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Alula Engeda

Ras Alula Engeda (Ge'ez : ራሔ አሉላ áŠ„áŠ•áŒá‹ł), Ă©galement connu sous son nom de cavalier Abba Nega (Ge'ez : አባ ነጋ), est un gĂ©nĂ©ral et homme politique tigrĂ©en et Ă©thiopien. Il fut l'un des chefs majeurs des armĂ©es Ă©thiopiennes du XIXe siĂšcle et il est considĂ©rĂ© par l'historien israĂ©lien (en) Haggai Erlich (en) comme « le plus grand leader que l'Abyssinie ait produit depuis la mort de l'empereur TĂ©wodros II en 1868 Â»[1]. Il participe Ă  de nombreuses batailles assurant l'indĂ©pendance de l'Éthiopie, notamment celles de Dogali et d’Adoua.

ራሔ አሉላ áŠ„áŠ•áŒá‹ł
Ras Aloula Engeda
Alula Engeda

Surnom Abba Nega
Naissance
RĂ©gion du Tembien (Tigray), Empire d'Éthiopie
DĂ©cĂšs (Ă  60 ans)
RĂ©gion du Tembien (Tigray), Empire d'Éthiopie
Origine Drapeau de l'Éthiopie Éthiopie
Allégeance Armée impériale éthiopienne
Grade Général
Conflits Guerre Ă©gypto-Ă©thiopienne
PremiĂšre guerre italo-Ă©thiopienne
Faits d'armes 1875 : Bataille de Gundet
1876 : Bataille de Gura
1885 : Bataille de Kufit
1887 : Bataille de Dogali
1889 : Bataille de Matamma
1896 : Bataille d'Adoua
Distinctions Titre de Shaleqa
Titre de Ras ()
Autres fonctions Gouverneur de province

La jeunesse

Alula nait dans le village de Menawee, dans le Tembien, dans la rĂ©gion du TigrĂ© en Éthiopie. Sa date de sa naissance n’est pas connue avec certitude; il est ĂągĂ© d’environ 60 ans lorsqu'il meurt en 1897.

La maison du ras Alula Ă  Asmara, de nos jours en ÉrythrĂ©e

Alula est le fils d’un paysan, Engda Eqube, d’origine modeste. Vers 20 ans, il reçoit la bĂ©nĂ©diction du dejazmach Kassa Mercha, futur empereur Yohannes IV. Vers 30 ans, malgrĂ© son origine modeste, il grimpe les Ă©chelons de la hiĂ©rarchie sociale.

Alula fait une dĂ©monstration de ses qualitĂ©s militaires Ă  la bataille de Gundet et Ă  celle de Gura en et , oĂč il met en dĂ©route les armĂ©es Ă©gyptiennes. Il se montre trĂšs tĂŽt douĂ© d’une personnalitĂ© de leader, et est promu au titre de ras aprĂšs ces victoires, ĂągĂ© d’à peine 35 ans.

Il a trois enfants de sa premiĂšre Ă©pouse Weizero B’tweta dont il divorce plus tard. Son second mariage avec Weizero Amlesu, fils de ras Araya Dimtsu est purement politique et rĂ©pond au besoin d’accroĂźtre sa lĂ©gitimitĂ© au sein de la classe aristocratique, qui ne cache pas son mĂ©contentement de voir un fils de paysan accĂ©der Ă  ce statut.

AprĂšs sa victoire Ă  Gura, l’empereur Yohannes IV dĂ©signe Alula gouverneur de Mereb Milash et de Midri Bahri (aujourd’hui en ÉrythrĂ©e). Vers 1876, Alula s’établit Ă  Asmara avec sa famille et son armĂ©e. Il y fait construire son palais sur une colline au cƓur de la ville et pose ainsi les fondations de la future capitale de l’ÉrythrĂ©e.

Alula s’attache alors Ă  dĂ©fendre les frontiĂšres de l’empire contre les Italiens, les forces anglo-Ă©gyptiennes et les Mahdistes soudanais.

La bataille de Kufit

Le traitĂ© Hewett (ou d’Adoua), conclu en 1884 entre l’Éthiopie et l’Angleterre, reconnait les provinces du Bogos et de Massaoua comme provinces Ă©thiopiennes. Mais les Anglais souhaitent qu’Alula mĂšne en Ă©change une campagne contre les Mahdistes d’Osman Digna.

