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Anthelme Richerand

Anthelme Louis Claude Marie Richerand, (connu également sous le prénom d'Anthelme-Balthasar) né le à Belley, mort le à Paris, est un chirurgien et physiologiste français, membre de l’Académie de médecine.

Anthelme Richerand
Portrait de Anthelme Richerand
Lithographie de Delpech, 1820
Biographie
Naissance
Belley
DĂ©cès (Ă  60 ans)
Paris et Villecresnes
SĂ©pulture Villecresnes
Nationalité Française
Thématique
Formation Lycée Lamartine et faculté de médecine de Paris
Profession Physiologiste (en) et chirurgien
Distinctions Chevalier de la Légion d'honneur‎ (d) (depuis )
Membre de Académie nationale de médecine (depuis ) et Académie des sciences de Turin (depuis le )

Biographie

Le père d’Anthelme-Balthasar Richerand était notaire et il avait lui-même succédé à quatre générations de notaires : il mourut prématurément alors que le jeune Anthelme était encore au berceau ; après quelques années de veuvage, sa mère se remaria.

Après des études au collège de Belley, où il fut le condisciple de Joseph Récamier, il gagna Paris pour entrer à l’École de Santé de Paris, créée depuis 1794 par la Convention nationale ; il se distingua bientôt parmi les nouveaux élèves par son talent de rédacteur et l’à-propos de ses remarques ; il rédigea d’ailleurs un opuscule intitulé Analyses raisonnées des leçons de ses maîtres.

Pour subvenir à ses besoins, il se fit professeur d’anatomie et de physiologie et il put, de la sorte, se passer de l’aide de sa famille ; il soutint sa thèse de doctorat en médecine, le .

Ayant échappé à son incorporation grâce à l’appui d’amis influents, il publia en l’an IX, à 22 ans, Les Nouveaux Éléments de physiologie, ouvrage qui eut dix éditions et fut traduit en plusieurs langues. Les élèves de Bichat, récemment décédé, critiquèrent sévèrement le traité de Richerand, simplement parce que ce dernier avait injustement mis en cause le Traité des Membranes de Bichat[1]. Cet ouvrage eut un énorme succès auprès des étudiants et des praticiens[2].

Le 28 frimaire de l’an IX, Richerand était nommé chirurgien adjoint de l’hospice du nord (aujourd’hui Hôpital Saint-Louis), puis, l’année suivante, chirurgien de seconde classe.

Entre 1805 et 1806, il fit paraître la première édition de sa Nosographie chirurgicale : dans cet ouvrage, il luttait avec violence pour établir la prépondérance de la chirurgie sur la médecine.

Le , il est nommé chirurgien major de la Garde de Paris, puis, par décret impérial, en 1807, titulaire de la chaire de pathologie chirurgicale. Plus préoccupé, à cette époque de sa vie, de sa carrière professionnelle que des événements politiques, il se lia néanmoins d’amitié avec Cabanis[3] et fréquenta avec lui la Société d'Auteuil.

Hôpital Saint-Louis, vue intérieure côté sud

À la chute de l’Empire en 1814, l’hôpital Saint-Louis fut converti en une vaste ambulance et Richerand soigna, avec énormément de dévouement les blessés français et étrangers décimés par une épidémie de typhus ; il en fut récompensé par des Lettres de noblesse, le , sous le règne de Louis XVIII ; il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur, en .

Entre 1815 et 1820, Richerand publia un certain nombre de travaux[4] qui contribuèrent à sa réputation, de sorte qu’en 1820, il fut désigné comme membre titulaire de l’Académie nationale de médecine, dans la section chirurgie.

En 1825, il prit l’initiative d’une « Histoire des progrès récents de la chirurgie », dans laquelle il eut le tort de livrer des attaques contre de nombreux chirurgiens français et spécialement contre Guillaume Dupuytren, qui occupait alors une place prééminente. La lutte se poursuivit à l’Académie et même à la Faculté de médecine jusqu’à l’invective, ce qui choqua la communauté médicale. À cela, s’ajouta sa prise de position enthousiaste en faveur de l’Angleterre et de ses savants[5], ce qui acheva de le déconsidérer aux yeux de ses confrères, mais également de l’opinion publique.

