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Aquilaria crassna

Aquilaria crassna (en vietnamien Tráș§m hÆ°ÆĄng / en thaĂŻ, Mai Kritsana (àč„àžĄàč‰àžàž€àž©àž“àžČ) ou Mai Hom (àč„àžĄàč‰àž«àž­àžĄ), litt. l'arbre rare ou l’arbre qui sent bon ou bois -parfum) est un arbre tropical vivant dans le sous-Ă©tage forestier de forĂȘts tropicales d'Asie du sud-Est, toujours de maniĂšre dispersĂ©e et gĂ©nĂ©ralement Ă  l'abri de la canopĂ©e. Son nom scientifique date de 1914-1915, mais il fait l'objet d'une exploitation multisĂ©culaire, dans l'ancienne Cochinchine et au Cambodge connu en occident sous le nom de « bois d'aigle » et au Vietnam : Tráș§m hÆ°ÆĄng, Tráș§m giĂł et Kỳ nam.

Cette espÚce est parfois placée dans la famille des Aquilariaceae. Néanmoins, la plupart des classifications, dont la classification phylogénétique, la placent parmi les Thymelaeaceae.

Description

Il mesure 15-20 m de haut.

Jeune plant d'Aquilaria crassna, Jardin botanique de la reine Sirikit, Chiang Mai, ThaĂŻlande

Les feuilles sont vert foncé, couvertes d'une cuticule cireuse brillante. Les fleurs sont discrÚtes (petites et jaune pùle)

Le bois vivant de l’Aquilaria crassna, comme celui d’autres espĂšces de ce genre, a la propriĂ©tĂ© de sĂ©crĂ©ter une rĂ©sine particuliĂšre, trĂšs odorante, en rĂ©action Ă  certaines agressions physiques (blessures, feu) ou biologiques (attaques d’insectes xylophages, de bactĂ©ries et champignons). Cette rĂ©sine est dite « calambac », « gaharu », « bois d'agar », « bois de oud »[1] « bois d'argile », « bois d'aloĂšs », « bois des dieux » (ou « bois de gĂ©lose » pour les scientifiques)[2].

La poudre ou le copeau du bois malade qui produit cette rĂ©sine ou l'huile essentielle qu'on en tire sont trĂšs recherchĂ©s par la mĂ©decine traditionnelle asiatique et de plus en plus pour l’industrie des cosmĂ©tiques et de papiers et d'encens parfumĂ©s.

D'autres espĂšces d’Aquilaria dont l'Aquilaria sinensis et l'Aquilaria malaccensis ainsi que toutes les espĂšces de Gyrinops aussi exploitĂ©es pour le calambac peuvent ĂȘtre confondues avec l'Aquilaria crassna. C'est pourquoi le commerce du calambac menace toutes ces essences[3].

Reproduction

Les graines ne sont dispersĂ©es qu’à quelques mĂštres de l’arbre adulte. Certaines pourraient dans la nature ĂȘtre dispersĂ©es par des animaux non encore identifiĂ©s. Plus de 50 % des graines germent en pĂ©piniĂšre.

Des recherches sur l’ADN conduites par l’Herbier national des Pays-Bas devraient bientĂŽt faciliter l’identification des arbres et de leurs produits vĂ©gĂ©taux, ce qui est notamment nĂ©cessaire pour les banques de semences qui se constituent, mais la reconnaissance ADN restera un certain temps coĂ»teuse et/ou peu accessible pour les pays et rĂ©gions oĂč ces arbres poussent.

Menaces

Les aquilarias sont confrontés à une double menace de déforestation et de surexploitation.

Les Aquilaria ont Ă©tĂ© trĂšs surexploitĂ©s depuis les annĂ©es 1970 et sont dans les annĂ©es 2000 considĂ©rĂ©s comme menacĂ©s de disparition sur l'essentiel de leur aire de rĂ©partition. Pourtant, seul Aquilaria malaccensis Lamk., est inscrit Ă  l’Annexe II de la CITES.

Tronc braconné d'Aquilaria crassna, parc national de Khao Yai, Thaïlande

En Thaïlande, et notamment dans le parc national du Khao Yai, l'exploitation illégale d'Aquilaria crassna est un problÚme sérieux. Elle est attribuée à des villageois qui pénÚtrent discrÚtement dans le parc pour racler les troncs des arbres qu'ils exploitent en les laissant debout. Ils ne prélÚvent à chaque fois que le bois noirci et reviennent à intervalles réguliers ce qui condamne l'arbre à mourir. D'autres fois, les arbres sont abattus et leur bois récolté aprÚs qu'il se sera dégradé. Cette seconde méthode serait le fait de braconniers cambodgiens.

