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André Mailfert

André Lucien Mailfert est un industriel, ébéniste, peintre, écrivain, né le à Paris et mort le aux Mées (Alpes-de-Haute-Provence).

André Mailfert
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  58 ans)
Les MĂ©es
Nom de naissance
André Lucien Mailfert
Nationalité
Activité

Biographie

André Mailfert est né le dans le 11e arrondissement de Paris[1]. Il a créé à Orléans en 1904 une entreprise fabriquant de faux meubles anciens[2].

Il compte parmi les faussaires en meubles les plus connus, parce qu’il a raconté sa vie dans un livre de mémoires, où il avoue avoir produit de toutes pièces de faux meubles anciens, sur une grande échelle, et dans l’intention délibérée de permettre à ses clients de tromper leurs propres clients, antiquaires et collectionneurs. Il avait compris qu'en matière de meubles anciens, une patine subtilement travaillée et appliquée sur des meubles réalisés selon les techniques traditionnelles de l'ébénisterie et des bois anciens, rendait difficile voire impossible la distinction entre vrai et faux.

André Mailfert a aussi été dans les années 1910 le président de l'aéroclub d'Orléans. À ce titre il a organisé plusieurs meetings aériens à l'aérodrome des Groues au nord d'Orléans. Aviateur lui-même, il a rendu hommage aux pilotes qui se sont illustrés pendant la Première Guerre mondiale dans un recueil de poèmes intitulé Les Aigles, préfacé par Edmond Rostand. Il est le frère du lieutenant Georges Mailfert, un des pionniers de l'aviation militaire, qui a donné son nom à la base aérienne DA 273 à Romorantin (41).

Un faussaire célèbre

Il raconte, dans son livre de souvenirs Au Pays des antiquaires, comment, avec les quelque deux cents ébénistes, menuisiers, doreurs, patineurs… que compta son entreprise, il produisit des centaines de commodes, tables, trumeaux, sièges, buffets… dont les naïfs acquéreurs n'imaginèrent jamais qu'ils avaient été fabriqués la veille. Jamais avare d'anecdotes, il règle certains comptes avec des membres de la bourgeoisie d'Orléans et se vante d'avoir abusé certaines figures du marché de l'art de l'époque. Cependant les photos des meubles qu'il reproduit dans ce livre, permettent de mettre en perspective les propos de l’auteur et la qualité véritable de ses réalisations. Point de chefs-d’œuvre chez Mailfert, mais une production assez provinciale voire rustique, plus destinée à une clientèle à la recherche « d’ancien » qu’à de véritables collectionneurs d’objets d’art. Si Mailfert et son équipe furent doués pour imiter les traces de l’usure du temps, en revanche ils échouèrent à reproduire d’authentiques chefs-d’œuvre du mobilier français du XVIIIe siècle, ou des modèles vraiment dignes d’intérêt, qui aient pu être acquis par des musées ou de grands collectionneurs. On ne peut parler de faussaires de génie. Ceux-ci sont généralement plus discrets. C'est du moins ce qu'il est bon de laisser croire.

Pour donner le ton des mystifications pratiquĂ©es par Mailfert, celui-ci rapporte avoir employĂ© Ă  OrlĂ©ans, un menuisier nommĂ© Dubois, comme le grand Ă©bĂ©niste Jacques Dubois, et qu'il lui faisait signer avec une estampille toutes sortes de sièges Louis XV qu'il rĂ©alisait. Ceci sans s'Ă©mouvoir que l'authentique Dubois ne rĂ©alisait que des meubles d'Ă©bĂ©nisterie de très grande qualitĂ©, et en aucun cas des sièges qui Ă©taient rĂ©alisĂ©s par des artisans appartenant Ă  la corporation des menuisiers. L'estampille « I.DUBOIS » portĂ©e sur un siège, quel qu'il soit, n'a aucun sens pour un expert en mobilier, si ce n'est qu'elle est aberrante et constitue la marque d'un faux grossier ; de mĂŞme qu'elle traduit chez Mailfert l'ignorance des règles de fonctionnement des corporations aux XVIIIe siècle. Mais la connaissance historique du mobilier, l'Ă©tude du travail des Ă©bĂ©nistes du XVIIIe siècle, n'Ă©tait au dĂ©but du XXe siècle pas aussi dĂ©veloppĂ©e et accessible qu'elle ne l'est aujourd'hui. En outre, le goĂ»t pour les meubles anciens Ă©tait plus rĂ©pandu dans la sociĂ©tĂ©, et les amateurs plus enclins Ă  se satisfaire d'avoir fait une bonne trouvaille.

