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Barrage de Kariba

Le barrage de Kariba est un barrage hydroĂ©lectrique situĂ© dans les gorges de Kariba du bassin du Zambèze Ă  la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe. Il est l'un des plus grands barrages dans le monde. Il a une hauteur de 128 m et une longueur de 579 m[1]. Il a Ă©tĂ© conçu par l'ingĂ©nieur français AndrĂ© Coyne et rĂ©alisĂ© par l'entreprise italienne Torno Internazionale, entre 1955 et 1959. La fermeture du barrage a eu lieu le 2 dĂ©cembre 1958, la date officielle du remplissage Ă©tant le 22 janvier 1959. La crĂ©ation du barrage a entraĂ®nĂ© le dĂ©placement de près de 57 000 personnes[2]. La crĂ©ation du barrage a entraĂ®nĂ© une dĂ©tĂ©rioration significative de la situation Ă©conomique de la population locale ainsi que de nombreux problèmes de santĂ©[3].

Barrage de Kariba
GĂ©ographie
Pays
Coordonnées
16° 31′ 18″ S, 28° 45′ 41″ E
Cours d'eau
Objectifs et impacts
Propriétaire
Zambezi River Authority
Date du début des travaux
1955
Date de la fin des travaux
1959
Date de mise en service
1960
Coût
480 millions de $
Barrage
Type
Hauteur
(lit de rivière)
128 m
Longueur
579 m
Épaisseur en crête
13 m
Épaisseur à la base
24 m
RĂ©servoir
Nom
Altitude
485 m
Volume
180 000 millions de m3
Superficie
5 400 km2
Longueur
220 km
Centrale(s) hydroélectrique(s)
Puissance installée
1 319 MW
GĂ©olocalisation sur la carte : Zambie
(Voir situation sur carte : Zambie)
GĂ©olocalisation sur la carte : Zimbabwe
(Voir situation sur carte : Zimbabwe)

Étymologie

On estime que le nom de Kariba vient d’une déformation du mot Shona désignant un piège. Kariva est un petit piège et on pense que ceux qui voulaient construire le barrage voulurent expliquer la nature du projet à la population locale, en soulignant qu'ils voulaient construire un petit piège à eau - Kariva. Cependant, la prononciation complexe du «v» de Kariva par les constructeurs occidentaux produit un son un peu comme un 'b' d’où la création du nom Kariba.

Histoire

Choix de l'emplacement

Bassin du Zambèze

Le projet du barrage de Kariba fut proposé et mis en œuvre par le gouvernement de la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland, ou Fédération d'Afrique centrale (FAC). Le FAC était un état semi-indépendant au sein du Commonwealth en Afrique australe qui exista de 1953 à la fin de 1963. Elle incluait les anciennes colonies britanniques autonomes de la Rhodésie du Nord et du Sud et l'ancien protectorat britannique du Nyassaland. La Rhodésie du Nord avait décidé plus tôt en 1953 (avant que la Fédération ne fut fondée) de construire un barrage sur son territoire, sur la rivière Kafue, un important affluent du Zambèze. Il aurait été plus proche de la Copperbelt zambienne, qui avait besoin de plus de puissance. Cela aurait été un projet moins coûteux et moins grandiose, avec un impact environnemental moindre. La Rhodésie du Sud, le plus riche des trois, s'opposa à un barrage à Kafue et insista sur le fait que le barrage serait situé à Kariba. En outre, la capacité du barrage de Kafue aurait été beaucoup plus faible que celui à Kariba[4]. Le barrage de Kariba est maintenant détenu et exploité par l'Autorité du fleuve Zambèze, qui est détenue à parité par le Zimbabwe et la Zambie[5].

Depuis l'indépendance de la Zambie, deux barrages ont été construits sur la rivière Kafue : le barrage de Kafue Gorge et le barrage d'Itezhi-Tezhi.

Construction

Le barrage voĂ»te en bĂ©ton, en double courbure, fut construit entre 1955 et 1959 par Impresit, une sociĂ©tĂ© italienne[6] pour un coĂ»t de 135 000 000 $ pour la première Ă©tape avec seulement la centrale hydroĂ©lectrique en caverne de Kariba Sud. La construction finale et l'ajout de la centrale en caverne de Kariba Nord par Mitchell Construction[7] ne furent achevĂ©s qu'en 1977, principalement en raison de problèmes politiques, pour un coĂ»t total de 480 000 000 $. 86 hommes perdirent la vie pendant la construction[6] - [8].

