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Amenemhat III

Amenemhat III (-1843/ -1842 à -1797)[1] est le sixième roi de la XIIe dynastie. Il succède à son père Sésostris III et précède Amenemhat IV. Son règne est vu comme l'âge d'or du Moyen Empire par certains[2].

Amenemhat III
Image illustrative de l’article Amenemhat III
Amenemhat III – Neues Museum.
PĂ©riode Moyen Empire
Dynastie XIIe dynastie
Fonction roi
Prédécesseur Sésostris III
Dates de fonction -1843 ou -1842 Ă  -1797 (selon D. B. Redford, N. Grimal & D. Arnold)
Successeur Amenemhat IV
Famille
Grand-père paternel Sésostris II
Grand-mère paternelle Khénémet-néfer-hedjet Ire Oueret
Père Sésostris III
Conjoint Khénémet-néfer-hedjet III
Deuxième conjoint Âat « la Grande »
Enfants avec le 3e conjoint ♀ Néférousobek
♀ Néférouptah II
♀ Hathorhétépet
♀ Nébouhétépet
♀ Sathathor II
Quatrième conjoint Hétepti ?
Enfants avec le 4e conjoint ♂ Amenemhat IV ?
Fratrie ♀ Khnoumit...
♀ Ménet
♀ Méréret
♀ Sénetsénébes
♀ Sathathor Ire
SĂ©pulture
Nom Pyramide d'Amenemhat III
Type Pyramide Ă  faces lisses
Emplacement Hawara, dans le Fayoum

Généalogie

Seul le père d'Amenemhat III est connu, il s'agit de son prédécesseur sur le trône Sésostris III. Il a deux épouses assurée : Khénémet-néfer-hedjet III et Âat « la Grande ». Plusieurs filles sont connues : Néférouptah II, Hathorhétépet, Nébouhétépet, Sathathor II et probablement la future souveraine Néférousobek, dernière représentante de la XIIe dynastie[3].

Hétepti est aussi donnée comme une de ses filles selon quelques spécialistes, dont Jacques Kinnaer. Pour Aidan Mark Dodson, elle est la mère d'Amenemhat IV[4]. Cette affirmation repose sur l'étude d'une inscription où elle est indiquée comme « Mère du roi » (mwt-nisw.t). Cependant, dans ces titres, à aucun moment elle n'est indiquée comme « Fille du roi » (sȝ.t-nỉsw.t), « Épouse du roi » (ḥm.t-nỉsw.t) ou encore « Sœur du roi » (snt-nisw.t), ce qui fait dire à ces mêmes égyptologues qu'elle n'était pas d'origine royale.

Règne

Accession au trĂ´ne

Il succède à son père Sésostris III sur le trône. Les deux rois partagent une longue corégence de près d'une vingtaine d'années[5].

Activités en Égypte

Cartouche au nom d'Amenemhat III.

Pendant son long règne, Amenemhat a poursuivi le travail probablement commencĂ© par son père pour relier la dĂ©pression du Fayoum au Nil. Auparavant, la rĂ©gion n'Ă©tait qu'un simple marĂ©cage. Un canal de 16 km de long et 1,5 km de large a Ă©tĂ© creusĂ©, connu sous le nom de Mer-Ouer (le Grand Canal) ; il est aujourd'hui connu sous le nom de Bahr-Youssef. Les berges de la partie centrale profonde avaient une pente de 1:10, pour permettre l'utilisation de terre et d'enrochement non cohĂ©sifs. Un barrage appelĂ© Ha-Uar s'Ă©tendait d'est en ouest, et le canal Ă©tait inclinĂ© vers la dĂ©pression du Fayoum avec une pente de 0,01 degrĂ©. Le lac MoĂ©ris qui en rĂ©sultait pouvait stocker treize milliards de mètres cubes[6] d'eau de crue chaque annĂ©e. Cet immense travail de gĂ©nie civil fut finalement achevĂ© par son fils Amenemhat IV et apporta la prospĂ©ritĂ© au Fayoum. La rĂ©gion devint un grenier Ă  blĂ© pour le pays et continua Ă  ĂŞtre utilisĂ©e jusqu'en 230 av. J.-C., lorsque la branche de Lahoun du Nil s'envasa.

