Anubion

Sa biographie est complexe car souvent insérée dans un contexte semi-légendaire. Nous avons une idée à travers les Homélies du pseudo-Clément de Rome et les Reconnaissances de Rufin d'Aquilée[1]. Dans le récit pseudo-Clémentien, construit du II^e au IV^e siècle, l'intrigue est centrée sur Clément et Pierre contre Simon le Magicien, ce dernier étant associé avec Appion (évoque Appien d'Alexandrie), Annoubion et Athénodore, figures historiques transposés avec une orthographe modifiée[2]. Le tandem Appion / Annoubion évoque une tradition judéo-chrétienne égyptienne de la paire : Apis-Anubis, Caïn-Abel, Moïse-Aaron[3]. Annoubion viendrait de Diospolis, probablement Diospolis Magna (Thèbes), important centre de poètes (Triphiodore, Nonnos, Collouthos)[4]. Le récit de Clément en liant la chronologie des personnages bibliques suggèrent que Anubion fut actif au I^er siècle[5]. Néanmoins, le terminus ante quem peut être la fin du II^e siècle à travers la papyrologie si on considère le récit de Clément comme trop légendaire[6].

Le titre du poème nous ait inconnu. Héphestion indique 12 vers en distiques élégiaques par Anubion. C'est le seul poète astrologue connu à présenter de cette structure, d'autres ont dû exister mais sont perdus[7].

Dans l'antiquité, on pratique l'astronomie et l'astrologie, on dissocie ces deux termes. Anubion définit la double nature des planètes, soit les Corps célestes et les divinités. Différents systèmes mais Anubion exerça sous le Haut-Empire romain, l'astrologie impériale était la même que sous l'Égypte ptolémaïque. La conception est géocentrique. On observait les mouvements de Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, les seules planètes connues alors car visibles à l'œil nu. Chaque astre étant associé à une divinité. C'est un horoscope avec des caractéristiques propres[8]. Les consultations orales d’astrologues ont peu subsitués[9].

La chronologie et les sources sont encore très incertaines entre les Grecs, les Égyptiens et la Mésopotamie. On sait grâce à des papyrus du temple de Tebtunis que l'astrologie était extrêmement développée dans l'Égypte pré-ptolémaique. Les Babyloniens et sumériens sont précurseurs, vers la fin du troisième millénaire avant notre ère au moins. D'où une cohabitation entre l'arithmétique de Babylone et la géométrie des Grecs[10].

Plusieurs vers sont identiques à Firmicus Maternus (Mathesis, VI, 3-27). Il y eut différentes hypothèses pour savoir s'il y eut des recopiages ou une source commune, cette dernière prédomine. Car on voit des concordances avec Néchepsos, ancien pharaon et son grand prêtre Pétosiris sont vus comme important mais on peut y voir un auteur de l'époque hellénistique ayant voulu synthétiser. Il servit de source à Anubion, Dorothéos et Firmicus[11].

La théorie de la chaîne de transmission est aujourd'hui caduque, vu l'absence de preuve, elle impliqua que Néchepsos-Pétosiris serait la source de Dorothéos, malgré l'absence de confirmations dans les témoignages, Anubion reprit le poème de Dorothéos pour faire des distiques élégiaques. Firmicus se servit d'Anubion.[12].

Anubion et Dorothéos ont puisé à une source commune. Idem pour Firmicus. Elle a dû exister entre le Ier et IVe siècle. Peut-être le texte perdu attribué à Néchepsos et Pétosiris[13], mais la modification d'une prédication indiquerait qu'il y aurait une source intermédiaire après Néchepsos-Pétosiris[14]

Les fragments sont extrêmement limités et trop faibles pour avoir une représentation mais la technique de versification est instable[15]. La transmission comprend Dorothéos de Sidon, qui a vécu au Ier siècle de notre ère. Il écrivit un poème en hexamètre dont nous avons quelques dizaines de vers par Héphestion de Thèbes qui vécu au Ve, cite 12 vers, seul passage original explicitement attribué à Anubion ainsi que des paraphrases. Egalement une traduction arabe[16]. On peut également inclure des correspondances dans Manéthon et un texte lié à Vettius Valens[17]. Cela se cumule avec Le Roman preudo clémentin, ainsi que des Homélies de Clément, Commentaire à Job de Julien l'Arrien, le pseudo-Manéthon ainsi que de Rhétorios au VIIe et plusieurs papyrus d'Oxyrhynque. On peut rajouter le témoignage tardif de Jean Tzétzès.

Anoubion avec Dorothéos de Sidon est publié d'abord en 1851 par Armin Koechly. Il est inclus dans le Corpus Codicum Astrologorum Graecorum[18].

• Anoubion (trad. Paul Schubert), Poème astrologique. Témoignages et fragments, Les Belles Lettres, coll. « Collection des Universités de France », 2015