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Antonio Meucci

Antonio Meucci (né le à San Frediano, un quartier de la commune de Florence alors dans l'Empire français et mort le à Staten Island, aux États-Unis) est un inventeur italien, notamment connu pour sa contribution à l'invention du téléphone.

Antonio Meucci
Antonio Meucci en 1878.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  81 ans)
Staten Island
Nom de naissance
Antonio Santi Giuseppe Meucci
Nationalités
italienne ( - )
américaine
Domicile
Formation
Activités
Conjoint
Ester Mochi (d)

Son rôle dans l'histoire du téléphone a été officiellement reconnu le par la Chambre des représentants des États-Unis : « Expressing the sense of the House of Representatives to honor the life and achievements of 19th Century Italian-American inventor Antonio Meucci, and his work in the invention of the telephone.»[1]. (traduction: "La Chambre des représentants souhaite honorer la vie et les réalisations de l'inventeur italo-américain du XIXe siècle Antonio Meucci, et son travail dans l'invention du téléphone")

Antonio Meucci étudia la mécanique avant de travailler comme technicien dans différents théâtres jusqu’en 1835, année où il déménagea à Cuba pour continuer dans le théâtre.

Il inventa une méthode pour galvaniser le métal, qu’utilisa alors l’armée à Cuba. Il travailla aussi durant dix ans sur une méthode efficace de traitement de certaines maladies par électrochocs, puis, en 1849, imagina les bases du téléphone et développa un prototype, dont rien n'indique cependant qu'il fonctionnait[2].

Il partit en 1850 à New York pour promouvoir ses inventions, sans grand succès. C'est au cours de ces années qu'il construisit son prototype de téléphone, le Telettrofono.

Le , il fonda la Telettrofono Company avec trois associés et, le , il protégea son invention par un « avertissement de brevet », formule renouvelable plus économique qu'un brevet[3].

En 1874, il serait entré en contact avec la compagnie Western Union, dans l'espoir de voir son prototype développé et commercialisé, mais la compagnie ne donna pas suite. Deux ans plus tard, en 1876, Bell déposa son brevet. Convaincu de s'être fait voler son invention, Meucci lui intenta un procès. Le procès dura jusqu’en 1889, date à laquelle la mort de Meucci mit fin aux procédures, sans que la paternité de l'invention du téléphone lui soit reconnue.

Aujourd'hui, son nom est plus généralement associé à celui du célèbre Giuseppe Garibaldi, dont il fut l'ami à partir de 1860[3].

La controverse de paternité

Jusqu'en 1989, personne n'avait jamais remis en question la paternité de Bell sur l'invention du téléphone. Cette année-là, Basilio Catania[4], ancien directeur général de la CSELT (l'agence de recherche et de développement des télécoms italiennes), découvre les travaux d'Antonio Meucci, alors qu'il est ingénieur du théâtre à Florence.

Basilio Catania théorise alors une éventuelle spoliation de Meucci par Bell. L'appareil construit par Meucci, le Télettrophone, aurait bel et bien fonctionné. Il l'aurait réalisé, en 1850, pour communiquer entre son bureau et la chambre de sa femme, paralysée par des crises d'arthrite.

Dix ans plus tard, il en aurait fait une démonstration à son ami Enrico Bendelari, et l'expérience aurait été relatée par un journal new-yorkais de langue italienne, L'Eco d'Italia. Ainsi, après avoir fabriqué plusieurs dispositifs téléphoniques entre 1849 et 1870, il dépose un brevet descriptif (en), intitulé Sound Telegraph, le . N'ayant pas les ressources financières pour déposer une véritable demande de brevet dont les frais d'enregistrement sont beaucoup plus élevés, ce brevet provisoire expire en 1874, faute de paiement de la taxe annuelle de dix dollars[5].

En 1872, il prend contact avec Edward B. Grant, vice-président de la Western Union Telegraph Company, en vue d'une démonstration. C'est à partir de ce moment-là que, selon Catania, la spoliation aurait commencé. Grant aurait offert à Meucci d'utiliser ses locaux et d'y entreposer son matériel, et lui aurait demandé d'examiner les plans de son invention. Une fois ceux-ci en sa possession, Grant aurait systématiquement repoussé la date de la démonstration.

Au cours des deux années qui suivirent, Meucci ne put jamais réaliser sa démonstration. C'est aussi pendant ces deux années que Bell aurait volé l'invention de Meucci, toujours selon Basilio Catania. Ce dernier met en effet en avant que Bell aurait travaillé dans le laboratoire où Meucci avait entreposé ses appareils.

