Antonio Cunill Cabanellas
Antonio Cunill Cabanellas (Barcelone, Espagne, 1894 - Buenos Aires, 1969) en était un acteur, metteur en scène et directeur de théâtre argentin d’origine catalane espagnole.
Naissance |
Barcelone, Espagne |
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Décès |
Buenos Aires, Argentine |
Nationalité | argentine |
Profession |
Acteur, metteur en scène, directeur, et auteur de théâtre |
Formation |
Chez AdriĂ Gual, Barcelone |
Famille |
Fils de l’acteur Juan Cunill |
FormĂ© au mĂ©tier de comĂ©dien dans sa ville natale, il se fixa dĂ©finitivement Ă Buenos Aires en 1915, oĂą il allait exercer une influence dĂ©cisive sur le théâtre argentin. Après une carrière d’acteur de comĂ©dies et un rĂ´le pionnier dans le cinĂ©ma argentin, il devint le premier directeur du Théâtre national de la ComĂ©die, institution théâtrale publique crĂ©Ă©e en 1935 et ayant son siège au Théâtre Cervantes Ă Buenos Aires. Durant son mandat, qui se prolongea de 1935 Ă 1941, il s’appliqua, et rĂ©ussit, Ă crĂ©er un théâtre de qualitĂ©, en particulier par le soin qu’il apporta aux aspects scĂ©nographiques et au jeu des acteurs ; quant au rĂ©pertoire, il s’efforça de privilĂ©gier les dramaturges argentins. Des dissensions avec les autoritĂ©s politiques de la DĂ©cennie infâme le conduiront Ă quitter le Cervantes et Ă poursuivre ailleurs sa carrière de metteur en scène, avant de prendre en 1953 la tĂŞte du populaire Théâtre General San MartĂn, toujours Ă Buenos Aires. Les Ă©vĂ©nements de 1955 (renversement de PerĂłn) l’amèneront Ă dĂ©missionner une nouvelle fois et Ă se vouer dĂ©sormais Ă l’enseignement de l’art dramatique dans l’Institut national d’études théâtrales par lui fondĂ© dans la dĂ©cennie 1930.
Biographie
Né à Barcelone, en Espagne, Antonio Cunill Cabanellas eut pour père le comédien Juan Cunill, célèbre sur la scène catalane, et devint, fort jeune encore, le disciple du scénographe et auteur dramatique catalan Adrià Gual. En 1910, à l’âge de seulement 16 ans, il émigra à Buenos Aires, mais s’en revint bientôt en Catalogne ; enfin, en 1915, il retourna en Argentine pour se fixer définitivement dans la métropole portègne.
Il tint une chronique de théâtre dans le quotidien La Prensa et vint bientôt à jouer un rôle prominent dans la vie théâtrale, alors vibrante, de Buenos Aires. Il travailla comme assistant metteur en scène, principalement dans des comédies de type zarzuela ou saynète, fort populaires alors dans le monde hispanophone. Il se mit également à écrire ses propres œuvres, et monta un grand nombre de ses pièces, notamment Chaco, qui lui valut le prix Florencio Sánchez en 1933. Parallèlement, il fut aussi, dans le cinéma argentin naissant, un précoce réalisateur et acteur de cinéma, apparaissant entre autres dans une comédie de 1917 intitulée Carlitos en Mar del Plata[1].
En 1933, le gouvernement national (c’est-Ă -dire fĂ©dĂ©ral) argentin adopta une loi portant crĂ©ation d’une institution théâtrale publique, le Teatro Nacional de la Comedia, et choisit pour en ĂŞtre le siège et lui permettre de fonctionner le Théâtre Cervantes, sis dans le centre de Buenos Aires et rĂ©cemment cĂ©dĂ©, pour raisons financières, Ă l’État argentin par ses fondateurs et propriĂ©taires, le couple d’acteurs espagnols MarĂa Guerrero et Fernando DĂaz de Mendoza ; l’ensemble fut placĂ© sous l’autoritĂ© de la Commission nationale de la culture, instituĂ©e par la mĂŞme loi.
