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Aspre (monnaie byzantine)

L’aspre (en grec : áŒ„ÏƒÏ€ÏÎżÎœ) fut une monnaie d’argent ou d’alliage d’argent Ă©mis dans les derniers siĂšcles de l’Empire byzantin.

Aspre d’Andronic Ier Comnùne

Contexte

Issu du latin asper (« Ăąpre, rude, rugueux ») c’est-Ă -dire non usĂ©e par le frottement ou, en d’autres termes, fraĂźchement frappĂ©e, et du grec áŒ„ÏƒÏ€ÏÎżÎœ (blanc), le terme dĂ©signait une monnaie d’argent rĂ©cente [1]. Les Latins utilisaient l’expression nummus asper (« monnaie Ăąpre ») pour dĂ©signer une piĂšce de monnaie non encore polie par l’usage.

Le terme devait dĂ©signer une nouvelle piĂšce de monnaie lors de la rĂ©forme monĂ©taire d’Alexis Ier ComnĂšne.

Lorsque ce dernier prit le pouvoir en 1081, les finances de l’État Ă©taient au bord du gouffre. L’empereur dut d’abord dĂ©prĂ©cier la valeur du nomisma, unitĂ© de base du systĂšme monĂ©taire, pour payer l’armĂ©e levĂ©e pour faire face Ă  Robert Guiscard en 1082. La valeur en or du nomisma, Ă  l’origine de 24 carats Ă©tait tombĂ©e Ă  17 carats en 1071 aprĂšs la dĂ©faite de Manzikert et n’était plus que de 2 carats en 1092[2] - [3]. Le miliaresion, monnaie d’argent, qui s’échangeait Ă  12 pour un nomisma, avait vu son alliage tomber de 90 % sous Constantin X (r. 1059 – 1067) Ă  45 % sous le prĂ©dĂ©cesseur d’Alexis, NicĂ©phore III (r. 1078 – 10081)[4]. La dĂ©valuation s’était accompagnĂ©e d’une hausse des prix telle qu’elle avait valu Ă  Michel VII (r. 1071 – 1078) le surnom de ParapinakĂšs parce que sous son rĂšgne le nomisma n’achetait plus qu’un modios de blĂ©, moins un pinakion (1/4 de modios) [5].

SystĂšme monĂ©taire d’Alexis Ier

En 1092, tirant parti du rĂ©pit que lui laissait la guerre contre les Seldjoukides, Alexis profita du couronnement de son fils Jean pour cĂ©lĂ©brer l’évĂšnement en remplaçant l’ancien systĂšme monĂ©taire basĂ© sur le nomisma par un nouveau systĂšme basĂ© sur l’hyperpĂšre (en grec hyperpyron, signifiant « hyper-raffinĂ© »)[6].

Dans ce nouveau systĂšme oĂč, marque distinctive, les piĂšces (sauf le tetarteron) seront concaves et non plates, deux piĂšces porteront le nom d’ « aspre » : l’aspre trachy (tricĂ©phale) valant 1/3 d’hyperpĂšre fait d’électrum (alliage or et argent) et le stamenon valant 1/48 d’hyperpĂšre fait de billon (alliage argent et cuivre)[6] - [7].

Le systĂšme monĂ©taire, qui devait durer jusqu’au dĂ©but du XIVe siĂšcle, se prĂ©sentait ainsi :

  • HyperpĂšre; or (85 %)
  • Aspre trachy; electrum; valeur = 1/3 d’hyperpĂšre
  • Stamenon ou aspre trachy; billon; valeur = 1/48 d’hyperpĂšre
  • Tetarteron; cuivre; valeur=1/864 d’hyperpĂšre[8].

Par la suite

Aspre trachy d’Alexis III (r. 1195-1203).

La pĂ©riode suivante allant du dĂ©but du XIVe siĂšcle au milieu du mĂȘme siĂšcle verra la disparition de l’aspre et la mise en circulation d’une piĂšce d’argent, le basilicon modelĂ© sur le ducat d’argent de Venise et d’une petite piĂšce de cuivre appelĂ©e assarion[7].

  • HyperpĂšre; or
  • Basilicon; argent; valeur = 1/12 d’hyperpĂšre
  • Tournesion; billon; valeur = 1/96 d’hyperpĂšre
  • Trachy; cuivre; valeur = 1/384 d’hyperpĂšre et
  • Assarion; cuivre; valeur = 1/768 d’hyperpĂšre

L’aspre reviendra au cours de la derniĂšre rĂ©forme monĂ©taire qui durera de 1367 jusqu’à la chute de l’empire en 1453. Pendant cette pĂ©riode, l’aspre sera aussi appelĂ© doucatopoulon (ou duchatelo dans les sources italiennes). Cette pĂ©riode verra la disparition complĂšte des monnaies d’or et le retour aux monnaies d’argent[7].