Actualité récente

Le 6 fĂ©vrier 2008, la BBC rapporta que des fortes pluies pourraient conduire Ă  des lâchers d'eau du barrage, ce qui obligerait 50 000 personnes en aval Ă  Ă©vacuer[9]. L'augmentation du niveau d’eau conduisit Ă  l'ouverture des vannes en mars 2010, obligeant 130 000 personnes, qui vivaient dans la plaine inondable, Ă  Ă©vacuer. On a alors craint que l'inondation ne s'Ă©tende au Mozambique voisin[10].

En 2008, des travaux pour ajouter 2 nouveaux groupes d'une puissance de 180 MW chacun commencent. Pour cela, Sinohydro attributaire du contrat doit agrandir la caverne par des tirs de mines. Pour protĂ©ger les groupes existants des projections, ils Ă©rigent un mur de bottes de paille. Le 18 septembre 2009, une Ă©tincelle d’un soudeur de Synohydro met le feu Ă  la paille et Ă  toute la centrale, tuant 3 personnes et en blessant 42[11] - [12] - [13]. Les travaux se sont terminĂ©s en 2014. Une remise Ă  niveau des quatre premiers groupes pour les porter Ă  180 MW chacun, effectuĂ©e par Alstom, se terminera en 2015. La puissance totale de la centrale Ă©lectrique atteindra alors 1 080 MW. Le lac Kariba, le rĂ©servoir crĂ©Ă© par le barrage, s'Ă©tend sur 280 km. Il dispose d'une capacitĂ© de stockage de 180 km3.

Le 11 novembre 2013, Patrick Chinamasa, ministre des Finances du Zimbabwe, annonça que la capacitĂ© Ă  la centrale hydroĂ©lectrique de Kariba Sud au Zimbabwe serait augmentĂ©e de 300 mĂ©gawatts. Le coĂ»t de la remise Ă  niveau de l'installation fut financĂ© par un prĂŞt de 319 millions de dollars de la Chine. L'accord est le rĂ©sultat de la politique « Se tourner vers l’Est » qui avait Ă©tĂ© adoptĂ©e par le Zimbabwe après la brouille avec les puissances occidentales[14].

En mars 2014, lors d'une conférence organisée par l’Autorité du fleuve Zambèze, les ingénieurs avertirent que les fondations du barrage avaient été affaiblies et qu’il y avait une possibilité de rupture de barrage sauf si des réparations étaient réalisées[15].

Le 3 octobre 2014, la BBC a rapportĂ© que « Le barrage de Kariba est dans un Ă©tat dangereux. Ouvert en 1959, il a Ă©tĂ© construit sur un lit apparemment solide de basalte. Mais, dans les 50 dernières annĂ©es, les torrents de l'Ă©vacuateur de crues ont Ă©rodĂ© le substrat rocheux, creusant un vaste cratère qui a sapĂ© les fondations du barrage. Les ingĂ©nieurs avertissent dĂ©sormais que sans les rĂ©parations urgentes, l'ensemble du barrage va s'effondrer. Si cela se produisait, un mur d'eau, comme un tsunami, dĂ©ferlerait Ă  travers la vallĂ©e du Zambèze, atteignant la frontière du Mozambique dans les huit heures. Le torrent submergerait le barrage de Cahora Bassa au Mozambique et mettrait Ă  bas 40 % de la capacitĂ© hydroĂ©lectrique de l'Afrique australe. En plus de la dĂ©vastation de la faune dans la vallĂ©e, l'AutoritĂ© du fleuve Zambèze estime que la vie de 3,5 millions de personnes est en danger Â»[16].

En , l’Institut de gestion du risque d’Afrique du Sud acheva un rapport d’évaluation de risque intitulé Impact de la rupture du barrage de Kariba. Il conclut : « Pendant que nous pouvons débattre des questions si, pourquoi et quand le barrage de Kariba se rompra, il n’y a aucun doute que l’impact dans la région serait dévastateur. »[17]

En , on signala que le niveau d’eau dans la retenue avait baissĂ© Ă  12 % de la capacitĂ©. Le niveau tomba de 5,58 m, soit seulement 1,75 m au-dessus du niveau infĂ©rieur de la tranche utile. La faiblesse des prĂ©cipitations et la surexploitation Ă©nergĂ©tique ont laissĂ© la retenue presque vide, faisant entrevoir la perspective d’une pĂ©nurie d’eau au Zimbabwe et en Zambie[18].