Chirurgien consultant des rois Louis XVIII puis Charles X, avec Alexis Boyer, il est fait Baron par ordonnance royale du ; il se détourna de l’exercice de sa profession pour se cantonner dans des études littéraires : il vivait la plus grande partie de l’année à sa campagne de Villecresnes et y recevait quelques membres de l’Académie française.

L'église Saint-Sulpice, milieu du XIXe siècle

À sa mort, en 1840, ses obsèques eurent lieu à Saint-Sulpice et il fut inhumé à Villecresnes ; selon son désir, aucun discours ne fut prononcé.

Marié à Élisabeth Martin de Gibergues, il eut une fille, Marie-Anthelmine, mariée à Eugène Cauchy, frère cadet du célèbre mathématicien Augustin Cauchy, et deux fils, Wladimir et Sosthène. Ce dernier fut maire de Villecresnes entre 1871 et 1912.

Joseph-Henri Réveillé-Parise (1782-1852) qui l’a bien connu en tant que membre de l’Académie de médecine a un jugement sans nuance[6] : « Doué pour arriver à la célébrité, il a été arrêté de bonne heure par la jalousie vis a vis des chirurgiens occupant le premier rang de la scène scientifique : il n’a recueilli que la mélancolie, le pessimisme et le découragement auxquels on peut attribuer les sentiments peu honorables qu’il a professé sur son pays ; s’il fut un opérateur habile, il ne put jamais atteindre à la grande notoriété chirurgicale. »

Reconnaissons lui au moins une grande habileté comme écrivain et finalement d’avoir été plus un vulgarisateur qu’un novateur.

Hommages

Son buste au Musée des Moulages.

Une avenue de Paris, dans le quartier de l’Hôpital Saint-Louis, porte son nom depuis 1851[7].

Un boulevard et une impasse de la commune de Villecresnes portent Ă©galement le nom de Richerand.

Ĺ’uvres et publications

  • Ambroise ParĂ©, le Plutarque français, [s.n.], 1815-1825, lire en ligne sur Gallica.
  • Dissertation anatomico-chirurgicale sur les fractures du col du fĂ©mur, Crapelet (Paris), 1799, Texte intĂ©gral.
  • Nouveaux Ă©lĂ©mens de physiologie, Paris, (1801).
  • Nouveaux Ă©lĂ©mens de physiologie, (1802), Texte intĂ©gral de la treizième Ă©dition, H. Dumont, Bruxelles, rĂ©Ă©d. 1837.
  • Nosographie chirurgicale, Crapart, Caille et Ravier (Paris), 1805, (2 vol.).
  • Des Erreurs populaires relatives Ă  la mĂ©decine, Impr. de Crapelet (Paris), 1810, Texte intĂ©gral de la deuxième Ă©dition de 1812.
  • Nosographie chirurgicale, ou nouveaux Ă©lĂ©mens de pathologie, Caille & Ravier, Paris, 1815 , Texte intĂ©gral de la quatrième Ă©dition du tome quatrième.
  • Des erreurs populaires Ă  la mĂ©decine (1809), Caille & Ravier, Paris, deuxième Ă©dition 1815, Texte intĂ©gral.
  • De l'enseignement actuel de la mĂ©decine et de la chirurgie (1816).
  • Histoire d'une rĂ©section des cĂ´tes et de la plèvre, [Thèse], Caille et Ravier (Paris) , 1818.
  • Histoire des progrès rĂ©cens de la chirurgie , BĂ©chet jeune (Paris), 1825, lire en ligne sur Gallica et C.J. De Mat fils et H. Remy (Bruxelles), 1825, Texte intĂ©gral.
  • «Des officiers de santĂ© et des jurys mĂ©dicaux», 1834. [Compte-rendu anonyme dans: La Gazette mĂ©dicale, tome 2, 2e sĂ©rie, 5, 1834, p. 66-69 Texte intĂ©gral.
  • De la population dans ses rapports avec la nature des gouvernements (1837).
En collaboration
  • LecĚśons sur les maladies des os, [rĂ©digĂ©es en un traitĂ© complet de ces maladies par Anth. Richerand], avec Alexis Boyer, Mignerat (Paris) , 1803.
  • Histoire d'une rĂ©section des cĂ´tes et de la plèvre, avec Joseph François Louis Deschamps, Caille et Ravier (Paris), 1818.

