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Banque de Saint-Charles

La Banque de Saint-Charles (espagnol : Banco Nacional de San Carlos), créée en 1782, est la première banque centrale espagnole. Ses statuts s'inspiraient de ceux de la Banque d'Amsterdam. Elle fut, avant 1789, la première société étrangère cotée à la Bourse de Paris et se retrouva au cœur des grandes spéculations de la fin du règne de Louis XVI. Elle fut liquidée en 1829.

Banque de Saint-Charles
Création
Disparition
Fondateurs Charles III d'Espagne
Siège social Madrid
Drapeau de l'Espagne Espagne
Société suivante Bank of San Fernando (en)

Histoire

CrĂ©Ă©e Ă  Madrid par le gouvernement espagnol le , dotĂ©e d'un capital de 15 millions de piastres fortes, divisĂ© en cent cinquante mille actions de 3 000 rĂ©aux chacune, la Banque Saint-Charles fut chargĂ©e de l'administration des fonds des armĂ©es espagnoles de terre et de mer. Le roi lui alloue une commission d’un sixième pour cent sur tous ses services. Le taux de ses escomptes est fixĂ© Ă  quatre pour cent. Elle reçut l’annĂ©e suivant sa crĂ©ation le monopole sur le commerce des piastres, ces pièces d'argent venues de l'empire espagnol en AmĂ©rique du Sud et cotant Ă  Paris un peu plus de six livres. La direction est assurĂ©e par François Cabarrus, conseiller du roi Charles III d'Espagne. Elle approvisionnait en espèces en argent-mĂ©tal la Compagnie des Indes pour le commerce en Asie, mais une partie des piastres fut aussi utilisĂ©e pour la spĂ©culation sur l'or, ce qui dĂ©clencha les rĂ©formes monĂ©taires de Calonne en 1785.

La crise de numĂ©raire apparue en Europe Ă  l'automne 1783, fait augmenter l'importation de piastres d’argent espagnol. Mais seulement 19 % du capital d’une souscription auprès du public espagnol trouve preneur en , ce qui conduit ses dirigeants Ă  rallier la Bourse de Paris. Cabarrus s'associe notamment avec les banquiers Le Couteulx, dĂ©jĂ  prĂ©sents Ă  Cadix pour nĂ©gocier piastres et lingots d'argent pour la France, qui acceptent de participer au syndicat constituĂ© pour l'Ă©mission des actions de la banque. Plus de 5 000 actions sont vendues aux investisseurs français, soit 20 % du capital Ă  l'Ă©mission et 30 % après revente.

ancien de banque portant la mention « annulé » en espagnol.
Billet au nom de Sr Dn Luys Boccherini délivré par la Banque de Saint-Charles de Madrid (Banco de San Carlos).

En , le chargĂ© d'affaires français Ă  Madrid alerte Vergennes : « La confiance qu'inspire en France la Banque nationale commence Ă  ĂŞtre poussĂ©e Ă  un excès qu'il convient peut-ĂŞtre de rĂ©primer ». Selon lui, les dirigeants madrilènes de la Banque s'Ă©tonnent eux-mĂŞmes « d'un enthousiasme que rien ne justifie et qui pourra bien ĂŞtre suivi d'un prompt repentir ».

Un pamphlet de Mirabeau est publié en pour dénoncer l'ampleur des participations françaises : plus de 50 millions de livres auraient été négociés par Le Coulteux et Cie contre des lettres de change, réescomptées à la Caisse d'Escompte, mettant cette dernière en péril. Le cours de l'action, proche de 770 livres tombe d'un coup à 710 livres, puis chute à 665 livres pour plancher ensuite à 560 livres dès , malgré les protestations du gouvernement espagnol, au nom du Pacte de Famille, qui a obtenu du Conseil royal français l'interdiction du pamphlet.

En 1790, après que diverses irrégularités eurent été constatées, Cabarrus est arrêté puis incarcéré (il est réhabilité en 1796).

En 1829, la banque est liquidée au profit d'une nouvelle institution, la Banco Nacional de San Carlos. Une partie des actifs servit également à la création de la Banco de San Fernando (en).

Références

    Bibliographie

    • El banco de San Carlos (1782-1829) par Pedro Tedde de Lorca, publiĂ© par le Banco de España et Alianza Editorial, Madrid 1988.
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