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Assassinat d'Henri III

L'assassinat d'Henri III, roi de France depuis 1574, a eu lieu le au château de Saint-Cloud. Henri III meurt des suites de ses blessures le lendemain , après avoir été poignardé par Jacques Clément, moine dominicain ligueur, qui estimait que le roi était l'ennemi déclaré du catholicisme depuis qu'il a commandité l'assassinat du duc Henri de Guise[1].

Assassinat du roi Henri III par Jacques Clément, détail d'une estampe gravée par Frans Hogenberg, Paris, BnF, département des estampes, XVIe siècle.

Contexte historique

Portrait d'Henri III attribué à Étienne Dumonstier.

Henri III, né le 19 septembre 1551 à Fontainebleau est roi de Pologne sous le nom d'Henri Ier (Henryk en Polonais) de 1573 à 1575 et roi de France de 1574 à 1589. Il appartient à la maison de Valois.

Quatrième fils du roi Henri II et de la reine Catherine de Médicis, Henri n'est pas destiné à la couronne. Sous le règne de son frère Charles IX, il s'illustre comme chef de l'armée royale en remportant sur les protestants les batailles de Jarnac et de Moncontour. À l'âge de 21 ans, il se porte candidat pour le trône vacant de Pologne et le 11 mai 1573, il est élu sous le nom d'Henryk Walezy, roi de Pologne et grand-duc de Lituanie. Son règne en Pologne ne dure pas plus d'un an, puisqu'à l'annonce de la mort de son frère, décédé sans descendant mâle, il abandonne son royaume pour lui succéder sur le trône de France.

En devenant roi de France, Henri III hérite d'un royaume divisé où son autorité n'est que partiellement reconnue. Son règne se marque de sérieux problèmes religieux, politiques et économiques. Quatre guerres de Religion se déroulent sous son règne. Henri III doit faire face à des partis politiques et religieux soutenus par des puissances étrangères, qui finissent par venir à bout de son autorité, le parti des Malcontents, le parti des protestants et pour finir celui de la Ligue catholique dirigée par le duc Henri Ier de Guise.

Les tensions s'exacerbent lorsque le frère cadet du roi, le duc François d'Anjou, meurt sans héritier en 1584. N'en ayant pas lui-même, le roi Henri III se trouve confronté à une situation inextricable : son beau frère et cousin germain, le roi Henri III de Navarre, devient de facto l'héritier du trône de France mais sa confession protestante ulcère les catholiques du royaume. En mai 1588, Henri III est chassé de la capitale par un soulèvement populaire. Le , lors des états généraux tenus à Blois, le roi ordonne l'assassinat du duc de Guise. Ce « coup de majesté » déclenche une insurrection ligueuse dans la plupart des villes et des provinces. Acculé, Henri III finit par s'allier avec son cousin huguenot le en vue de la reconquête du royaume.

Jacques Clément

Jacques Clément. Paris, musée du Louvre, XVIe siècle.

Jacques Clément naît à Serbonnes dans une famille de paysans, à une date imprécise, peut-être en 1567. Il devient moine dominicain du couvent des Jacobins de Sens. Par la suite, il effectue des études au couvent des Dominicains de Paris, ce qui lui vaut d'être surnommé le Jacobin, autre nom des Dominicains. Voulant exterminer les hérétiques, il est appelé par ses confrères « Capitaine Clément »[2].

Fanatique, il prend le parti de la Ligue catholique. Son dessein est de tuer le roi Henri III, qui est à ses yeux l'ennemi déclaré du catholicisme, depuis l'assassinat du duc de Guise. Il se peut aussi que son acte soit en partie une vengeance familiale[3]. Il quitte Paris le 31 juillet 1589 pour joindre Saint-Cloud d’où le roi commande le siège de la capitale[4].

Les faits

Installé à Saint-Cloud dans l'attente du siège de Paris, ce , vers huit heures du matin, Henri III accueille sur sa chaise percée[5] - [n 1] le procureur général accompagné d’un moine dominicain ligueur, Jacques Clément, qui se dit porteur de nouvelles en provenance du Louvre. Devant l'insistance du religieux à vouloir parler en privé avec le souverain, Roger de Bellegarde, premier gentilhomme de la Chambre, laisse le moine s'approcher du roi. Ce furent deux soldats du régiment de Comblanc qui introduisirent Jacques Clément dans le camp d'Henri III[6].

Selon les versions des chroniqueurs de l'époque, le roi reste sur sa chaise percée ou se lève pour s'entretenir dans l'embrasure d'une fenêtre[7] - [8]. Jacques Clément en profite pour frapper le roi au bas ventre avec le couteau qu'il tient dissimulé sous son habit. Henri III s'exclame : « Ah, mon Dieu ! », puis arrache le couteau de son intestin perforé et frappe son assaillant au visage en s'écriant : « Méchant, tu m'as tué ! »[9].

