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Barrage de Grand'Maison

Le barrage de Grand'Maison est un barrage en remblai situé à Vaujany, sur l'Eau d'Olle, dans le département de l'Isère en France.

Barrage de Grand'Maison
GĂ©ographie
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Coordonnées
45° 12′ 10″ N, 6° 07′ 00″ E
Cours d'eau
Objectifs et impacts
Vocation
Opérateur
Conception
Coyne et Bellier (en)
Date du début des travaux
1978
Date de mise en service
1988
Barrage
Type
Barrage en remblai avec parement en enrochement
Hauteur
(lit de rivière)
140 m
Hauteur
(fondation)
160 m
Longueur
550 m
Épaisseur en crête
10 m
Épaisseur à la base
520 m
RĂ©servoir
Nom
Lac de Grand'Maison
Altitude
1 698 m
Altitude maximale
1 698 m
Altitude normale
1 695 m
Volume
140 millions de mÂł
Volume utile
132 millions de mÂł
Superficie
2,19 km²
Centrale(s) hydroélectrique(s)
Centrale de Grand'Maison
Coordonnées
45° 08′ 44″ N, 6° 03′ 04″ E
Hauteur de chute
926,5 m
DĂ©bit d'Ă©quipement
217 mÂł/s
Nombre de turbines
4 x 150 MW
Type de turbines
Nombre de turbines-pompes
8 x 150 MW
Puissance installée
1 800 MW
Production annuelle
1,42 TWh/an
Localisation sur la carte de France
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Localisation sur la carte d’Auvergne-Rhône-Alpes
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Localisation sur la carte d’Isère
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Il forme le lac de Grand'Maison, rĂ©servoir supĂ©rieur de la STEP de Grand'Maison, centrale de pompage-turbinage la plus importante de France. Il s'agit Ă©galement de la centrale hydroĂ©lectrique la plus puissante de France tous types confondus avec une puissance installĂ©e de 1 800 MW, soit 9 % du parc hydroĂ©lectrique exploitĂ© par EDF en France.

GĂ©ographie

Le barrage est situĂ© sur l'Eau d'Olle, un affluent de rive droite de la Romanche, entre la chaĂ®ne de Belledonne et le massif des Grandes Rousses sur la commune de Vaujany, dans le dĂ©partement de l'Isère en rĂ©gion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes. Il est construit Ă  1 700 m d'altitude.

Le musée EDF Hydrélec qui présente ce barrage et son installation est situé à proximité.

Histoire

Médaille de l'inauguration du barrage de Grand'Maison gravée par Roger Bertrand Baron et éditée par Arthus-Bertrand.

Les travaux de construction, commencĂ©s en 1978, ont Ă©tĂ© achevĂ©s en 1985 et la mise en service a eu lieu fin 1987. Barrage de type poids, en terre et enrochements, construit selon la mĂŞme conception que les barrages du Mont Cenis et de Serre-Ponçon, il est l’un des derniers nĂ©s des grands barrages en Europe[1]. Il a fallu arracher et dĂ©placer des millions de tonnes de roche et de terre, creuser dans la montagne des dizaines de kilomètres de galeries et de conduites. Atlas, un engin spĂ©cialement construit pour ce chantier, a mis en place les 70 000 tonnes d'acier des canalisations soudĂ©es et cimentĂ©es Ă  la roche. Pour rĂ©aliser tous ces travaux, de nombreux amĂ©nagements ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires. Comme souvent, les centrales Ă©nergĂ©tiques ont une incidence importante sur l’ensemble de la rĂ©gion qui les accueille. Ă€ ce titre, le barrage de Grand’Maison ne fait pas exception, car pour acheminer les matĂ©riaux, il a fallu prĂ©voir des routes d’accès au chantier : 32 km de voies dĂ©partementales ont Ă©tĂ© Ă©largies et amĂ©liorĂ©es, 18 km de voies nouvelles ont Ă©tĂ© construites[2].

Les carrières ayant servi à la construction de l'ouvrage ont été réaménagées, certaines transformées en plans d’eau, d'autres réengazonnées, afin de rendre un aspect aussi naturel que possible au site initial[3].

La deuxième[4] visite décennale a eu lieu en 2002. Elle a été réalisée par des robots qui n'ont pas pu atteindre l'intérieur des galeries. La troisième[4] visite décennale, effectuée en 2012, a été réalisée à l'aide de robots qui ont atteint l'intérieur des galeries.

Caractéristiques techniques du barrage

Le barrage-poids

Mesurant 550 m de long et 140 m de haut (160 m sur fondation), il peut contenir jusqu'Ă  137 millions de m3 d'eau (dont environ 100 millions provenant de la fonte des neiges[5]), pour une superficie de la retenue de 2,19 km2. Le noyau vertical Ă©tanche du barrage de Grand'Maison est constituĂ© de terre morainique, d'une Ă©paisseur de plus de 100 m Ă  la base. Ce noyau est stabilisĂ© par des enrochements en aval et en amont, et Ă©tanchĂ©ifiĂ© par des injections de bĂ©ton[3].

