AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Anomalie de survol planétaire

L’anomalie de survol est une incohĂ©rence entre les modĂšles scientifiques et les augmentations rĂ©elles de vitesse (une augmentation de l’énergie cinĂ©tique, par exemple) observĂ©e au cours d’un survol planĂ©taire (le plus souvent, il s'agit de la Terre) par un vaisseau spatial. En de nombreuses occasions, on a observĂ© que des vaisseaux prenaient plus de vitesse que les scientifiques ne l’avaient prĂ©dit, et jusqu’à ce jour, aucune explication satisfaisante n’a Ă©tĂ© trouvĂ©e. Cette anomalie a Ă©tĂ© relevĂ©e par des dĂ©calages Doppler dans la bande S et dans la bande X, ainsi que par tĂ©lĂ©mĂ©trie laser. Tout pris en compte, cela produit une augmentation de vitesse inexpliquĂ©e allant jusqu’à 13 mm/s au cours de ces survols[1].

Observations

Les explorations du systĂšme solaire ont systĂ©matiquement recours Ă  l’assistance gravitationnelle. Le succĂšs de ces manƓuvres de survol dĂ©pend des paramĂštres prĂ©cis de la trajectoire, c’est pourquoi la position et la vitesse du vaisseau sont relevĂ©es en permanence pendant le survol d’une planĂšte par le Deep Space Network (DSN, rĂ©seau de communications avec l'espace lointain).

Représentation des anomalies pendant le survol terrestre de NEAR

On a observĂ© une premiĂšre anomalie de survol grĂące Ă  une Ă©tude attentive des donnĂ©es DSN par Doppler peu aprĂšs le survol de la Terre par la sonde Galileo le . Alors que ce qui est appelĂ©e diffĂ©rence Doppler (valeur observĂ©e moins valeur calculĂ©e par ordinateur), devait ĂȘtre nulle, l’analyse a rĂ©vĂ©lĂ© une diffĂ©rence inattendue de 66 mHz ce qui correspond Ă  une augmentation de vitesse de 3,92 mm/s au pĂ©rigĂ©e. Les recherches menĂ©es sur cette anomalie par le Jet Propulsion Laboratory (JPL), le Centre de vol spatial Goddard (GSFC) et par l’UniversitĂ© du Texas n’ont encore dĂ©bouchĂ© sur aucune explication satisfaisante.

Aucune anomalie de ce type n'a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e aprĂšs le deuxiĂšme survol de la Terre par la sonde Galileo, en , oĂč la diminution de la vitesse mesurĂ©e correspondait Ă  celle attendue du fait de la traĂźnĂ©e atmosphĂ©rique Ă  la plus basse altitude de 303 km. Cependant, les estimations de traĂźnĂ©e avaient de grandes barres d'incertitude, et une accĂ©lĂ©ration anormale ne pouvait donc pas ĂȘtre exclue[2].

Le , la vitesse de la sonde spatiale NEAR (Near Earth Asteroid Rendezvous) a augmentĂ© anormalement de 13,46 mm/s aprĂšs sa rencontre avec la Terre. La sonde Cassini–Huygens a gagnĂ© environ 0,11 mm/s en et Rosetta, 1,82 mm/s aprĂšs son survol de la Terre en .

Une analyse de la sonde spatiale MESSENGER (qui Ă©tudie Mercure) n'a rĂ©vĂ©lĂ© aucune augmentation significative de la vitesse attendue. Cela peut ĂȘtre dĂ» au fait que MESSENGER s’est approchĂ© et a quittĂ© la Terre de maniĂšre symĂ©trique par rapport Ă  l’équateur (voir les donnĂ©es et l’équation proposĂ©e ci-dessous). Ceci suggĂšre que l'anomalie pourrait ĂȘtre liĂ©e Ă  la rotation de la Terre.

En , l'engin spatial Rosetta de l'ESA a été suivi de prÚs pendant son survol terrestre en mesurant précisément sa vitesse, ceci afin de rassembler des données supplémentaires sur l'anomalie, mais aucune anomalie significative n'a été trouvée[3] - [4].

Le survol terrestre de Juno en 2013, en chemin pour Jupiter, n'a donné aucune accélération anormale[5].

En 2018, une analyse minutieuse de la trajectoire de l’astĂ©roĂŻde interstellaire 1I/Ê»Oumuamua a rĂ©vĂ©lĂ© un lĂ©ger excĂšs de vitesse lorsqu’il s’éloignait du Soleil. Les spĂ©culations initiales ont suggĂ©rĂ© que l'anomalie Ă©tait due au dĂ©gazage, bien qu'aucun n'ait Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e[6].

Un résumé pour quelques engins spatiaux ayant survolé la Terre est présenté dans le tableau ci-dessous[3] - [7].

