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Aqueduc de Gorze Ă  Metz

L’aqueduc qui relie Gorze à Metz est un aqueduc romain construit vers le début du IIe siècle. Il a été classé monument historique depuis la première liste de 1840, classement étendu en 1980 et 1990[1].

Aqueduc de Gorze Ă  Metz
L’aqueduc de Gorze à Metz à Jouy-aux-Arches
Présentation
Type
Construction
Patrimonialité
Coordonnées
49° 03′ 55″ N, 6° 04′ 49″ E
Localisation sur la carte de Grand Est
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Localisation sur la carte de la Moselle
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Contexte historique

Divodurum (Metz) est la capitale des MĂ©diomatriques, au croisement des axes sud-nord et est-ouest, c’est-Ă -dire sur les voies romaines allant de Lyon Ă  Trèves et de Reims Ă  Strasbourg. La ville, qui comptait environ 20 000 habitants au IIe siècle, nĂ©cessitait un approvisionnement en eau de source pour alimenter les fontaines, les trois thermes romains, les latrines publiques et les artisans. Les points de distribution ne sont pas connus avec exactitude, car il n’en reste aucune trace. Les thermes du Carmel semblent ĂŞtre un endroit privilĂ©giĂ©, mais Divodurum disposait d’autres aqueducs.

Description architecturale

Aqueduc côté Ars-sur-Moselle

Le tracĂ© s’étendait sur 22 km et reliait la source des Bouillons près de Gorze (208 m) Ă  Metz (184 m).

Il comporte 12,7 km de souterrain, un pont Ă  arcades (niveau 197 Ă  193 m) de 1,125 km entre Ars-sur-Moselle et Jouy-aux-Arches, puis km de souterrain.

Une partie du souterrain est visible entre Gorze et Novéant-sur-Moselle. Il ne reste de la partie aérienne de l’aqueduc, qui comptait plus d’une centaine de piles, que deux bassins et une vingtaine d’arches :

Construction et aménagements

Matériaux

  • le bois pour la fabrication des Ă©chafaudages, les coffrages des arches et des fondations, les engins de levage des blocs de pierre ;
  • la pierre extraite des carrières proches pour monter les piles, les pierres de blocage pour le remplissage des piles et les impostes pour soutenir les chapiteaux ;
  • des briques pour les parois des canalisations, fabriquĂ©es sur place (moulage, sĂ©chage Ă  l’air libre, puis cuisson au four) ;
  • la chaux, Ă©galement fabriquĂ©e sur place avec des pierres calcaires, pour le mortier et l’assemblage des pierres de blocage (ancĂŞtre de bĂ©ton) ;
  • l’enduit d’étanchĂ©itĂ© obtenu Ă  partir de chaux grasse et de dĂ©bris de brique.

Outils

  • Les outils traditionnels de l’arpenteur romain : le chorobate pour les niveaux (ancĂŞtre du niveau Ă  bulle), la groma et la dioptre (ancĂŞtre du thĂ©odolite) pour les alignements angulaires. Puis les gros engins comme la chèvre pour soulever les grosses charges et le mouton pour enfoncer les pieux dans le sol.

Techniques de construction

À l’endroit d’élévation des piles, les Romains préparaient un radier sur une série de pieux en chêne enfoncés profondément dans le sol. Sur ce radier, était montée, sur une hauteur d’épaule (de sol jusqu’à la hauteur de l’épaule), une pile en pierres de taille cimentée, puis remplie d’un mélange de gravats et de chaux. Une fois la première hauteur passée, on construisait un échafaudage avec des madriers pour monter d’une autre hauteur, et ainsi de suite.

La conduite souterraine Gorze-Ars


Depuis la source des Bouillons, au fond du val de Gorze, l’eau parcourt les 12,7 km de conduite souterraine, en traversant le village de Gorze, reçoit le ruissellement du mont St-Belin, gagne le hameau de Sainte-Catherine et longe la vallée du ruisseau de la Gorzia jusqu’à Novéant, puis oblique vers le nord. Peu après Ancy-sur-Moselle, l’aqueduc oblique vers l’est pour rejoindre Ars-sur-Moselle.

La conduite, large de 1,20 m × 1,80 m de haut, est couverte d’une voûte en plein cintre, et l’eau coulait sur un dallage entre deux murs de briques revêtus de mortier d’étanchéité. À espaces réguliers, des regards permettaient de pénétrer dans la conduite pour en assurer l’entretien.

Le bassin de décantation

Ă€ Ars-sur-Moselle, le canal dĂ©versait ses eaux dans un rĂ©servoir rectangulaire dont la paroi, adossĂ©e au versant de la colline, est convexe pour rĂ©sister Ă  la poussĂ©e du terrain. Au centre de ce rĂ©servoir, un bassin carrĂ© (4,4 m sur 3,2 m et 1,3 m de hauteur) recevait les eaux qui y dĂ©cantaient avant de repartir, après une petite chute et un virage Ă  90°, vers la conduite double du pont canal, dont chaque conduit a 0,85 m de large. Ce rĂ©servoir recevait aussi les eaux d’un ruisseau et servait de rĂ©gulateur de dĂ©bit en dĂ©versant l’excĂ©dent vers le village d’Ars.

