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Avenue du Prado

L'avenue du Prado, est une voie de la ville de Marseille.

Avenue du Prado
Image illustrative de l’article Avenue du Prado
Avenue du Prado.
Situation
CoordonnĂ©es 43° 16′ 01″ nord, 5° 22′ 58″ est
Arrondissement 6e et 8e
Quartier Castellane, PĂ©rier, Le Rouet, Saint-Giniez, La Plage
Tenant Place Castellane
Aboutissant Avenue Pierre-Mendès-France
Promenade Georges-Pompidou
Morphologie
Type Avenue
Longueur 3,400 m
Largeur 60 m
Transport
Métro  Ligne 1 du métro de Marseille Ligne 2 du métro de Marseille Castellane
 Ligne 2 du métro de Marseille Périer
 Ligne 2 du métro de Marseille Rond-Point du Prado
Bus  Ligne B1 Ligne 19 Ligne 41 Ligne 73 Ligne 74 Ligne 83 Ligne 86
Histoire
Anciens noms Boulevard du Sud
Monuments Statue de David
GĂ©olocalisation sur la carte : Marseille
(Voir situation sur carte : Marseille)
Avenue du Prado

Situation et accès

Cette avenue, située dans les 6e et 8e arrondissement de Marseille, est une large avenue en équerre qui prolonge la rue de Rome à partir de la place Castellane jusqu'au rond-point du Prado puis change de direction pour conduire à la statue de David à la plage du Prado.

Origine du nom

Plan DĂ©marest de 1808 (source Gallica)
Plan DĂ©marest de 1808 (source Gallica) - Marseille.

C’est l'ancien maire de Marseille, Antoine ThĂ©odore Bernex, fils de Anthelme Bernex, qui lui donne son nom en 1844 en comparaison avec le cĂ©lèbre Prado de Madrid. 

Historique

La « Société immobilière du Prado » est créée en 1837 à l'initiative de J.S. Méry, d'Anthelme Bernex (1777-1848) qui vient de réaliser le boulevard Longchamp et de l’architecte Jean-Baptiste Falque (1798-1881). Une première tranche de travaux est inaugurée le par le duc d'Orléans, puis est livrée aux promeneurs et aux bâtisseurs. la voie porte alors le nom de « boulevard du Sud »,

Plan Pinet de 18039 (source CCMI)
Plan Pinet de 1839 (source CCMI) - Marseille.

Cette immense avenue a une forme particulière, en équerre, s’explique d'une part par la décision de prolonger l’axe majeur de la ville (cours Belsunce – rue de Rome) après la réalisation de la rue de Rome et de la place Castellane - une première portion qui s’étend de la place Castellane au Rond-point du Prado - et d'autre part par la décision de prolonger "les promenades du Prado" jusqu'à la mer- une seconde portion qui s'étend du rond point du Prado en direction des plages.

Plantée de quatre rangées, cette promenade large de 60 mètres est la plus large de Marseille (à titre de comparaison l'avenue de Paris à Versailles fait 90m de large tout comme les Champs Elysees, l'avenue Foch à Paris a une largeur de 120m). Elle aboutit à un vaste rond-point, où s’ouvre le château des fleurs (en 1830 - aujourd'hui à 100 mètres du stade Vélodrome), lieu de convivialité et de loisirs. Tournant à angle droit, large encore de 40 mètres, le Prado rejoint la mer à l’endroit d’où la commission municipale de 1848 fera partir la promenade de la Corniche achevée sous le second Empire.

L'avenue du Prado "en Ă©querre" a Ă©tĂ© bâtie sur 3 400 mètres de long et de 60 mètres de large sur des terrains marĂ©cageux alors rĂ©putĂ©s insalubres (un collecteur dĂ©signĂ© "Le Jarret" Ă©tait la « chasse d’eau Â» des quartiers sud vers l’Huveaune, fleuve cĂ´tier dĂ©bouchant sur les plages du Prado).

Plan Pinet de 1890 (source Gallica) - Marseille
Plan Pinet de 1890 (source Gallica) - Marseille.
L'avenue au début du XXe siècle, quand circulaient les rames de l'ancien tramway de Marseille.

