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Festival mondial des arts nègres

En 1966, le Festival mondial des arts nègres, organisé à l'initiative de la revue Présence Africaine et de la Société africaine de culture par Léopold Sédar Senghor, a constitué un événement sans précédent dans l'histoire culturelle du continent africain.

Objectifs

Selon le président-poète, il s'agissait de « parvenir à une meilleure compréhension internationale et interraciale, d’affirmer la contribution des artistes et écrivains noirs aux grands courants universels de pensée et de permettre aux artistes noirs de tous les horizons de confronter les résultats de leurs recherches ».

Histoire

D'abord prévu en 1961, 1963 puis 1965, le premier festival s'est finalement tenu à Dakar (Sénégal) du 1er au . Des personnalités de tous horizons y ont participé : André Malraux, Aimé Césaire, Jean Price Mars, Duke Ellington, Joséphine Baker, Langston Hughes, Aminata Fall, Robert Hayden et bien d'autres. Tous les arts étaient représentés : arts plastiques, littérature, musique, danse, cinéma, etc. Un musée dynamique avait été spécialement construit pour la circonstance à Soumbédioune.

OrganisĂ©e par des spĂ©cialistes africains et français, la première exposition d'art africain d'envergure internationale, montant des Ĺ“uvres issues de collections publiques et privĂ©es du monde entier, « Art nègre : Sources, Évolutions, Expansion », est prĂ©sentĂ©e au musĂ©e dynamique de Dakar Ă  20 000 visiteurs[1], puis au Grand Palais[2], Ă  Paris, en juin 1966 devant 50 000 visiteurs[1]. Ă€ Dakar, la crĂ©ation contemporaine africaine est, quant Ă  elle, prĂ©sentĂ©e au Palais de justice de Dakar, dans une autre exposition importante organisĂ©e par le peintre Iba N'Diaye : « Tendances et Confrontations », alors que les artistes africains-amĂ©ricains sont aussi prĂ©sents dans « Ten Negro Artists from United States »[1]. Tenu du 31 mars au 8 avril 1966, le colloque « Fonction et signification de l'art nègre dans la vie du peuple et pour le peuple » rassemble des historiens de l'art, des anthropologues, des Ă©crivains et des artistes de toutes les nationalitĂ©s pour dĂ©battre des productions artistiques de l'Afrique. Si, dans numĂ©ro consacrĂ© par la revue PrĂ©sence africaine Ă  « l'art nègre » en 1951, les intellectuels europĂ©ens sont seuls Ă  s'exprimer, lors de ce colloque Paulin Vieyra, Katherine Dunham, Langston Hughes, Wole Soyinka, Engelbert Mveng, Lamine DiakhatĂ© prennent la parole aux cĂ´tĂ©s de Jean Laude, Roger Bastide et William Fagg[1].

  • Timbres Ă©mis en 1966 par la rĂ©publique du Congo.

Dans son allocution, Aimé Césaire estime cependant que le mot « négritude » risque de devenir une « notion de divisions » lorsqu’il n'est pas remis dans son contexte historique des années 1930 et 1940[3].

À ces réserves s'ajoutent celles de l'opposition communiste sénégalaise persécutée, et l'absence de pays tels que Cuba, la Guinée ou l'Algérie. D'autres artistes, comme le chanteur Paul Robeson et la chanteuse Miriam Makeba refusent également de cautionner un événement qui donne du crédit à un régime jugé conservateur, anticommuniste et néocolonialiste. L'Algérie organise ensuite du au le Festival panafricain d'Alger[3].

Sa deuxième édition, prévue initialement en 1970, le FESTAC 77, s'est déroulée à Lagos (Nigeria) en 1977 et rassemble 69 pays[4].

La troisième édition du Festival mondial des Arts nègres à elle aussi souffert de plusieurs reports, prévu à l'origine du 1er au , puis lors de la fête de l'indépendance en 2010. Elle se déroule du 10 au à Dakar et Saint-Louis, sous l’égide du Président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, avec le Brésil pour invité d’honneur.

