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Argus As 014

L'Argus As 014 (nommé 109-014 par le Ministère de l'Air du Reich) est un pulsoréacteur fabriqué en série par la société Argus (créée par l'alsacien Henri Jeannin) dans les années 1940, afin d'équiper les missiles V1 [1].

Argus_As_014
Vue du moteur
L'Argus As 014 d'un V-1.

Constructeur Argus
Premier vol
Utilisation V1
Caractéristiques
Type Pulsoréacteur
Longueur 3 350 mm
Masse 170 kg
Composants
Chambre de combustion 1
Performances
Poussée maximale à sec 3,3 kN
Rapport Poids/Poussée 51.5 kg/kN

Historique

Les origines de l'Argus As 014 remontent à 1928, lorsque l'inventeur munichois Paul Schmidt (en) a commencé à travailler sur une nouvelle conception de moteur à réaction à impulsions. Schmidt a déposé un brevet sur sa conception en 1931 et a reçu le soutien du ministère allemand de l'Air en 1933. En 1934, avec le professeur Georg Madelung, Schmidt a proposé au ministère une "bombe volante" qui serait propulsée par son pulsoréacteur et a reçu un contrat pour son développement l'année suivante. En 1938, il fit la démonstration d'un bombardier à réaction sans pilote, mais le projet fut abandonné par le ministère de l'Air car le prototype manquait de portée et de précision et était coûteux à construire. Cette même année, cependant, la société Argus a commencé à travailler sur une bombe volante utilisant le moteur de Schmidt. Schmidt rejoignit la société Argus en 1940 [1].
Le prototype de l’As 014 a été testé accroché sous un biplan d’entraînement Gotha Go 145 de la Luftwaffe immatriculé D-IIWS[2] en juin et juillet 1941.
En , Erhard Milch, chef de la production du Ministère de l'Aviation du Reich, le RLM (ReichsLuftfahrtMinisterium), donna la plus haute priorité à une proposition de trois sociétés allemandes de produire un bombardier sans pilote construit à partir de matériaux non stratégiques : Argus le moteur, Fieseler la cellule et Askania (de) le système de guidage.
Le premier moteur fut élaboré et construit dans les usines d'Argus à Berlin. Il fut acheminé à Peenemünde, le .
Le V-1 a volĂ© en , d'abord lors d'un test de planĂ© après largage depuis un Focke-Wulf Fw 200, puis la veille de NoĂ«l lors d'un vol propulsĂ© de 1 000 mètres après un lancement depuis le sol. En , un V-1 s’est Ă©crasĂ© Ă  900 mètres de la cible après avoir parcouru 280 km (152 milles) [1].

Des modifications mineures aboutissent Ă  l'Argus As 109-44.

La fabrication sous licence de l'As 014 a été réalisée au Japon dans les dernières étapes de la seconde guerre mondiale, sous le nom de Maru Ka10 (en) pour un projet d’avion suicide à réaction, le Kawanishi Baika.

Après-guerre, ce moteur fut copié par les Américains sous l'appellation Ford PJ31 pour la copie du V1 appelée Republic-Ford JB-2 et pour la bombe expérimentale téléguidée JB-4 (en) développée par l’USAAF. Il fut également copié par les Soviétiques sous l'appellation Chelomey D-3 pour le missile 10Kh (en), également une copie du V1 et par les Français pour l'engin cible ARSAERO CT 10.

Conception

Ce moteur Ă©tait un modèle de simplicitĂ© et de faible coĂ»t (3 500 Reichsmark)[3]. Il Ă©tait fabriquĂ© Ă  partir d'une tĂ´le d'acier doux roulĂ©e en tube. Ă€ l'avant du moteur, il y avait une grille Ă©quipĂ©e de clapets Ă  ressort (volets), laquelle Ă©tait traversĂ©e par une sĂ©rie de neuf buses d'admission de carburant. Le tube Ă©tait Ă©quipĂ© d’une bougie d’allumage ne servant qu’au dĂ©marrage de l’engin. Il pouvait fonctionner avec n'importe quelle qualitĂ© de carburant pĂ©trolier. Le système d'admission d’air n’était conçu que pour une durĂ©e de vie d'environ une heure. Un pulsorĂ©acteur peut fonctionner mĂŞme Ă  l’arrĂŞt, mais sa poussĂ©e est moindre qu’en vol. La mise Ă  feu Ă©tait dĂ©clenchĂ©e par une bougie d'allumage de type automobile situĂ©e Ă  environ 0,75 m derrière le système d'obturation, l'Ă©lectricitĂ© Ă  cette bougie Ă©tant fournie par une unitĂ© de dĂ©marrage portable. Trois buses d'air Ă  l'avant des injecteurs Ă©taient connectĂ©es Ă  une source d'air externe Ă  haute pression qui Ă©tait utilisĂ©e pour dĂ©marrer le moteur. De l’acĂ©tylène Ă©tait utilisĂ© pour le dĂ©marrage, et très souvent un panneau de bois ou similaire Ă©tait maintenu Ă  l'extrĂ©mitĂ© du tuyau d'Ă©chappement pour empĂŞcher le gaz de se diffuser et de s'Ă©chapper avant la fin de l'allumage.