À l’origine on pouvait y admirer, jusqu'en 1875, une fontaine équipée d’un jet d’eau de 36 mètres de haut symbolisant cette victoire sur une nature hostile, mais l’arrivée des tramways et la mise en place des rails conduisirent à sa démolition.

En raison du prix des parcelles, de la concurrence des terrains situĂ©s le long de l’avenue de Toulon, puis la crise Ă©conomique qui a prĂ©cĂ©dĂ© et suivi la chute de l’Empire a eu raison de la grosse spĂ©culation, s’y ajoute une crise immobilière, due Ă  une surabondance des constructions (Trame Mirès - quartier "EuromĂ©diterranĂ©e" actuel), les parcelles desservies par l'avenue du Prado se vendent mal ce qui provoque la faillite de la sociĂ©tĂ© et l'effondrement financier de MĂ©ry et Bernex[1].

En revanche Falque parvient plus facilement à vendre les parcelles comprises entre cette nouvelle voie, la rue Breteuil et le Boulevard Périer (les immeubles s’édifièrent ainsi beaucoup plus vite car de nombreux appartements en étage étaient destinés à la location).

En 1867, les constructions du premier Prado n’ont pas réussi à dépasser l’actuel boulevard Périer. Au-delà, on retrouve encore les campagnes. L’opération sera reprise dans la suite, avec succès cette fois. Le Prado se bordera de peu à peu de villas et de châteaux, entourés de parcs, dont il ne subsiste que de rares exemples.

Le développement des quartiers riverains s’effectue à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle de façon inégale de part et d’autre de l’avenue du Prado.

L'avenue du Prado au début du XXe siècle : Promenade, platanes et tramway.

À l’Est, côté avenue de Toulon, se développent des usines et des habitations ouvrières. Mgr Eugène de Mazenod fit construire une première église consacrée aux Saints Adrien et Hermès, ce qui permit au quartier du Prado-Rouet de s’urbaniser et de prendre de l’importance au sein de la cité. En 1918, Mgr Fabre, évêque de Marseille, décide de faire construire sur l'église Saints Adrien et Hermès, la basilique du Sacré Cœur. En souvenir de Mgr de Belsunce qui avait consacré la cité de Marseille au Sacré-Cœur, lors de la grande peste de 1720, la première pierre fut posée en 1920 et en même temps disparaissait la petite église Saints Adrien et Hermès. Ce quartier marqué par la présence de bâtiments industriels et d’entrepôts, est en cours de rénovation urbaine.

À l'Ouest, entre les deux parties de l'avenue du Prado et de la rue Paradis, s’est développée de façon inégale (en raison des crises économiques, des faillites et des épidémies) une zone résidentielle initialement occupée par la bourgeoisie issue du négoce : de grands "îlots" caractérisent ce quartier avec initialement de nombreux jardins privatifs en cœur d’îlot (jardins qui persistent lacunairement d'une part et totalement sur le parcellaire d'autre part).

L'avenue du Prado dans les années 1920.
Archives municipales.

La seconde partie du Prado s'est développée de façon lente en raison d'un problème d'hygiène.

FĂ©lix Baret fit Ă©tablir un projet de 220 kilomètres de collecteurs dĂ©bouchant dans la calanque de Cortiou, au pied du massif de Marseilleveyre, face au grand large. On croira trop longtemps au pouvoir auto-Ă©purateur infini de l’eau de mer. La dĂ©claration d’utilitĂ© publique fut prononcĂ©e le 24 juillet 1891. Cette coĂ»teuse « chimère Â» durera plus de 80 ans, polluant les deux rades de Marseille, en chassant faune et flore. La rade de Marseille est au bord de l’asphyxie et le mistral, soufflant vers la cĂ´te, transformera rĂ©gulièrement les plages du Prado en dĂ©charge publique.

Entre 1890 et 1895, sera bâti le boulevard Michelet en prolongeant l’axe majeur de la ville (et assainissant ainsi les terres).