En juillet et , le Lusaka Times rapporta le début des travaux sur le bassin d’amortissement et sur les fissures dans la voûte[19] - [20].

Le , l’agence Bloomberg rapporta : « La Zambie a réduit la production hydroélectrique au barrage de Kariba à cause de la chute rapide du niveau d’eau de la retenue [mais] n’envisage pas de coupures d’électricité suite à des pénuries. »[21]. Le , la même agence signala que la retenue était presque vide, et que la Zambie pourrait devoir arrêter la production hydroélectrique[22].

En novembre 2022, le niveau bas record du lac de retenu contraint Ă  l'arrĂŞt de la centrale jusqu'en janvier 2023[23].

Production d'électricité

Le barrage de Kariba fournit 1 319 MW d'Ă©lectricitĂ© Ă  certaines rĂ©gions de la Zambie (Copperbelt) et au Zimbabwe et gĂ©nère 6 400 GWh (23 PJ) par an. Chaque pays a sa propre centrale hydroĂ©lectrique sur la rive nord et au sud du barrage. La centrale sud appartenant au Zimbabwe fut mise en service en 1960 et dispose de six gĂ©nĂ©rateurs d'une capacitĂ© de 125 MW, soit une puissance totale de 750 MW[24].

La centrale nord appartenant Ă  la Zambie fut mise en service en 1976, et disposait de quatre gĂ©nĂ©rateurs de 153,5 MW, soit une puissance totale de 614 MW.

Impacts

Déplacement de la population et réinstallation

Le barrage en cours de construction dans les années 1950, montrant les dangers encourus par les travailleurs.

Plusieurs milliers de grands animaux menacés par la montée des eaux furent secourus par l'opération Noah.

La crĂ©ation du rĂ©servoir mena Ă  la rĂ©installation forcĂ©e d'environ 57 000 Tonga vivant le long du Zambèze Ă  la fois en RhodĂ©sie du Nord et en RhodĂ©sie du Sud[25]. Dans « l'ombre du barrage », un compte rendu de première main Ă©crit dans les annĂ©es 1960, David Armine Howarth faisait rĂ©fĂ©rence Ă  la situation en RhodĂ©sie du Nord: « Tout ce que peut faire un gouvernement sur un maigre budget est en train d’être fait. Des jardins modèles ont Ă©tĂ© plantĂ©s, pour essayer d'enseigner aux Tonga des mĂ©thodes agraires plus sensibles, et d'essayer de trouver des cultures de rente qu’ils pourraient dĂ©velopper. Le terrain accidentĂ© a Ă©tĂ© labourĂ© suivant les contours de la crĂŞte pour se prĂ©munir contre l'Ă©rosion. Dans le Sinazongwe, un jardin irriguĂ© abritait la culture prodigieuse de papayes, de bananes, d’oranges, de citrons, de lĂ©gumes, et avait dĂ©montrĂ© que les restes de la vallĂ©e pourraient ĂŞtre rendu prolifiques si seulement de l'argent pouvait ĂŞtre trouvĂ© pour l'irrigation. Des marchĂ©s de coopĂ©ratives furent organisĂ©s, et les Tonga apprirent Ă  les faire fonctionner. Des entrepreneurs Tonga reçurent des prĂŞts pour s’établir comme agriculteurs. Plus d’écoles furent construites que les Tonga n’eurent jamais auparavant, et la plupart des Tonga Ă©taient dĂ©sormais Ă  proximitĂ© des dispensaires et des hĂ´pitaux »[26].

Il y a beaucoup de points de vue différents sur la façon dont l'aide à la réinstallation fut attribué à la tribu déplacée. L'anthropologue Thayer Scudder, qui avait étudié ces communautés depuis la fin des années 1950, estimait qu’« Aujourd'hui, la plupart sont encore des réfugiés du développement. Beaucoup vivent dans des zones moins productives, sujettes à des problèmes, dont certaines ont été si gravement dégradées durant la dernière génération qu'elles ressemblent à des terres au bord du désert du Sahara »[27].

