At-Takathur
At-Takathur (arabe : ۧÙŰȘÙۧ۫۱, français : La Course aux Richesses) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă la 102e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 8 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ćuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.
102e sourate du Coran La Course aux Richesses | |
Le Coran, livre sacré de l'islam. | |
Informations sur cette sourate | |
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Titre original | ۧÙŰȘÙۧ۫۱, At-Takathur |
Titre français | La Course aux Richesses |
Ordre traditionnel | 102e sourate |
Ordre chronologique | 16e sourate |
PĂ©riode de proclamation | PĂ©riode mecquoise |
Nombre de versets (ayat) | 8 |
Ordre traditionnel | |
Ordre chronologique | |
Origine du nom
Bien que ne faisant pas partie de la proclamation, la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate La Course aux Richesses[1], en référence au contenu du premier verset : « 1. La course aux richesses vous distrait ».
Historique
Il n'existe Ă ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous lâautoritĂ© dâal-Azhar[2] - [3], cette sourate occupe la 16e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[4]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[5], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[6] - [7], pour qui cette sourate est la 8e.
Les sourates de la fin du Coran[Note 1] sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme appartenant aux plus anciennes. Elles se caractĂ©risent par des particularitĂ©s propres. Elles sont brĂšves, semblent issues de proclamations oraculaires (ce qui ne signifie pas, pour autant, quâelles en sont des enregistrements), elles contiennent de nombreux hapax[8]...
Pour Nöldeke et Schwally, la quasi-totalitĂ© des sourates 69 Ă 114 sont de la premiĂšre pĂ©riode mecquoise. Neuwirth les classe en quatre groupes supposĂ©s ĂȘtre chronologiques. Bien que reconnaissant leur anciennetĂ©, certains auteurs refusent de les qualifier de « mecquoise », car cela prĂ©suppose un contexte et une version de la genĂšse du corpus coranique qui nâest pas tranchĂ©e. Cette approche est spĂ©culative[8].
En effet, ces textes ne sont pas une simple transcription stĂ©nographique de proclamation mais sont des textes Ă©crits, souvent opaques, possĂ©dant des strates de composition et des rĂ©Ă©critures Cela nâempĂȘche pas ces sourates de fournir des Ă©lĂ©ments contextuels (comme lâattente dâune Fin des Temps imminente chez les partisans de Mahomet). Ces textes sont marquĂ©s par une forme de piĂ©tĂ© tributaire du christianisme oriental[8].
Pour Bell, cette sourate est mĂ©dinoise. Il rejoint en cela certains exĂ©gĂštes musulmans minoritaires. Nöldeke[Note 2], Schwally et BlachĂšre la considĂšrent comme mecquoise. Pour Bell, cette sourate nâest pas le texte originel complet. Elle nâest quâun fragment, qui plus est composite. Il suggĂšre quâelle est composĂ©e de deux fragments[9].
Interprétations
Versets 1-2 : Versets eschatologiques
Ces premiers versets forment une annonce ou une menace apocalyptique. Ces versets ont fait lâobjet de plusieurs traductions, souvent inspirĂ©es par les interprĂ©tations traditionnelles. Pour Neuenkirchen, Paret est celui qui sâest le plus rapprochĂ© du texte pour la traduction dâal Takathur, en sâĂ©loignant des interprĂ©tations postĂ©rieures. Il traduit par « le dĂ©sir dâen avoir plus [que dâautres] ». La distraction Ă©voquĂ©e au verset 1 serait donc celle de cet accroissement[9]. La racine arabe k-th-r a pour exact Ă©quivalent la racine syriaque y-t-r, qui signifie « ĂȘtre en plus ». Il y a donc une correspondance entre le substantif arabe et le syriaque[9].
Ce passage doit ĂȘtre compris dans son sens eschatologique oĂč la vie terrestre ne doit pas faire oublier celle aprĂšs la mort. Le but de celui-ci est trĂšs proche des homĂ©lies eschatologiques de Jacques de Saroug. Ainsi, le thĂšme coranique de lâaviditĂ© des biens matĂ©riels comme diversion « remonte probablement Ă la pensĂ©e chrĂ©tienne ». Ce texte peut aussi trouver un parallĂšle dans les homĂ©lies dâĂphrem le Syriaque[9].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- P. Neuenkirchen, "Sourate 102", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2181 et suiv.
- R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 3].
Liens externes
- Texte de la sourate 102 en français, d'aprĂšs la traduction de Claude-Ătienne Savary de 1783.
Notes et références
Notes
- Lâauteur prĂ©cise que ces remarques, si elles sont dans une partie consacrĂ©e aux sourates 69 Ă 99, sâappliquent aussi aux sourates 100 Ă 114.
- Les islamologues ont utilisĂ© plusieurs approches pour tenter de dater les diffĂ©rentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent Ă lâ« Ă©cole allemande » qui, Ă la suite de Nöldeke, sâappuie sur la chronologie traditionnelle et sur un rĂ©cit « laĂŻcisĂ© » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les Ă©tudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie prĂ©sent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage Ă lâautre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
- En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate
Références
- A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 978-2-221-06964-6, BNF 36204897)
- G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
- R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
- R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
- M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
- G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
- E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
- G. Dye, « Introduction aux sourates 69-99 », Le Coran des historiens, 2019, p. 1789 et suiv.
- P. Neuenkirchen, "Sourate 102", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2181 et suiv.