Des terrains Ă©taient donc disponibles. La première exposition coloniale jamais organisĂ©e sur le territoire national : mettre en contact direct la mĂ©tropole avec les reprĂ©sentants des pays et des peuples de l’Empire français. Sur les 40 hectares du futur parc Chanot (dont les terrains sont « empruntĂ©s Â» au champ de manĹ“uvres militaires d'une part et au château des fleurs d'autre part) l’exposition coloniale qui s’ouvre le 14 avril 1906 est conçue comme une « leçon de choses Â» exotiques. Le succès public fut tel qu’une seconde (et dernière) Ă©dition de l’évènement sera organisĂ©e en 1922. Le succès public de la deuxième exposition coloniale est colossal. Marseille ne le cache pas : elle a besoin de ses colonies (la Russie bolchevique lui Ă©tait fermĂ©e et les tentatives de reprises commerciales avec l’Allemagne d'entre deux guerres Ă©taient vouĂ©es Ă  l’échec).

L’expansion de Marseille se fera conjointement à partir de la ville du XIXe siècle et à revers, à partir des agglomérations du terroir. La difficulté majeure tient à la circulation engendrée.

L’extension du réseau de tramways répond à ces difficultés et favorise un phénomène migratoire (dans une ville étalée et disparate avec des frontières sociales et économiques), en poussant ses tentacules vers les anciens noyaux villageois, mais avec des inconvénients de sous-équipement sanitaires et de difficultés de liaisons sur des distances considérables.

Cette avenue du Prado a longtemps tiré son charme de sa magnifique voûte de verdure constituée par la frondaison des platanes. Les Marseillais allaient y chercher un peu de fraîcheur durant la période estivale : il faisait bon s’y promener.

Le « Château des fleurs » (source inconnue) sur lequel sera construit le boulevard Michelet puis le parc Chanot.

La maladie du chancre colorĂ© a progressivement fait disparaĂ®tre tous les platanes. Cette maladie est provoquĂ©e par un champignon, le Ceratocystis fimbriata, importĂ© des États-Unis lors de la libĂ©ration de la France par apport de caisses de munitions en bois de "sycomore". La première contagion s’est manifestĂ©e sur le deuxième Prado, au niveau du Parc BorĂ©ly. Cette maladie incurable qui touche uniquement les platanes, dĂ©cime les arbres en bonne santĂ© dans un intervalle de temps entre 3 et 7 ans. La contamination se fait par l’intermĂ©diaire d’une plaie sur le système aĂ©rien mais Ă©galement Ă  travers les soudures qui s’opèrent entre les racines des arbres voisins (anastomose racinaire). Au niveau biologique, le champignon s’installe dans les vaisseaux du bois oĂą il se nourrit de la sève et obstrue ainsi ces canaux. Ceux-ci  n’assurent plus leur rĂ´le d’alimentation, l’arbre s’assèche et meurt inĂ©vitablement.

Le champignon se transmet de proche en proche par l’intermĂ©diaire de facteurs climatiques,  (vent, pluie…), des interventions humaines qu’elles soient sur l’arbre (taille, arbre utilisĂ© comme support…) ou dans son environnement (terrassement, travaux de voirie…).

Cette maladie se propagea sur l’avenue du Prado de manière foudroyante ; les platanes furent remplacés par des micocouliers et des tilleuls argentés. Il reste aujourd'hui 4 platanes vers le n°2 de cette avenue qui attestent de ces anciens alignements.

À la fin des années 1940, l'avenue du Prado a été le théâtre du Grand Prix automobile de Marseille. L'avenue du Prado fut jusqu'en 1960 la seule rue de Marseille à ne pas être pavée, mais asphaltée. Partout ailleurs, les rudes pavés de porphyre, venus de la carrière du Drammont, mettaient à rude épreuve les amortisseurs des voitures et la colonne vertébrale des cyclistes.