Quantity Galileo-I Galileo-II NEAR Cassini Rosetta-I MESSENGER Rosetta-II Rosetta-III Juno Hayabusa 2 OSIRIS-REx[8]
Date 1990-12-08 1992-12-08 1998-01-23 1999-08-18 2005-03-04 2005-08-02 2007-11-13 2009-11-13 2013-10-09 2015-12-03 2017-09-22
Vitesse de libération, km/s 8.949 8.877 6.851 16.01 3.863 4.056 4.7
Vitesse au pĂ©rigĂ©e, km/s 13.738 — 12.739 19.03 10.517 10.389 12.49 13.34 10.3 8.5
ParamĂštre d'impact, km 11261 12850 8973 22680.49 22319
altitude minimale, km 956 303 532 1172 1954 2336 5322 2483 561[9] 3090[10] 17237
Masse de la sonde, kg 2497.1 730.40 4612.1 2895.2 1085.6 2895 2895 ~2720 590
Inclinaison orbitale sur l'équateur, degrés 142.9 138.9 108.8 25.4 144.9 133.1
Angle de déflection, degrés 47.46 51.1 66.92 19.66 99.396 94.7 80
IncrĂ©ment de vitesse de libĂ©ration, mm/s 3.92±0.08 −4.60±1.00 13.46±0.13 −2±1 1.82±0.05 0.02±0.01 ~0 ~0 0±0.8[5] ? ?
IncrĂ©ment de vitesse au pĂ©rigĂ©e, mm/s 2.56±0.05 7.21±0.07 −1.7±0.9 0.67±0.02 0.008±0.004 ~0 −0.004±0.044 ? ?
Gain d'énergie, J/kg 35.1±0.7 92.2±0.9 7.03±0.19 ? ?

Recherches futures

BepiColombo et ses survols terrestres, prévus pour , font partie des missions à venir à ce sujet.

Certaines missions conçues pour Ă©tudier la gravitĂ©, telles que STEP, effectueront une mesure de la gravitĂ© extrĂȘmement prĂ©cise et pourraient Ă©claircir l'anomalie[11].

Équation proposĂ©e

Une équation empirique pour le changement anormal de vitesse de survol a été proposée par JD Anderson et al .:

oĂč ωE est la frĂ©quence angulaire de la Terre, RE est le rayon de la Terre et φi and φo sont les angles Ă©quatoriaux entrant et sortant de l'engin spatial[12]. Cette formule a Ă©tĂ© dĂ©rivĂ©e plus tard par Jean Paul Mbelek de la relativitĂ© restreinte, conduisant Ă  l’une des explications possibles de l’effet[13]. Cela ne prend toutefois pas en compte les Ă©carts relevĂ©s par l'USSSN - voir "Explications possibles" ci-dessous.

Explications possibles

Un certain nombre d'explications ont été proposées concernant l'anomalie de survol, notamment :

  • L'effet Doppler transversal non pris en compte - c'est-Ă -dire le dĂ©calage vers le rouge de la lumiĂšre reçue due une vitesse radiale nulle et une vitesse tangentielle non nulle[13]. Cependant, cela ne peut pas expliquer l'anomalie dans toute la gamme des donnĂ©es disponibles.
  • L'impact de la relativitĂ© gĂ©nĂ©rale, sous sa forme linĂ©arisĂ©e et Ă  champ faible, produisant des phĂ©nomĂšnes gravitoĂ©lectriques et gravitomagnĂ©tiques dus Ă  l'Effet Lense-Thirring, a Ă©galement Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©[16] : cela n'a pas expliquĂ© les anomalies de survol.
Plage des écarts pour le survol de NEAR relevés par le USSSN
  • L'excĂšs de retard proportionnel Ă  la portĂ©e du signal de tĂ©lĂ©mesure rĂ©vĂ©lĂ© par les donnĂ©es de distance du rĂ©seau de surveillance spatiale des États-Unis lors du survol de NEAR[18]. Ce retard, qui tient compte de l'anomalie dans les donnĂ©es Doppler et de distance, ainsi que des oscillations Doppler restantes, Ă  10-20% prĂšs, indique des modes de modulation de frĂ©quence en rĂ©ception dus au taux Doppler, prĂ©disant une anomalie positive uniquement lorsque le suivi par DSN est interrompu autour du pĂ©rigĂ©e, et une anomalie nulle ou nĂ©gative si le suivi est effectuĂ© en continu. Aucune anomalie ne devrait survenir en Doppler suivi par des stations non DSN[19].
  • L'action d'un courant de torsion topologique prĂ©disant des anomalies de survol dans la direction rĂ©trograde, mais avec effet nul lorsque des engins spatiaux s'approchent de la planĂšte dans une direction posigrade par rapport au sens de rotation de la planĂšte[20].
  • L'Ă©tude du survol de Juno a permis d'examiner les erreurs d'analyse qui pourraient potentiellement ressembler Ă  une anomalie du survol. Ils ont constatĂ© qu'un champ de gravitĂ© de haute prĂ©cision (au moins 50×50 degrĂ©s/ordre [ prĂ©ciser ]) Ă©tait nĂ©cessaire pour des prĂ©visions de survol prĂ©cises. L'utilisation d'un champ de gravitĂ© de moindre prĂ©cision gĂ©nĂ©rerait une erreur de vitesse de 4,5 mm/s[5].

