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Arès Borghèse

L’Arès Borghèse est une statue en marbre, copie romaine d'un original grec perdu, représentant un jeune homme nu et casqué, probablement le dieu Arès. Le type est généralement attribué au sculpteur grec Alcamène. Provenant de la collection Borghèse, d'où son nom, elle a été achetée par Napoléon Ier au prince Camille Borghèse en 1807 et appartient désormais aux collections du musée du Louvre.

L'Arès Borghèse du musée du Louvre (Ma 866)[1]
Le même Arès Borghèse. H. 2,20 m. Copie en marbre d'une sculpture en bronze attribuée à Alcamène, vers 420 AEC : traditionnellement reconnue comme copie de la sculpture que Pausanias décrit dans le temple du dieu sur l'agora d'Athènes. Probablement réélaboration du début de notre ère [2].

Description

La statue, plus grande que nature (2,11 mètres), représente un jeune homme nu, debout, portant un casque et un anneau à la cheville gauche. Il tenait probablement un bouclier et une lance de la main gauche et une épée dans la main droite[3]. La statue reprend le contrapposto introduit par Polyclète, mais avec une variante[4] : la jambe gauche sert d'appui, étayée contre un tronc de palmier, tandis que la jambe libre, au lieu d'être fléchie vers l'arrière comme chez Polyclète, est tendue à l'avant. La pose préfigure celle du Discophore de Naucydès[3] - [4]. La tête est légèrement penchée vers l'avant, dans une pose mélancolique[4].

La statue est généralement identifiée comme représentant le dieu Arès, bien qu'il n'existe aucune certitude à cet égard. Pour Furtwängler, l'anneau fait référence à l'épisode homérique où Arès et Aphrodite sont surpris et emprisonnés par Héphaïstos[5] - [4]. L'interprétation a été critiquée[4]. On a également suggéré que l'anneau symbolisait la paix retenant le dieu de la guerre[6]. Le casque, dont le cimier est perdu, est orné d'un lévrier et de griffons sur les côtés du timbre et de deux lévriers courant sur le frontal. Cette iconographie, relativement inhabituelle, est celle d'un casque de parade de cavalerie romaine[7].

On a également proposé de voir dans la statue le portrait de Pâris par Euphranor que mentionne Pline l'Ancien[8] - [9] : l'anneau serait simplement un bijou porté par le prince troyen efféminé ; l'hypothèse est minoritaire[10].

Le type statuaire était connu, car on en possède une vingtaine de copies[11], notamment à la Glyptothèque de Munich (inv. 212) ou à la Centrale Montemartini (MC 795). La pose a été réutilisée pour des statues d'empereurs romains, seuls ou avec une statue de Vénus représentant l'impératrice[4].

Attribution de la statue

Depuis Furtwängler[12], la statue est généralement rapprochée d'un passage de Pausanias : « près de l'effigie de Démosthène, il y a un sanctuaire d'Arès, où se trouvent deux statues, l'une d'Aphrodite, l'autre d'Arès, réalisée par Alcamène ; celle d'Athéna est l'œuvre d'un Parien, nommé Locros[13]. »

Cette attribution traditionnelle de l'original, en bronze[14], soulève la remarque formulée par K.J. Hartswick, concernant la copie en marbre : la forme du casque n'apparaît pas avant le IIe siècle av. J.-C.[15] La statue actuelle remonterait au déplacement du culte d'Arès sur l'agora d'Athènes en 2 apr. J.-C. et serait la statue cultuelle du culte de Gaius César, petit-fils d'Auguste, « comme nouvel Arès ». On a objecté que l'identification de la statue à Arès n'était pas certaine et que rien ne rattachait l'original de l'Arès Borghèse à Athènes[16]. La datation basse a néanmoins été suivie par plusieurs autres auteurs[17].

Notes et références

  1. Sur le site du Louvre :
  2. Rolley, 1999, p. 149. Musée du Louvre: création Rome (?) daté -100 / 50. Inv. Ma 866 ; MR 65 ; N 819. Louvre Collection :
  3. Boardman 1985, fig. 223.
  4. Rolley 1999, p. 148.
  5. Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], VIII, 266 et suivants
  6. Hartswick 1990, p. 238.
  7. Rolley, 1999, p. 149.
  8. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], XXIV, 77.
  9. C. Robert, « Excurs über den Ares Borghese », 19 Hallisches Winckelmannswprogram, Halle, 1895, p. 21-29.
  10. Nicole Dacos, « Le Pâris d'Euphranor », BCH (1961) 85, p. 371-399.
  11. Hartswick 1990, p. 272-283.
  12. Wilhelm Furtwängler, Meisterwerke, 1893, p. 121, suivant une hypothèse proposée par A. Conze en 1868 (Rolley 1999, p. 148).
  13. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], I, 8, 4. Traduction de Marion Muller-Dufeu, La Sculpture grecque. Sources littéraires et épigraphiques, Paris, éditions de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts, coll. « Beaux-Arts histoire », (ISBN 2-84056-087-9), no 1003.
  14. Louvre, Collection : .
  15. Hartswick 1990, p. 240-250.
  16. Bruneau 1993, p. 402-403.
  17. Rolley 1999, p. 148, B.S. Ridgway, Fourth-Century Styles in Greek Sculpture, 1997, p. 270, n 18. et Bruneau 1993, p. 402-403.

Bibliographie

  • LIMC II 1 (1984) p. 479-492 f. s.v. Ares (Ph. Bruneau)
  • John Boardman (trad. de l'anglais par Florence Lévy-Paoloni), La Sculpture grecque classiqueGreek Sculpture: The Classical Sculpture »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », 1995 (1re édition 1985), 251 p. (ISBN 978-2-87811-086-9, BNF 35750448), fig. 223
  • Philippe Bruneau, « Le rajeunissement de l'Arès Borghèse », Bulletin de correspondance hellénique, nos 117-1, , p. 401-405 (DOI 10.3406/bch.1993.1687, lire en ligne)
  • K.J. Hartswick, « The Ares Borghese Reconsidered », Revue archéologique, no 2, , p. 227-283
  • Claude Rolley, La Sculpture grecque, vol. II : La période classique, Manuels d'art et d'archéologie antiques, Picard, , 439 p. (ISBN 978-2-7084-0506-6, BNF 37058742), p. 148-149
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