André Prodhomme
André Prodhomme, né en 1949 à Paris, est un écrivain et poète français. Éducateur spécialisé, il a dirigé dans les Yvelines, de 1992 à 2006, un foyer de vie pour personnes autistes. Il publie régulièrement dans la revue des CEMEA, VST (Compétences collectives et projet pour autiste, no 87, Le Gamin de Paris, figure de la Réhabilitation, no 94, laicité(s) et éducation spécialisée, no 100). En 2008, dans l'ouvrage collectif Passeurs d'humanité publié par les éditions Erès sous la direction de Loïc Andrien, il a raconté comment s'est structuré un parcours de poète et d'éducateur de 1970 à 2006.
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Le poète
Il est l'auteur de huit recueils de poésie, dont le dernier Poèmes accordés, lettre à Laurent ( Librairie-Galerie Racine, collection les Hommes sans épaules, 2013) est composé de poèmes jazzy écrits pour le pianiste Laurent Epstein et est accompagné d'une réédition de L'innocence avec rage[1]. L'avant dernier Il me reste la rivière est accompagné d'un texte L'émeute, gravé sur disque, dit par le comédien Philippe Valmont et accompagné par les improvisations du pianiste Laurent Epstein (coédité par les Éditions du Vertige et la Librairie-Galerie Racine, 2009). Pour ce poème-jazz sur disque, il a obtenu en le Prix Coup de Cœur de l'Académie Charles-Cros dans la catégorie Parole enregistrée[2].
Présent dans différentes revues (Au cri d'os, Souffles, Les Hommes sans épaules, À l'index, Nouvelle Tour de Feu, La main millénaire, Les cahiers du sens) et en anthologies (Éros en poésie, Librairie-Galerie Racine, 2002,Poésie, émotion en liberté, 2008, Seghers, L'année poétique 2009, Les Riverains du Feu, avec Christophe Dauphin (poète), Le Nouvel Athanor, 2009), " L' L'Athanor des poètes" - 1991 -2011, Le Nouvel Athanor, 2011, Ouvrir le XXIe siècle, 80 poètes québécois et français, Moebius et les Cahiers du Sens, 2013)
Il a présidé l'Arche 23, l'association de poètes de la Librairie-Galerie Racine, dont il a donné une anthologie exhaustive et remarquée : "La Pampa de l'absolu". Il anime, notamment à l'Entrepôt, des rencontres au service de la poésie contemporaine.
Trois poèmes
Les Folles choses de la vie À Maguy'
'
Là dans le métro
Dans ce bouillon d’émotions
OĂą les sueurs du monde se contredisent
Venu d’un couloir un saxophone en souffrance
Petit frère incertain de Lester Young
Le musicien on l’appelle
Plus qu’il nous appelle
Est-ce la bonne Saison
Mais je n’ai pas le choix
Voici Prez[1]
Sa précise nonchalance
Saxo ténor voix parallèle
Il faut une dame qui chante comme il joue
Une belle fille monte
Elle a un gardénia à l’oreille
Nous sommes sur les rails
Dans une maison commune
Paris – Saint-Michel - New york -52ème rue
Ma mère et Billie Holiday ont 22 ans
Les portières vibrent
Les roues crissent
Les passagers se succèdent
Gigotent
Se trémoussent
Mais pour honorer les folles choses de la vie
Tordre les barreaux
Il faut trouver le bon studio d’enregistrement
Arriver Ă temps le
Avoir le juste abandon
Le mouvement doit ĂŞtre decrescendo
Le roulis se faire chuchotement
Ă€ chaque station
Tel passager descend
Tel autre monte
Selon une horlogerie précise
Dont je pressens
Qu’elle exige comme Lester Young à son meilleur
Une totale liberté d’improvisation
[1] Prez, diminutif de Président, surnom donné à Lester Young par Billie Holiday en réponse au Lady Day, que lui-même avait donné à son amie.