En , Graham Bell déposa le brevet du téléphone, puis expérimenta son appareil à l'exposition internationale de Philadelphie en 1876. Puis vint le grand succès de Londres où il installa un téléphone à la Chambre des communes. Les protestations de Meucci auraient dès lors été vaines, face à la richesse et à la puissance grandissante de Bell.

Pour soutenir cette thèse, Catania s'appuie également sur les travaux d'une commission d'enquête dont l'attention aurait été attirée par les plaintes de Meucci pour ententes illicites : il aurait existé une connexion secrète entre des employés de l'office des brevets et la compagnie de Bell. Et celle-ci s'était engagée à rétrocéder à la Western Union 20 % des bénéfices de l'invention, le téléphone.

Cent cinquante ans après l'arrivée de Meucci à Manhattan, la communauté italo-américaine de New York a finalement réussi à convaincre Rudolph Giuliani, le maire de New York, de réhabiliter Meucci en faisant du , le Meucci Day. De surcroît, comme il est indiqué dans l'introduction, son rôle dans l'histoire du téléphone a été officiellement reconnu en 2002 par la Chambre des représentants des États-Unis. En France, cette thèse a également été médiatisée en 2007 par le journaliste Jean-Baptiste Giraud[6].

Ĺ’uvres de fiction

Il est cité dans l'épisode 8 de la saison 1 des Soprano (The Legend of Tennessee Moltisanti), au cœur d'un débat portant sur l'identité italo-américaine à la table de la famille Soprano. Tony Soprano dit de lui qu'il a « été volé » (he got robbed) en faisant référence à la controverse avec Graham Bell.

Antonio Meucci fut également cité dans le chapitre 2 du jeu-vidéo There is No Game: Wrong Dimension. Sherlock et Watson, après être entré dans la maison de Mr. Wilhelm, remarquent la présence d'un téléphone, que Sherlock décrit comme « un prototype de télettrophone d'Antonio Meucci ».

Antonio Meucci a inspiré un film et deux téléfilms :

Il est également au centre de l'intrigue du roman de Karla Suárez La Havane année zéro (Paris, Métailié, 2012, 250 p.), et fait l'objet d'un portrait dans la bande dessinée Les Oubliés de la science de Camille Van Belle (Alisio Sciences, 2022)[10].

Notes et références

  1. Conclusion de la résolution 269 du 11 juin 2002 de la chambre des représentants des États-Unis (107th CONGRESS, 1st Session, H. RES. 269, June 11, 2002].
  2. L'historien Kenneth J. Lipartito explique ainsi : « Lawyers who tried to litigate his patent caveat found that, quite simply, his invention did not and could not be made to transmit speech, or anything else. » (Kenneth Lipartito, The American Historical Review, Vol. 100, No. 2, p. 641.
  3. (it) Basilio Catania, « MEUCCI, Antonio in "Dizionario Biografico" », sur treccani.it, (consulté le ).
  4. Basilio Catania, travaux de Basilio Catania sur Antonio Meucci.
  5. (en) Howard B. Rockman, Intellectual property law for engineers and scientists, IEEE Press, , p. 108.
  6. Dans un essai intitulé Les grands esprits ont toujours tort — De Galilée à Diesel, les savants maudits qui ont changé notre vie, éd. du Moment.
  7. (en) Antonio Meucci, film d'Enrico Guazzoni sur l’Internet Movie Database.
  8. (en) Antonio Meucci cittadino toscano contro il monopolio Bell sur l’Internet Movie Database.
  9. (en) Meucci, téléfilm de Fabrizio Costa sur l’Internet Movie Database.
  10. « Les Oubliés de la science », sur Editions Leduc

Divers

Dans le film Le Parrain 3, l'acteur Joe Mantegna qui incarne Joey Zasa se présente devant Michael Corleone pour lui décerner le prix Meucci. Il dit à son parrain : « C'est l'Italo-Américain qui a inventé le téléphone et il l'a fait un an avant Alexandre Graham Bell ».

Voir aussi

Bibliographie

  • (it) Basilio Catania, Antonio Meucci : l'inventore e il suo tempo, tome 1, Da Firenze a l'Avana, Seat, Rome, 1994, 453 p. (ISBN 88-7294-031-1).

Articles connexes

Liens externes

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