Au départ, côté pont, chaque conduite avait une vanne de fond ou vanne guillotine, c’est-à-dire que l’eau s’écoule par-dessous, ce qui permet une meilleure régulation du débit de sortie quel que soit le débit d’arrivée, dont l’excédent est évacué par le canal vers Ars grâce à une vanne de débordement.

L’ensemble était couvert d’une voûte en pierre de taille et d’une toiture de tuiles. Les sculptures et peintures retrouvées sur place indiquent que le bassin était dédié aux divinités de l’eau.

Le pont-aqueduc

Le pont traverse la vallĂ©e de la Moselle Ă  l’endroit oĂą la rivière fait un mĂ©andre très large. Ce pont Ă  arcades d’environ 1,1 km de long, dont 630 mètres sur la rivière. Les arches, au nombre de 110 Ă  120, avaient une hauteur de 30 m pour les plus hautes et une portĂ©e d’une douzaine de mètres.

  • Les piles carrĂ©es, qui reposaient sur un Ă©pais radier, mesuraient 5 mètres de cĂ´tĂ© Ă  la base et s’élevaient par sections dĂ©gressives jusqu’à 23 mètres, puis les impostes supportaient les arches et la canalisation.
  • Les arches Ă©taient construites Ă  l’aide d’un gabarit en bois, appelĂ© cintre.
  • La canalisation Ă©tait Ă  double conduit, de 85 cm de large chacun, et avait une pente importante (4 mètres sur 1,1 km). Le dispositif Ă  double conduit garantissait l’approvisionnement en eau, mĂŞme si l’un des deux Ă©tait en entretien. De plus le double conduit, utilisĂ© simultanĂ©ment, permettait de rĂ©duire la pression sur les parois externes.
  • La forte pente permettait d’éviter le gel en hiver et minimisait le dĂ©pĂ´t de sable sur le fond. Mais cette augmentation du dĂ©bit augmentait Ă©galement l’usure du revĂŞtement des parois.
  • La couverture de la canalisation protĂ©geait l’ouvrage des intempĂ©ries et du gel.

Aujourd’hui, de ce bel ouvrage, il ne reste que les piles situées sur les deux versants de la vallée : six piles et cinq arches sur la rive côté Ars-sur-Moselle et dix-huit piles et dix-sept arches sur la rive de Jouy.

Le bassin de réception

CĂ´tĂ© Jouy-aux-Arches, le pont-canal se termine par un bassin de rĂ©ception dont la forme circulaire permettait de briser le fort courant d’eau crĂ©Ă© par la pente de la canalisation (m pour 1 100 m). Ce bassin Ă©tait formĂ© d’un mur très Ă©pais (m de diamètre) pour rĂ©sister Ă  la pression, et d’un bassin intĂ©rieur d’environ 2,2 m de diamètre comprenant un rĂ©ceptacle en creux pour faire tourbillonner l’eau.

La sortie vers la conduite souterraine est à 90° par rapport à l’arrivée

Cet élément, comme les autres, était couvert pour préserver la pureté de l’eau et la protéger du gel de l’hiver.

La conduite Jouy-Metz

La conduite suit la Moselle un court instant puis, poursuivant vers l’est, elle traverse l’actuel terrain de l’aérodrome de Frescaty ; à la hauteur de la gare d’Augny, elle rejoint la route D5 (ancienne voie romaine de Metz à Toul) pour entrer dans la ville de Metz à Montigny, jusqu’à la Seille, près de l’amphithéâtre. Ensuite le parcours n’est plus certain.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

Par ordre chronologique de publication :

  • Tabouillot et François, Histoire de Metz, 1761.
  • Victor Jacob, « Notice sur l'aqueduc romain de Gorze Ă  Metz », dans L'Austrasie, volume 2, 1854, p. 19-31, p. 65-75
  • Lalance, Deux monuments messin de l’époque gallo-romaine, 1923.
  • Jean Lalance, « Les aqueducs romains de Metz », ComitĂ© des travaux historiques, Bulletin de gĂ©ographie historique, 1933, tome XL, 32 p.
  • Grenier, Le manuel de l’archĂ©ologie gallo-romaine, Les monuments des eaux, L’aqueduc de Metz, 1960.
  • Vigneron, Metz antique, 1986
  • Claude Lefebvre (ill. GĂ©rard Coing, Alain George, Claude Lefebvre avec la participation de RenĂ© Berton et des musĂ©es de Metz), L’Aqueduc antique de Gorze Ă  Metz, Metz, Serpenoise, coll. « ItinĂ©raire du patrimoine » (no 119), , 18 p. (ISBN 978-2-913411-17-3, BNF 39211103), illustration en couleur et en noir et blanc.
  • Le messager boiteux de Strasbourg – Almanach 2007.

Articles connexes

Liens externes

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