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Dendrophore

Un dendrophore, du latin dendrophorus directement issu du mot grec signifiant littĂ©ralement « porteur d’arbre Â», est dans l’AntiquitĂ© grecque et romaine une personne travaillant dans le domaine du bois : bĂ»cheron, porteur de grumes, charpentier, menuisier, etc. Plus spĂ©cialement, le dendrophore est un officiant dans les cĂ©rĂ©monies des cultes de Cybèle et d’Attis, chargĂ© de porter le pin sacrĂ© reprĂ©sentant le corps d’Attis après sa mort.

Relief des Dendrophores, découvert à Bordeaux en 1838 (Musée d’Aquitaine)
Stèle funéraire d'un dendrophore, musée gallo-romain de Fourvière, Lyon, France. CIL XIII, 2026
Autel taurobolique offert par les dendrophores de Valence, trouvé à Châteauneuf-d’Isère. Musée des beaux-arts de Valence (Drôme)

Culte d’Attis

Attis, parèdre de Cybèle, qui est à la fois sa mère et son amante, fait l’objet de multiples légendes. Il est représenté sous les traits d’un jeune homme, souvent d’un berger. Cybèle s’éprend violemment de lui, mais il la dédaigne pour une autre. Furieuse, Cybèle le frappe de folie. Il s’enfuit dans la forêt et, saisissant une pierre tranchante, il s’émascule. De son sang coulant sur le sol naît le pin, toujours vert, symbole d’éternité. Calmée, Cybèle lui rend la vie.

Dans les cĂ©rĂ©monies en son honneur, chaque mais aussi lors d’autres cĂ©rĂ©monies comme les tauroboles, les dendrophores coupent un pin, l’enveloppent de bandelettes et le transportent comme s’il s’agissait d’un corps pour le faire entrer solennellement (cĂ©rĂ©monie de l’arbor intrat) dans la ville. Suit une pĂ©riode de tristesse, de jeune et d’abstinence. Les prĂŞtres, ou galles, qui sont (du moins thĂ©oriquement) eunuques, se tailladent ou s’émasculent : c’est le , les sanguinalia ou « fĂŞtes du sang Â». Puis, après une nuit oĂą on s’unit Ă  la dĂ©esse comme Attis ressuscitĂ©, la joie revient.

Les dendrophores intervenaient dans d’autres cultes. Le dieu Sylvain, tenant une branche ou un tronc d’arbre, était aussi appelé dendrophore.

Les dendrophores sont parfois mentionnés sur les autels tauroboliques : c’est le cas sur celui de Lyon. Un dendrophore fait célébrer pour lui-même un taurobole (autel trouvé à Châteauneuf-sur-Isère en 1786, conservé au musée de Valence[1]).

Collèges de dendrophores

En mĂŞme temps que leur activitĂ© religieuse, les dendrophores se constituent en « collèges Â», sorte d’association professionnelle. L’activitĂ© prĂ©cise des dendrophores est mal connue, mais on peut penser que ce sont leurs compĂ©tences techniques qui leur ont valu ce rĂ´le dans les cĂ©lĂ©brations religieuses. En retour, la religion confère Ă  leur mĂ©tier, au bas de l’échelle sociale, une certaine aura. Ils jouent aussi, grâce Ă  leurs compĂ©tences en matière de construction, le rĂ´le de pompiers pour lutter contre les incendies, en association avec les fabri (ouvriers du bâtiment) et les centonarii (ouvriers du textile). Les collèges de dendrophores auraient Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par Claude, afin de permettre aux citoyens romains de participer comme officiants, alors que les galles, Ă©tant eunuques, n’avaient pas droit Ă  la citoyennetĂ© romaine.

Les dendrophores sont mentionnés dans cent quarante inscriptions datées entre 79 et 288 de notre ère.

Notes

  1. Nicolas Delacroix, Statistique du département de la Drôme, Valence, imprimerie Jacques Montal, 1817

Sources

  • Jean-Marie Salamito, Les dendrophores dans l’empire chrĂ©tien, MĂ©langes de l’École française de Rome, AntiquitĂ©, annĂ©e 1987, vol. 99, numĂ©ro 99-2, p. 991-1018 PersĂ©e.fr

Bibliographie

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