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Arthur Zarden

Arthur Heinrich Ludwig Zarden (nĂ© le 27 avril 1885 Ă  Hambourg, mort le 18 janvier 1944 Ă  Berlin) est un expert financier allemand, secrĂ©taire d'État au Ministère du Reich aux Finances pendant la RĂ©publique de Weimar.

Arthur Zarden
Fonctions
Secrétaire d'État au Ministère du Reich aux Finances
–
Chancelier Franz von Papen
Gouvernement Cabinet von Papen
Prédécesseur Hans Schäffer
Successeur Fritz Reinhardt
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Hambourg
Date de décès
Lieu de décès Berlin (Allemagne)
Parti politique Parti populaire allemand
Profession Homme politique
Religion JudaĂŻsme

Jeunesse et formation

La jeunesse de Zarden est peu connue. Selon sa fille, il connaĂ®t sa vie durant un tempĂ©rament pessimiste et fluctuant . Zarden quitte Hambourg en 1904 et Ă©tudie le droit Ă  l'universitĂ© de Lausanne, puis Ă  Munich, Berlin et Kiel. Il est diplĂ´mĂ© Ă  Kiel en 1908, promu Doctor iuris utriusque en 1909 Ă  Rostock. Fin 1912, il est nommĂ© assesseur.

Administration des finances de Hambourg

Zarden commence sa carrière Ă  la Steuerdeputation, une sous-division de l'administration des finances de Hambourg.  Il est nommĂ© en 1917 au Conseil exĂ©cutif de cette institution, cependant dissoute le dans le cadre de la grande rĂ©forme du Reich (Erzbergersche Reform)[1]. Le 24 juillet 1920, Zarden Ă©pouse Edith Orenstein, fille de l'Industriel Benno Orenstein, et emmĂ©nage chez elle Ă  Berlin.

Ministère du Reich aux Finances

La gestion financière de l'ensemble du Reich vient d'ĂŞtre centralisĂ©e, sous l'autoritĂ© du nouveau Ministère du Reich aux Finances berlinois. La pĂ©nurie de juristes compĂ©tents permet alors Ă  certains de grimper rapidement les Ă©chelons de la hiĂ©rarchie[2]. Zarden, ainsi que le futur Ministre des Finances du Reich, Johann Ludwig Comte de Schwerin von Krosigk y commencent leur carrière au milieu des annĂ©es 1920. Zarden est surtout fiscaliste. 

Arthur Zarden adhère au Parti populaire allemand, parti national et libĂ©ral, très critique envers le traitĂ© de Versailles et la politique fiscale menĂ©e par Matthias Erzberger, opposĂ© Ă  la Constitution de Weimar et partisan de la crĂ©ation d'un État unitaire[3].

Zarden soutient l'harmonisation et la centralisation fiscales. Il participe activement Ă  l'introduction du Reichsnotopfer, un impĂ´t exceptionnel sur la fortune des personnes physiques et morales, , de la Zwangsanleihe ou emprunt obligatoire, de l'impĂ´t sur les revenus du capital et de l'impĂ´t sur la fortune. On le considère comme le père des « bons fiscaux » ou Tax Remission Certificates qui permettent aux entreprises de bĂ©nĂ©ficier de rĂ©ductions d'impĂ´ts[4] et de liquiditĂ©s[5].

Secrétaire d'État

Dès la dĂ©mission de Johannes Popitz en 1929, Zarden ambitionne de devenir secrĂ©taire d'État, mais le ministre Paul Moldenhauer nomme le juriste Hans Schäffer, du Ministère du Reich Ă  l'Économie.

Le 2 juin 1932, le Chancelier du Reich Franz von Papen appelle le comte Schwerin von Krosigk au poste de Ministre des Finances du Reich. Schwerin von Krosigk fait immĂ©diatement d'Arthur Zarden son secrĂ©taire d'État[6], et ils se rĂ©partissent d'emblĂ©e les prĂ©rogatives du ministère : Ă  Zarden la fiscalitĂ© du Reich, Ă  Schwerin von Krosigk le budget[6].

Le niveau de vie de Zarden fait vite scandale : il roule en Maybach Zeppelin DS 7 aux frais de l'État, habite un appartement moderne de 12 pièces de l'AlsenstraĂźe Ă  Berlin-Tiergarten, convie frĂ©quemment Ă  des dĂ®ners somptueux plus 40 convives, entretient des relations avec les familles d'industriels influents. Il passe alors ses congĂ©s d'Ă©tĂ© alternativement Ă  Heiligendamm ou dans les grands hĂ´tels d'Engadine[7]. Son mode de vie dispendieux pose problème, car Zarden a contribuĂ© de façon dĂ©cisive Ă  Ă©tendre l'impĂ´t sur la fortune, ce qu'il a justifiĂ© par de nombreux commentaires juridiques[8]. Son prĂ©dĂ©cesseur et concurrent Hans Schäffer dit plus tard de lui:

« Zarden menait une existence mondaine bien plus active que nous autres fonctionnaires; et le Ministère du Reich aux Finances ne voyait pas d'un bon Ĺ“il  la frĂ©quentation, Ă  titre privĂ©, des plus gros contribuables du Reich. »[7]

La critique oublie alors volontiers que Zarden a épousé la riche héritière de Orenstein & Koppel, ce qui lui permettait de justifier son style de vie luxueux.

Pendant la grande dĂ©pression les experts financiers du ministère se sĂ©parent en deux camps : certains plaident face Ă  l'envolĂ©e du chĂ´mage pour une stricte orthodoxie financière et une stricte austĂ©ritĂ©, d'autres souhaitent une politique keynĂ©sienne[9].

