Balthazar de Beaujoyeulx
Balthazar de Beaujoyeulx [Beaujoyeux], nommé aussi en italien Baldassare de Belgiojoso [Baltazarini], est un violoniste et chorégraphe d'origine italienne et naturalisé français, né vers 1535 et mort vers 1589.
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Biographie
Il pourrait être originaire du village de Belgioioso en Lombardie, près de Pavie. Il est envoyé en France vers 1555, à la tête d’une bande de violons recommandée à Catherine de Médicis par Charles Ier de Cossé, maréchal de Brissac, qui dirigeait alors les armées du roi en Piémont[1]. Il fait vite son chemin à la cour, obtient des lettres de naturalité et francise son nom en Balthasar de Beaujoyeux.
Il obtient des charges de valet de chambre d'Henri II, puis à partir de 1567 de Catherine de Médicis et de Marie Stuart[2], enfin de Charles IX[3] et d'Henri III[4], charges qui lui donnent l’occasion de côtoyer la cour de plus près que de simples charges de musicien, qu’il assume également comme violon du roi. Il est également maître à danser et maître des divertissements, qui lui confèrent l’organisation d’intermèdes, mascarades, etc.
Ses charges se cumulent : ainsi en 1575 Beaujoyeulx est simultanément valet de chambre de la maison de Henri III, de François d’Alençon et de Catherine de Médicis[5].
Outre ces traitements, il reçoit occasionnellement des dons du roi, telles 1250 lt reçues de François II en 1560 « pour luy aider à trouver convenable party de mariaige »[6] ; il reçoit également avec d’autres valets de chambre une propriété à proximité du Louvre le [7].
D’autres documents le citent expressément comme instrumentiste ou violoniste[8]. Signe d’un certain enrichissement, Beaujoyeulx peut acquérir la seigneurie des Landes (ou l’a-t-il reçue du roi ?) et la bourgeoisie de Paris[9]. Comme nombre de personnages de la cour des Valois, il possède également une closerie aux environs de Blois, en bordure de la forêt royale, composée d'un manoir et de dépendances avec un revenu agricole lié à l'exploitation de la vigne[10]. Son nom est d'ailleurs resté attaché à cette propriété.
Son fils Charles a eu le même métier que lui car il était inscrit avec lui en survivance sur les registres de la maison de Catherine de Médicis[11] et sur celle de Henri III[12] ; il avait reçu une pension de 300 lt pour subvenir aux frais de son éducation[13]. Sa fille épousa le gentilhomme Charles de Pierrevive le [14] Après sa mort, survenue vers 1589, sa veuve se remarie avec Jehan de Rueil, écuyer et seigneur de Desmaretz[15].
Ĺ’uvres
Il est cité comme le violoniste « Baltazar » dans les festivités données à Bayonne en 1565 pour le passage de Charles IX [16].
On lui doit la mise au point de plusieurs ballets, dont :
- le Ballet des Polonais (1573) ;
- le Ballet comique de la reine (1581), exécuté à l’occasion des réjouissances données pour le mariage du duc Anne de Joyeuse avec Marguerite de Vaudémont, demi-sœur de la reine Louise de Lorraine-Vaudémont. Résultat de la collaboration de plusieurs artistes fameux (poésie, musique, danse et mise en scène), cette œuvre reste un des ballets de cour de cour de temps à la fois les plus riches et le mieux documenté.
Beaujoyeulx a ainsi joué un rôle déterminant dans l'émergence du ballet de cour, en opérant une synthèse entre la mouvance esthétique de la Pléiade, et la vivacité et l’inventivité italienne de la Compagnia dei Gelosi, une troupe italienne de commedia dell’arte formée à Milan vers 1568, très populaire en Italie et qui fut invitée à travailler à Paris à la fin des années 1570. Il a été un des promoteurs de la danze horizontale ou géométrique, dans laquelle les danseurs dessinaient sur le sol des figures géométriques susceptibles d’être mieux appréciées quand on les regardait à partir des galeries de la salle, et chargées d’une signification allégorique.
Notes et références
- Le fait est rapporté dans le Quatrième discours des Dames galantes, de Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme. Brissac avait également amené à la cour le danseur Pompée Diabon (cf. Handy p. 43).
