Baptiste Spagnoli
Baptista Mantuanus, dit en français le Mantouan ou Baptiste de Mantoue (né Battista Spagnoli dit aussi Battista Spagnoli il Mantovano ou Battista Mantovano) (né le à Mantoue, dans le marquisat de Mantoue, dans l'actuelle région Lombardie, dans le Nord de l'Italie et mort le dans sa ville natale) est un religieux catholique italien de l'ordre des Carmes, dont il devient le prieur général. Poète latin parmi les plus réputés de son temps, il est l'auteur de plus de 50 000 vers de poésie latine. Il est considéré comme un des principaux représentants italiens de l'humanisme chrétien.
Baptiste Spagnoli | |
Bienheureux | |
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Naissance | Mantoue marquisat de Mantoue |
Décès | Mantoue marquisat de Mantoue |
Nom de naissance | Battista Modover |
Autres noms | Baptista Mantuanus, Baptiste de Mantoue, ou Battista Spagnoli, ou le Mantouan |
Ordre religieux | Ordre du Carmel |
Vénéré à | cathédrale San Pietro de Mantoue |
Béatification | par Léon XIII |
Vénéré par | Église catholique |
Fête | 20 mars, et le 17 avril au Carmel |
Béatifié en 1885, il est reconnu bienheureux par l'Église catholique. Il est fêté le 20 mars.
Biographie
Enfance
Baptiste Spagnoli est né à Mantoue le , fils de Pierre Modover (d'origine espagnole ce qui donnera par surnom à son fils, le nom de Spagnoli) et de Constance Maggi, de Brescia. Il fait ses premières études dans sa ville natale, sous la direction de Grégoire Tifernas et de George Merula (son ancien condisciple), puis à Padoue, à l'école de Paul Bagelardi[1].
Le Carmel
Alors qu'il était encore très jeune, il entre dans la Congrégation de l'Ordre des Carmes de Mantoue à Ferrare, où il fait sa profession religieuse en 1464[2]. En 1469, il obtient le baccalauréat, et en 1475 il devient maître de théologie à l'université de Bologne. Au couvent, comme directeur spirituel il a un autre carme bien connu : le bienheureux Bartolomé Fanti[3].
Ses talents exceptionnels lui gagnent rapidement l'estime et la confiance de ses supérieurs. En 1466, alors qu'il n'a pas encore vingt ans, il est chargé de donner le discours officiel au chapitre de Brescia. Il est nommé Prieur du couvent de Parme en 1471 puis au couvent de Mantoue en 1479. En 1483 il lui est confié la haute responsabilité de vicaire général de la Congrégation, un poste pour lequel il sera renouvelé cinq fois[1]. En 1513, il est élu prieur général de tout l'Ordre du Carmel, charge qu'il refuse dans un premier temps avant d'être contraint d'accepter[2].
Son activité ne se limite pas aux confins de sa famille religieuse :
- en 1481, alors qu'il est régent des études à Bologne, il est nommé membre de la commission juridique du procès contre George Novara.
- en 1513 il est invité à participer au cinquième concile du Latran
- en 1515 il est chargé par le pape Léon X d'une mission de paix entre le roi de France et le duc de Milan.
Malgré une intense activité littéraire et poétique, il conserve un grand attachement aux idéaux de vie carmélitains que sont l'oraison et la dévotion mariale[1].
Le poète et humaniste
Le poète chrétien
D'une manière spéciale, il consacre la fécondité d'un rare génie littéraire au service de son Ordre religieux et de l'Église[1] :
- Apologia pro Ordine Carmelitano (Apologie pour l'Ordre du Carmel) témoigne de son amour pour le Carmel
- Objurgatio cum exhortatione ad capiendo, arma contra infideles ad reges et principes Christianas (Une objurgation par une exhortation à prendre les armes contre les infidèles, aux rois et aux princes chrétiens), ainsi que ses poèmes en l'honneur des papes Innocent VIII, Jules II et Léon X, témoigne de son entier dévouement à l'Église
- De Beata Vita (De la vie bienheureuse), un dialogue écrit à l'âge de 16 ans, qui parle du renoncement au monde (vie monastique)
- En l'honneur de la Vierge Marie il compose différents poèmes, dont le Parthenices Mariana qui est rapidement diffusé en Europe et fera l'objet de 70 éditions (dont 17 au cours du XVe siècle et 50 au cours du XVIe siècle).
- Sa piété religieuse s'exprime également dans les six Parthenices composés en l'honneur des martyrs Catherine, Agathe, Lucie, Marguerite, Apolline et Cécile.
- Il écrit également des poèmes en l'honneur de saint Jean le Baptiste, saint Georges et d'autres saints dans les 12 livres de De sacris diebus.
Le poète international
L'influence de sa poésie - dont la renommée est reconnue même par William Shakespeare, qui répète quelques lignes de Jean-Baptiste dans Peines d'amour perdues - a été ressentie particulièrement dans la littérature anglaise : Alexander Barclay paraphrase ses Bucoliques, Edmund Spencer l'imite dans son Shepheardes Calender, John Milton fait de même dans son Ode sur le matin de la Nativité du Christ[1].
