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Bamboccianti

Les Bamboccianti (littĂ©ralement : bambocheurs) sont des peintres de genre qui furent actifs Ă  Rome Ă  partir d’environ 1625 jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Leur nom vient du sobriquet attribuĂ© au peintre Pieter Van Laer, « Il Bambocchio » – « le Bamboche Â» –, qui est Ă©galement Ă  l'origine du mot français bambochade, servant Ă  dĂ©signer le type d'Ĺ“uvres dont ces artistes se firent une spĂ©cialitĂ© : des scènes de genre reprĂ©sentant crĂ»ment la vie quotidienne des gens les plus modestes.

Jan Both et Pieter van Laer, Paysage aux joueurs de mourre, huile sur chêne, 33,3 × 47 cm, date inconnue (Magyar Szépmüvészeti Múzeum, Budapest).

Artistes

Andries Both, La Chasse aux poux Ă  la lumière d’une chandelle, huile sur toile, 34,5 Ă— 27 cm, vers 1630 (Magyar SzĂ©pmĂĽvĂ©szeti MĂşzeum, Budapest).

Les Bamboccianti, pour la plupart, étaient des artistes originaires des Pays-Bas du nord et du Sud, de France aussi tel que Jean TASSEL qui emportèrent avec eux en Italie des traditions paysannes qui étaient présentes dans la peinture de la Renaissance hollandaise et flamande du XVIe siècle[1] (voir notamment les œuvres de Brueghel l'Ancien) et se mirent à réaliser des peintures de cabinet ou des gravures, généralement de petit format, dépeignant la vie quotidienne des classes sociales modestes de Rome et de la campagne environnante[2]. Ces peintures ont habituellement été interprétées comme un « portrait vrai de Rome et de sa vie populaire, sans changement ni altération »[1] par rapport à ce dont l’artiste était spectateur[3]. Parmi les sujets typiques représentés figurent les marchands d’aliments et de boissons, les fermiers et les filles de ferme au travail, des soldats au repos ou occupés à jouer, et des mendiants[4] ou encore, en citant Salvator Rosa, qui au milieu du XVIIe siècle s’en plaignait, « des coquins, escrocs, voleurs à la tire, des bandes d’ivrognes et de gloutons, des marchands de tabac et des barbiers dépenaillés et autres sujets "sordides". »[5] Contrastant avec leurs thèmes picturaux, les œuvres elles-mêmes se vendaient à des prix élevés à des collectionneurs réputés[6].

Le terme « Bamboccianti » trouve son origine dans le surnom du peintre nĂ©erlandais Pieter Van Laer, Il Bamboccio, autour duquel ces artistes se rĂ©unirent durant son sĂ©jour en Italie (1625-1639)[5]. Ce sobriquet, qui signifie « bamboche » ou « pantin », Ă©tait une allusion au corps disproportionnĂ© de Van Laer[5]. Il est possible que ce fut aussi une rĂ©fĂ©rence aux tailles de poupĂ©e de ses personnages. Les premiers Bamboccianti comprenaient Andries et Jan Both, Karel Dujardin, Jan Miel, Johannes Lingelbach et l’Italien Michelangelo Cerquozzi. SĂ©bastien Bourdon fut Ă©galement associĂ© au groupe au dĂ©but de sa carrière[7]. Parmi les autres Bamboccianti, on compte Michael Sweerts, Thomas Wijck[8], Dirck Helmbreker, Jan Asselyn, Antoine Goubeau, Willem Reuter (en) et Jacob van Staverden (en)[9]. Sans doute devaient-ils influencer les artistes du Rococo tels Antonio Cifrondi, Pietro Longhi, Giuseppe Maria Crespi, Giacomo Ceruti et Alessandro Magnasco ; leur peintures de la vie quotidienne Ă  Rome trouvèrent quoi qu’il en soit des continuateurs au XIXe siècle, Ă  travers les Ĺ“uvres de Bartolomeo et Achille Pinelli, Andrea Locatelli et Paolo Monaldi (en)[10]. Un "Bambocciante" romain est l'auteur aussi de Assalto d'armati, une reprĂ©sentation de guerre conservĂ©e Ă  la Pinacoteca Civica (Pinacothèque Civique) de Forlì.

Caractéristiques

Karel Dujardin, Forgeron ferrant un bœuf, huile sur toile, années 1650 (Dulwich Picture Gallery, Londres).

Giambattista Passeri, un chroniqueur d’art du XVIIe siècle, décrivit le travail de Van Laer comme une « fenêtre ouverte » offrant une représentation fidèle de l’environnement de l’artiste[11], une caractéristique qui s’appliquait aux Bamboccianti en général[12] - [13].

