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Appius Claudius Sabinus (consul en -451)

Appius Claudius Crassus Regillensis Sabinus est un homme politique romain du Ve siÚcle av. J.-C., consul en 451 av. J.-C. et président des deux collÚges de décemvir entre 451 et 449 av. J.-C.

Appius Claudius Sabinus
Fonctions
DĂ©cemvir Ă  pouvoir consulaire
- av J-C
Consul (?)
(?)
Consul (?)
(?)
SĂ©nateur romain
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Époque
RĂ©publique romaine archaĂŻque (d)
Activités
Famille
Claudii Crassi (d)
PĂšre
MĂšre
Inconnue
Fratrie
Enfants
Appius Claudius Sabinus
Publius Claudius Crassus (d)
Gens
Statuts

Famille

Appius Claudius est membre de la gens patricienne des Claudii, une famille romaine nantie et aristocratique. Son pÚre Appius Claudius Sabinus, consul en 471 av. J.-C., et son grand-pÚre Appius Claudius Sabinus, consul en 495 av. J.-C., ont tous deux été consuls et se sont signalés par leur mépris envers la plÚbe et leur opposition intransigeante contre ses représentants, les tribuns de la plÚbe. Cette opposition a dégénéré en conflits civils graves en 495[a 1] et en 471 av. J.-C.[a 2]. Toutefois, son oncle Caius Claudius Sabinus Regillensis a exercé en 460 av. J.-C. un consulat sans se heurter aux tribuns de la plÚbe[a 3].

Selon certaines sources antiques, comme les Fastes capitolins qui fournissent son nom complet pour 451 av. J.-C. (Ap. Claudius Ap.f. M.n. Crassinus Inregillensis Sabinus)[1] - [2], les consuls de 471 et de 451 seraient en fait la mĂȘme personne et non le pĂšre et son fils. Toutefois, si le rĂ©cit de Tite-Live pour l'annĂ©e 470 av. J.-C. est authentique, Appius Claudius Sabinus est mort en prison cette annĂ©e-lĂ , le consul de 451 serait donc son fils. Le destin des deux consuls est similaire, ajoutant Ă  la confusion, puisqu'ils meurent tous deux en prison aprĂšs s'ĂȘtre aliĂ©nĂ© les plĂ©bĂ©iens.

Biographie

Contexte politique

L’opposition politique grandit entre la plĂšbe, reprĂ©sentĂ©e par ses tribuns, et les patriciens qui conservent une mainmise sur le consulat, hĂ©ritiers d’un pouvoir royal dont la seule limite est la durĂ©e d’exercice du mandat de consul, soit une annĂ©e. Depuis l’annĂ©e 462 av. J.-C., les tribuns rĂ©clament la mise par Ă©crit des lois avec la rogatio Terentilia afin de limiter les pouvoirs arbitraires des consuls. AprĂšs dix annĂ©es de graves tensions civiles, ils obtiennent enfin la constitution d’une commission chargĂ©e de la rĂ©daction de lois applicables aux plĂ©bĂ©iens et aux patriciens.

Premier décemvirat (451)

En 451 av. J.-C., Appius Claudius est Ă©lu consul lorsqu'est crĂ©Ă©e une commission de dix membres, les dĂ©cemvirs, pour un mandat d’un an. En tant que consul, il en fait partie d’office et en obtient la prĂ©sidence[2]. L’importance de cette commission est telle que tous les acteurs de la vie politique romaine ont acceptĂ© la suspension des mandats ordinaires : il n’y a plus ni consul ni tribun de la plĂšbe, les dĂ©cemvirs disposent d’un pouvoir absolu et sans appel.

Ils vont l’exercer Ă  tour de rĂŽle, le dĂ©cemvir du jour Ă©tant prĂ©cĂ©dĂ© des douze licteurs, auxiliaires de l’exercice du pouvoir. Tite-Live signale comme preuve de la modĂ©ration de leur gouvernement des affaires courantes qu’ils admettent que les dĂ©cisions de justice du dĂ©cemvir exerçant un jour donnĂ© puissent faire l’objet d’appel auprĂšs d’un autre dĂ©cemvir, malgrĂ© la suspension du droit d’appel aux tribuns de la plĂšbe[a 4].

En l’absence de conflits avec ses voisins et de troubles internes, les dĂ©cemvirs peuvent s'atteler Ă  la rĂ©daction des lois qui sont organisĂ©es selon dix titres, la « Loi des Dix Tables Â», qui est approuvĂ©e par le vote populaire[a 5].

RĂ©daction de la Loi des Douze Tables

Pour complĂ©ter ces dix premiĂšres lois, il est dĂ©cidĂ© de renouveler la commission avec l’élection de nouveaux dĂ©cemvirs. Appius Claudius se reprĂ©sente[3], contrairement Ă  l'usage qui veut qu'on ne puisse pas briguer une magistrature deux annĂ©es de suite, et se fait rĂ©Ă©lire aprĂšs une active campagne de sĂ©duction auprĂšs du peuple, multipliant les promesses. Neuf autres personnalitĂ©s sont Ă©lues, formant le second collĂšge de dĂ©cemvirs. Ils prennent leur fonction le 15 mai 450 av. J.-C., crĂ©ant la surprise en se prĂ©sentant chacun prĂ©cĂ©dĂ© de douze licteurs, soit 120 licteurs en tout, une force de coercition jamais vue Ă  Rome. Les dĂ©cemvirs ajoutent deux nouvelles tables aux prĂ©cĂ©dentes, le code ainsi constituĂ© Ă©tant baptisĂ© « Loi des Douze Tables ».

