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Auguste-Charlotte de Schönberg

Auguste Charlotte comtesse de Kielmannsegge, née le au château de Hermsdorf près de Dresde et morte le à Plauen près de Dresde, de bonne noblesse saxonne, amie de la France, admise grâce à la duchesse de Courlande auprès de Napoléon et à la cour impériale, est à partir de 1809 un agent de renseignements tout dévoué à l'Empereur.

Auguste-Charlotte de Schönberg
Auguste Charlotte comtesse de Kielmannsegge. Portrait de Josef Grassi, 1800
Biographie
Naissance

Hermsdorf (d)
Décès
Nom dans la langue maternelle
Auguste Charlotte von Kielmannsegg
Nationalité
Activité
Tombe d'Auguste Charlotte, comtesse de Kielmannsegge

Biographie

Enfance et jeunesse.

Son père, Peter August von Schönberg, était maréchal du palais à la cour de l’Électeur de Saxe. Orpheline dès l'âge de dix ans, elle est confiée aux soins de sa grand-mère et d'une vieille gouvernante, laquelle saura mettre en valeur les capacités à l'autorité et la fermeté du caractère dont fera preuve Charlotte tout au long de sa vie[1].

Mariages

Héritière de nombreux domaines en Saxe, elle épouse en 1796 le comte August Zu Lynar (de) qui meurt brutalement d'une crise d'apoplexie en 1800.

Possédant une des plus grosses fortunes de Saxe, cette jeune veuve, belle, intelligente, se remarie en 1802 avec le comte Ferdinand de Kielmannsegge, capitaine d'origine hanovrienne, qui se révèlera être totalement pénétré des idées prussiennes et sera un ennemi juré des Français et de Napoléon.

Ses intrigues politiques, son alliance avec les conjurés qui préparent un attentat contre Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, ses actes de basse conspiration, le font connaître de la cour de Napoléon. Il est arrêté et emprisonné[2].

Par contre la comtesse, admirative de la France et de l'Empereur, n'a rien à voir avec son époux. Cette situation amène rapidement la séparation du couple.

Son action

Rencontres avec Talleyrand et Napoléon

Influencée par la duchesse de Courlande, grande amie de Talleyrand, Charlotte de Kielmannsegge se rend en France dès 1809 et fréquente les milieux proches de Talleyrand.

Napoléon, de qui elle est connue par les intrigues de son mari et les récits de la duchesse de Courlande, l'invite à la cour, la reçoit en audience privée, lui offre de demeurer en France et accède à son souhait de faire libérer son mari, malgré tout ce que l'on peut lui reprocher[3].

La comtesse de Kielmannsegge fait la connaissance de FouchĂ©, entretient des relations avec l'entourage de NapolĂ©on en particulier avec le duc De Rovigo futur ministre de la Police, qui sur ordre de NapolĂ©on « dĂ©sirait beaucoup gagner l'amitiĂ© de la comtesse. Â»[4].

C'est aussi pour elle l'occasion de devenir amie avec le roi et la reine de Westphalie.

Observatrice attentive, elle devient pour Napoléon un intermédiaire et une informatrice de premier plan dans ses relations entre Dresde et Paris. Elle devine la duplicité et l'implication de Talleyrand et de la duchesse de Courlande dans plusieurs affaires.

En 1811, lors d'un séjour chez la duchesse à Saint-Germain-en-Laye, elle surprend Talleyrand, Nesselrode et le colonel Tchernychev attaché militaire du Tsar, résidant à l'ambassade de Russie, écrivant une lettre au tsar Alexandre Ier[5]. Il s'avérera que ce colonel est compromis dans une affaire d'espionnage. Il se faisait remettre des renseignements par un employé nommé Michel, appartenant au ministère de la Guerre. Napoléon renverra le colonel pour espionnage.

Les relations avec Talleyrand vont se distendre et « Ă  partir de ce jour je cessais de donner libre cours en sa prĂ©sence Ă  ma gaĂ®tĂ© naturelle : nos relations ne furent plus qu'un corps mort couvert de fleurs et d'Ă©pines. Â»[6].

