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Asomo Ngono Ela

Asomo Ngono Ela, nĂ©e en 1914, morte en 1970 et est une chanteuse camerounaise de l’épopĂ©e mvet, ayant contribuĂ© Ă  pĂ©renniser et faire connaĂźtre une tradition orale boulou.

Asomo Ngono Ela
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Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
Activité

Biographie

Elle est nĂ©e en 1914, d'origine boulou, dans le village de Bissombo, situĂ© dans l'arrondissement de Bengbis et le dĂ©partement du Dja-et-Lobo, tout au sud du Cameroun. Le village de Bissombo est aujourd'hui Ă  la limite de la rĂ©serve du Dja. Enfant, elle perd ses parents et devient aveugle lors d'un rituel initiatique. Elle est initiĂ©e au mvet par une Ntumu de l'actuelle GuinĂ©e Ă©quatoriale, Okot Essila, non-voyante comme elle[1]. Le mvet est un instrument Ă  corde quelquefois construit de façon rudimentaire, un instrument Ă  la fois musical et rituel, Ă  l'appui d'une pratique mystique et sociale, servant Ă  nouer le dialogue avec les divinitĂ©s de la forĂȘt. Okot Essila lui transmet Ă©galement prĂšs d'un millier de chants Ă©piques[1].

Les thĂšmes des chants du mvet sont trĂšs diversifiĂ©s : cĂ©lĂ©bration des hauts faits du clan, rappel des conflits anciens et de l'hĂ©roĂŻsme des anciens, poĂšmes satiriques, etc. InstallĂ©s au sein de l'immense forĂȘt Ă©quatoriale, oĂč ils travaillaient le fer, les Boulous ont dĂ» faire preuve de leur force militaire et dĂ©fendre avec pugnacitĂ© leur rĂ©putation parmi les autres peuples de la forĂȘt. Un des rĂ©cits d’Asomo Ngono Ela a Ă©tĂ© recueilli par un Ă©crivain, Gaspard Towo Atangana, et publiĂ© sous le titre : ÀjĂČnĂČ Ă€lĂĄ[2]. L’épopĂ©e en cinq chants raconte l’histoire de trois jeunes gens qui quittent leur village pour chercher Ă  se marier[3]. Ces chants se dĂ©roulent dans un monde totalement diffĂ©rent du nĂŽtre, le peuple des immortels, mais le prĂ©sent fait quelquefois irruption. Ainsi, dans la partie chantĂ©e et dialoguĂ©e entre la narratrice et le public du rĂ©cit ÀjĂČnĂČ Ă€lĂĄ, la narratrice implore l'aide d'Ahidjo « prezidĂĄn yĂĄ KamalĂłn ». Ahmadou Ahidjo est effectivement le premier prĂ©sident du Cameroun, juste aprĂšs l'accession du pays Ă  l'indĂ©pendance, pĂ©riode pendant laquelle ce rĂ©cit a Ă©tĂ© couchĂ© sur papier[2].

Asomo Ngono Ela excelle dans l'interprétation mvet, qui est plutÎt le domaine des hommes, et acquiert une grande renommée pour sa maßtrise dans le sud du Cameroun. Dans les années 1960, peu de temps aprÚs l'indépendance, elle se produit dans les rendez-vous culturels de la région, notamment au Festival du mvet de Yaoundé en 1964, et au Festival mondial des arts nÚgres de Dakar en 1966[1]. Elle meurt en 1970[4].

Références

  1. Abomo-Maurin 2013, p. 291.
  2. Abomo-Maurin 2005, p. 127-147.
  3. Abomo-Maurin 2010, p. 127-153.
  4. Abomo-Maurin 2013, p. 292.

Bibliographie

Classement par date de parution.

  • Philippe Decraene, « Sa littĂ©rature est l'une des plus riches de toute l'Afrique francophone », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • Samuel-Martin Eno Belinga et Boulou Daniel Osomo, L'ÉpopĂ©e camerounaise, mvet : Moneblum, ou, L'Homme bleu /, UniversitĂ© de YaoundĂ©, (lire en ligne), « Asomo Ngono Ela », p. 165.
  • Marie-Rose Abomo-Maurin, « L’épopĂ©e bulu du Sud-Cameroun : un genre en mutation ? L’exemple de Ayono Ala d’Asomo Ngono Ela », dans Anne-Marie Dauphin-Tinturier et Jean Derive, OralitĂ© africaine et crĂ©ation: actes du colloque de l'Isola, 10-12 juillet 2002, Éditions Karthala, (lire en ligne), p. 127-147.
  • Langue, pensĂ©e et culture : tradition orale camerounaise et francophonie, UniversitĂ© Laval, (lire en ligne).
  • Marie-Rose Abomo-Maurin, « La reprĂ©sentation de l’espace dans Ă jĂČnĂČ Ă lĂĄ, un Mvet boulou du Cameroun », Journal des africanistes,‎ , p. 127-153 (lire en ligne).
  • Marie-Rose Abomo-Maurin, « Asomo Ngono Ela (ou Okono Abeng) [Bisombo 1914 – id. v. 1970] », dans BĂ©atrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des crĂ©atrices, Éditions des femmes, (lire en ligne), p. 291-292.
  • (es) Vicente Enrique Montes Nogales, « La influencia de la Ă©pica de África central en Le chant de So de Richard M. Keuko », CĂ©dille, no 9,‎ (lire en ligne).
  • Marie-Rose Abomo-Maurin, « Asomo Ngono Ala : Ă©nonciatrice et artiste dans un mĂ©tier d'homme », dans Langue, pensĂ©e et culture : tradition orale camerounaise et francophonie, Éditions L'Harmattan, .

Liens externes

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