La conduite

La galerie reliant les deux rĂ©servoirs, de 7,1 km de longueur, a un diamètre extĂ©rieur de 7,7 mètres et intĂ©rieur de 7,1 mètres, courant en faible pente depuis le barrage haut jusqu'au droit du lieu-dit « Le Collet Â», oĂą une cheminĂ©e d'Ă©quilibre de 200 mètres de hauteur sert d'anti-bĂ©lier. Ă€ partir de ce lieu, l'eau est amenĂ©e Ă  l'altitude du Verney par trois conduites forcĂ©es offrant une pente de 56 %, puis horizontales sur les derniers 300 mètres[6]. La vitesse maximale de l'eau est d'environ 7,5 m/s dans la galerie blindĂ©e et de 18 m/s dans les conduites forcĂ©es.

La galerie est régulièrement inspectée, la dernière visite remontant à , sans vidange de la retenue, grâce à des robots téléguidés[7].

Le dĂ©bit de la conduite forcĂ©e entre les deux barrages est de 216,3 m3/s, qui se rĂ©partissent en :

  • 75,9 m3/s pour l'usine extĂ©rieure (quatre groupes, 620 MW) pour une hauteur de chute de 922 mètres ;
  • 140,4 m3/s pour l'usine souterraine (huit groupes, 1 070 MW) pour une hauteur de chute de 955 mètres[8].

L'eau arrive au bas de la conduite forcĂ©e Ă  une pression de 90 bar.

Le transfert d'Ă©nergie par pompage

Les deux retenues de Grand'Maison (en amont) et du Verney (en aval) constituent une STEP (station de transfert d'Ă©nergie par pompage). L'usine, situĂ©e sur les rives du lac du Verney, peut ĂŞtre utilisĂ©e en fonction de la production des autres centrales et de la demande sur le rĂ©seau Ă©lectrique, soit pour produire de l'Ă©lectricitĂ© (en turbinant l'eau comme une usine hydroĂ©lectrique classique), soit pour stocker de l'Ă©nergie potentielle en inversant le fonctionnement des turbines, l'eau de la retenue infĂ©rieure Ă©tant alors pompĂ©e vers la retenue supĂ©rieure. Les pompes, situĂ©es uniquement dans la station souterraine, permettent de remonter 135 m3/s de la retenue infĂ©rieure vers le lac de Grand'Maison, ce qui nĂ©cessite une puissance de 1 270 MW[8]. La capacitĂ© utile de la retenue infĂ©rieure est de 14,3 millions de m3.

L'Ă©nergie utilisĂ©e pour monter l'eau dans la retenue de Grand'Maison correspondant Ă  la surproduction d'Ă©lectricitĂ© (essentiellement d'origine nuclĂ©aire) en pĂ©riode de basse consommation, le barrage de Grand'Maison est aussi appelĂ© « barrage hydro-nuclĂ©aire ». La centrale de Grand'Maison est la rĂ©alisation la plus importante de ce principe en France, dĂ©jĂ  appliquĂ© avant la Seconde Guerre mondiale, notamment au barrage du lac Noir dans les Vosges. Ainsi, alors que la retenue supĂ©rieure a une capacitĂ© de 140 millions de m3 seulement, environ 700 millions de m3 sont turbinĂ©s annuellement[9].

Le pompage de l'eau, de la retenue basse vers la haute, consomme plus d'Ă©nergie que le turbinage n'en crĂ©e : le complexe hydro-Ă©lectrique de Grand-Maison prĂ©sente ainsi un dĂ©ficit annuel de 300 GWh (1 420 GWh produits pour 1 720 GWh consommĂ©s en moyenne annuelle, ce qui reprĂ©sente environ 22 % de pertes). Toutefois, elle offre la possibilitĂ© de « rentabiliser » les heures creuses des centrales hydrauliques au fil de l'eau et surtout des centrales nuclĂ©aires, en utilisant une puissance sous-utilisĂ©e et peu flexible, pour la restituer aux heures de pointe[9].

Au total, l’unitĂ© de production reprĂ©sente 8 % des capacitĂ©s hydroĂ©lectriques françaises, et 9 % du parc d’EDF[1]. C'est la centrale de pompage-turbinage la plus puissante d'Europe, et la 7e au monde. En plus de la centrale de Grand’Maison et de celle du Verney, on note la prĂ©sence de l’usine Oz qui est composĂ©e d’une seule turbine de 11 MW[10]. Au bout de deux minutes, la station peut fournir autant d’électricitĂ© que deux rĂ©acteurs nuclĂ©aires[11].

Fondation du barrage

Le barrage Ă©tant de type poids les fondations ont Ă©tĂ© dĂ©capĂ©es avant de devoir amener « 12,4 millions de m3 de remblais[12] ».