Cependant, deux annĂ©es encore passeront avant que la structure dĂ©cidĂ©e par le lĂ©gislateur ne fĂ»t enfin mise en place. Tandis que la prĂ©sidence de la ComisiĂłn Nacional de Cultura revint Ă MatĂas Sánchez Sorondo, l’organisation et la direction de la Comedia furent confiĂ©es Ă Antonio Cunill Cabanellas. Celui-ci eut Ă cĹ“ur de dĂ©finir et de mettre en Ĺ“uvre deux objectifs essentiels : d’une part, atteindre le meilleur niveau possible pour les productions du théâtre, ce qui impliquait pour lui d’apporter le plus grand soin aux aspects scĂ©niques (scĂ©nographie, costumes, Ă©clairages etc.) ainsi qu’une recherche constante du perfectionnement dans le jeu des comĂ©diens ; et d’autre part, bĂ©nĂ©ficier, lors du choix du rĂ©pertoire, du soutien total de la part des auteurs argentins. Pour les besoins du premier objectif, il crĂ©a un atelier de crĂ©ation scĂ©nographique et de costumes ; en vue du deuxième, il fut constituĂ© une Commission de lecture, composĂ©e de figures du monde artistique, telles que JosĂ© González Castillo, Enrique GarcĂa Velloso, Leopoldo Marechal et Cunill lui-mĂŞme, entre autres, tous imprĂ©gnĂ©s de l’idĂ©e qu’un théâtre national n’était pas concevable sans la prĂ©sence d’un grand nombre d’auteurs nationaux de qualitĂ©. Ce qui caractĂ©risait le travail de Cunill Ă©tait d’abord le haut niveau artistique des spectacles, Ă tous Ă©gards, rĂ©sultat obtenu grâce aux collaborateurs qui le secondaient (acteurs, scĂ©nographes, musiciens etc.), ensuite le fort appui apportĂ© Ă de jeunes auteurs nationaux, dont les Ĺ“uvres jouissaient des mĂŞmes conditions de production que celles des auteurs consacrĂ©s[2]. Enfin, pour constituer sa troupe de comĂ©diens, Cunill sut attirer dans son théâtre les meilleurs acteurs professionnels du moment.
La Comedia fit ses débuts le , avec ce qui était déjà alors un classique du théâtre, Locos de verano de Gregorio de Laferrère, production qui sera un succès retentissant pour Cunill et son équipe.
Parallèlement à cette mission, Cunill fonda l’actuel Institut national d’études théâtrales (Instituto Nacional de Estudios de Teatro), créa un musée du théâtre dans l’aile droite du hall d’entrée du Cervantes, et jeta les bases des Archives théâtrales et de la bibliothèque de l’Institut.
En 1941, Cunill Cabanellas dĂ©missionna de ses fonctions Ă la Comedia Nacional, et l’on Ă©voqua comme motif de cette dĂ©cision la lassitude, voire la maladie. Cependant, la raison de cette dĂ©mission est Ă chercher probablement dans la mise en place d’une Commission adjointe (ComisiĂłn Asesora) auprès du Teatro Cervantes, chargĂ©e d’en contrĂ´ler la gestion, mise en place dĂ©cidĂ©e par la Commission nationale de la Culture, dirigĂ©e alors par l’écrivain et homme politique d’extrĂŞme droite Gustavo MartĂnez ZuvirĂa, alias Hugo Wast[2].
Il n’en poursuivit pas moins sa prolifique carrière de metteur en scène et de directeur de théâtre sur la scène locale, montant en particulier plusieurs pièces de Leopoldo Marechal, notamment La Tres Caras de Venus (litt. les Trois Visages de Venus) en 1951, en plus de ses propres œuvres, comme Fin de semana (litt. Weekend) en 1949, et Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare en 1953. Un certain nombre des acteurs qu’il fit découvrir pendant toute cette période, tels qu’Eva Franco, Duilio Marzio et Pepe Soriano, s’affirmeront ensuite comme des figures éminentes tant du théâtre que du cinéma argentin[3] - [4] - [5].
Il fut nommĂ© directeur adjoint du Conservatoire national supĂ©rieur de musique, puis sera appelĂ© en 1953 Ă diriger le Théâtre General San MartĂn Ă Buenos Aires, institution publique et le plus grand théâtre populaire en Argentine. Il eut Ă gĂ©rer l’établissement dans une phase difficile, marquĂ©e par des difficultĂ©s budgĂ©taires (consĂ©cutives Ă la construction alors en cours, sur l’avenue Corrientes, du nouveau bâtiment de ce théâtre, de style moderniste, dont la troisième salle, inaugurĂ©e en 1979, sera baptisĂ©e Ă son nom) et par l’instabilitĂ© politique, qui devait aboutir au renversement du prĂ©sident Juan PerĂłn en 1955. Cunill du reste remit sa dĂ©mission Ă la veille de cet Ă©vĂ©nement, et, retournĂ© Ă la tĂŞte de son Institut national d’études théâtrales, dont les locaux jouxtent le Théâtre Cervantes, y enseigna jusqu’à sa mort en 1969[1].
Cunill Cabanellas joua un grand rôle dans l’histoire du théâtre en Argentine. Son principal apport fut de centrer l’attention sur la mise en scène et sur la direction d’acteurs. Précédemment en effet, les interprètes de théâtre avaient coutume d’apprendre le métier de comédien de façon empirique et intuitive, ou, pour quelques-uns d’entre eux, par tradition familiale. Cunill Cabanellas fut le premier en Argentine à insister sur la formation systématique et consciente des acteurs, par un enseignement dispensé dans des écoles spécialisées d’art dramatique. Il rédigea par ailleurs un ouvrage théorique sur le théâtre, intitulé El teatro y el estilo del actor: Origenes y fundamentos, édité chez Marymar à Buenos Aires.
Le département des Arts dramatiques de l’Institut universitaire national des Arts porte en son honneur le nom Antonio Cunill Cabanellas.
Voir aussi
Bibliographie
- (ca) Enciclopèdia Espasa, supplément aux années 1969-1970, p. 133-134 (ISBN 84-239-4599-5)
Liens externes
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Histoire du Cervantes, sur le site officiel du théâtre.