Autricum
Autricum était le nom d'une cité des Carnutes, considérée généralement comme leur capitale, située à l'emplacement de l'actuelle ville de Chartres, dans la vallée de l'Eure (Autura en gaulois) d'où son nom dérive (*Autur-īko > Autricum). La cité et sa région étaient un centre des plus importants de la religion gauloise.
Autricum | ||
Localisation | ||
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Pays | Empire romain | |
Province romaine | Haut-Empire : Gaule lyonnaise Bas-Empire : Lyonnaise quatrième ou Sénonie |
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RĂ©gion | Centre-Val de Loire | |
DĂ©partement | Eure-et-Loir | |
Type | Chef-lieu de Civitas | |
Coordonnées | 48° 27′ 21″ nord, 1° 29′ 03″ est | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Empire romain
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Histoire | ||
Époque | Antiquité (Empire romain) | |
La cité gauloise
Autricum – que César ne cite jamais – a été identifiée à Chartres grâce à la table de Peutinger[1] (qui en estropie d'ailleurs le nom) et passe pour être la capitale des Carnutes, car c'est elle qui prend nom du peuple éponyme au Bas-Empire. Alors que Cenabum (l'actuelle ville d'Orléans) a laissé des traces archéologiques, épigraphiques et littéraires indiscutables, ne sont identifiés pour le premier Autricum gaulois, que des parties du fossé de l'oppidum, et deux secteurs d'occupation. On ne sait toujours pas bien s'il faut penser à un établissement plus ou moins fortifié sur l'éperon qui porte aujourd'hui la cathédrale, ou s'il s'agissait d'un « oppidum de vallée », lié à la rivière et peut-être à la batellerie. Par l'Eure, les Carnutes devaient communiquer avec le bassin de la Seine, la Gaule belgique et sans doute l'Armorique.
Quoi qu'il en soit, de nombreux indices montrent que le centre du pays carnute était assez éloigné de Cenabum. De même, les relations des Carnutes avec les autres peuples semblent privilégier l'est et le nord (les Sénons, les Rèmes…) plutôt que le sud où les Bituriges, alliés étroits des Éduens, font plutôt figures d'ennemis. Pour le commerce comme pour la politique, Autricum-Chartres a probablement joué un rôle beaucoup plus important que la lacune des sources ne permet de l'établir.
Les fouilles de sauvetage entre 2003 et 2005, notamment sur la place des Épars et le boulevard Chasles, apportent d'importantes connaissances nouvelles sur l'Autricum gallo-romaine, et pour la période gauloise ont mis au jour une nécropole à incinération datée des environs du milieu du Ier siècle av. J.-C..
L'assemblée annuelle des druides
L'assemblée des druides est ainsi présentée dans la Guerre des Gaules de Jules César[2] :
« Chaque année, à date fixe, ils tiennent leurs assises en un lieu consacré, dans le pays des Carnutes, qui passe pour occuper le centre de la Gaule. Là , de toutes parts affluent tous ceux qui ont des différends, et ils se soumettent à leurs décisions et à leurs arrêts. »
La période gallo-romaine
À l’époque celtique, « autrikon » semble avoir été un port sur l’Eure. Des traces de l’habitat Carnutes, peuples de la Gaule établi entre la Loire et la Seine, ont été découvertes.
Les fouilles réalisées à l'emplacement de la place des Halles ont mis en évidence les vestiges d'une voie empierrée de 9 mètres de largeur, longée par des maisons du même type que celles découvertes sur le site Pasteur à Chartres. Selon le modèle romain, la cité était protégée par des buttes de terre, réorganisée autour d’un forum et alimentée par deux aqueducs qui s’étendaient du côté du nord du plateau et le long des berges de la rivière. Des vestiges des plus belles demeures (domus), parfois ornées de fresques, ont été retrouvés à la place des Epars et dans le secteur des Grandes-Filles-Dieu. Les traces d'un ancien amphithéâtre gallo-romain sur la pente du plateau ont été découvertes aux alentours et sous l'église de Saint-André dont on retrouve des vestiges dans les murs de l'une des cryptes. Le forum était situé probablement dans l'actuelle rue Sainte-Thèrese. Deux cimetières gallo-romains s'étendent dans le nord-ouest et les sections du sud-est de la ville antique, et d'autres probablement dans le sud-ouest (Bedon et al 1988).
Vestiges archéologiques
Le sanctuaire
Le grand sanctuaire dit de « Saint-Martin-au-Val » se trouve à moins d'un kilomètre au sud du centre administratif et politique de l'époque antique, dans l'actuel quartier Saint-Brice. Ce sanctuaire qui s'étend sur dix hectares est composé de plusieurs bâtiments, fouillés deux à trois mois par an[3].
Depuis 2017, les recherches se sont concentrées successivement sur deux fontaines monumentales situées en façade est du grand sanctuaire. Ces bâtiments illustrent le savoir-faire et le raffinement « à la romaine ». Deux grand bassins quadrangulaires en marbre blanc de Turquie ont conservé les restes inédits de plafonds à caissons en bois peints et sculptés. Une seule découverte significative similaire avait été réalisée précédemment sur le site de la villa de Telephus à Herculanum en Italie, en 2010[3].