Monk
Quand j’approche d’un disque de Monk
J’arrive toujours de loin
Je réponds à un appel
Venu comme une averse
Les doigts du pianiste me maintiennent
Impossible de tenter une fuite
Mais je ne le veux pas
Je dois Ă©couter avec franchise
Deviner la porte entrouverte
Dans cette histoire-lĂ
Chacun est l’intime de l’autre
Monk
Le pianiste
L’oreille
Chacun sa fonction
(
André Prodhomme, Poèmes accordés, lettre à Laurent, LGR 2013)
L'ExtrĂŞme
Cette grâce de l'excès
Des oiseaux de montagne
Il contemple avec hauteur le mystère du vivant
Là où l'air est rare et la lumière d'acier
Il goûte l'extrême cet entre-deux
Et frôle le couloir de l'illimité
Il revient de son expérience
Ailes déployées
Orgueilleux et libre
Sauvage et souverain
En ville il me croise
Me voit en déséquilibre
Et sait que je suis son ombre
Dans la couleur des merles
— André Prodhomme, coécrit avec Jean-Claude Tardif, LGR, 2003
Bibliographie
- Au Soleil d'Or (Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1983)
- Poèmes Ferroviaires (Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1986)
- Surtout quand je n'ai pas soif (Autres rives, 1989)
- L'innocence avec rage (Les hommes sans Ă©paules, 1996)
- Poèmes fatigués (La Bartavelle éditeur, 2000)
- Dans la couleur des merles - en collaboration avec Jean-Claude Tardif (Librairie-Galerie Racine, 2003)
- Il me reste la rivière (Librairie-Galerie Racine, 2009) accompagné du disque l'émeute
- Poèmes accordés, lettre à Laurent, Préface de Christophe Dauphin : La poésie pour vivre d'André Prodhomme (Librairie-Galerie Racine, collection Les hommes sans épaules, 2013)
Notes et références
- Critiques
" Des poèmes à vivre, des poèmes de l'humain. Un poète qui porte le feu de la nuit. Du grand art ! A lire absolument. " Revue la main millénaire n°5, 2013. " Ces textes d'André Prodhomme, d'une écriture limpide, au sens directement accessible, aident à Boire un verre entre vieux copains / Tendre l'oreille à un vieux phono / Sourire à un étranger / Sans trop de manières.Cette manière d'apostropher son prochain n'aime pas la tisane, mais plutôt l'Armagnac fort de l'humanisme fraternel ! Les mots osent ici la liberté et la magie, fredonnent à l'oreille du cœur, cherchent en douceur à laisser filer le silence. Cette poésie est arc-en-ciel dont on se souvient longtemps. " Jean-Luc Maxence (in revues Les Cahiers du Sens, 2013). " Les Poèmes accordés, lettre à Laurent (Epstein, pianiste de jazz), suivi de l’Innocence avec rage, m’a permis de renouer avec le jazz qui a hanté mes années d’errance dans un Bruxelles où cette musique était presque une signature de la ville avec Django, Jean Omer ou Fud Candrix… André Prodhomme, passionné d’une génération encore plus proche, avec Coltrane et Miles Davis, fait suivre ces premiers textes de deux autres ensembles : Poèmes à vivre et Un peu d’innocence se vole avec rage, qui auraient pu dignement figurer dans le titre. C’est que mes souvenirs, avec les rencontres des surréalistes bruxellois et le groupe Cobra font partie de cette part importante de ma vie où je naviguais sans visibilité au travers des sons et de ma parole en ne refusant aucune marginalité si elle restait musicale et créatrice. Et j’ai peu changé. Prodhomme lui aussi écrit et criez ses textes comme un saxo chante. Dauphin présente le tout avec rage." Paul Van Melle (in Inédits Nouveau n°264, La Hulpe, Belgique, ).
- « Un poème jazz : voix grave et faussement enjouée et piano nu et rythmique s’accordent à merveille à cette écriture qui joue de la fantaisie et de la gravité, narrant les (més)aventures d’un dénommé « poète », convoquant Lester Young, Rimbaud, Frédéric Jacques Temple, Thelonius Monk et bien d’autres encore. », Palmarès Coup de cœur de l'Académie Charles Cros,‎ (lire en ligne).