Alula met en place les stratĂ©gies et logistiques nĂ©cessaire Ă  l’attaque contre les Mahdistes, malgrĂ© l’opposition de certains chefs locaux qui ne reconnaissent pas sa lĂ©gitimitĂ©. Alula continue son offensive et marche sur les terres du Bogos. Il atteint Keren en , s’y Ă©tablit pendant dix jours, puis marche sur Kufit.

À Kufit, les forces mahdistes d’Osman Digna sont anĂ©anties et ont trĂšs peu de survivants, mais les Éthiopiens subissent Ă©galement de lourdes pertes : les commandants Blatta Gebru et Aselafi Hagos trouvent la mort et Alula lui-mĂȘme est blessĂ©. Les nouvelles de la victoire Ă©thiopienne rĂ©sonnent trĂšs vite dans les Ă©tats-majors italiens, anglais et chez l’empereur Yohannes IV.

La bataille de Dogali

À une Ă©poque oĂč le continent africain est en train d'ĂȘtre colonisĂ© par les puissances europĂ©ennes, Alula a cependant trĂšs peu de temps pour se remettre de la bataille. Les Italiens, en violation du traitĂ© Hewett, s’installent sur les cĂŽtes de la mer Rouge Ă  la demande de la Grande-Bretagne, Ă  Massaoua puis Saati.

La bataille de Dogali, 26 janvier 1887, par Michele Cammarano

Bien qu’ayant collaborĂ© avec les Britanniques en repoussant les derviches, l’objectif d’Alula reste de garantir la souverainetĂ© Ă©thiopienne, et il est Ă  cet Ă©gard trĂšs mĂ©fiant vis-Ă -vis des Anglais qu'il soupçonne d'appuyer les avancĂ©es italiennes.

Ces mĂ©fiances sont clairement exprimĂ©es dans une conversation menĂ©e avec Augustus Wylde, ancien vice consul de la Reine d’Angleterre Ă  Jeddah et correspondant du Manchester Guardian ainsi que le rapporte l'historien israĂ©lien Haggai Erlich dans son livre oĂč il cite Alula:

« Que cherche donc l’Angleterre en rompant le traitĂ© d’Hewett en permettant aux Italiens de s’emparer de mon pays ? N’ai-je pas anĂ©anti les garnisons Ă©gyptiennes du Bogos ? Ne me suis-pas battu Ă  Cassala alors mĂȘme qu’il Ă©tait peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  trop tard ? N’ai-je pas fait tout ce que j’ai pu ? Vous les Anglais nous avez utilisĂ© pour faire ce dont vous aviez besoin puis vous nous abandonnez »[2].

De retour Ă  Asmara, Alula mobilise une armĂ©e de 5 000 hommes et descend de Ghinda’e vers Sahati . Avant de s’engager contre les Italiens, il informe l’empereur Yohannes et s’exprime auprĂšs d’Harrison, qui avait accompagnĂ© l’amiral Hewett lors de la signature du traitĂ© en 1884, en lui dĂ©clarant que les Anglais n’avaient pas respectĂ© leur parole.

Alula fait arrĂȘter des Italiens qu’il suspecte d’espionnage et qui travaillent alors en tant qu’ingĂ©nieurs Ă  la construction d’un pont sur le Nil, auprĂšs du negus Tekelehaimanot du Godjam.

Il Ă©crit Ă  Marcopolo Bay, aide italienne de Massawa, et au Consul Sumagn de France, les prĂ©venant qu’il dĂ©truirait les forces italiennes si elles ne quittaient pas le territoire Ă©thiopien de leur propre fait. Mais les Italiens se montrent dĂ©terminĂ©s Ă  rester affirmant que leur venue Ă  Massaoua est due Ă  « la volontĂ© divine Â». En , les forces d’Alula prennent position dans les provinces de Sahati et de Massaoua.

En , la confrontation avec les Italiens devient inĂ©vitable. La premiĂšre bataille a lieu Ă  Sahati, oĂč de nombreux Éthiopiens sont tuĂ©s ou blessĂ©s, mais Alula rĂ©organise trĂšs rapidement ses troupes et s’empare de Dogali oĂč ils montrent une trĂšs nette supĂ©rioritĂ© militaire sur les Italiens. En , s’engage la bataille de Dogali : les Éthiopiens encerclent l’armĂ©e italienne dirigĂ©e par le major Baroti. Le coordinateur en chef des forces italiennes, le colonel Tommaso De Cristoforis est tuĂ© au cours de la bataille, ainsi que 22 officiers d’élite et 400 soldats. Des massacres de population kunama sont Ă©galement perpĂ©trĂ©s par ses troupes[3] - [4] - [5].