Le barrage vu du Zimbabwe.

Dans leur quête pour restaurer leur vie et obtenir justice, les Tonga formèrent leur propre groupe de défense en 2000, la Basilwizi Trust[28].

Un livre publié en 2005, Deep Water par Jacques Leslie, axé sur le sort des personnes réinstallées par le barrage, juge que la situation a peu changé. Kariba reste la pire réinstallation à cause d’un barrage de l'histoire africaine[29].

Impacts environnementaux

De 1960 Ă  1961, l'opĂ©ration Noah permit de capturer et de dĂ©placer environ 6 000 grands animaux et de nombreux petits, menacĂ©s par la montĂ©e des eaux du lac. Cependant, le barrage de Kariba contrĂ´le 90 % de l'Ă©coulement total de la rivière Zambèze, modifiant ainsi de façon spectaculaire l'Ă©cologie en aval.

Notes et références

  1. « Kariba Dam », Columbia Encyclopedia, 6th Ed. (consulté le )
  2. Bogumil Terminski, Development-Induced Displacement and Resettlement: Theoretical Frameworks and Current Challenges, Geneva, 2013.
  3. Thayer Scidder, The Kariba Case Study, California Institute of Technology, Working Paper No. 1227, June 2005.
  4. « Kariba Dam, Zambia and Zimbabwe; Final Report: November 2000 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), World Commission on Dams, (consulté le ), p. 9
  5. « Legal Status », Zambezi River Authority (consulté le )
  6. « Spurwing facts »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
  7. Indictment: Power & Politics in the Construction Industry, David Morrell, Faber & Faber, 1987, (ISBN 978-0-571-14985-8)
  8. « Hydroelectric Power Plants in Southern Africa » [archive du ], Power Plants Around the World Photo Gallery, Industry Cards (consulté le )
  9. Floodgates to open in Mozambique
  10. Zambia opens dam to alleviate flooding
  11. http://www.postzambia.com/post-print_article.php?articleId=195 Kariba power station fire was caused by negligence
  12. http://www.worldlabour.org/eng/node/257 Zambia: Death toll rises to three in the Kariba infero
  13. « Welcome to National Assembly of Zambia », sur parliament.gov.zm (consulté le ).
  14. « 'No talks with the West' - Zimbabwe »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ) Zimbabwe Mail,10 May 2013
  15. IRIN, « Kariba Dam and Zim disaster preparedness », New Zimbabwe,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) « "The marooned baboon: Africa's loneliest monkey". », BBC,‎ (lire en ligne)
  17. « Impact of the failure of the Kariba Dam », sur International Rivers (consulté le )
  18. « Kariba dam drops to record low 12%, and Zimbabwe, Zambia stare at a nightmare », sur Mail & Guardian Africa, (consulté le )
  19. « Kariba dam rehabilitation works are progressing well », sur Lusakatimes.com (consulté le )
  20. « Initial rehabilitation works on the Dam Wall at Lake Kariba has started », sur Lusakatimes.com (consulté le )
  21. « Zambia Cuts Power From World's Biggest Man-Made Reservoir », sur Bloomberg (consulté le )
  22. Matthew Hill et Ray Ndlovu, « Power-Starved Zimbabwe, Zambia Face Further Drought-Induced Blackouts », Bloomberg,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. « Au Zimbabwe, la plus grande centrale hydroélectrique à l’arrêt à cause de la sécheresse » Accès libre, sur Le Monde Afrique,
  24. « Kariba Dam, Zambia and Zimbabwe; Final Report: November 2000 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), World Commission on Dams, (consulté le ), p. VI
  25. Bogumil Terminski, « Development-Induced Displacement and Resettlement: Theoretical Frameworks and Current Challenges », Indiana University,
  26. Howarth, David, The shadow of the dam, Collins, 1961
  27. « Pipe Dreams: Can the Zambezi River supply the region's water needs? », Cultural Survival Quarterly (consulté le )
  28. « Basilwizi: Promoting Development in the Zambezi Valley »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Basilwizi (consulté le )
  29. « When Elephants Fight » [archive du ], Columbia Journalism Review (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

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