Notes et références

  1. « ... je rejette ce livre avec dépit parmi les ouvrages qui ne font que grossir le volume de la science, sans en augmenter le trésor ; … j’ai cru devoir à la vérité de publier que cet ouvrage ne contient d’idées nouvelles que pour ceux qui les ignorent
  2. » « Nos années scolaires ont été comme embellies et charmées par la lecture de cet ouvrage ; c’était pour nous comme une séduisante introduction à l’étude austère de la Médecine.. Dans quelle ville de province, dans quelle École Secondaire, si éloignée qu’elle fut de Paris, le nom de Richerand n’est-il pas connu ou évoqué… » Frédéric Dubois (dit d’Amiens)
  3. (dont il préfaça un ouvrage) Du Degré de certitude de la médecine, par P.-J.-G. Cabanis,... précédée de l'éloge de M. Cabanis, par M. le chevalier Richerand,... Paris : Caille et Ravier, 1819
  4. De l’enseignement actuel de la Médecine et de la Chirurgie, Des erreurs populaires relatives à la Médecine,
  5. " la part que les chirurgiens anglais peuvent revendiquer est la plus considérable ; ce sera sous le nom de chirurgie anglaise que se fera l’histoire de la chirurgie actuelle "
  6. (Gazette médicale de Paris 1841)
  7. DĂ©cision du 7 mai 1851, voie ouverte en 1836 sous le nom d'avenue de l'HĂ´pital Saint-Louis.

Bibliographie

  • Richerand (Anthelme-Balthasar) , in: Dictionnaire encyclopĂ©dique des sciences mĂ©dicales. Troisième sĂ©rie, Q-T. Tome cinquième, RHU-RYT, publ. sous la dir. A. Dechambre [puis de] L. Lereboullet, L. Hahn secrĂ©taire de la dir. [puis] directeur-adjoint, G. Masson puis Asselin (Paris), 1874-1885, p. 21-24 lire en ligne sur Gallica.
  • «Richerand Anthelme», in:Biographie mĂ©dicale par ordre chronologique, d'après Daniel Leclerc, Eloy, mise dans un nouvel ordre, revue et complĂ©tĂ©e par MM. Bayle et Thillaye, Delahays (Paris), 1855, T. 2, p. 913-915 lire en ligne sur Gallica.
  • I. de Fourmestraux, Histoire de la chirurgie française, 1798-1920, Paris, 1934.
  • P. Busquet, Biographies mĂ©dicales no 2, .
  • Dictionnaire universel d’histoire et de gĂ©ographie, 1878, sous la dir. de Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang.
  • FrĂ©dĂ©ric Dubois, « Éloge de Richerand », MĂ©moires de l’AcadĂ©mie de MĂ©decine, Didier (Paris), 1864, Texte intĂ©gral.
  • Jean-Louis-Hippolyte Peisse: «M. Richerand», in: Les mĂ©decins français contemporains, Gabon (Paris), 1827, p. 146-66, Texte intĂ©gral.
  • L. P.: «M. Richerand», in: Le Mercure de France au dix-neuvième siècle, Mercure de France (Paris), 1828, Volume 20, p. 65-69, 185-90, 323-30, Texte intĂ©gral.

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