La bataille de Matamma

En , se dĂ©roule la bataille de Matamma, dans l'ouest de l'Éthiopie, entre Éthiopiens et Soudanais. Les Éthiopiens remportent la bataille,mais le negus Yohannes IV y meurt.

MĂ©nĂ©lik II est couronnĂ© negus quelques mois aprĂšs la bataille de Matamma. Les Italiens occupent Asmara et concluent le traitĂ© de Wuchale avec l’empereur. Quelques mois plus tard, ils utilisent la version italienne de ce traitĂ© pour dĂ©clarer un protectorat sur l'Éthiopie. Le ras Alula devient alors une figure politique isolĂ©e, affaibli par la mort de Yohannes et le renforcement des positions italiennes en ÉrythrĂ©e.

La bataille d’Adoua

À partir de 1890, les Italiens Ă©tendent leurs positions vers l’ouest autour de Tesseney et d’Akordat, mais aussi dans la rĂ©gion d’Adoua, en vue de conquĂ©rir l’Éthiopie. La bataille d’Adoua a lieu le . C’est Ă  cette occasion qu’Alula reconnaĂźt pleinement MĂ©nĂ©lik comme garant de l’unitĂ© Ă©thiopienne.

Allula occupe le front gauche des positions Ă©thiopiennes sur les hauteurs d’Adi Abune soutenu par les troupes de l’empereur MĂ©nĂ©lik, du ras Makonnen, et de Ras Mikael. Les forces de Ras Sebhat et de Dejjach Hagos Teferi se joignent Ă©galement Ă  celles de Ras Alula et Ras Mengesha.

Augustus Wylde, tĂ©moin oculaire des Ă©vĂšnements indique : « Les Abyssins ne s’attendaient pas Ă  ĂȘtre attaquĂ©s, et l’avancĂ©e italienne aurait pu avoir un effet de surprise sans la mĂ©fiance de ras Allula Ă  l’égard des officiels italiens. Deux de ces espions observĂšrent les troupes italiennes quitter Entiscio et informĂšrent le Ras Alula, Ă  un mile au nord d’Adi Abune, que l’ennemi se dirigeait vers Adoua. Le ras en informa immĂ©diatement le roi Menelik et les autres souverains, et les Abyssins se prĂ©parĂšrent Ă  la bataille. »

Au cours de la bataille, les troupes du ras Michael viennent renforcer celles du ras Alula, qui avait commencĂ© Ă  s’attaquer au gĂ©nĂ©ral Dabormida dont les troupes se battaient dĂ©jĂ  Ă  cinq contre les combattants Ă©thiopiens. La cavalerie oromo renforce le ras Alula, et Abba Nega bloque la venue de renforts italiens en provenance d’Adi Quala.

Quelques mois plus tard, Alula affronte le ras Hagos du Tembien. Ce dernier trouve la mort dans la bataille mais, si Alula remporte la victoire, il est blessé au cours du combat et meurt de ses blessures en .

Divers

L’aĂ©roport de MĂ©kĂ©lĂ©, capitale du TigrĂ© est nommĂ© «ras Alula». Il est Ă©galement reprĂ©sentĂ© par une statue Ă©questre dans la ville.

Un hĂŽtel Ă  Axoum porte Ă©galement son nom.

Annexes

Notes et références

  1. 4e de couverture de l'ouvrage de Haggai Erlich cité en bibliographie, voir par exemple sur sa page amazon
  2. Haggai Elrich, Ethiopia and the Challenge of Independence, « What does England mean by destroying the Hewett treaty allowing the Italians to take my country from me?
 Did I not relieve the Egyptian garrison in the Bogos country? Did I not fight at Cassala when it was too late? Have I not done everything I could? You English used us to do what you wanted and then left us ».
  3. (en) Ghidewon Abbay Asmerom, « Eritrea : "Pride" from repeating a shameful history », Visafric,‎ (lire en ligne)
  4. Alain Gascon, Sur les hautes terres comme au ciel : identitĂ©s et territoires en Éthiopie, Publications de la Sorbonne, , 335 p. (lire en ligne), p. 13-14
  5. (en) Lyda Favali et Roy Pateman, Blood, Land, and Sex : Legal and Political Pluralism in Eritrea, Indiana University Press, , 376 p., p. 36

Bibliographie

  • (en) Haggai Erlich, Ras Alula and the Scramble for Africa: A Political Biography : Ethiopia & Eritrea 1875-1897, Paris, Red Sea Press, 1996 (ISBN 1569020299) ;

Articles

Liens externes

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