Notes et références

  1. « ESA's Rosetta spacecraft may help unravel cosmic mystery », European Space Agency, (consulté le )
  2. C, Edwards, J. Anderson, P, Beyer, S. Bhaskaran, J. Borders, S. DiNardo, W. Folkner, R. Haw, S. Nandi, F. Nicholson, C. 0ttenhoff, S. Stephens, « TRACKING GALILEO AT EARTH-2 PERIGEE USING THE TRACKING AND DATA RELAY SATELLITE SYSTEM », . Les deux mĂ©thodes de mesure ont donnĂ© des ajustements similaires aux donnĂ©es. Avec une incertitude de huit pour cent, les deux mĂ©thodes ont entraĂźnĂ© une diminution de la vitesse sur la trajectoire de −5,9 ± 0,2 mm / s. Les prĂ©visions Ă  priori pour le changement de vitesse induit par la traĂźnĂ©e, basĂ©es sur le modĂšle de Jacchia-Roberts, Ă©taient de −6,2 ± 4O mm / s [5], ce qui concorde clairement avec le changement de vitesse observĂ©. En revanche, les donnĂ©es DSN du survol de la Terre de dĂ©cembre 1990, Ă  956 km d'altitude, indiquaient une augmentation inexpliquĂ©e de la vitesse sur la trajectoire de 4 mm / s, aprĂšs prise en compte des effets de traĂźnĂ©e beaucoup moins importants. Compte tenu de l'incertitude des modĂšles de traĂźnĂ©e, nous ne pouvons pas exclure de maniĂšre concluante la possibilitĂ© qu'une augmentation similaire se produise Ă  la Terre 2. Par exemple, une augmentation non modĂ©lisĂ©e de 4 mm / s et une diminution de la traĂźnĂ©e de -10 mm / s seraient compatibles avec nos rĂ©sultats. et notre modĂšle atmosphĂ©rique a priori.
  3. « Mystery remains: Rosetta fails to observe swingby anomaly » [archive du ], ESA
  4. (en) J. Biele, « Navigation of the interplanetary Rosetta and Philae spacecraft and the determination of the gravitational field of comets and asteroids », (consulté le )
  5. Thompson, Paul F., Matthew Abrahamson, Shadan Ardalan et John Bordi « Reconstruction of Earth flyby by the Juno spacecraft. » () (lire en ligne)
    —24th AAS/AIAA Space Flight Mechanics Meeting
  6. Is the Interstellar Asteroid Really a Comet?
  7. (en) John D. Anderson, James K. Campbell et Michael Martin Nieto, The energy transfer process in planetary flybys, New Astronomy, (Bibcode 2007NewA...12..383A, arXiv astro-ph/0608087), p. 383–397
  8. Stephen Clark, « OSIRIS-REx asteroid mission receives gravitational boost from planet Earth », Spaceflight Now,
  9. NASA’S JUNO SPACECRAFT RETURNS 1ST FLYBY IMAGES OF EARTH WHILE SAILING ON TO JUPITER
  10. Hayabusa2 Earth Swing-by Result
  11. Jorge PĂĄramos et G. Hechenblaikner, « Probing the Flyby Anomaly with the future STE-QUEST mission », Planetary and Space Science, vol. 79-80,‎ , p. 76–81 (DOI 10.1016/j.pss.2013.02.005, Bibcode 2013P&SS...79...76P, arXiv 1210.7333)
  12. Anderson, « Anomalous Orbital-Energy Changes Observed during Spacecraft Flybys of Earth », Phys. Rev. Lett.,‎ (DOI 10.1103/physrevlett.100.091102, lire en ligne)
  13. (en) Auteur inconnu, « Special relativity may account for the spacecraft flyby anomalies », .
  14. (en) S.L.Adler, « Can the flyby anomaly be attributed to Earth-bound dark matter? », Physical Review D,‎ (lire en ligne)
  15. (en) M. E. McCulloch, « Modelling the flyby anomalies using a modification of inertia », MNRAS Letters,‎ (lire en ligne)
  16. (en) L. Iorio, « The Effect of General Relativity on Hyperbolic Orbits and Its Application to the Flyby Anomaly », Scholarly Research Exchange,‎ (lire en ligne)
  17. http://www.ptep-online.com/2013/PP-33-01.PDF - Causal Version of Newtonian Theory by Time–Retardation of the Gravitational Field Explains the Flyby Anomalies
  18. Peter G. Antreasian et Joseph R. Guinn « Investigations into the Unexpected Delta-V Increase During the Earth Gravity Assist of GALILEO and NEAR » () (lire en ligne, consulté le )
    —AIAA/AAS Astrodynamics Specialist Conf. and Exhibition
  19. (en) V. Guruprasad, « Observational evidence for travelling wave modes bearing distance proportional shifts », EPL,‎ (lire en ligne)
  20. (en) Mario J. Pinheiro, « Some effects of topological torsion currents on spacecraft dynamics and the flyby anomaly », MNRAS,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.