Le Festival mondial des arts nègres 2010

  • Le Festival cĂ©lèbre les talents d’Afrique et de sa diaspora. PlacĂ© sous le thème de la Renaissance africaine, il s’affirme comme le plus grand rassemblement mondial des arts et cultures noirs. Alliant des dĂ©bats Ă  des fĂŞtes et manifestations culturelles, il a une double ambition : festive et intellectuelle.
  • Le comitĂ© d’organisation du Festival comprend: Serigne Modou Bousso Lèye, Ministre de la Culture du SĂ©nĂ©gal, PrĂ©sident du comitĂ© ; Abdou Aziz Sow, le DĂ©lĂ©guĂ© GĂ©nĂ©ral ; Syndiely Wade, la DĂ©lĂ©guĂ©e GĂ©nĂ©rale Adjointe.
  • Un Forum permet de dĂ©battre sur le sujet de la Renaissance Africaine et l’apport des peuples noirs Ă  la civilisation universelle. Associant des intellectuels et des scientifiques de renom, il est structurĂ© autour de 6 confĂ©rences sur les thèmes suivants :
    • La permanence de la RĂ©sistance des peuples noirs.
    • Les diasporas noires: gĂ©ographie, peuplement, histoire, situation politique.
    • L’apport des peuples noirs Ă  la science et Ă  la technologie.
    • La participation des peuples noirs Ă  l’avènement du monde libre.
    • Les anciens Égyptiens Ă©taient-ils ou non des Noirs ?
    • Quelle place pour l’Afrique dans la gouvernance mondiale ?
  • La programmation du festival est rythmĂ©e par les manifestations suivantes :
    • Des expositions d’art et d’artisanat d’art (Arts d’Afrique / Arts Plastiques / Photographie / Design / Artisanat d’Art).
    • Des concerts rĂ©unissant les meilleurs musiciens, ainsi qu’une exposition sur l’histoire des Musiques Noires.
    • Des concerts et des expositions mettant en scène les nouvelles Cultures Urbaines (Rap, R&B, Graffitis).
    • Des dĂ©filĂ©s de Mode.
    • Un Salon du Livre mettant la LittĂ©rature Ă  l’honneur.
    • Une rĂ©trospective en hommage aux grands rĂ©alisateurs du CinĂ©ma d’Afrique et de la diaspora.
    • Des spectacles de Danse.
    • Des pièces de Théâtre.
    • Une exposition sur les Sciences et la Technologie des peuples noirs.
    • Un volet sur l’architecture traditionnelle.
    • Un Festival de Gastronomie autour de la « Place des Saveurs ».
    • Un match de Football.
    • Une course Ă  pied jalonnĂ©e de nombreuses animations musicales.
    • Une cĂ©rĂ©monie d’ouverture et de clĂ´ture.

Notes et références

  1. « Série N : Section Afrique - Musée national des arts d'Afrique et d'Océanie [1960-2002] (Paris) », sur quaibranly.fr (consulté le )
  2. P.M. Grand, « La grande Exposition d'art nègre », sur lemonde.fr, (consulté le )
  3. Amzat Boukari-Yabara, Une histoire du panafricanisme, , p. 280-282
  4. Marie-Emmanuelle Chassaing et Denis Ekpo, « Festac 77 et projet de modernité africaine : des méfaits d'un nationalisme culturel excessif », sur Africultures, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Premier festival mondial des arts nègres, Livre d'or, 1966
  • Paule Brasseur, Catalogue des Ĺ“uvres d'art prĂŞtĂ©es par l'IFAN au MusĂ©e dynamique du premier Festival mondial des arts nègres (), Institut fondamental d'Afrique noire, 1966
  • Colloque "Fonction et signification de l'art nĂ©gro-africain dans la vie du peuple et pour le peuple (Dakar ; 1966), SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de la SociĂ©tĂ© africaine de culture, SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du Festival mondial des arts nègres, 1966
  • Premier festival mondial des arts nègres : Dakar 1er au , Colloque organisĂ© Ă  l'occasion du Festival sous le patronage de l'Unesco et la "SociĂ©tĂ© africaine de culture", Dakar au
  • Le Cameroun au Premier festival mondial des arts nègres de Dakar, Centre de production de manuels et d'auxiliaires de l'enseignement, 1966
  • 1er Festival mondial des Arts nègres : Dakar, 1- : Colloque. I, Fonction et signification de l'Art nègre dans la vie du peuple et pour le peuple (-), Festival mondial des Arts nègres (01 ; 1966 ; Dakar), PrĂ©sence africaine, 1967
  • 1er Festival mondial des Arts nègres : Dakar, 1- : Colloque. II, Contributions au Colloque sur "La fonction et la signification de l'Art nègre dans la vie du peuple et pour le peuple (-)", Festival mondial des Arts nègres (01 ; 1966 ; Dakar), PrĂ©sence africaine, 1971
  • Civilisation noire et Ă©ducation : 2e PrĂ©-colloque du 2e Festival mondial des Arts nègres prĂ©vu Ă  Lagos en 1975, Dakar, 30 oct.-5 nov. 1974, PrĂ©sence africaine, 1974
  • Dimensions mondiales de la communautĂ© des peuples noirs : 1er prĂ©-colloque du 3e Festival mondial des Arts nègres, PrĂ©sence africaine, 1981
  • (en) John Povey, « The First World Festival of Negro Arts at Dakar », New African literature and the arts (New York), vol. 1, 1970, p. 64-76

Articles connexes

Liens externes

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