Au bruit, les gardes du roi, les fameux Quarante-cinq, accourent, transpercent le moine de leurs épées et le jettent par la fenêtre. Dans un premier temps, les médecins minimisent la gravité de la blessure, remettent les intestins en place et recousent la plaie. Henri III parvient à dicter des lettres aux villes qui lui obéissent afin de couper court aux rumeurs. À sa femme Louise, restée à Chenonceau, il affirme même que dans quelques jours, il pourra monter de nouveau à cheval. Toutefois, à l'occasion d'une visite de son cousin Henri de Navarre, le roi de France aurait harangué ses serviteurs de respecter les règles de passation de pouvoir en reconnaissant le roi de Navarre comme son successeur légitime[10].

Cependant, le soir venu, la pĂ©ritonite progresse et ses souffrances augmentent. Après une douloureuse agonie, il meurt le lendemain 2 aoĂ»t 1589 vers 3 heures du matin.

Sur son lit de mort, Henri III désigne le roi Henri III de Navarre comme son successeur au trône de France (tapisserie du XVIe siècle).

La veille, jour de son assassinat, le roi mourant reconnaît formellement son beau-frère et cousin germain le roi Henri III de Navarre comme son successeur légitime, et celui-ci lui succède comme roi de France sous le nom d'Henri IV.

Henri III est le dernier souverain de la maison de Valois, branche cadette de la dynastie capétienne et qui a régné sur le royaume de France de 1328 à 1589.

Procès posthume de Jacques Clément

Un procès posthume fut organisé à l'encontre de Jacques Clément bien qu'il eût été immédiatement tué par les gardes royaux. Le frère fut donc jugé post mortem et son cadavre subit le supplice de l'écartèlement, sort réservé aux régicides et que subira également François Ravaillac, assassin d'Henri IV, vingt-et-un ans après lui, mais bien vivant[11].

Le corps de Jacques Clément fut ensuite brûlé et ses cendres furent jetées dans la Seine, « a ce qu'il nen soit a l'advenir aucune mémoire ».

Notes et références

Notes

  1. L'usage du temps qui se perpétuera jusqu'à Louis XV, permettait aux grands personnages d'accorder audience sur ce meuble qui pouvait être richement orné.