Un premier bassin d'apparat de 5,50 mètres de côté au décor central quadrilobé en marbre blanc veiné rose contenait les restes du plafond peint . Deux autres bassins furent également découverts en 2022, distants d'environ 6 mètres et d'une profondeur de plus de 2 mètres.Le deuxième bassin avec son entrée au milieu de la margelle ouest, était probablement destiné aux ablutions préliminaires avant d'accéder au sanctuaire et à l'autel d'Apollon. L'autre étant plus un bassin d'apparat[4]
Les rues
Des fouilles dans le centre-ville de Chartres ont apporté des éléments novateurs sur l’organisation urbaine de cette grande capitale de la Gaule romaine, son rythme d’urbanisation et les modifications du statut social d’un de ses quartiers.
Les rues sont empierrées et constituées de gravillons de silex, bordées de fossés de drainage, de caniveaux puis des trottoirs de 2,40 mètres de large, limités par des murs qui devaient être couverts par des portiques. Des canalisations de distribution d’eau en bois étaient installées sur les marges de la chaussée. L’ensemble étaient large de 11,20 mètres. Le long de la rue, des parcelles d’une largeur de 10,50 mètres s’engageaient en profondeur dans le cœur des îlots. Elles étaient occupées par des maisons.
Dans la partie centrale des îlots, un petit bâtiment a été construit dès le début du Ier siècle. Son orientation nord/sud laisse penser qu’il s’agit d’un sanctuaire. Il subsiste dans son plan jusque dans le courant du IIIe siècle.
Les quartiers
Au cours de la première moitié du IIe siècle, des quartiers ont été ravagés par un incendie, ce qui a provoqué une importante réorganisation de la ville. Des parcelles sont réunies afin d’y construire deux maisons de notables.
La plus vaste (au moins 30 × 45 m) a été construite sur de larges murs maçonnés et s’organisait autour d’une cour. La seconde est largement construite avec des matériaux légers, comme des cloisons en pans de bois, autour d’une petite cour à portique. Au cours d’une campagne de réfection des maçonneries, l’une des pièces est ornée d’une grande scène figurée comportant au moins une représentation impériale, signe d’attachement du propriétaire envers Rome, retrouvée en fouille.
Un nouvel incendie ravage le quartier dans le courant du IIIe siècle. L’espace est de nouveau occupé de manière plus sporadique mais les vestiges de l’occupation du Bas Empire, au IVe siècle, ont largement été détruits par les activités postérieures.
Notes et références
- Robert bedon et Alain Malissard, La Loire et les fleuves de la Gaule romaine et des régions voisines, Presses universitaires de Limoges, , 601 p. (ISBN 978-2-8428-7177-2, lire en ligne), p. 408.
- Jules CĂ©sar, Guerre des Gaules, livre 6, chapitre 13
- « Le sanctuaire gallo-romain », sur archeologie.chartres.fr (consulté le )
- Bruno Bazin, Les bassins secrets du sanctuaire antique de Saint-Martin-au-Val, dans Archéologia, n°613, octobre, 2022, p. 14-15
Voir aussi
Bibliographie
- Louis Bonnard, « Ce que nous savons de Chartres gallo-romain. », Revue des Études Anciennes, t. 15, no 1,‎ , p. 60-72 (DOI doi.org/10.3406/rea.1913.1752, lire en ligne, consulté le ).
- Charles Challine, « Chartres antique et médiéval », Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, t. 28,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Marcel Couturier, « L'Amphithéâtre de Chartres », Bulletin des sociétés archéologiques d'Eure-et-Loir, no 20,‎ , p. 18-25 (lire en ligne, consulté le ).
- Edmond Frezouls †dir., Les villes antiques de la France, III. Lyonnaise I : Autun - Chartres - Nevers, De Boccard, 1997, 308 p., ill.
- Dominique Joly, Stéphane Willerval et Pauline Denat, « Chartres, d’Autrikon à Autricum, cité des Carnutes : prémices et essor de l’urbanisation », Gallia, vol. 72, no 1,‎ (DOI https://doi.org/10.4000/gallia.1453, lire en ligne, consulté le ).
- Anne Ollagnier, Dominique Joly et Daniel Jalmain, « Commune 114 - Chartes », dans Carte archéologique de la Gaule: 28. Eure-et-Loir, Editions de la MSH, (lire en ligne).
- Widranges H., « Notice sur les découvertes antiques faites à Chartres depuis 1846, jusqu'en 1850 par suite de l'établissement de l'embarcadère du chemin de fer », Bulletin de la Société archéologique d'Eure-Loir, t. 10,‎ (lire en ligne, consulté le ).
Articles connexes
Lien externe
Audio externe | |
Autricum sous Chartres, interview de Dominique Joly, archéologue de la ville de Chartres, par Vincent Carpentier dans l'émission Salon noir du 10 juillet 2013 sur France Culture |
Audio externe | |
Quand Chartres ressemblait à Herculanum, interview de Mathias Dupuy et Bruno Bazin, archéologue de la ville de Chartres, par Vincent Carpentier dans l'émission Carbone 14 du 23 octobre 2021 sur France Culture |