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Bataille d'Orgelet (1674)

La bataille d'Orgelet est un conflit de la seconde conquête de la Franche-Comté que subit la cité d'Orgelet (Jura) dans le comté de Bourgogne (Franche-Comté), du 31 mars au [1]. Cette bataille est un succès tactique pour la France qui parvient a conserver la ville mais un échec stratégique car elle perd provisoirement le contrôle du secteur[2].

Bataille d'Orgelet
Description de cette image, également commentée ci-après
Vestiges des fortifications d'Orgelet
Informations générales
Date 31 mars-1er avril 1674
Lieu

Orgelet (Jura)

Comté de Bourgogne
Issue

Victoire tactique française

Victoire stratégique comtoise
Commandants
Charles de Montgaillard
Chevalier de Lignon
Jacques-Antoine de Maisod
Thomas de Lezay de Marnézia
Forces en présence
100 fantassins
60 cavaliers
400 hommes
Pertes
33 morts

Chiffre des blessés inconnu

Nombreux prisonniers (chiffres exactes inconnu)
Environ 100 morts ou blessés

Guerre de Hollande

Batailles

Coordonnées 46° 31′ 23″ nord, 5° 36′ 40″ est
Géolocalisation sur la carte : Franche-Comté
(Voir situation sur carte : Franche-Comté)
Bataille d'Orgelet
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille d'Orgelet

Contexte

Le , 6 000 hommes entrent en Franche-Comté dans le secteur de Pesmes sous la conduite du duc de Navailles. Après la victoire des français à Gray, l'armée française se scinde en deux: une partie peut maintenant s'en prendre au bailliage d'Aval, l'actuel Jura. Un détachement conduit par le vicomte d'Aspremont, officier et ingénieur militaire, est chargé de l'offensive[3]. Le 13 mars Orgelet, avec ses murailles vétustes, est prise par l'ennemi sans combattre dans la même période que Poligny et Lons-le -Saunier.[4] Seul Arbois résiste encore.

Orgelet avait été évacué ses défenseurs, armes et munitions et ces derniers se regroupèrent à Saint-Claude avec d'autres éléments locaux. Le secteur d'Orgelet est alors à l’extrême droite du dispositif français et devient donc un lieu hautement stratégique. Sans Orgelet, les Français seraient bloqués dans leur progression ne pourraient plus attaquer le sud et le sud-est du Jura. Les autorités de Saint-Claude encouragées par les bourgeois d'Orgelet ainsi que la résistance de la ville d'Arbois, décident de planifier une intervention pour reprendre la cité conquise[5].

Déroulement de la bataille

Le 30 mars, un détachement militaire composé de 400 fantassins et cavaliers, commandé par le colonel Jacques-Antoine de Maizod, quitte Saint-Claude et traverse l'Ain à Brillat[6]. De Maizod est considéré comme l'un des plus zélés défenseurs de la Franche-Comté espagnole[7]. il est accompagné du capitaine d'infanterie Henri de Lezay de Marnézia[8]. Ils feront face à 100 fantassins et 60 cavaliers retranchés dans Orgelet.

L'église d'Orgelet ou les français se barricadèrent

Le 31 mars a l'aube, les bourgeois d'Orgelet profitent des négligences des soldats français pour ouvrir une des portes de la ville aux comtois. Les 400 hommes de Maisod s’engouffrent dans la cité endormie[1]. Aussitôt l'alarme est donnée dans le camp français. Le lieutenant de Montgaillard envoie immédiatement huit cavaliers à la rencontre des comtois qui se font aussitôt tailler en pièces. Les autres cavaliers se barricadent dans l'église. Le Chevalier d'Espaux avec trois cavaliers isolés tente de fendre la foule des assaillants pour entrer dans l'église encerclée, mais il n'y parvient qu'avec un seul homme et il est lui-même grièvement blessé. La bataille s'éternise toute la journée dans un farouche combat de rue. Les soldats isolés dans la ville ou qui logeait chez l'habitant sont égorgés ou fait prisonnier. Trente Français sont encerclés dans l'hostellerie de la ville et après plusieurs heures de résistance, une partie parvient à rallier l'église à la faveur de la nuit. Sur leur chemin, ils brûlent toutes les maisons pour couvrir leur retraite[1]. Lors de cette même nuit, ils parviennent à envoyer un messager au Vicomte d'Aspremont pour l'informer des combats.

