié est d'al-Ayadiya[24]. Cependant dans cette dernière localité, les djihadistes, estimés entre 150 et 200 par la coalition sans compter les membres de leurs familles, opposent cette fois une forte résistance[24]. Le 31 août, al-Ayadiya tombe entièrement aux mains des forces irakiennes ; le Premier ministre Haïder al-Abadi proclame la victoire et affirme que la province de Ninive est désormais entièrement reconquise[4].
Les pertes
Au soir du 26 août, l'armée irakienne affirme avoir « éliminé » 250 à 259 djihadistes de l'État islamique lors des combats à l'intérieur de la ville de Tall Afar et dans ses environs[46] - [23]. Selon le chercheur irakien Hicham Al-Hachimi, 89 hommes de l'EI �/span> dont 12 russophones et cinq francophones �/span> se seraient rendus aux peshmergas le 27 août, au nord de Tall Afar[46].
Le 31 août, le brigadier-général Andrew A. Croft, commandant en second des forces aériennes de la coalition, affirme que sur les 1 000 à 1 400 djihadistes présents à Tall Afar au début de la bataille, 600 à 700 ont été tués et une centaine se sont rendus[4]. Le même jour, le lieutenant-général Stephen J. Townsend, chef des forces de la coalition, déclare que les pertes de l'État islamique sont estimées à environ 1 000 ou 1 200 morts, dont 500 à 700 tués à l'intérieur de la ville et 300 à 500 dans les villages environnants, tandis que les peshmergas ont estimé avoir abattu 130 à 170 djihadistes qui essayaient de fuir vers le nord[7].
Les peshmergas et la police fédérale irakienne affirment pour leur part à la date du 2 septembre avoir fait 300 prisonniers parmi les hommes de l'EI, dont des Turcs, des habitants d'Asie centrale et des Irakiens[8].
Selon le major-général Abdelamir Yarallah, les pertes des forces irakiennes à Tall Afar ont été de 115 morts et 679 blessés et celles de l'État islamique de 2 000 hommes, dont 50 kamikazes[1].
Liens externes
Voir aussi
- Maxime Macé, « Les enjeux de la bataille de Tal Afar: entre lutte contre l'Etat islamique et question des minorités », France Soir, (consulté le ).
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Reportages photographiques
- Charles Thiefaine, « En photos : La reprise de Tal Afar des mains de l'EI », sur Vice, (consulté le ).
Notes et références
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- Georges Malbrunot, « En Irak, Daech perd son fief de Tal Afar », Le Figaro, (consulté le )
- AFP, « Irak : assaut sur Tal Afar, l'un des derniers bastions de l'EI », Le Point, (consulté le )
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- Raya Jalabi, Ahmed Rasheed et Arthur Connan, « L'armée irakienne se prépare à reprendre Tal Afar à Daech », sur Challenges, Reuters, (consulté le )
- Le Figaro avec AFP, « Tal Afar: les forces irakiennes reprennent le centre à l'EI », (consulté le )
- (en-US) « Department of Defense Press Briefing by General Townsend via teleconfe », US. Departement of Defense, (consulté le )
- Louis Imbert, « Irak : « Je les comprends ceux qui ont rejoint l’État islamique » », Le Monde,�/span> (lire en ligne, consulté le )
- « L’Irak lance la bataille de Tal Afar, dernier bastion de l’EI dans la province de Ninive », Le Monde,�/span> (lire en ligne, consulté le )
- Le Figaro avec AFP, « Irak : les insurgés prennent Tal-Afar », (consulté le )
- Louis Imbert, « Quel rôle tiennent les milices chiites dans la bataille de Mossoul ? », Le Monde,�/span> (lire en ligne, consulté le )
- Allan Kaval, « En Irak, les milices chiites lancent la bataille de Tal Afar et suscitent l’inquiétude », Le Monde,�/span> (lire en ligne, consulté le )
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- AFP, « Irak: des forces paramilitaires atteignent un aéroport à l'ouest de Mossoul (communiqué) », L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- (en-US) « Iraqi Forces Begin Offensive to Liberate Tal Afar », US Departement of Defense, (consulté le )
- Maxime Macé, « Les enjeux de la bataille de Tal Afar: entre lutte contre l'Etat islamique et question des minorités », France Soir, (consulté le )
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- Louis Imbert, « En Irak, la chute sans gloire de Tal Afar », Le Monde,�/span> (lire en ligne, consulté le )
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- [vidéo] « Les forces irakiennes se rapprochent de lun des derniers fiefs de lEI », France 24, 21 août 2017.
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- « L'Entretien - Bataille de Tal Afar : "Nous n’avions pas anticipé une prise si rapide" », France 24, (consulté le )
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- Maher Chmaytelli et Jean-Philippe Lefief, « Les forces irakiennes atteignent le centre de Tal Afar », sur Challenges, Reuters, (consulté le )
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- Ahmed Rasheed, Tangi Salaün et Eric Faye, « L'armée irakienne parachève la reconquête de Tal Afar », sur Challenges, Reuters, (consulté le )
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- Madjid Zerrouky, « A Tal Afar, l’EI perd son dernier bastion en Irak », Le Monde,�/span> (lire en ligne, consulté le )