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Aryen d'honneur

Aryen (ou aryenne) d'honneur (en allemand : Ehrenarier) est une expression du langage courant, sans existence officielle. Ce qualificatif était employé dans l'Allemagne nazie pour désigner des Mischlinge (c'est-à-dire des personnes ayant une ascendance juive) qui, en raison de leur position ou de leur mérite au sein du Troisième Reich, étaient considérés comme aryens.

Histoire

Les « aryens d'honneur » n'avaient pas besoin de dérogation pour obtenir une amélioration de leur statut[1].

Pendant l'occupation allemande de la Yougoslavie, Ante Pavelić, chef de l'État indépendant de Croatie, crée dans son pays un statut d'Aryen d'honneur dont bénéficient diverses personnalités bien vues par son régime (parmi lesquels sa propre épouse)[2].

Dans le protectorat de Bohême-Moravie, le gouvernement avait prévu en 1939 dans son projet sur le statut juridique des Juifs d’exempter des Juifs de certaines restrictions en raison de mérites individuels et de les déclarer « aryens d'honneur ». Cependant, le protecteur du Reich Konstantin von Neurath refusa cette proposition[3].

Personnes a qui le qualificatif a été attribué

Allemagne

Ce qualificatif a été attribué à :

France

L'expression ne figure pas explicitement dans le statut des Juifs mais il se peut qu'elle ait été appliquée aux bénéficiaires de l'article 8, qui prévoyait que « par décret individuel pris en Conseil d'État et dûment motivé, les juifs qui, dans les domaines littéraire, scientifique, artistique, ont rendu des services exceptionnels à l'État français, pourront être relevés des interdictions prévues par la présente loi. Ces décrets et les motifs qui les justifient seront publiés au Journal officiel » voire à des personnes juives ayant bénéficié d'une application souple de ce statut.

Le philosophe Henri Bergson fit l'objet de multiples interventions pour être dispensé du recensement qui allait conduire les Juifs à porter l'étoile jaune. Malgré cela, il se présenta au commissariat de police pour se faire enregistrer[5]. Le qualificatif lui est quelquefois appliqué[6].

Le philosophe Vladimir Jankélévitch l'a refusé[7].

L'historien Pascal Ory a qualifié d'« Aryen d'honneur », en utilisant des guillemets, Joseph Joanovici, dit « Joano le Ferrailleur », qui amassa une immense fortune en revendant les biens confisqués aux Juifs[8].

Lisette de Brinon aurait également été qualifiée ainsi[9].

L'entrepreneur de travaux publics Georges Haymann a reçu des Allemands un laissez-passer en 1940 qui indique : « Les papiers de Haymann, Georges, Marius ont été examinés par la Kommandantur. Il n'est pas soldat et peut vaquer à sa profession civile. Sa voiture Peugeot porte le no 24247 - L.P. 2 »[10]. Afin de le garder, les Allemands lui donnent le titre d'« Aryen d'honneur » en exigeant de lui qu'il reste à Nevers afin de travailler à la reconstruction des ponts et passerelles bombardés sur la Loire. En 1942, Haymann abandonne ce statut pour entrer dans la clandestinité[10].

Bibliographie

  • (de) Wilhelm Stuckart, Hans Globke, Kommentare zur deutschen Rassengesetzgebung, tome 1, Munich et Berlin, 1936.
  • (de) Bundesminister der Justiz (éd.), Im Namen des Deutschen Volkes. Justiz und Nationalsozialismus, catalogue de l’exposition, Cologne, éd. Wissenschaft und Politik, 1989. (ISBN 3-8046-8731-8) (tableaux de la p. 115.).
  • (de) Maria von der Heydt: Wer fährt denn gerne mit dem Judenstern in der Straßenbahn?Die Ambivalenz des ‚geltungsjüdischen‘ Alltags zwischen 1941 und 1945, dans : Doris Bergen, Andrea Löw (éd.), Der Alltag im Holocaust: Jüdisches Leben im Großdeutschen Reich 1941–1945, Munich, éd. Oldenbourg, 2013, p. 65–79. (ISBN 978-3-486-70948-3).
  • « Le premier aryen d'honneur créé par Hitler », in Ici Paris, no 20, .

Notes et références

  1. (de)« Den Begriff „Ehrenarier" gab es offiziell nicht, nur in der Umgangssprache. Er bedeutete wohl, daß ein jüdischer Mischling auf Grund seiner Stellung und Verdienste im Reich wie ein Arier angesehen wurde und keinerlei Anstalten machen mußte, eine Besserstellung oder Gleichstellung durch Hitler zu erreichen. » in John Steiner et Jobst Freiherr von Cornberg, « Willkür in der Willkür : Befreiungen von den antisemitischen Nürnberger Gesetzen », , p. 162.
  2. Laurence Rees, Holocauste: Une nouvelle histoire, Albin Michel, 2018, pages 301-302.
  3. Andrea Löw (dir.), Die Verfolgung und Ermordung der europäischen Juden durch das nationalsozialistische Deutschland 1933–1945 (Quellensammlung), Band 3: Deutsches Reich und Protektorat Böhmen und Mähren, September 1939 – September 1941, Munich, 2012, (ISBN 978-3-486-58524-7), p. 24 / Dokument VEJ 3/296.
  4. Faligot et Kauffer 1990, p. 19-33, 40 à 47, 172-179.
  5. Léon Poliakov, L’Étoile jaune, Paris, Grancher, 1999,1re éd. 1949, p. 54 lire en ligne
  6. Frédéric Worms, Actualité de Bergson, Paris, PUF, 2007.
  7. Michel Onfray, « La première vie de Jankélévitch », France Culture, .
  8. Pascal Ory. « Joano le Ferrailleur », in L'Histoire, no 341, avril 2009 présentation en ligne.
  9. Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo, Gallimard, 1997, p. 269-270 (ISBN 9782070745548).
  10. « Autorisation de circuler, Nevers, Nièvre, France, 20e siècle, milieu », Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, (consulté le )
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