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Bataille de Crannon

La bataille de Crannon oppose en août 322 av. J.-C., lors de la guerre lamiaque, les forces macédoniennes d'Antipater et Cratère à celles des rebelles grecs, menées par les Athéniens sous le commandement d'Antiphile et Ménon de Pharsale (en), près du village de Crannon en Thessalie. La victoire des Macédoniens convainc les Grecs à demander la paix.

Bataille de Crannon
Informations générales
Date Août 322 av. J.-C.
Lieu Thessalie
Casus belli RĂ©volte des Grecs
Issue Victoire macédonienne
Belligérants
Armée macédonienneArmée grecque composée d'Athéniens, d'Étoliens et de Thessaliens
Commandants
Antipater
Cratère
Antiphile
MĂ©non de Pharsale (en)
Forces en présence
40 000 fantassins 3 000 frondeurs et archers 5 000 cavaliers25 000 fantassins 3 500 cavaliers thessaliens
Pertes
130 morts500 morts

Guerre lamiaque

Batailles

Bataille de PlatĂ©e ; bataille des Thermopyles ; siège de Lamia ; bataille d'Amorgos ; bataille des Échinades ; dĂ©faite de LĂ©onnatos par Antiphile (en) ; bataille de Crannon

CoordonnĂ©es 39° 31′ 00″ nord, 22° 21′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Grèce
(Voir situation sur carte : Grèce)
Bataille de Crannon

Les événements de la bataille sont relatés par Diodore de Sicile dans la Bibliothèque historique d'après des sources antiques aujourd'hui perdues.

Contexte historique

Après la mort d'Alexandre le Grand en juin 323 av. J.-C., son empire est laissé entre les mains de ses généraux, les Diadoques, qui en l'absence d'un héritier majeur et apte à régner (Alexandre IV n'est pas encore né et Philippe III est déficient mental), se voient confier les tâches administratives de l'empire. Perdiccas devient le chiliarque de l'empire et Cratère, le tuteur des rois. Mais des dissensions commencent à apparaître car les généraux d'Alexandre ont leurs ambitions personnelles. C'est dans ce contexte d'instabilité politique que les cités grecques, sous la contrainte de la Ligue de Corinthe depuis 337, et dans une volonté de retrouver leurs autonomies passées, se révoltent en créant une coalition, c'est le début de la guerre lamiaque. Les principaux instigateurs de cette rébellion sont les orateurs de l'Attique: Démosthène et Hypéride.

Les Macédoniens sont au début de la guerre en infériorité numérique en raison du fait que la majorité des troupes se trouvent en Asie, alors que Cratère est en route vers la Macédoine à la tête des vétérans démobilisés. De plus, les coalisés peuvent compter sur l'appui des mercenaires grecs, endurcis par les pillages en Asie, depuis leur démobilisation après les conquête d'Alexandre. Ils ont d'ailleurs un profond ressentiment envers la monarchie macédonienne qui ne leur a pas laissé la possibilité d'exercer leur métier.

Dès le début de la guerre, les Macédoniens sont victimes de plusieurs revers. Antipater se réfugie à Lamia après sa défaite aux Thermopyles et demande l'aide des armées d'Asie. À cet appel répondent Léonnatos et Cratère. C'est pendant le siège de Lamia, que les troupes d'Antipater sortent victorieuses de la défense de la cité contre Léosthène, qui meurt trois jours plus tard, des suites de ses blessures à la tête reçues par un jet de pierre. Le général grec est remplacé par Antiphile qui intercepte Léonnatos et le vainc près de Rhamnonte. Antipater, rejoint par les troupes de Cratère, prend donc le reste de l'armée de Léonnatos et fait face à Antiphile et Ménon de Pharsale (en) près du village de Crannon. L'armée grecque est en infériorité numérique à cause du départ de nombreux citoyens vers leurs foyers pour gérer des affaires personnelles.