Évacuateurs de crues

La galerie d'amenĂ©e d'eau comprend Ă©galement un Ă©vacuateur de crue pouvant libĂ©rer 50 m3/s (le bassin-versant associĂ© mesure environ 50 km2)[5] - [6] - [13].

Vidange de la retenue

La retenue n'a été vidangée entièrement qu'une seule fois, en 1992, lors de la première visite décennale[4].

Centrale Ă©lectrique

L'usine, situĂ©e au droit de la retenue du Verney, compte 12 groupes de 150 MW environ chacun, ce qui donne une puissance totale installĂ©e du complexe Ă  1 820 MW environ. AssociĂ© au barrage du Verney, ils composent l'ensemble hydroĂ©lectrique du vallon de l'Eau d'Olle. Il s'agit de la centrale hydroĂ©lectrique la plus puissante de France[9].

Chaque alternateur transmet une puissance de 153 MW sous une tension de 15 500 volts, qui est, dès la sortie de l'usine, remontĂ©e Ă  405 000 volts par six transformateurs (un seul pour deux groupes)[14].

Risques liés au barrage

Les caractéristiques du barrage de Grand'Maison, font qu'il est automatiquement visé par l'article 6 du décret 88-622 du relatif aux plans d'urgence (une digue de plus de vingt mètres et un réservoir de plus de quinze millions de mètres cubes)[15]. Ce décret a été abrogé et remplacé par le décret no 2005-1158 du , mais celui-ci vise les ouvrages hydrauliques ayant exactement les mêmes caractéristiques que dans le décret précédent[16].

Un plan particulier d'intervention a été élaboré et signé le par Michel Morin, préfet de l'Isère pour compléter le plan de prévention du risque inondation. Les préfets de l'Ardèche et de la Drôme, respectivement Claude Valleix et Jean-Claude Bastion, l'ont également signé. Il comporte notamment des cartes montrant l'étendue des zones de proximité immédiate (où le danger est le plus important, du barrage à Vizille) et d'inondation spécifique (de Vizille à Romans-sur-Isère)[17].

Les risques de rupture sont étudiés notamment par l'IRMa (Institut des Risques Majeurs) de Grenoble, qui a dressé une carte des risques encourus par la commune de Veurey-Voroize, située en aval de Grenoble et cumulant ainsi tous les risques liés aux barrages d'amont, notamment ceux du Drac, de la Romanche, de l'Isère et de l'Arc. Le barrage de Grand'Maison fait partie de ceux présentant un risque important, à cause de sa relative proximité avec l'agglomération grenobloise et de l'importance de sa retenue : ainsi, cet institut estime l'élévation du niveau de l'eau de l'Isère à Veurey à six mètres en cas de rupture du barrage, risque toutefois qualifié d'« extrêmement faible »[18].

Notes et références

  1. « EDF Unité de Production Alpes - Aménagement de Grand'Maison », sur isere.gouv.fr (consulté le )
  2. J. Cadot, [PDF] Le chantier de construction du barrage de Grand'Maison, La Houille Blanche], Revue internationale de l'eau, Société Hydrotechnique de France, 1982.
  3. « Deux barrages qui font le poids », Planète TP, (consulté le )
  4. Le Dauphiné libéré, édition Romanche et Oisans du 4 août 2012, Grenoble et sa Région (consulté le 3 novembre 2012).
  5. Jean-Pierre Mirabel, « Aménagement de Grand’Maison », EDF (consulté le )
  6. « Entre les deux, l’eau farandole par une galerie », Planète TP, (consulté le )
  7. Michel Deprost, « Des robots pour inspecter les galeries du barrage de Grand Maison », Enviscope, (consulté le )
  8. ?, « Grand'Maison 1 820 MW », HydroWeb, (consultĂ© le )
  9. « En amont de la vallée de la Romanche », Planète TP, (consulté le )
  10. Grand’Maison, centrale hydroélectrique la plus puissante de France « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive), 21 mars 2012
  11. [PDF] L'Ă©nergie hydraulique, sur edf.com, page 7
  12. Poclain au barrage de Grand-Maison 1re partie, ec1000.net du 23 mars 2009, consulté le 25 janvier 2019
  13. André L. Jaumotte, Pierre Decock, Aménagements hydroélectriques, Éditions « Techniques Ingénieur », page B 4405-06.
  14. « Deux usines superposées », sur Planète TP, (consulté le )
  15. Jacques Chirac, premier ministre, « Décret no 88-622 du 6 mai 1988 relatif aux plans d'urgence ... relative à l'organisation de la sécurité civile, à la protection ... des risques majeurs », Légifrance, (consulté le )
  16. Dominique de Villepin , premier ministre, « Décret no 2005-1158 du relatif aux plans particuliers d'intervention concernant certains ouvrages ... relative à ... sécurité civile », Légifrance, (consulté le )
  17. Préfecture de l'Isère, « Plan de secours du barrage de Grand Maison », Préfecture de l'Isère, (consulté le )
  18. « Le risque lié aux barrages », Institut des Risques Majeurs (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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