On pense que le papyrus mathématique rhénan a été composé à l'origine à l'époque d'Amenemhat[7]. Les monuments d'Amenemhat III sont assez nombreux et d'excellente qualité. Ils comprennent entre autres un petit temple bien décoré à Médinet Mâdi dans le Fayoum, que lui et son père ont dédié à la déesse des moissons Rénénoutet, la construction d'un palais à Bubastis, l'érection de seize colonnes papyriformes en quartzite rose à Kiman Farès et un socle de barque à Karnak[3].

Activités hors d'Égypte

Pectoral au nom d'Amenemhat III.

Il existe très peu de preuves d'expéditions militaires sous le règne du roi. Il existe un document pour une petite mission en l'an 9 du roi. La preuve en a été trouvée dans une inscription rupestre en Nubie, près de la forteresse de Koumma. Le court texte rapporte qu'une mission militaire était guidée par « la bouche de Nékhen » Samontou qui rapporte qu'il est allé au nord avec une petite troupe et que personne n'est mort en retournant au sud[8].

De nombreuses expéditions dans les zones minières sont enregistrées sous le roi. Deux expéditions sont connues au Ouadi el-Houdi à la frontière sud de l'Égypte, où l'améthyste a été collectée. Une des entreprises date de l'an 11 du roi[9], deux autres de l'an 20 et de l'an 28[10]. D'autres expéditions minières ont été menées dans le Ouadi Hammamat. Elles sont datées des années 2, 3, 19, 20 et 33 du règne du roi[11]. Les inscriptions des années 19 et 20 pourraient être liées au début de la construction du complexe de la pyramide à Hawara. Elles font état de la rupture d'approvisionnement en pierre pour les statues.

Sur la côte de la mer Rouge, à Mersa, on a découvert une stèle mentionnant une expédition au pays de Pount sous Amenemhat III[12]. Le plus haut fonctionnaire ayant participé à l'expédition était le haut intendant Senebef. Les autres responsables étaient un certain Amenhotep et le chambellan Nebesou[13].

Sculptures

Amenemhat III est, avec Sésostris III, le roi du Moyen Empire le mieux connu par le nombre de statues. Environ quatre-vingts statues ou fragments de statues peuvent lui être attribués. La statuaire d'Amenemhat III s'inscrit dans la tradition de celle initiée par Sésostris III. Beaucoup de ses œuvres ne représentent plus un jeune roi idéalisé, mais plutôt une physionomie expressive, montrant des signes de vieillissement. Il existe une gamme étonnamment large de pierres utilisées pour la sculpture du roi, qui n'a été attestée pour aucun roi auparavant. En outre, le roi a introduit plusieurs nouveaux types de sculptures, dont beaucoup s'inspirent de prototypes plus anciens, datant du début de la période dynastique. Deux types de visage peuvent être attribués à Amenemhat III :

  • le style rĂ©aliste : le visage du roi montre sa structure osseuse, des sillons sont clairement marquĂ©s sur le visage ; les traits du visage sont Ă©videmment inspirĂ©s de ceux de la sculpture de SĂ©sostris III ;
  • le style idĂ©alisĂ© : le roi est reprĂ©sentĂ© comme un jeune homme, avec un visage triangulaire[14].
  • Portrait d'Amenemhat III dans le style rĂ©aliste
    Portrait d'Amenemhat III dans le style réaliste
  • Portrait d'Amenemhat III dans le style idĂ©alisĂ©
    Portrait d'Amenemhat III dans le style idéalisé
  • Amenemhat III – Neues Museum.
    Amenemhat III – Neues Museum.
  • Buste d'Amenemhat III dĂ©couvert Ă  Rome.
    Buste d'Amenemhat III découvert à Rome.

Succession

La plus haute date connue avec certitude de son règne se trouve dans un papyrus daté de l'an 46, 22e jour du 1er mois de l'Akhet de son règne[15]. Il partage une corégence d'une année environ avec son successeur Amenemhat IV : une inscription endommagée de Konosso en Nubie indique l'an 46, 47 ou 48 du règne d'Amenemhat III et l'an 1 du règne d'Amenemhat IV[5].

SĂ©pulture

La pyramide d'Amenemhat III Ă  Hawara, dans le Fayoum.