DĂ©roulement

Les forces en prĂ©sences sont importantes selon le rĂ©cit de Diodore de Sicile. On dĂ©nombre 40 000 fantassins, 3 000 archers et frondeurs et 5 000 cavaliers du cĂ´tĂ© des MacĂ©doniens contre 20 000 fantassins et 3 500 cavaliers thessaliens du cĂ´tĂ© des citĂ©s grecques[1].

Après des jours de provocations de la part des Macédoniens, les armées se rencontrent finalement au sud de Larissa près du village de Crannon[2]. Le combat commence par une charge de la cavalerie thessalienne sur les flancs, commandée par Ménon de Pharsale (en), contre la cavalerie macédonienne. Antipater profite que la cavalerie thessalienne soit occupée pour engager le combat avec l'infanterie adverse qui est repoussée sur un terrain accidenté. L'infanterie grecque fuit sur une colline où elle tient à distance les Macédoniens. Malgré l'avantage de la cavalerie thessalienne, celle-ci voyant ses alliés reculer, vient rallier l'infanterie en difficultés, offrant la victoire aux Macédoniens.

Selon Diodore de Sicile, les pertes s’élèvent respectivement à 130 morts pour les Macédoniens et à 500 pour les Grecs[1].

Conséquences

Cette défaite des Grecs est mineure si l'on prend en compte les pertes humaines, toutefois, Ménon de Pharsale (en) et Antiphile décident d'envoyer des ambassadeurs afin de négocier une trêve, donnant ainsi une grande importance à cette bataille. Antipater accepte l'envoi d'ambassadeurs à la condition d'échanger individuellement sur les termes de la trêve avec chaque cité. Devant le refus des Grecs, les cités sont investies par Antipater et Cratère, finissant une à une par signer des traités de paix plutôt cléments, laissant les Étoliens et les Athéniens livrés à eux-mêmes.

Une paix très sĂ©vère, ratifiĂ©e en septembre 322 avec l'accord de DĂ©made et de Phocion, est imposĂ©e par le royaume de MacĂ©doine Ă  la citĂ© d'Athènes. Elle implique la disposition d'une garnison dans le port du PirĂ©e, le paiement d'un tribut de 2 000 drachmes et l'abolition de droits civiques Ă  une partie de ses citoyens[3]. De plus, la MacĂ©doine fait en sorte que les nĂ©gociations avec les citĂ©s ne soient plus faites sous la houlette de la Ligue de Corinthe mais avec leurs hĂ©rauts respectifs. Quant aux orateurs anti-macĂ©doniens, DĂ©mosthène est contraint au suicide et HypĂ©ride est exĂ©cutĂ© juste après la signature des accords.

Notes et références

  1. Diodore, XVIII, 17-18.
  2. Martinez-Sève 2014, p. 26.
  3. Grandjean, Hoffman et Capdetrey 2008, p. 41.

Source antique

Bibliographie

  • Catherine Grandjean, Geneviève Hoffmann, Laurent Capdetrey et Jean-Yves Carrez-Maratray, Le Monde hellĂ©nistique, Armand Colin, coll. « U / Histoire », (ISBN 978-2-200-35516-6).
  • Ludmila Marinovic et Jacqueline Gaudey, « Les mercenaires de la guerre lamiaque », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 15, no 2,‎ , p. 97-105 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Laurianne Martinez-Sève, Atlas du monde hellĂ©nistique (336-31 av. J.-C.) : pouvoir et territoires après Alexandre le Grand, Paris, Autrement, coll. « Atlas-mĂ©moires », , 96 p. (ISBN 978-2-7467-3616-0).
  • Claire PrĂ©aux, Le Monde hellĂ©nistique : la Grèce et l'Orient (323-146 av. J.-C.), Paris, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », , 402 p. (ISBN 2-13-035263-4).
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellĂ©nistique 323-, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (ISBN 2-02-060387-X).
  • (en) Angelos Chaniotis, War in the Hellenistic World : Ancient world at war, Blackwell Publishing, , 308 p.
  • (en) Philipp Sabin, Hans Ven Wees et Michael Whitby, The Cambridge History of greek and roman warfare, vol. 1 : Greece, the Hellenistic World and the Rise of Rome, Cambridge University Press, , 663 p.
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