Son rôle en Saxe. Rencontre avec le maréchal Oudinot

La comtesse gère son temps entre ses propriĂ©tĂ©s de Saxe et la France, elle poursuit son action d'informatrice dĂ©vouĂ©e Ă  l'Empire. Ă€ Weimar, elle est reçue chaleureusement par le grand-duc et la grande-duchesse de Bade fidèles alliĂ©s de NapolĂ©on. Partout on salue la « digne amie de NapolĂ©on Â»[7]. Sa proximitĂ© avec la Grande duchesse lui permet de recueillir des informations et de pouvoir transmettre Ă  NapolĂ©on ce qui se trame par l'entremise de la duchesse de Courlande entre Talleyrand et l'Empereur de Russie.

Lors de sa dernière entrevue avec l'Empereur au palais des Tuileries, avant son dĂ©part pour la Saxe, celui-ci lui remet entre autres, un paquet scellĂ©, portant le sceau impĂ©rial, contenant des lettres destinĂ©es au tsar et portant l'inscription « Ă€ l'empereur Alexandre qui fut mon ami. Â», ainsi que plusieurs lettres pour le roi de Bavière[8]. Ce paquet elle le conservera jusqu'en 1822, date Ă  laquelle elle pourra enfin le remettre Ă  Augsbourg au prince Eugène qui assurera la transmission.

Le , Napoléon prend possession du palais Brühl-Marcolini à Dresde, la comtesse est reçue plusieurs fois en ce lieu.

Pendant la campagne de Saxe de 1813, le marĂ©chal Oudinot reçoit pour mission de prendre toutes ses dispositions pour assurer la mise en vigueur de l'armistice de Pleiswitz du . Le château royal de Dahme qui lui est dĂ©volu est inhabitable, il opte alors pour Lubbenau; propriĂ©tĂ© de la comtesse de Kielmannsegge[9]. Elle est ravie de recevoir ce marĂ©chal dont NapolĂ©on lui disait Ă  Dresde : « Oudinot c'est l'homme Ă  la conscience irrĂ©prochable. Â»[10]. Une grande amitiĂ© s'Ă©tablit entre eux, elle disait : « l'enveloppe extĂ©rieure de cette belle âme semble puiser toute sa soliditĂ© dans la rigiditĂ© d'un caractère fort. Â»

Après la bataille de Leipzig (16-), Oudinot et son État-Major rejoignent l'armée napoléonienne en retraite. C'est pour Charlotte le début d'une période très difficile. La haute noblesse saxonne se déchaîne contre la comtesse. Elle est accusée de trahison, arrêtée à Mersebourg et emmenée au quartier général des généraux Vorontsov et Bernadotte pour interrogatoire. On la soupçonne de détenir des documents mais on ne trouve rien lors des perquisitions[11]. À partir de cette époque, elle est reléguée dans son domaine de Haute Lusace, mise sous haute surveillance et considérée comme une personne politiquement dangereuse. En 1818 les autorités de Saxe lui interdiront de communiquer et de rencontrer des membres de la famille Bonaparte.

Dernières années

Elle apprend en la nouvelle de la mort de l'Empereur. Elle prit le deuil et ne le quitta plus, conservant comme des reliques des objets ayant appartenu à Napoléon, allant même jusqu'à racheter le palais Marcolini. Cette attitude amena un certain nombre de rumeurs et de légendes concernant ses rapports avec l'Empereur.

En 1840, elle s'Ă©tablit au Wasserpalais près de Dresde, se convertit au catholicisme, comme le lui avait souvent demandĂ© NapolĂ©on et demeura fidèle Ă  la devise qu'il lui avait donnĂ©e « Seule et soumise Â». Elle est gravĂ©e sur sa tombe dans l'ancien cimetière catholique de Dresde oĂą elle fut inhumĂ©e le [12].

Descendance

Enfants de son premier mariage.

  • Carl Rochus 1797-1801
  • Rochus Hermann 1797-1878
  • Louise Alexandra 1799-1804


Enfants de son second mariage.

  • Natalie Charlotte 1803-1883
  • Alfred 1804-1862

Lettres et Hommages

Napoléon

Dernière lettre reçue de NapolĂ©on par l'intermĂ©diaire de François Antommarchi. Grâce Ă  l'entremise de Lord Holland, elle arriva Ă  Augsbourg : « Après moi vous remettrez cet autographe au roi de Bavière avec le paquet scellĂ© que je vous ai confiĂ© en 1813 au palais Marcolini et l'autre que je vous ai envoyĂ© par l'abbĂ© Buonavita. Le roi est priĂ© de les faire parvenir Ă  l'empereur Alexandre qui y verra comme nous avons Ă©tĂ© desservis. Hors Eugène, ne dĂ®tes rien Ă  ma famille. Sur ce rocher votre bonne foi a Ă©tĂ© l'un de mes bons souvenirs....Soyez catholique. Adieu, croyez Ă  un revoir. Longwood,  Â»[13]