Le commerce des sous-produits de cet arbre est plurisĂ©culaire en Inde et Asie du Sud-Est, mais il s’est accru rĂ©cemment au point d'avoir fait disparaĂźtre l'espĂšce d'une grande partie de son aire normale de rĂ©partition, et jusque dans les zones thĂ©oriquement protĂ©gĂ©es (parcs et rĂ©serves naturelles). Cet arbre fait l’objet d'un commerce illĂ©gal important[4] qui rendent le commerce du bois de gĂ©lose vulnĂ©rable du point de vue du dĂ©veloppement durable[5].

C’est pourquoi l’espĂšce, en raison de sa valeur commerciale, et peut-ĂȘtre mĂ©dicamenteuse, a Ă©tĂ© retenue comme prioritaire lors d’un atelier de travail de la FAO sur les ressources gĂ©nĂ©tiques forestiĂšres d'Asie du Sud-Est pour les forĂȘts du Laos, Cambodge, ThaĂŻlande et Vietnam oĂč cette espĂšce est encore prĂ©sente et depuis peu cultivĂ©e

(Eduardo Massao N. Nakashima, Mai Thanh Thi Nguyen, Quan Le Tran and Shigetoshi Kadota : Field survey of agarwood cultivation at Phu Quoc Island in Vietnam. J. Trad. Med., 22, 296-300, 2005).

La CITES s'inquiĂšte aussi du fait qu’alors qu’autrefois on n'abattait que des arbres produisant du bois d’agar, c’est-Ă -dire infectĂ©s par des champignons et bactĂ©ries, aujourd'hui on coupe aussi des arbres sains pour vendre le bois en poudre ou copeaux[6].

Projets de protection

L'UICN et la CITES, Ă  la demande de l’IndonĂ©sie rĂ©flĂ©chissent Ă  une protection de cette essence[7] par son inscription sur la liste II de la CITES, alors que 8 espĂšces d'aquilarias sont dĂ©jĂ  sur la liste rouge des espĂšces menacĂ©es de l'UICN (+ 1 espĂšces dans la catĂ©gorie « donnĂ©es insuffisantes »). Le comitĂ© pour les plantes de la CITES a recommandĂ© une Ă©valuation de toutes les espĂšces produisant du bois de gĂ©lose. Le programme Asia Pacific Forest Genetic Resources Programme (Apforgen) a Ă©galement considĂ©rĂ© cette espĂšces comme prioritaire, pour le Cambodge notamment[8].

Production du calambac (ou bois d’agar, bois de gĂ©lose, gaharu, agarwood, aloaewood)

Il existerait au moins une vingtaine d'espĂšces d'aquilarias produisant du calambac, mais le plus prĂ©cieux est rĂ©putĂ© fourni par Aquilaria crassna lorsqu’il est infectĂ© par certains champignons et/ou bactĂ©ries.

Plantations

Des plantations de diverses espĂšces et sous-espĂšces d’aquilarias (et de Gyrinops versteegii) sont testĂ©es notamment en IndonĂ©sie, au Viet Nam, et au Cambodge, avec des densitĂ©s atteignant 1 000 pieds par ha, exploitĂ©s dĂšs 4 Ă  7 ans. La graine pousse facilement, mais selon la CITES[9], l’inoculation artificielle de champignons par diffĂ©rents types de blessures provoquĂ©es, visant Ă  susciter le bois d’agar, n’a donnĂ© que de mĂ©diocres rĂ©sultats[10]. Cat TiĂȘn, TrĂąn Van QuyĂȘ, forestier devenu planteur d’aquilaria au Vietnam, signale que la larve d'un insecte phytophage (BĂč xĂš en vietnamien) en se dĂ©veloppant dans le du tronc de l’Aquilaria crassna est source d’un calambac d'une plus grande qualitĂ©.

Commerce et quantités

Les donnĂ©es sont incomplĂštes, notamment en raison de l'illĂ©galitĂ© d'une partie du commerce. Mais un calambac de qualitĂ© se vendait de 6 000 Ă  6 500 dollars le kilogramme et son essence parfumĂ©e de 7 000 Ă  7 500 dollars le litre vers 2003.