Amenemhat III se fait édifier deux complexes funéraires durant son règne :

  • le premier Ă  Dahchour baptisĂ© la pyramide noire en raison de son Ă©tat actuel, très dĂ©gradĂ©, dont seul le noyau en brique crue subsiste et lui donne cet aspect sombre Ă  l'horizon oriental de la nĂ©cropole ; elle a une base de 105 m de cĂ´tĂ© pour une hauteur de 75 m. Il semble que le projet ait Ă©tĂ© abandonnĂ© au cours du règne pour un autre emplacement ;
  • le deuxième Ă  Hawara dans le Fayoum, baptisĂ© la pyramide de Hawara, complexe de grande envergure dont le temple funĂ©raire Ă©tait si vaste qu'il a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ© par les auteurs classiques comme le prototype des labyrinthes ; elle a une base de 105 m de cĂ´tĂ© pour une hauteur de 58 m. C'est dans la pyramide de ce complexe funĂ©raire qu'Amenemhat III sera finalement inhumĂ©.

Entrées souterraines, labyrinthes, culs-de-sac et passages secrets, caractérisent les deux pyramides en brique crue d'Amenemhat III.

Titulature

Notes et références

  1. Selon D. B. Redford, N. Grimal, D. Arnold.
  2. Gae Callender, The Oxford History of Ancient Egypt, (lire en ligne Inscription nécessaire), « The Middle Kingdom Renaissance », 156
  3. Michel Dessoudeix, Chronique de l'Égypte ancienne : Les pharaons, leur règne, leurs contemporains, Arles, Actes Sud, , 786 p. (ISBN 978-2-7427-7612-2), pages 160-161
  4. Dodson, p. 92 et 104.
  5. Kim Steven Bardrum Ryholt, The Political Situation in Egypt During the Second Intermediate Period, C. 1800-1550 B.C., Museum Tusculanum Press 1997, p. 211f.
  6. (en) Hubert Chanson, Hydraulics of Open Channel Flow, Oxford, Edward Arnold/Butterworth-Heinemann, , 585 p. (ISBN 978-0-7506-5978-9)
  7. (en) Marshall Clagett, Ancient Egyptian Science : A Source Book, , p. 113.
  8. F. Hintze, W. F. Reineke, Felsinschriften aus dem sudanesichen Nubien I, Berlin 1989, (ISBN 3-05-000370-7), 145-147, n. 488
  9. Karl-Joachim Seyfried, Beiträge zu den Expeditionen des Mittleren Reiches in die Ost-Wüste, Hildesheim 1981, (ISBN 3806780560), 105-16
  10. Ashraf I. Sadek, The Amethyst Mining Inscriptions of Wadi el-Hudi, Part I Text, Warminster 1980 (ISBN 0-85668-162-8), 41-43
  11. Karl-Joachim Seyfried, Beiträge zu den Expeditionen des Mittleren Reiches in die Ost-Wüste, Hildesheim 1981, (ISBN 3806780560), 254-256
  12. El-sayed Mahfouz (2010), Amenemhat IV au ouadi Gaouasis « https://web.archive.org/web/20160918160756/http://www.ifao.egnet.net/bifaos/BIFAO_110/Bifao110_art_10.pdf »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), , BIFAO, 2010:110, p. 165–173.
  13. Kathryn A Bard, Rodolfo Fattovich, Andrea Manzo, « The ancient harbor at Mersa/WadiGawasis and how to get there: New evidence of Pharaonic seafaring expeditions in the Red Sea », dans Frank Förster et Heiko Riemer (éditeurs): Desert Road Archaeology in Ancient Egypt and Beyond, Cologne 2013, (ISBN 9783927688414), p. 539.
  14. Simon Connor, « The statue of the steward Nemtyhotep (Berlin ÄM 15700) and some considerations about Royal and Private Portrait under Amenemhat III », dans: G. Miniaci, W. Grajetzki (éditeurs): The World of Middle Kingdom Egypt (2000–1550 BC) Contributrions on Archaeology, Art, Religion, and Written Sources. Band 1, Golden House Publications, London 2015, (ISBN 978-1-906137-43-4), 58-64.
  15. Francis Llewellyn Griffith, The Petrie Papyri, London 1898, T. XIV (Pap. Kahun VI, 19)

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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