Maintien des décemvirs au pouvoir

Selon Tite-Live, Appius Claudius influence ses collĂšgues et crĂ©e une coterie qui abuse du pouvoir et gouverne avec despotisme, brimant la plĂšbe et ignorant le SĂ©nat. AprĂšs le 15 mai 449 av. J.-C., bien que leur mandat d’un an soit terminĂ© et leur travail lĂ©gislatif achevĂ©, les dĂ©cemvirs entrainĂ©s par Appius Claudius se maintiennent illĂ©galement au pouvoir de leur propre autoritĂ©, s'entourent d'une garde nombreuse et Ă©touffent toute protestation Ă©manant de la plĂšbe[4].

La guerre dĂ©clenchĂ©e contre Rome par les Sabins et les Èques oblige les dĂ©cemvirs Ă  rĂ©unir le SĂ©nat pour obtenir la levĂ©e des troupes romaines. Les dĂ©cemvirs se partagent les secteurs d’opĂ©rations, Appius Claudius et Spurius Oppius Cornicen assurent la dĂ©fense de Rome.

Mort de Verginia

Uccisione di Virginia de Camillo Miola, 1882.

Appius Claudius commet alors un excÚs de pouvoir qui déclenche une révolte populaire. Tite-Live en fait un récit détaillé[a 6], tandis que Diodore de Sicile rapporte cet épisode mais sans nommer Appius Claudius[a 7].

Selon les auteurs antiques, Appius Claudius incite un de ses clients Ă  revendiquer comme esclave la jeune Verginia, fille du centurion Lucius Verginius, promise en mariage Ă  Lucius Icilius, ancien tribun de la plĂšbe. Par ce moyen, Appius Claudius fait pression sur deux opposants Ă  son pouvoir. En attendant que se forme un tribunal pour dĂ©libĂ©rer sur cette revendication, la loi prĂ©voit que la personne mise en cause soit confiĂ©e Ă  la garde de ceux qui affirment sa condition libre. Violant le droit, Appius Claudius ordonne qu’elle soit gardĂ©e par son client. Quand les licteurs tentent d’apprĂ©hender la jeune femme en plein forum, son pĂšre prĂ©fĂšre la poignarder pour la soustraire aux violences des hommes d’Appius Claudius. Son geste soulĂšve l’indignation de la foule contre Appius Claudius. Le pĂšre Ă©plorĂ© envoie ses amis prĂ©venir Lucius Icilius, fiancĂ© de Verginia, qui est mobilisĂ© Ă  proximitĂ© de Rome, tandis qu'Appius Claudius fait expĂ©dier Ă  ses gĂ©nĂ©raux l’ordre d’arrestation de Lucius Icilius. Dans cette course de vitesse, Lucius informĂ© le premier soulĂšve ses compagnons, provoquant une rĂ©volte des soldats.

DeuxiÚme sécession de la plÚbe

Tandis que la plĂšbe manifeste son hostilitĂ© en se retirant en masse sur le Mont SacrĂ© lors de la deuxiĂšme sĂ©cession de la plĂšbe en 449 av. J.-C., les soldats mutinĂ©s reviennent camper sur l’Aventin, face Ă  la Rome de l’époque qui n’inclut pas cette colline. Les dĂ©cemvirs sont contraints de dĂ©missionner et le SĂ©nat rĂ©tablit les anciennes magistratures, consulat et tribunat. Lucius Icilius et Lucius Verginius sont Ă©lus tribuns de la plĂšbe et font emprisonner Appius Claudius[5]. Tite-Live souligne avec ironie qu'Appius aurait tentĂ© d’user du droit d’appel Ă  la protection des tribuns qu’il a bafouĂ© lorsqu’il Ă©tait dĂ©cemvir. Il se suicide en prison avant son procĂšs. Son collĂšgue Spurius Oppius Cornicen, emprisonnĂ© Ă  son tour, se suicide Ă©galement. Les autres dĂ©cemvirs s’exilent et leurs biens sont confisquĂ©s.

Certains historiens modernes ont mis en doute l’authenticitĂ© de l’épisode de Verginia, dont la mort pour sauver sa vertu dĂ©clenche une rĂ©volution contre un pouvoir despotique, lui trouvant un parallĂšle trop marquĂ© avec le renversement du roi Tarquin le Superbe Ă  la suite de la mort de LucrĂšce.

Notes et références

  • Sources modernes :
  • Sources antiques :
  1. Tite-Live, Histoire romaine, II, 27
  2. Tite-Live, Histoire romaine, II, 56 et 59
  3. Tite-Live, Histoire romaine, III, 15
  4. Tite-Live, Histoire romaine, III, 33
  5. Tite-Live, Histoire romaine, III, 34
  6. Tite-Live, Histoire romaine, III, 2&44-52
  7. Diodore de Sicile, BibliothĂšque historique, XII, 9

Bibliographie

Auteurs antiques

Auteurs modernes

  • (en) T. Robert S. Broughton, The Magistrates of the Roman Republic : Volume I, 509 B.C. - 100 B.C., New York, The American Philological Association, coll. « Philological Monographs, number XV, volume I », , 578 p.

Voir aussi

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