Au matin du 1er avril, les combats continuent avec la même intensité, l'église et certains secteurs périphérique proche des remparts tiennent toujours. Les français reçoivent même des munitions d'un détachement de cavalerie qui patrouillaient non loin. Alors que la situation semble désespérée pour les Français, les éclaireurs comtois rapportent à leur commandant qu'un puissant détachement français est en approche. Comprenant que les défenseurs ne pourront être réduit à temps, les comtois évacuent la ville à la tombée de la nuit. Ils s'installent dans la foret adjacente et décident d'y tenir leur position. Ils ont emmené avec eux de très nombreux soldats français capturés[1] . De Maisod parvient à réorganiser immédiatement son détachement et à former une ligne de défense. De plus, de nombreux paysans des environs viennent en renfort.

A 22h, le vicomte d'Aspremont fait son entrée dans Orgelet en flamme et à moitié détruite. Des rues entières disparaîtront dans l'incendie[2].

Conséquences

Le lendemain les Français voulurent poursuivre leur progression, ainsi que l'armée comtoise qui s'était réfugiée dans la foret; mais ils subirent une embuscade dans le bois de Crance (à 4km au sud-est d'Orgelet) qui leur coûta de très lourdes pertes[2].

Si la bataille est une victoire tactique pour les Français, sauvés de justesse par des renforts, elle est également une importante défaite stratégique qui bloque toute progression dans le sud Jura. Affaiblis, basés dans une ville à moitié détruite et redoutant les embuscades, les Français devront attendre le mois de juin avant de reprendre l’initiative et le contrôle du secteur d'Orgelet qui désormais leur échappe. De Maisod et ses hommes contrôleront les forets et montagnes du Jura jusqu'en juin. Nous pouvons en avoir un aperçu dans ce rapport d'Aspremont à Louvois juste après la reprise d'Orgelet: Depuis que je vous ai écrite cette lettre monseigneur, nous avons eu deux alarmes et nous sommes montés à cheval. Les montagnes sont hérissées de ces canailles qui nous tourmentent incessamment.[1]

La bataille d'Orgelet comme celle d'Arbois aura un énorme impact sur le moral des Comtois; en témoigne cette correspondance entre le marquis de Renel et Navailles: Les ennemis ont beaucoup d’audace. Ils font pendre des officiers qu'ils ont entre leurs mains sans craindre les représailles parce qu’ils ont entre leurs mains nos prisonniers d'Orgelet...[1]

Après l'annexion, et malgré les protestations des habitants, Louis XIV frappera la ville d'une contribution de 12 000 livres destinée aux militaires pillés au cours de l'affrontement.

Notes et références

  1. Léon Ordinaire, Deux époques militaires à Besançon et en Franche-Comté, 1674-1814, Tubergue, (lire en ligne)
  2. Alphonse Rousset et Frédéric Moreau (architecte.), Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, classés par département: département du Jura, Bintot, (lire en ligne)
  3. Jean Baptiste Colbert, Lettres, instructions et mémoires de Colbert, Imprimerie impériale, (lire en ligne)
  4. Mémoires de la Société d'émulation du Jura, Société d'émulation du Jura, (lire en ligne)
  5. Société d'émulation du Jura, Mémoires, (lire en ligne)
  6. Joseph Paul Augustin Benoît, Histoire de l'abbaye et de la terre de Saint-Claude, (lire en ligne)
  7. Annuaire du département du Jura: pour l'année..., Impr. Gauthier, (lire en ligne)
  8. Joseph Paul Augustin Benoît, Histoire de l'abbaye et de la terre de Saint-Claude, (lire en ligne)
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