L'Ă©cole de la Loire

Son invention la plus originale consista sans doute, dans les annĂ©es 1930, Ă  proposer des meubles d'une certaine « L'École de la Loire » ; s'inscrivant dans la lignĂ©e de J.-F. Hardy, Ă©bĂ©niste du XVIIIe siècle… parfaitement inconnu, puisque Mailfert l'avait purement et simplement inventĂ©. PoussĂ© par son goĂ»t du canular et son sens du commerce, AndrĂ© Mailfert fit rĂ©aliser par un peintre un « mauvais Â» portrait de l'Ă©bĂ©niste en perruque, publier dans la presse spĂ©cialisĂ©e des articles sur ce maĂ®tre redĂ©couvert. Il rĂ©digea (il signe discrètement de ses initiales) une remarquable introduction Ă  un somptueux catalogue des Meubles de l'Ă©cole de la Loire (1932), oĂą il retrace la vie de celui dont il prĂ©tendait avoir redĂ©couvert l'Ĺ“uvre. Ces copies produites par Mailfert Ă©taient distribuĂ©es par Maurice Aerts, un improbable dĂ©corateur de Bruxelles qui lui servait de vitrine. Inventer un style, proposer des copies de ce qui n'a jamais existĂ©, orchestrer avec humour une campagne publicitaire audacieuse et sans scrupules pour relancer son entreprise, tels furent les traits de gĂ©nie de ce maĂ®tre ès solutions imaginaires.

Son entreprise et son label furent repris en 1935 par la famille Amos, qui poursuivit jusque dans les années 1990 la production de copies d'ancien. D'abord installés au 26, rue Notre-Dame de Recouvrance, dans l'hôtel Toutin, ensuite dédié à l'administration et à l'exposition, les ateliers furent installés au 29 de la même rue, puis, dans les années 70 dans la zone industrielle de Saint-Jean de la Ruelle.

Aujourd'hui, le terme de« meubles Mailfert » est parfois utilisé pour désigner des copies anciennes de meubles. Ils sont toujours recherchés par certains amateurs de mobilier de charme, qui les préfèrent aux ouvrages authentiques du XVIIIe siècle, plus raffinés, trop précieux et plus chers. Les meubles Mailfert à proprement parler, portant la marque au feu de la Salamandre sont, eux, toujours recherchés.

L'atelier Mailfert-Amos (v. 1950) 29, rue N.-D. de Recouvrance.

Publications

  • Les Meubles de l'Ă©cole de la Loire (catalogue de 1932, OrlĂ©ans, 52 p. richement illustrĂ©es, avec des descriptifs savoureux des diffĂ©rents modèles proposĂ©s).
  • AndrĂ© Mailfert Les Aigles (PrĂ©face d'Edmond Rostand) publiĂ© sous le haut patronage du Ministère de l'Air, Ă©d. Figuière (264 p., Paris, 1929)
  • AndrĂ© Mailfert Au Pays des antiquaires, confidences d'un maquilleur professionnel Ă©d. Flammarion (185 p., nombreuses rĂ©Ă©ditions)
  • AndrĂ© Mailfert Le Verdon - textes, poĂ©sies, tableaux, (Ă©d. du MusĂ©e de Verdon, Castellane, 24 p., 1938)
  • AndrĂ© Mailfert Au Pays des antiquaires, confidences d'un maquilleur professionnel, Corsaire Éditions 2018, Édition prĂ©sentĂ©e et annotĂ©e par Josiane Guibert.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Isidore Bernhart Rue de Recouvrance, quarante ans chez Mailfert Ă©d. de Lorette (Paris, 188 p., 1988)
  • Robert Musson : ConfĂ©rence "AndrĂ© Mailfert" S.A.H.O (1996)

Liens externes

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