Accueil🇫🇷Chercher

Autels tauroboliques de Valence

Les autels tauroboliques de Valence, conservés au musée d'Art et d'Archéologie de Valence (Drôme), sont deux autels commémorant chacun un taurobole (sacrifice d’un taureau) et un criobole (sacrifice d’un bélier), en l’honneur de la déesse Cybèle.

Autel offert par les dendrophores de Valence, face principale : tĂŞte de taureau
Face latérale droite : tête de bélier

Autel des dendrophores de Valence

Cet autel, assez bien conservĂ©, fut dĂ©couvert Ă  Châteauneuf-sur-Isère (près de Valence) en 1786, Ă  proximitĂ© d’un pont dit « de la DĂ©esse Â», rive droite de l’Isère, sur la voie romaine entre Valence et Tain. Il fut longtemps conservĂ© maison de Sucy[1] avant de gagner le musĂ©e de Valence. En pierre calcaire, il mesure 1,50 m de haut, sur 0,71 m de large et 0,53 m de profondeur. Il est assez proche stylistiquement de l’autel de Tain-l’Hermitage.

La face principale porte une tête de taureau en bas-relief, avec les bandelettes rituelles retombant de chaque côté (bucranium vittatum), en assez mauvais état, vraisemblablement martelé à une époque inconnue. Au-dessus est gravé le texte suivant (CIL XII, 1744) :

M(ATRI) D(EVM) I(DAEAE) TAVROBOL(IVM)
DENDROPHOR(I) VAL(ENTINI)
(SVA) P(ECVNIA) F(ECERVNT)

Selon ce texte, ce sacrifice a été offert par les dendrophores de Valence, et payé par leurs propres deniers. Il est possible que l’inscription se soit poursuivie sous le bucrane, mentionnant comme à l’accoutumée le nom du prêtre ayant accompli le sacrifice, mais aucune trace n’en est visible, ce qui rend la localisation et la datation difficiles.

La face postĂ©rieure prĂ©sente un pin au feuillage largement Ă©tendu. Le pin est l’arbre associĂ© Ă  Attis, parèdre de Cybèle, et le symbole des dendrophores ou « porteurs d’arbre Â».

La face latérale gauche représente cinq objets liés au culte : une œnochoé, un ciste, une patère à manche, surmontant un tympanon et un bonnet phrygien.

La face latérale droite est sculptée d’une tête de bélier à larges cornes également ornées de bandelettes, ce qui évoque un criobole associé au taurobole. Au-dessous sont représentés un aspersoir (aspergillum) et un pedum (bâton recourbé liturgique).

Autel aux Augustes

Autel aux Augustes, découvert place des Ormeaux à Valence.

Ce second autel est en fait la partie supĂ©rieure d’un autel, dĂ©couvert en 1863 place des Ormeaux, entre la cathĂ©drale Saint-Apollinaire de Valence et l’ancien Ă©vĂŞchĂ©, oĂą se trouvait dĂ©jĂ  le musĂ©e. Également en calcaire, ses dimensions actuelles sont 0,70 m de haut, 0,59 m de large, 0,56 m de profondeur. Il ne porte aucune dĂ©coration sculptĂ©e visible. Le texte gravĂ© sur la face principale est (CIL XII, 1745) :

PRO SALVTE AVG(VSTORVM)
PROQVE D(OMO) D(IVINA)
TAVROBOLIVM ET C(RI)OBOLVM M(ATRI) D(EVM) M(AGNAE) I(DEAEAE) FECER(VNT)
C(AIVS) VALERIVS VR(BA)-
(N)VS SACERDOS C(AIIUS) FL(AVIUS) RE-
STITVTVS (TIBICEN)

Le sacrifice a été effectué, pour le salut des Augustes, par le prêtre Caius Valerius[2] Urbanus, le tibicen (joueur de flûte) étant Flavius Restitutus, un affranchi envoyé de Lyon, dont le nom figure par ailleurs sur trois autres autels tauroboliques de Lyon, ce qui permet de dater cet autel de la fin du deuxième - début du troisième siècle. Les Augustes seraient donc, soit Marc Aurèle et Lucius Verus, soit Septime Sévère et Caracalla[3].

Références

  1. Alexis Chalieu, Mémoires sur diverses antiquités du département de la Drôme, Valence, Marc Aurel, 1814
  2. H.-G. Pflaum, un historien du XXe siècle, Droz, 2006
  3. Robert Turcan, Les religions de l’Asie dans la vallée du Rhône, Brill, Leyde (Pays-Bas), 1972

Bibliographie

  • (en) Robert Duthoy, The Taurobolium : its evolution and terminology, E. J. Brill, Leiden, 1969
  • J. Alvar, Romanising Oriental Gods. Myth, Salvation and Ethics in the Cults of Cybele, Isis and Mithras, Brill, Leyde, 2008 Compte rendu par L. Bricault.
  • (en) Maarten Jozef Vermaseren, Corpus Cultus Cybelae Attidisque, Brill, 1997 ;

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.