Accueil critique

Malgré le succès que les Bamboccianti rencontrèrent avec leurs tableaux, les théoriciens de l’art et les érudits à Rome se montrèrent souvent peu aimables à leur endroit, la représentation de la vie quotidienne étant généralement considérée comme se trouvant au bas de l’échelle dans la hiérarchie des genres[14]. Le fait que des mécènes, autrement bien éduqués et émanant de l’aristocratie, continuaient à acheter des œuvres de ces artistes était fréquemment déploré par des peintres d’histoire, et d’autres genres inscrits dans les canons de la principale association artistique de la ville, l’Accademia di San Luca[15] - [16]. Salvator Rosa, par exemple, dans sa satire de la peinture Pittura (vers 1650), se plaint amèrement au sujet des goûts des mécènes de l’aristocratie, et du fait qu’ils admettent de tels sujets de la vie de tous les jours : « Quel che aboriscon vivo, aman dipinto. » – « Ce qu'ils abhorrent au naturel, ils l'aiment dans un tableau. »[17] - [18].

Le plus souvent, comme cela transparaĂ®t dans le commentaire de Rosa, une telle dĂ©rision visait non pas les artistes, mais bien ceux qui achetaient leurs Ĺ“uvres[19]. Quant aux peintres eux-mĂŞmes, ils Ă©taient souvent admirĂ©s : Van Laer avait la rĂ©putation d’un peintre dont les Ĺ“uvres valaient cher et Michelangelo Cerquozzi Ă©tait introduit dans les cercles aristocratiques et comptait au nombre de ses amis des gens comme Pietro Da Cortona[20]. Par ailleurs, Ă©tant donnĂ© que les Bamboccianti Ă©taient pour la plupart des Ă©trangers et que ce qu’ils peignaient s’inscrivait en dehors des intĂ©rĂŞts de l’Accademia, souvent ils se joignirent aux Bentvueghels, une « guilde » plus ou moins organisĂ©e – surtout connue pour les excès de ses fĂŞtes bien arrosĂ©es – qui constituait Ă  plus d’un titre une alternative aux institutions officielles[21]. Les Bamboccianti n’étaient toutefois pas interdits d’entrĂ©e Ă  l’Accademia, puisque Van Laer, de mĂŞme que Cerquozzi, sont associĂ©s aux deux groupes (Van Laer faisait Ă©galement partie des Bentvueghels)[22].

Liste alphabétique

Notes et références

  1. Levine, p. 570.
  2. Haskell, p. 132-134.
  3. Briganti, p. 2.
  4. Haskell.
  5. Levine
  6. Haskell, p. 135.
  7. Brigstocke.
  8. Au MusĂ©e Jeanne d'Aboville de La Fère, dans l'Aisne, on peut voir de Wijck La Rencontre, un exemple de qualitĂ© de ces paysages italianisants, pour lesquels Wijck est surtout connu : « Sur le quai de ce port mĂ©diterranĂ©en, un riche ArmĂ©nien vient au devant d'une dame qu'un nĂ©grillon abrite sous un parasol. Les tons ocre et bruns, qui dominent, renforcent l'impression de douce et chaude lumière qui baigne le tableau. Â»
  9. Slive, p. 236–237, Briganti, p. ix.
  10. Briganti, 36.
  11. « era singular nel represetar la veritá schietta, e pura nell'esser suo, che li suoi quadri parevano una finestra aperta pe le quale fussero veduti quelli suoi successi; senza alcun divario, et alterazione. » – « [Il] était unique dans sa représentation de la vérité, dans toute sa nudité, de sorte que ses peintures nous apparaissaient comme une fenêtre ouverte à travers laquelle on voyait tout ce qui se passait, sans déviation ni altération. »
  12. Briganti, p. 6-12.
  13. Haskell, p. 132.
  14. Haskell, p. 131–145.
  15. Haskell
  16. Roworth, 611–617.
  17. Roworth
  18. Haskell, p. 134
  19. Haskell, p. 142.
  20. Haskell, p. 135–136.
  21. Haskell, p. 20.
  22. Haskell, p. 20–21.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Giuliano Briganti, The Bamboccianti the Painters of Everyday Life in Seventeenth Century Rome, U. Bozzi, 1983.
  • (en) Hugh Brigstocke, « Bourdon, SĂ©bastien », sur Grove Art Online, Oxford University Press [].
  • (en) Francis Haskell, Patrons and Painters : Art and Society in Baroque Italy, Yale University Press, 1993, ch. 8 (ISBN 0-300-02537-8).
  • (en) David A. Levine, « The Roman Limekilns of the Bamboccianti », in The Art Bulletin, 70 (dĂ©c. 1988), 569–589
  • (en) Wendy W. Roworth, « A Date for Salvator Rosa's Satire on Painting and the Bamboccianti in Rome », in The Art Bulletin, 63 (dĂ©c. 1981), 611–617
  • (en) Seymour Slive, Pelican History of Art, Dutch Painting 1600-1800, Penguin Books, 1995, chap. « Italianate and Classical Painting », p. 225–245.
  • (en) Rudolf Wittkower, Pelican History of Art, Art and Architecture Italy, 1600-1750, 1980, Penguin Books, 1993, chap. 4, p. 323.

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