Sur cette avenue, entre la place Castellane et le boulevard Périer, se déroule tous les matins le plus grand marché de Marseille ; on y trouve les produits frais (fruits et légumes), de l'habillement et tous les vendredis, des fleurs et plantes vertes.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Parmi les différents immeubles riverains, on peut signaler :

  • au no 36 : immeuble du cinĂ©ma Gaumont dont la façade prĂ©sente un des rares exemples d'art nouveau Ă  Marseille.
  • au no 81 : Basilique du SacrĂ©-CĹ“ur.
  • au no 121 se trouvait le « palais de l’automobile », vaste hangar mĂ©tallique construit Ă  l’occasion de la foire coloniale de 1922, par Raoul Mattei. Cet ensemble a Ă©tĂ© dĂ©moli en 1988 afin de permettre des constructions immobilières et la crĂ©ation d’une voie nouvelle : "les allĂ©es Turcat-MĂ©ry". Les pièces remarquables de la façade ont fait l'objet de moulages de polyester remisĂ©s dans un hangar de la rĂ©gion versaillaise, ces moulages devaient servir Ă  rĂ©aliser une Grande Arche Ă  l'entrĂ©e des actuelles allĂ©es Turcat Mery cĂ´tĂ© Prado et qui devaient prendre le nom d'allĂ©es Raoul Mattei (1890-1970)
  • au no 127 se trouvait un amphithéâtre dont la tribune, lors d’une corrida, s’effondra le faisant 22 morts[2].
  • au no 183 : TrĂ©sorerie GĂ©nĂ©rale oĂą se trouvait l'une des manufactures d’allumettes de la SEITA, fermĂ©e en 1961[3].
  • au no 241 : concessionnaire d’une grande marque italienne oĂą se trouvait la « chocolaterie du Prado », fermĂ©e en 1958[4].
  • au rond-point se trouvait un Ă©tablissement « le château des fleurs » qui eut une grande vogue au Second Empire
  • au no 320 : immeuble de grande hauteur « Le Grand Pavois ».
  • au no 399 : Ă©glise apostolique armĂ©nienne (inaugurĂ©e en 1931) et son monument du gĂ©nocide (inaugurĂ© en 1973).
  • au no 555 : maison oĂą habitait le grand photographe Nadar, aujourd'hui occupĂ©e par le Conseil dĂ©partemental de l'ordre des mĂ©decins des Bouches du RhĂ´ne.
  • la "villa Pascal"[5] aujourd'hui disparue, vaste propriĂ©tĂ© dotĂ©e d'importantes serres, habitĂ©e pendant la belle saison par la famille du banquier et bibliophile Albert Pascal[6] qui possĂ©dait, pour l'hiver, une vaste habitation rue Grignan.

Consulats

Annexes

Bibliographie

  • AndrĂ© Bouyala d'Arnaud, Évocation du vieux Marseille, Paris, Les Ă©ditions de minuit,
  • R. DuchĂŞne et J. Contrucci, Marseille, 2600 ans d'histoire, Marseille, Librairies Arthème Fayard, , 862 p. (ISBN 2-213-60197-6)
  • Adrien BlĂ©s, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, , 441 p. (ISBN 2-86276-195-8)
  • Marcel Roncayolo, Marseille, les territoires du temps, Marseille, Éditions locales de France - ACTES SUD, , 135 p. (ISBN 2-911065-03-4)

Notes et références

  1. Alfred Saurel, Marseille et sa banlieue, t. 1, Librairie Camoin, , p. 309-310
  2. Pierre Gallocher, Marseille, Zigzags dans le passé, t. IV, Marseille, Tacussel, , p. 89-92
  3. Paul Smith, « Les monopoles français des tabacs et des allumettes aux XIXe et XXe siècles Bibliographie sélective », Recherches contemporaines, n°2,‎ , p. 209 (lire en ligne)
  4. Jean-Claude Berton et Henri Joyeux, Comment se soigner avec le chocolat, Monaco/Paris, Éditions du Rocher, , 208 p. (ISBN 978-2-268-07660-7, lire en ligne), En 1958, l’électronique arrive dans les usines, d’où de nombreux licenciements. C’est la fin de la chocolaterie du Prado à Marseille.
  5. Jardins de France, Societe nationale d'horticulture de France, (lire en ligne)
  6. Société des amis des livres (Paris France), Annuaire, La Société, (lire en ligne)
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