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Langues bamilékées

famille de langues

Stricto sensu, il n'existe plus une langue bamilékée, mais des langues ou dialectes bamilékés.

Selon le linguiste Dieudonné Toukam, historiquement, le proto-bamiléké, langue unique du peuple bamiléké, disparaît peu à peu au profit d'un « bamiléké-bafoussam » et du bamoun, au lendemain de la mort du dernier souverain bamiléké, du nom de Ndéh, qui meurt dans la région tikar (Mbankim) vers 1350-1360.

Du bamiléké-bafoussam naîtront plusieurs dialectes et sous-dialectes bamilékés, qui constitutent les groupes dialectaux connus aujourd'hui (gham'a-lah, ngomba, medumba, fè-fèè, yembaa). Le bamiléké-bafoussam reste aujourd'hui la langue principale de la grande division Mifi, Ouest Cameroun, alors que le medumba, par exemple, melting pot dialectal des variantes bamilékées du département du Ndé, fait l'unanimité en matière d'unicité linguistique pour le département en question.

Les Bamilékés, selon des estimations récentes, seraient plus de 1,2 millions.

Langues et classifications

Les classifications de Glottolog[1] et d'Ethnologue[2] identifient dix ou onze groupes modernes de dialectes bamilékés-bafoussam différents :

  • le ghomálá' et ses variantes sont parlées en particulier dans les départements de la Mifi, du Koung-Khi, des Hauts-Plateaux, de l'est de la Menoua, et dans des portions des Bamboutos. Les centres culturels les plus importantes sont Bafoussam, Baham, Batié et Bansoa[3] ;
  • Gemba est parlé aux villages de Bamendjou, Bameka, Bansoa, Bamougoum
  • le nufi (fe'fe') est parlé au sud-ouest et dans le département du Haut-Nkam autour des villes de Bafang, Bana, Bakou et Kékem[4] ;
  • le nda'nda' occupe le tiers du département du Ndé. La principale implantation est à Bazou[5] ;
  • le yemba est parlé dans le département de la Menoua autour de la ville de Dschang[6] ;
  • le kwa' est parlé entre le département du Ndé et la province du Littoral[7] ;
  • le ngwe autour de Fontem dans le sud-ouest de la province[8] ;
  • le mengaka, le ngiemboon[9], le ngomba[10] et le ngombale[11] sont parlés dans le département des Bamboutos[12] ;
  • le medumba est parlé surtout dans le département du Ndé, avec pour principales implantations Bangangté et Tonga. Note : Ethnologue, depuis sa 16e version, n'identifie plus le medumba comme une langue bamilékée (moderne) mais plutôt comme une des langues nun (dont fait partie le bamoun, les langues nun faisant partie de la seconde branche des langues nka issues du bamiléké médiéval (après leur séparation des langues bafoussam), cependant Glottlog conserve le medumba dans la première branche[13].

En fait, il s'agit bien de groupes (sous-groupes) dialectaux bamilékés, les dialectes proprement dits se comptant par dizaines en Pays bamiléké. Pour des besoins de recherche et d'étude, les linguistes les ont classés en groupes.

Les travaux de Dieudonné Toukam, auteur de Parlons bamiléké[14] diffèrent de ceux du SIL International et ne reconnaissent que cinq sous-groupes linguistiques bamilékés : le gham'a-lah (synonyme de ghomala') dans le grand département de la Mifi ; le medumba, qui englobe les quatorze sous-variantes dialectales du département du Ndé ; le yemba, dans la Menoua ; le fè-fèè dans le Haut-Nkam ; et le Ngomba'a dans les Bamboutos. Historiquement, il est admis que le bamoun est une langue bamilékée, la deuxième née (après le bamiléké-bafoussam) de la défunte langue bamilékée qui s'est disloquée à partir du XVe siècle, consécutivement à la division des Bamilékés en région tikar (région actuelle de Banyo, Mbankim…).

Grammaire

Le verbe

Le verbe bamiléké-bafoussam possède les modes suivants :

  • l'indicatif ;
  • le subjonctif ;
  • le conditionnel ;
  • l'impératif ;
  • le participe.

Le mode indicatif possède neuf temps :

  • le présent ;
  • le passé immédiat ;
  • le passé récent ;
  • le parfait ;
  • l'imparfait ;
  • le plus-que-parfait ;
  • le futur immédiat ;
  • le futur proche ;
  • le futur lointain.

Ainsi :

  • O go kouong'é, littéralement : « tu vas aimer, tu aimeras (à un moment très proche) » est le futur immédiat, les deux autres futurs étant
  • le futur proche : O ti kouong'é et
  • le futur lointain : O lah kouong'é.

L'infinitif des verbes se marque par la particule « né » : né kouong = aimer ([14]).

Alphabet

Alphabet Bamileke, sous ensemble de l'Alphabet General des Langues Camerounaises
Alphabet bamiléké, sous ensemble de l'Alphabet général des langues camerounaises

L'alphabet utilisé pour écrire les langues bamilékées est un sous-ensemble de l'Alphabet général des langues camerounaises (AGLC) en vigueur au Cameroun depuis 1970.

Références

  1. Glottolog [bami1239].
  2. ethno.
  3. (en) Fiche langue[bbj]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  4. (en) Fiche langue[fmp]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  5. (en) Fiche langue[nnz]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  6. (en) Fiche langue[ybb]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  7. (en) Fiche langue[bko]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  8. (en) Fiche langue[nwe]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  9. (en) Fiche langue[nnh]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  10. (en) Fiche langue[jgo]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  11. (en) Fiche langue[nla]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  12. (en) Fiche langue[xmg]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  13. (en) Fiche langue[byv]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  14. Toukam 2008.

Annexes

Bibliographie

  • F. B. Ngangoum, Grammèr ghë nglafi fe'fe' : éléments de grammaire bamiléké, Abbaye Sainte-Marie de la Pierre-Qui-Vire, Saint-Léger-Vauban, France, 1960, 54 p.
  • Dieudonné Toukam, Parlons bamiléké : Langue et culture de Bafoussam, Paris, L'Harmattan, , 256 p.
  • Dieudonné Toukam, Peuples bamiléké et bafoussam. Des repères historiques et culturels, Paris, L'Harmattan,
  • Rodrigue Tchamna, Arlette Deukam, Jean Baptiste Tcheulahie et Achilles Emo, La grammaire des langues bamilekes : cas du nufi,

Articles connexes

Liens externes