Catherine de Westphalie Ă  la Comtesse Kielmannsegge

  • « C'est avec un grand plaisir, ma chère comtesse, que nous avons lu vos lettres et avec joie que nous nous rappelons les instants pendant lesquels le hasard vous amena dans nos parages. […] Vous savez que nous deux, mon mari et moi, avons pour vous les mĂŞmes sentiments. Vous ne serez donc pas Ă©tonnĂ©e de nous entendre vous exprimez le dĂ©sir de vous avoir cet hiver près de nous. Â» Catherine de Wesphalie, Bade près Vienne, .
  • « Ma chère Comtesse, reprĂ©sentez- vous notre douleur quand hier, nous avons reçu la lettre et y avons lu les insultes auxquelles vous avez Ă©tĂ© en butte Ă  la frontière. Nous espĂ©rons que le gouvernement aura assez d'honnĂŞtetĂ© pour rĂ©parer l'affront qui vous a Ă©tĂ© fait. Â» Catherine de Westphalie, SchĹ“nau, le .
  • « Envoyez-moi, je vous prie, les dĂ©tails qui vous ont Ă©tĂ© communiquĂ©s sur la mort de l'empereur. […] Vous qui semblez mieux renseignĂ©e que nous Ă  ce sujet, ayez la bontĂ© de nous donner de vos nouvelles. Â» Catherine de Westphalie, Trieste, le [13].

Maréchal Oudinot

  • « Votre lettre du m'a causĂ© une joie que seule votre venue en France pourrait encore surpasser. […] Je vous prie d'ĂŞtre mon interprète auprès de vos bons habitants de Lubbenau. C'est le plus sĂ»r moyen de vous exprimer ma gratitude pour l'amitiĂ© que vous m'avez conservĂ©e. Â» MarĂ©chal Oudinot, Duc de Reggio, Paris, le [14].

Bibliographie

  • MĂ©moires de la Comtesse de Kielmannsegge d'après le manuscrit du comte Zu LInar, Édition Victor Attinger, 1928, 2 volumes, traduction Joseph Delage
  • Lutz Reike: Die geheimnisvolle Gräfin Auguste Charlotte von Kielmannsegge. Dans : Dresdner Geschichtsbuch (de) 18., dir. du MusĂ©e de la ville de Dresde (de), 2013, p. 73–89
  • Gunther Leupolt (de): Die Spremberger Grundherrin Gräfin Auguste Charlotte von Kielmannsegge-Schönberg und ihr seltsames, fragwĂĽrdiges und abenteuerliches Leben. Dans: Geschichte und Geschichten aus Neusalza-Spremberg, Volume 1. dir.: Kultur- und Heimatfreunde Neusalza-Spremberg e. V. 1999, p. 53–65
  • (de) Oscar Wilsdorf, L'Histoire de la vie d'une femme extraordinaire, Ă©ditions Siegfried Kohlschmidt, 2003
  • (de) Constantin von Wurzbach, « Kielmannsegge (Gräfin) », dans Biographisches Lexikon des Kaiserthums Oesterreich, vol. 11, Vienne, L. C. Zamarski (lire sur Wikisource, lire en ligne), p. 244
  • Eduard Maria Oettinger: Die Gräfin Kielmannsegge und ihre geheimen Beziehungen zu Kaiser Napoleon I. Liepsch und Reichardt, Dresde 1863

Notes Références

  1. MĂ©moires de la Comtesse de Kielmannsegge, Ă©ditions Victor Attinger, 1928, p. 10
  2. MĂ©moires, « Avant-propos Â», p. 11-12
  3. MĂ©moires, tome 1, p. 38
  4. MĂ©moires, tome 1, p. 39
  5. Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand : Le prince immobile, Fayard, p. 421
  6. MĂ©moires, tome 1, p. 65
  7. MĂ©moires, tome 1, p. 73
  8. MĂ©moires, tome 2, p. 184
  9. Marc Oudinot, Le Maréchal Oudinot, Éditions de Fallois, p. 216-273
  10. Marc Oudinot, p 237
  11. MĂ©moires, tome 2, p.59
  12. MĂ©moires, « Avant Propos Â», p. 22
  13. MĂ©moires, tome 2, p. 183
  14. MĂ©moires, tome 2, p. 196
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