L'expĂ©rience de l'hyperinflation avait dĂ©jĂ  amenĂ© Zarden Ă  soutenir le Cabinet BrĂĽning, qui tentait de renforcer la monnaie par une politique d'austĂ©ritĂ©. Si le marchĂ© des capitaux semble en effet insuffisant pour soutenir une politique de la demande, les consĂ©quences sociales de cette politique sont cependant très lourdes, et ont sans doute contribuĂ© Ă  aggraver la crise[10].

Lors des Ă©lections lĂ©gislatives de juillet 1932, Adolf Hitler rĂ©alise une percĂ©e significative avec 37,3 % des suffrages. Le NSDAP est alors le seul parti Ă  proposer une politique de crĂ©ation d'emplois par le crĂ©dit et les grands travaux. Arthur Zarden devient alors Ă  de nombreux titres une cible pour les nazis :  partisan de l'austĂ©ritĂ©, adhĂ©rent d'un parti rĂ©formiste, de confession juive et menant une vie dispendieuse, il correspond aux clichĂ©s de l'ennemi dans la propagande national-socialiste. Dès le printemps 1932, Hans Pfundtner, fonctionnaire du Ministère du Reich Ă  l'IntĂ©rieur, avait recensĂ© dans un mĂ©morandum Zarden parmi les secrĂ©taires d'État Ă  Ă©loigner lors d'un prochain changement de gouvernement[11].

Pierre d'achoppement devant le domicile d'Arthur Zarden, GoĂźlerstraĂźe 21, Berlin-Dahlem

Retraite forcée

Schwerin von Krosigk, qui reste Ministre du Reich aux Finances jusqu'en 1945, doit remplacer Zarden par Fritz Reinhardt en avril 1933, sur intervention personnelle d'Hitler et en raison de la loi allemande sur la restauration de la fonction publique[4]

Schwerin von Krosigk rapporte plus tard que Zarden obtient une courte audience auprès d'Hitler et la promesse d'un poste correspondant Ă  ses compĂ©tences, promesse qui reste cependant lettre morte[7].  Schwerin von Krosigk doit dĂ©cider du motif de la retraite forcĂ©e de Zarden, conformĂ©ment Ă  la loi:

  • § 3, mis en retraite en raison de ses origines non aryennes,
  • § 4, licenciĂ© sans dĂ©lai en raison de son activitĂ© politique,
  • § 5, mutĂ© avec rĂ©duction du traitement.

Schwerin von Krosigk ne choisit pas entre ces possibilités, mais place Zarden, 48 ans, en retraite provisoire puis définitive du service en septembre 1933.

Circonstances du décès

Si Arthur Zarden connaĂ®t des membres de la rĂ©sistance, il ne fait cependant pas partie d'un mouvement de rĂ©sistance[7]. Il rencontre rĂ©gulièrement des membres du SeSiSo-Club. Le 10 septembre 1943, invitĂ© au thĂ© par Elisabeth von Thadden, membre du Cercle Solf, Zarden participe activement Ă  la discussion sur la situation militaire desespĂ©rĂ©e du Reich. L'espion Paul Reckzeh fait part de cette discussion Ă  la Gestapo. Ă€ l'aube du 12 janvier 1944, les convives de cette conversation sont arrĂŞtĂ©s et incarcĂ©rĂ©s Ă  la prison de  Berlin-Halensee. Arthur Zarden saute par la fenĂŞtre de la cage d'escalier le et dĂ©cède lors du transport Ă  l'hĂ´pital.

Notes et références

  1. (de) « Archives municipales de Hambourg, 313-3 », sur Bibliothèque numérique allemande (consulté le )
  2. (de) Christiane Kuller, BĂĽrokratie und Verbrechen : Antisemitische Finanzpolitik und Verwaltungspraxis im nationalsozialistischen Deutschland, Walter de Gruyter, , p. 36
  3. (de) Eberhard Kolbe et Ludwig Richter, Nationalliberalismus in der Weimarer Republik. Die FĂĽhrungsgremien der Deutschen Volkspartei 1918-1933, Droste-Verlag, , p. 12
  4. (de) Hans-Georg Glasemann, Die Steuergutscheine des Reichsfinanzministeriums 1932 bis 1945 : Finanzgeschichte und Katalog, Books on Demand, , p. 5
  5. (de) Albrecht Ritschl, Deutschlands Krise und Konjunktur 1924–1934 : Binnenkonjunktur, Auslandsverschuldung und Reparationsproblem zwischen Dawes-Plan und Transfersperre, Walter de Gruyter, , p. 181
  6. Kuller, p. 51
  7. (de) Rainer Hank, « Das abrupte Ende einer Karriere », Franfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne)
  8. (de) Hermann-Wilfried Bayer, Die Liebhaberei im Steuerrecht : ein Beitrag zur Lehre vom Steuertatbestand, Mohr Siebeck, , p. 139
  9. (de) André Bastisch, Das Arbeitsbeschaffungsprogramm unter Hitler : Der Abbau der Massenarbeitslosigkeit im Dritten Reich von 1933-1936, Diplomica Verlag, , p. 21
  10. (de) Rudolf Morsey, Entstehung, Authentizität und Kritik von Brünings Memoiren 1918–1934, Westdeutscher Verlag, , p. 22
  11. (de) Hans Mommsen, Beamtentum im Dritten Reich, Walter de Gruyter, , p. 129
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