- Paris AN : KK 127 f. 2301 (en 1560), cité d’après Handy 2008 p. 127.
- Paris BNF (Ars.) : ms. 6006 f. 219, aux gages de 240 lt par an, cité d’après Handy 2008 p. 127.
- Paris AN : MC XC 139, 18 mai 1583 et KK 116, f. 32r-32v. Il est encore mentionné en 1589 comme valet de chambre de Henri III, cf. Paris BNF : ms. Clairambault 1216 f. 62r, cité d’après Handy 2008 p. 372.
- Cf. respectivement Paris BNF (Mss.) : Français 7007, f. 109r-109v, Français 23029 f. 140v, Français 23946 f. 1v et Français 23944 f. 54 (en 1566), cités d’après Handy 2008 p. 105, 127 et 138. La somme des trois charges lui rapporte 620 lt par an.
- Paris AN : KK 127 f. 2301, cité d’après Handy 2008 p. 161.
- Paris AN : MC XC 127, cité d’après Brooks 2000 p. 100-101.
- Instrumentiste de Catherine de Médicis en 1580-1585, cf. Paris AN : KK 116 f. 32r-32v. Violoniste de Henri III : Paris BNF (Mss.) : Français 7835 pièce 24, 9 mars 1582, cités d’après Handy 2008 p. 434. Divers actes sur lui et sa bande de violons : Guillo 1998 passim.
- Cf. Guérin 1892, assemblée du 16 août 1586.
- AD Loir-et-Cher : E 656 (relative Ă la closerie de Beaujoyeulx, paroisse de Saint-Secondin des Vignes), et recherches du Docteur Mornet sur Saint-Secondin et Molineuf.
- Paris AN : KK 116 f. 32, cité d’après Handy 2008 p. 130.
- Paris BNF : ms. Clairambault 1216 f. 62r.
- Cf. Paris BNF (Mss.) : Français 7007 f. 82r (en 1572) et Dupuy 852 f. 38v (en 1578), cités d’après Brooks 2000 p. 106.
- Cité d’après Handy 2008 p. 308.
- Contrat de mariage : Paris AN : Y//123 f. 244, 6 février 1595, cité par Ecorcheville 1907 p. 13.
- Cf. Handy 2008 p. 326.
Bibliographie
- VK Preston. « How do I Touch this text?: Or, the Interdisciplines Between: Dance and Theatre in Early Modern Archives », in Nadine George-Graves. The Oxford Handbook of Dance and Theatre. Oxford and New York: Oxford University Press, 2015 (p. 56-89).
- Isabelle Handy, Musiciens au temps des derniers Valois (1547-1589). Paris : Honoré Champion éditeur, 2008.
- Jeanice Brooks. Courtly song in late sixteenth-century France. Chicago and London : Chicago University Press, 2000.
- Laurent Guillo. « Un violon sous le bras et les pieds dans la poussière : les violons italiens du roi durant le voyage de Charles IX (1564-1566). » La musique, de tous les passetemps le plus beau... : hommage à Jean-Michel Vaccaro, p. 207-233. Paris : Klincksieck, 1998.
- Pierre Bonniffet. « Esquisses du ballet humaniste » in Cahiers de l'IRHMES 1 (1992), p. 15–51.
- Margaret McGowan. L'art du ballet de cour en France : 1581-1643. Paris : CNRS, 1963 (p. 37-43).
- Frances A. Yates. The French academies of the sixteenth century. London : 1947.
- Frances A. Yates. : « Poésie et musique dans les Magnificences au mariage du duc de Joyeuse, Paris, 1581 » in Musique et poésie au XVIe siècle, Paris : CNRS, 1953, p. 241–264.
- Henri Prunières, Le ballet de cour en France avant Benserade et Lully. Paris : 1914 (p. 79-93).
- P. Guérin et A. Tuetey, Registre des délibérations de la ville de Paris, tome IX. Paris : Imprimerie nationale, 1892.
- Jules Écorcheville. Actes d’état civil de musiciens insinués au Châtelet de Paris (1539-1650). Paris : S.I.M., 1907.