Auteur de plus de 50 000 vers de poésie latine, il est qualifié par Érasme comme étant « le Virgile chrétien ». Jean-Baptiste Spagnoli est considéré comme un des principaux représentants italiens de l'humanisme chrétien[4].
Ses poésies, qui se composent d'églogues, d'élégies, de sylves ou mélanges, et d'un poème sur tous les saints du calendrier, ont été réunies en 3 volumes, in-folio, Paris, 1513.
L'humaniste
Ses écrits révèlent sa participation active dans les problèmes les plus importants de la chrétienté à cette époque, dans les événements qui ont perturbé la vie du peuple. Ses poèmes montrent comment Jean-Baptiste a profondément ressenti le drame qu'éprouvait l'Italie à cette époque :
- Pro pacata Italia post helium ferrariense (Pour une Italie pacifique, après la guerre de Ferrare),
- In Romam bellis tumultantem (A Rome tumultueuse avec les guerres),
- De hello veneto commentariolus (Commentaire sur la guerre vénitienne),
- Trophaeus pro Gallis expulsis pro duce Mantuae (Un mémorial pour le duc de Mantoue, après l'expulsion des français)
- De calamitatibus temporum (À propos des calamités des temps) - réimprimé environ trente fois uniquement entre 1489 et 1510
Même si son écriture se fait dans le style courtois propre à tant d'humanistes, ou si sa vision était parfois limitée par des intérêts politiques liés à certains tribunaux, et au style littéraire propre aux humanistes de son temps, jean-baptiste exprime par sa poésie sa vision d'humaniste de la société.
L'amitié qui le lie à Jean Pic de la Mirandole, à Giulio Pomponio Leto, à Giovanni Pontano, à Filippo Beroaldo, à Giovanni Sabadino degli Arienti, à Andrea Mantegna et à d'autres personnages éminents de l'époque montre son prestige dans le monde de la culture de son temps. Il est l'un des protagonistes les plus célèbres du mouvement humaniste. Par exemple, son œuvre Bucolica seu adolescentia in decem aeglogas divisa (Poèmes pastoraux ou jeune, divisé en dix églogues) fait l'objet de 150 éditions et réédition, dont plus d'une centaine ont été publiées durant le XVIe siècle.
Le réformateur de l'Église
Frappé par la propagation de la corruption du clergé et du peuple, Jean-Baptiste Spagnoli exprime son souci d'un besoin de réforme, non seulement par des moyens littéraires - comme dans son églogue neuvième De moribus curiae romanae (Sur les habitudes de la Curie romaine) -, mais aussi avec une discours vibrant prononcé en 1489 dans la basilique du Vatican devant le pape Innocent VIII et les cardinaux. Certaines phrases particulièrement sévères auraient conduit Martin Luther lui-même à prendre appui sur la notion de la grâce de Dieu pour une prise de position contre l'Église de Rome. Dans Anthologia... sententiosa collecta ex operibus Baptistae Mantuani (Une anthologie sentencieux ... collectées à partir des œuvres de Jean-Baptiste de Mantoue), publié à Nuremberg en 1571, les protestants, ont même souligné que le Carme était un précurseur de la Réforme allemande. Cependant, si le bienheureux Jean-Baptiste cherchait à travailler au sein de l'Église, la réforme luthérienne devait aboutir au schisme de l'Église[1].
Il est nommé général de son ordre et entreprend de le réformer, mais n'ayant pu y réussir, il abdique et se consacre aux lettres le reste de sa vie.
Culte et béatification
Jean-Baptiste décède dans sa ville natale le . Il est vénéré immédiatement après sa mort. Il est béatifié par le Pape Léon XIII le . Son corps in-corrompu repose dans la Cathédrale San Pietro de Mantoue[4].
Il est commémoré le 20 mars selon le Martyrologe romain[2], mais l'Ordre du Carmel célèbre sa mémoire le 17 avril avec rang de mémoire facultative[5].
Notes et références
- (en) Edmond Coccia, « Baptist of Mantua (Spagnoli, "The Mantuan", 1447-1516) », sur carmelnet.org, Province of the Most Pure Heart of Mary (USA) (consulté le )
- « Bienheureux Jean-Baptiste de Mantoue », sur nominis.cef.fr, Nominis (consulté le )
- (en) « Blessed Bartholomew Fanti, Priest », sur saints.sqpn.com, Saints.SQPN.com (consulté le )
- (it) Anthony Cilia, « Beato Battista Spagnoli », sur santiebeati.it, Santi e Beati (consulté le )
- Les heures du Carmel, Lavaur, Éditions du Carmel, , 347 p. (ISBN 2-84713-042-X), p47
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (de + en) Musée Städel
- (nl + en) RKDartists
- Ressource relative à la religion :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Secundae Parthenices opus, imprimé à Cologne, 1500 ; fac-similé, projet CAMENA
- Bucolica, imprimé à Paris, 1528 ; fac-similé, projet CAMENA