  • HyperpĂšre (maintenant devenue une simple unitĂ© de compte)
  • Stavraton; argent; valeur = Âœ hyperpĂšre
  • Demi-stavraton; argent; valeur = ÂŒ d’hyperpĂšre
  • Aspre (Doucatopoulon/duchatelo); argent; valeur = 1/16 d’hyperpĂšre
  • Tournesion; cuivre; valeur = 1/192 d’hyperpĂšre
  • Follaro; cuivre; valeur = 1/576 (?) d’hyperpĂšre.

En dehors de l’Empire byzantin

L’Empire byzantin ne fut pas le seul Ă  Ă©mettre des « aspres ». Sous le nom de « akçe », elle constitua une unitĂ© monĂ©taire de l'Empire ottoman Ă  partir du XIVe siĂšcle avant de tomber en dĂ©suĂ©tude au dĂ©but du XIXe siĂšcle. Sa frappe est attestĂ©e Ă  Bursa pour la premiĂšre fois au cours du rĂšgne d'Orkhan, en 1326[9]. Petite et peu pratique elle pesait alors environ 1,15 g d'argent plus ou moins cuivrĂ©. Des dĂ©valuations successives feront que sous Mahmoud II (r. 1808-1839), elle ne contiendra plus que 0,01 g d'argent et sera dĂ©monĂ©tisĂ©e lors de l’introduction d’un nouveau systĂšme monĂ©taire sur base dĂ©cimale [10].

Par ailleurs plusieurs autres cités et gouvernements comme Trébizonde, Caffa, Simisso (ou Samsun), Tana et Rhodes frapperont des « aspres » comme il apparait dans les livres de compte du marchant et banquier vénitien Giacomo Badoer [11].

Références

  1. Grierson (1991) « Aspron », vol. 1, p. 211.
  2. Cheynet (2007) p. 308.
  3. Grierson (1999) p. 10.
  4. Cheynet (2007) p. 309
  5. SkylitzÚs Continué, éd. TsolakÚs, p. 162, Zonaras, CSHB III, p. 712.
  6. Treadgold (1997) p. 618.
  7. Grierson (1999) p. 2.
  8. Pour les tableaux des cinq grandes pĂ©riodes de la monnaie byzantine, voir Grierson (1999) pp. 43 – 45.
  9. Samuk (2000) p. 21.
  10. Zeynep Bilge Yildirim, « L’introduction d’une nouvelle monnaie dans l’empire ottoman au XVIIe siĂšcle d’aprĂšs les registres de justice », dans Revue europĂ©enne des sciences sociales, GenĂšve, Droz, XLV-137 | 2007, pp. 107-121 — lire en ligne [archive]).
  11. Morrisson (2001) pp. 217-245.

Bibliographie

  • (fr) Cheynet, Jean-Claude. Le Monde byzantin, II L’Empire byzantin (641-1204). Paris, Presses universitaires de France, 2007. (ISBN 978-2-13-052008-5).
  • (en) Grierson, Philip. "Asper". (In) Kazhdan, Alexander (ed.). The Oxford Dictionary of Byzantium. Oxford and New York, Oxford University Press, 1991. (ISBN 978-0-19-504652-6).
  • (en) Grierson, Philip. Byzantine Coins. London, Methuen, 1982. (ISBN 978-0-416-71360-2).
  • (en) Grierson, Philip. Byzantine Coinage. Washington D.C., Dumbarton Oak Research Library and Collection, 1999, (ISBN 0-88402-274-9).
  • (en) Morrison, CĂ©cile. "Coin Usage and Exchange Rates in Badoer’s Libro dei Conti", Dumbarton Oaks Papers, 55 (2001), pp. 217-245.
  • (en) Pamuk, Sevket. A Monetary History of the Ottoman Empire, Cambridge University Press, 2000, (ISBN 0-521-44197-8).
  • (en) Treadgold, Warren. A History of the Byzantine State and Society. Stanford (California). Stanford University Press, 1997, (ISBN 978-0-804-72630-6).

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

  • (de) Sommer, Andreas Urs. Katalog der byzantinischen MĂŒnzen in der MĂŒnzsammlung der Georg-August-UniversitĂ€t Göttingen. UniversitĂ€tsverlag Göttingen, Göttingen 2003, (ISBN 3-930457-30-X), S. 180 (En ligne) PDF; 1,6 MB; abgerufen am 9. MĂ€rz 2017.
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