Références

  1. « 1er août 1589 - Un moine poignarde le roi Henri III » [php], sur herodote.net, (consulté le ).
  2. Abel Hugo, Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, H. L. Delloye, (lire en ligne), p. 614.
  3. Marie-Françoise Peteuil, « Le faict de frère Clément et son lieu », Études Villeneuviennes, no 48, p. 43-67, Villeneuve-sur -Yonne, 2014.
  4. Le Roux 2006, p. 12-13.
  5. Le Roux 2006, p. 17.
  6. Louis Susane, Histoire de l'ancienne infanterie française, volume 8, page 55
  7. Philippe Erlanger, Les Guerres de religion, Tallandier, , p. 242.
  8. Georges Minois, Le Couteau et le poison. L'assassinat politique en Europe (1400-1800), Fayard, , p. 223.
  9. Le Roux 2006, p. 18.
  10. Le Roux 2006, p. 28-30.
  11. Jean Stouff, « Procès fait au cadavre de Jacques Clément », sur Biblioweb, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Mathilde Bernard, « Du rĂ©gicide au martyre : la vision ligueuse de l'assassinat d'Henri III Ă  travers Le Martyre de frere Jacques Clement », dans Isabelle PĂ©bay-Clottes, Claude Menges-Mironneau, Paul Mironneau et Philippe Chareyre (dir.), RĂ©gicides en France et en Europe (XVIe-XIXe siècles), Genève, Droz, coll. « Cahiers d'humanisme et renaissance » (no 139), , 570 p. (ISBN 978-2-6000-4728-9), p. 65-77.
  • Pierre Chevallier, Henri III : roi shakespearien, Paris, Fayard, , 751 p. (ISBN 978-2-213-01583-5, BNF 34839736).
  • Pierre Chevallier, Ch. Menard et Michel Mergey, « Nouvelles lumières sur le fait de Jacques ClĂ©ment assassin de Henri III », Annuaire-Bulletin de la SociĂ©tĂ© de l'histoire de France, Paris, SociĂ©tĂ© de l'histoire de France / De Boccard,‎ 1985-1986, p. 39-66 (JSTOR 23406803).
  • Pierre Chevallier, Les RĂ©gicides : ClĂ©ment, Ravaillac, Damiens, Paris, Fayard, , 419 p. (ISBN 978-2-213-02326-7, BNF 36636288).
  • James B. Collins, « Jacques ClĂ©ment et Jean Chastel, assassins de la « Respublicque françoise Â» », dans Isabelle PĂ©bay-Clottes, Claude Menges-Mironneau, Paul Mironneau et Philippe Chareyre (dir.), RĂ©gicides en France et en Europe (XVIe-XIXe siècles), Genève, Droz, coll. « Cahiers d'humanisme et renaissance » (no 139), , 570 p. (ISBN 978-2-6000-4728-9), p. 95-112.
  • Alexandre Goderniaux, « Contester l'autoritĂ© royale ou appeler au rĂ©gicide ? L'argumentation du discours contre Henri III dans les libelles de la Ligue parisienne (janvier-) », Publications du Centre europĂ©en d'Ă©tudes burgondo-mĂ©dianes, vol. 60 « Rencontres de Prague (19-) « Contestations, subversions et altĂ©ritĂ©s aux XIVe – XVIe siècles » »,‎ , p. 35-52 (ISSN 2034-6786, DOI 10.1484/J.PCEEB.5.122558).
  • Nicolas Le Roux, Un rĂ©gicide au nom de Dieu : l'assassinat d'Henri III : 1er aoĂ»t 1589, Paris, Gallimard, coll. « Les journĂ©es qui ont fait la France », , 451 p. (ISBN 978-2-07-073529-7, BNF 40940145, prĂ©sentation en ligne).
  • Yann Lignereux, « PromĂ©thĂ©e et le phĂ©nix : sur deux figures singulières des rĂ©gicides de 1589 et de 1610 », dans Isabelle PĂ©bay-Clottes, Claude Menges-Mironneau, Paul Mironneau et Philippe Chareyre (dir.), RĂ©gicides en France et en Europe (XVIe-XIXe siècles), Genève, Droz, coll. « Cahiers d'humanisme et renaissance » (no 139), , 570 p. (ISBN 978-2-6000-4728-9), p. 183-203.
  • Paul-Alexis Mellet et François Pernot, « « Ce sera un horrible carnage » : les prĂ©dictions annonçant la mort des rois de France (1572-1610) », dans Isabelle PĂ©bay-Clottes, Claude Menges-Mironneau, Paul Mironneau et Philippe Chareyre (dir.), RĂ©gicides en France et en Europe (XVIe-XIXe siècles), Genève, Droz, coll. « Cahiers d'humanisme et renaissance » (no 139), , 570 p. (ISBN 978-2-6000-4728-9), p. 17-29.
  • Mathieu Mercier, « La reprĂ©sentation de l'assassinat d'Henri III : de l'aube de l'absolutisme monarchique aux troubles de la Troisième RĂ©publique : d'un jugement thĂ©ophanique au diagnostic d'une pathologie », dans Isabelle PĂ©bay-Clottes, Claude Menges-Mironneau, Paul Mironneau et Philippe Chareyre (dir.), RĂ©gicides en France et en Europe (XVIe-XIXe siècles), Genève, Droz, coll. « Cahiers d'humanisme et renaissance » (no 139), , 570 p. (ISBN 978-2-6000-4728-9), p. 355-371.
  • Mathieu Mercier, « Une mise en scène de la justice royale du premier Bourbon : la cĂ©rĂ©monie du « théâtre de justice » de Mantes de 1594 pour la condamnation des meurtriers d'Henri III », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, Articles et Ă©tudes, mis en ligne le 15 juillet 2014, lire en ligne.
  • Isabelle PĂ©bay-Clottes (dir.), Claude Menges-Mironneau (dir.), Paul Mironneau (dir.) et Philippe Chareyre (dir.), RĂ©gicides en France et en Europe (XVIe-XIXe siècles), Genève, Droz, coll. « Cahiers d'humanisme et renaissance » (no 139), , 570 p. (ISBN 978-2-600-04728-9, BNF 45216145, prĂ©sentation en ligne).
  • Pierre de Vaissière, RĂ©cits du temps des troubles (XVIe siècle). De quelques assassins : Jean Poltrot, seigneur de MĂ©rĂ©, Charles de Louviers, seigneur de Maurevert, Jean Yanowitz, dit Besme, Henry III et les Quarante-cinq, Jacques ClĂ©ment, Paris, Émile-Paul Éditeur, , X-411 p. (lire en ligne), chap. V (« Jacques ClĂ©ment »), p. 323-384, [prĂ©sentation en ligne].
  • Michael Wolfe, « L'après-vie bizarre d'Henri III : dĂ©formations dynastiques aux lendemains du rĂ©gicide de 1589 », dans Isabelle PĂ©bay-Clottes, Claude Menges-Mironneau, Paul Mironneau et Philippe Chareyre (dir.), RĂ©gicides en France et en Europe (XVIe-XIXe siècles), Genève, Droz, coll. « Cahiers d'humanisme et renaissance » (no 139), , 570 p. (ISBN 978-2-6000-4728-9), p. 52-63.

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