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Anguilla obscura

L'anguille sombre ou anguille de vase (Anguilla obscura), en anglais Pacific shortfinned eel (anguille du Pacifique à petite queue) est une des espèces anguilliforme de la famille des anguillidés que l'on retrouve en Océanie. C'est une espèce peu étudiée et encore mal connue[1].

Répartition

L'anguille sombre est présente sur une zone allant de l'Australie jusqu'aux îles de la Société[2], en passant par la Nouvelle-Guinée occidentale[2], la Nouvelle-Calédonie[3], Fidji[1], le Vanuatu[4], Wallis-et-Futuna[5] et les îles Cook[6]. En 1957, un spécimen a été observé dans la rivière Mgqakwebe en Afrique du Sud[7].

Caractéristiques

Apparence et taille

L'anguille sombre est proche de l'anguille d'Australie et de l'anguille bicolore, mais s'en distingue par le nombre de vertèbres[2]. Les civelles sont transparentes et mesurent en moyenne 50 millimètres de long ; à l'âge adulte, elle est d'apparence foncée[8]. La plus grande anguille sombre (126 cm) a été observée dans le lac Letas au Vanuatu[4].

Reproduction

Le lieu de reproduction de ces anguilles est méconnu. Une étude de 1991 estime qu'il est situé au nord de Tahiti, sans doute à l'est des îles Marquises ; elles voyagent ensuite vers l'ouest du Pacifique en empruntant le courant équatorial sud[6].

Habitat

L'anguille sombre habite principalement dans des rivières, lacs et lagons avant de rejoindre l'océan Pacifique pour se reproduire. Elle est décrite comme « lourde [et] peu mobile »[8] et à Tahiti, elle « se cantonne dans les eaux douces et dormantes du littoral »[8].

Elle cohabite avec d'autres espèces sur la même zone en Océanie, mais ces espèces se répartissent en fonction de la profondeur : dans les rivières, anguilla megastoma occupe les eaux de surface, la grande anguille marbrée le milieu tandis que l'anguille sombre réside dans fond[9].

Certaines anguilles migrent dans des lacs à l'état de civelles et ne peuvent plus en sortir ensuite. C'est le cas par exemple à Tahiti dans le lac Vaihiria[8]. « Comme ces Anguilles sont prisonnières, elles ne migrent pas et il est probable que chaque année la formation des gonades soit suivie d'une régression »[8].

À Wallis-et-Futuna, les jeunes civelles rejoignent le lac Lalolalo depuis le littoral en parcourant des failles dans la roche. Elles vivent ensuite dans le lac jusqu'à l'âge adulte, ne pouvant plus en sortir[10]. Dans la religion wallisienne traditionnelle, ces grandes anguilles étaient associées à des divinités et étaient nourries par la population[11].

Une situation similaire se retrouve dans le lac Te Rotonui sur l'île de Mitiaro dans les îles Cook, où les anguilles arrivent à travers des connexions souterraines depuis l'océan Pacifique[6].

En milieu océanique, les anguilles sombres vivent à plusieurs centaines de mètres de profondeur, notamment pour éviter d'être vues par leurs prédateurs comme le thon obèse, l'espadon ou les requins[4]. La plupart des autres espèces d'anguilles du Pacifique (anguilla marmorata et anguilla megastoma) sont même sensibles aux cycles de la Lune : la pleine Lune éclaire en effet davantage les eaux, et ces anguilles plongent plus profondément[4]. Ces anguilles doivent néanmoins remonter plus haut, dans des eaux plus chaudes, pour assurer un métabolisme correct[4].

Régime alimentaire

Les civelles de l'anguille sombre se nourrissent de larves de crevettes macrobrachium[8]. Les spécimens adultes se nourrissent de poissons (comme le tilapia[6]), crustacés et mollusques[2] ainsi que des larves d'insectes aquatiques (diptères, lépidoptères)[8].

Références

  1. (en) C. A. Hewavitharane, T. D. Pickering, R. Ciro et N. Mochioka, « Species composition, abundance and seasonal recruitment patterns of freshwater eels (Anguilla spp.) to Viti Levu, Fiji Islands, in the western South Pacific », Marine and Freshwater Research, vol. 69, no 11, , p. 1704–1711 (ISSN 1448-6059, DOI 10.1071/MF18105, lire en ligne, consulté le )
  2. « Anguilla obscura, Pacific shortfinned eel : fisheries », sur fishbase.mnhn.fr (consulté le )
  3. « Anguilla obscura Günther, 1872 », sur endemia.nc (consulté le )
  4. (en) R Schabetsberger, F Økland, K Aarestrup et D Kalfatak, « Oceanic migration behaviour of tropical Pacific eels from Vanuatu », Marine Ecology Progress Series, vol. 475, , p. 177–190 (ISSN 0171-8630 et 1616-1599, DOI 10.3354/meps10254, lire en ligne, consulté le )
  5. « Sept lacs d’Uvéa – Pôle-relais Zones Humides Tropicales » (consulté le )
  6. (en-US) D. J. Jellyman, « Biology of the Shortfinned Eel Anguilla obscura in Lake Te Rotonui, Mitiaro, Cook Islands », Pacific Science, vol. 45, no 4, (ISSN 0030-8870, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) R. A. Jubb, « The Freshwater Eel Anguilla obscura Gunther, 1871, in Southern Africa », Nature, vol. 180, no 4596, , p. 1216–1216 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/1801216a0, lire en ligne, consulté le )
  8. Gérard Marquet et Pierre Lamarque, « ACQUISITIONS RÉCENTES SUR LA BIOLOGIE DES ANGUILLES DE TAHITI ET DE MOOREA (POLYNÉSIE FRANÇAISE) : A. marmorata, A. megastoma, A. obscura Récent data on eel biology of Tahiti and Moorea islands (French Polynesia) : A. marmorata, A. megastoma, A. obscura », Vie et Milieu / Life & Environment, , p. 311 (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Mari Kuroki, Michael J. Miller, Eric Feunteun et Pierre Sasal, « Distribution of anguillid leptocephali and possible spawning areas in the South Pacific Ocean », Progress in Oceanography, vol. 180, , p. 102234 (ISSN 0079-6611, PMID 33184522, PMCID PMC7116347, DOI 10.1016/j.pocean.2019.102234, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Gilles Bareille, Pierre Sasal, Nathalie Mary, F.J. Meunier, M.H. Deschamps, S. Berail, C. Pecheyran et Raymonde Lecomte-Finiger, « Are elemental and strontium isotopic microchemistry of otolith and histomorphometrical characteristics of vertebral bone useful to resolve the eel angilla obscura status in Lalolalo lake in Wallis Island ? », Vie et Milieu, (résumé, lire en ligne)
  11. Hélène Guiot, « Forêt taboue et représentations de l'environnement à 'Uvea (Wallis). Approche ethno-archéologique », Journal de la Société des Océanistes, vol. 107, no 2, , p. 179–198 (DOI 10.3406/jso.1998.2057, lire en ligne, consulté le )
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