Les acheteurs sont surtout le Japon, Taiwan, CorĂ©e du Sud, la France et le Moyen-Orient (Arabie saoudite et Émirats arabes unis). Certaines sources[11] estiment les besoins mondiaux Ă  1 000 tonnes par an (en 2007). Le Viet Nam en fournit officiellement 80 tonnes par an au maximum, mais l’arbre sauvage y est en rapide et important dĂ©clin depuis les annĂ©es 1990 (Quan-Le-Tran ; Qui-Kim-Tran ; Kouda-K ; Nhan-Trung-Nguyen ; Maruyama-Y ; Saiki-I ; Kadota-S. 2003. A survey on agarwood in Vietnam, Journal-of-Traditional-Medicines, 2003, 20: 3, 124-131).

Vertus médicinales

On attribue au bois de gélose diverses vertus, contre les maux de ventre, certaines maladies cardio-vasculaires, les neuropathies ou encore contre les nausées et l'asthme. Son huile est réputée éloigner les insectes. Les musulmans parfument volontiers leurs bains avec cette essence lors du Ramadan.

EspĂšces proches

Outre les autres espĂšces d'Aquilaria, tous les arbres du genre Gyrinops peuvent ĂȘtre confondus avec Aquilaria crassna, dont (liste non exhaustive) :

  • Gyrinops audate (Gilg) Domke : Nouvelle-GuinĂ©e (Sidai, Mont Arfak, en forĂȘt primaire basse, Ă  5-20 m d’altitude)
  • Gyrinops decipiens Ding Hou : au centre des CĂ©lĂšbes (Wavatoli, Palarahi), dans la forĂȘt ombrophile moyenenment basse Ă  100 m d’altitude.
  • Gyrinops ledermanii Domke : Nouvelle-GuinĂ©e (Sepik R., Mt. Pfingst), sur les pentes dans la forĂȘt vierge, au pied des montagnes, Ă  0-200 m d’altitude.
  • Gyrinops moluccana (Miq.) Baill. : Buru and Halmahera, dans la forĂȘt ombrophile.
  • Gyrinops podocarpus (Gilg.) Domke : Nouvelle-GuinĂ©e occidentale (Ramoi, Sorong, Monep, Idenburg), dans la forĂȘt primaire, des plaines jusqu’à 750 m d’altitude.
  • Gyrinops salicifolia Ridl. : Nouvelle-GuinĂ©e occidentale (Utakwa, Nabire), aux franges de la forĂȘt ombrophile, Ă  300 m d’altitude.
  • Gyrinops versteegii (Gilg.) Domke, dans les petites Ăźles de la Sonde (Lombok, Sumbawa, Flores, Sumba) ; nord de CelĂšbes (Minahasa) et Nouvelle-GuinĂ©e occidentale (RĂ©partition dispersĂ©e dans les plaines et jusqu’à 900 m d’altitude).

Voir aussi

Notes et références

Sources principales : CITES, UICN

  1. Catherine Vanesse, « Bois de Oud : plus prĂ©cieux que l'or ! », Gavroche ThaĂŻlande, no 252,‎ , p. 46 et 47 (lire en ligne [PDF])
  2. Pierre-Alexandre Sallier, « Un eldorado nommé agar, oud, gaharu ou jinkoh », sur tdg.ch, Tribune de GenÚve,
  3. Sustainable trade in Bois d’agar et Ramin in Indonesia. Document prĂ©sentĂ© au Workshop on National Strategy on Conservation et Trade of Arbres en Indonesie. Indonesian Institute of Sciences-Center for Biological Research, Bogor, September 2003. Soehartono, T. et A. Mardiastuti, 2002. CITES Implementation in Indonesia. Nagao International Environmental Foundation.
  4. (TRAFFIC Southeast Asia 2004 in litt., to IUCN/TRAFFIC Analyses team, Cambridge, UK.)
  5. Soehartono, T. and Newton, A.C. 2002. The gaharu trade in Indonesia: Is it sustainable? Economic Botany 56(3): 271-284.
  6. (CoP13 Prop. 49 – p. 3)
  7. CDP 13, proposition 49
  8. Document APFORGEN
  9. Document Cites/Proposition 49 faite Ă  la COP 13
  10. Pojanagaroon, S. and Kaewrak, C. 2005. Mechanical methods to stimulate aloes wood formation in aquilaria crassna pierre ex h.lec. (kritsana) trees Acta Hort. (ISHS) 676:161-166
  11. http://lecourrier.vnagency.com.vn/default.asp?CATEGORY_ID=16&NEWSPAPER_ID=40&TOPIC_ID=52&REPLY_ID=40570 Article du du Courrier du Viet Nam

Liens externes

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