Une fois que le moteur Ă©tait dĂ©marrĂ© et que la tempĂ©rature avait atteint le niveau de fonctionnement minimum, le tuyau d'air externe et les connecteurs Ă©taient retirĂ©s et le fonctionnement cyclique du moteur se maintenait. Chaque cycle ou impulsion du moteur commençait avec les volets ouverts; du carburant Ă©tait injectĂ© derrière eux et s’auto-enflammait, l'expansion des gaz qui en rĂ©sultait forçait les volets Ă  se fermer et les gaz chauds Ă©taient expulsĂ©s vers l’arrière. Lorsque la pression dans le moteur chutait après la combustion, les volets se rouvraient. Le cycle se rĂ©pĂ©tait, environ 45 Ă  55 fois par seconde ; il en rĂ©sultait un bruit très fort et Ă  une frĂ©quence d'environ 50Hz, qui donnera Ă  l'engin propulsĂ© le surnom de "buzz bomb". Le système d'allumage Ă©lectrique n'Ă©tant nĂ©cessaire que pour dĂ©marrer le moteur, un V-1 ne comportait ni bobine ni magnĂ©to pour alimenter la bougie d'allumage une fois lance.

Le moteur produit une poussĂ©e d’environ 2 200 N (230 kg) lorsqu'il est statique et 3 300 N (330 Ă  350 kg) en vol. Le carburant Ă©tait constituĂ© de 625 litres d’essence Ă  75 d'octane.
La puissance du moteur n’était pas suffisante pour lui permettre de dĂ©coller de lui-mĂŞme, le V-1 Ă©tait obligĂ© d’être catapultĂ© sur une rampe de lancement mesurant 49 m de long, composĂ© de huit sections modulaires de six mètres de long et d'un frein de bouche.

Utilisations

Outre le V1 et les copies étrangères, l'As 014 fut utilisé pour une série de projets ou prototypes :

  • Le Messerschmitt Me 328, un chasseur parasite qui ne dĂ©passa pas le stade de prototype.
  • Le projet de chasseur-bombardier Henschel PJ 600/67 (de) fit l'objet d'un prototype puis fut abandonnĂ©.
  • Il fut envisagĂ© de motoriser le planeur de transport de parachutistes Gotha Go 345 qui lui-mĂŞme n'a existĂ© que comme prototype.
  • Dans le cadre du Jägernotprogramm (en) (programme d'urgence d'avion de chasse), on trouve le Heinkel P.1077 (en) dont seule une maquette est rĂ©alisĂ©e et les diverses versions du Messerschmitt P.1079 (en) restĂ©es Ă  l'Ă©tat de projets.
  • Il constitue la motorisation imposĂ©e du Miniaturjägerprogramm (programme de chasseur miniature) qui donna lieu Ă  trois projets : Blohm & Voss P.213 (en), une version du Heinkel He 162 et Junkers EF 126 (en). Seul le Junkers EF 126 fit l'objet de prototypes terminĂ©s par les SoviĂ©tiques mais sans suites.
  • Le Tornado est lui un prototype de canot explosif.

Notes et références

  1. (en) Kenneth P. Werrell, The evolution of the cruise missile, Library of Congress, (ISBN 9781429458320, lire en ligne), p. 41-62
  2. « The LEMB Stammkennzeichen Database Project — Civilian D-... Letter Codes », sur luftwaffe-experten.org, LEMB (consulté le )
  3. (de) Ingo Löwenstrom, 199 fluggeräte und ihre geschichten, Books on Demand, (ISBN 9783749450640, lire en ligne), p. 102
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