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Anthinéa

d'Athènes à Florence

Anthinéa
Réédition de 1932 chez Flammarion
Auteur
Date de parution
Éditeur
Editions Juven

Anthinéa est un ouvrage de Charles Maurras, publié en 1901 aux éditions Juven. Sa publication en 1901 fut un événement majeur du versant littéraire de Charles Maurras[1]. L'ouvrage présente la structure d'épisodes de voyages, genre littéraire illustré par Stendhal, Taine, Gautier, Barrès.

Ode à la Provence

Il s'agit d'un « hymne d'allégresse »[2]. Le lecteur suit un chemin circulaire : de la Provence, on gagne la Grèce, l'Italie, la Corse jusqu'au retour printanier sur les collines provençales[1]. Maurras après ses récits de voyages revient dans son Ithaque, la Provence, mais celle-ci ne l'a en fait jamais quitté : où que Charles Maurras aille, sa référence demeure la terre de son enfance. Qu’il soit à Athènes, en Corse, ou en Toscane, tout lui est toujours comparé : les oliviers, les paysages, la lumière, l’architecture, les costumes locaux et les femmes. Anthinéa est une ode à la Provence, sa petite patrie. Après l’héritage civilisationnel et le legs spirituel, Maurras évoque avec la Provence un enracinement personnel et concret, l’amour d’une terre. Pour illustrer la filiation entre la Grèce et la Provence, Maurras achève Anthinéa par un dialogue avec un olivier, arbre commun à son pays et au Péloponnèse.

Héritage universel de la Grèce

L'ouvrage est un vaste chant d'amour à l'Attique, récit mêlé d'impressions esthétiques, d'évocation de paysages magnifiques ou de méditations sur la mort et le sens de la civilisation. Anthinéa présente des éléments de métaphysique où la nature est dominée par la quête de la mesure grecque et d'une échappatoire aux dilemmes de l'être. Dans sa préface, que Pierre Boutang jugeait « d'une écriture parfaite[3] Â», Maurras promet « une prose dont la pudeur [est] mesurée par toute une musique retenue Â». Maurras rêve d'écrire un traité « de la conformité du Valois et du Parisis avec l'Attique la plus pure Â», où il associerait Racine, Voltaire et La Fontaine.

Il voudrait retrouver l'art et la vie des Grecs « dans leur suite perpétuelle, à travers la mémoire et le culte du genre humain. Chacun s'arrête et puise à cette onde jeune et limpide, dont le murmure est divinement accordé à ce que l'homme universel a de plus profond. Parlant de Sophocle, Racine se borne pour toute louange à le mettre dans les imitateurs d'Homère. Que Racine a raison ! Gloire aux seuls homérides ! Ils ont surpris le grand secret qui n'est que d'être naturel en devenant parfait. Â»

Bien que ce ne soit pas un ouvrage politique, Maurras y formule certaines de ses intuitions politiques majeures, en opposant la sagesse de la philosophie politique des Grecs et leur pratique politique qui conduisit la démocratie athénienne à la catastrophe[1]. Il revient sur son voyage en Grèce de 1896 : « Mon ami Maurice Barrès s'est publiquement étonné que j'eusse rapporté d'Attique une haine aussi vive de la démocratie. Si la France moderne ne m'avait persuadé de ce sentiment, je l'aurais reçu de l'Athènes antique. La brève destinée de ce qu'on appelle la démocratie dans l'Antiquité m'a fait sentir que le propre de ce régime n'est que de consommer ce que les périodes d'aristocratie ont produit. La production, l'action demandait un effort puissant. La consommation est moins exigeante : le tumulte, ni la routine ne l'entrave beaucoup Â»[4].

Autour du livre

Le , le pape Pie XI ordonne la rupture des catholiques avec l'Action française et publie le décret de la congrégation de l'Index du qui condamne sept œuvres de Maurras dont Anthinéa[5].

Lien externe

Notes et références

  1. Stéphane Giocanti, Charles Maurras : le chaos et l'ordre, éd. Flammarion, 2006, p. 196.
  2. L'esthétique maurrassienne ou les métamorphose de l'atticisme par Martin Motte dans Charles Maurras (préf. Jean-Christophe Buisson), L'Avenir de l'intelligence et autres textes, Groupe Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 978-2-221-21928-7, lire en ligne), p. 119-121
  3. Pierre Boutang, Maurras, la destinée et l'œuvre, éd. La Différence, 1994, p. 149.
  4. Charles Maurras, Anthinéa, préface, p. VI.
  5. Jacques Prévotat, « La condamnation de l'Action française par Pie XI », Publications de l'École Française de Rome, vol. 223, no 1,‎ , p. 359–395 (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • Stéphane Giocanti (dir.), chap. 4 « Anthinéa, fleur du monde, printemps des pensées et des arts », dans Charles Maurras : le chaos et l'ordre, Paris, Flammarion, , 575 p. (ISBN 978-2-0812-2110-9, lire en ligne), p. 196-204
  • Bruno Goyet, « Récits d'enfance et de jeunesse dans l'Å“uvre de Charles Maurras, entre stigmatisation et revendication », Genèses, vol. 47, no 2,‎ (ISSN 1155-3219 et 1776-2944, DOI 10.3917/gen.047.0062, lire en ligne, consulté le )
  • Yves Chiron, « Marginales pour le chapitre XVI d'Anthinéa », Bulletin Charles Maurras, Niherne, no 23,‎
  • Etienne Maignan, « À propos d'une note de Julien Benda sur Anthinéa de Charles Maurras : ivresse classique ou romantisme de la raison ? », Autour de l'ivresse, Loren Gonzales and Marine Le Bail and Hannes de Vriese,‎ (lire en ligne, consulté le )
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