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Alonso de Contreras

Alonso de Contreras, né à Madrid le , dont on perd la trace vers 1645, est un militaire, corsaire et écrivain espagnol.

Alonso de Contreras
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Il est l’auteur de MĂ©moires (« Discurso de mi vida »), Ă©crits peut-ĂȘtre Ă  la demande de son ami, le dramaturge Lope de Vega. C’est une des rares Ɠuvres autobiographiques concernant des soldats espagnols de l’armĂ©e des Habsbourg et une des plus importantes avec l’Historia verdadera de Bernal DĂ­az del Castillo.

Biographie

Alonso de GuillĂ©n Contreras est le fils de Gabriel GuillĂ©n et de doña Juana de Roa y Contreras, mariĂ©s en 1567 en l’église de San Miguel, de Madrid. Il prend le nom de la famille de sa grand-mĂšre maternelle lorsqu’il s’enrĂŽle dans l'armĂ©e.

TrĂšs jeune (12 ou 13 ans), il poignarde un camarade d’études et le tue. Il est banni pendant une annĂ©e Ă  Ávila

Il commence, ensuite, Ă  travailler chez un orfĂšvre mais, compte tenu de son caractĂšre rebelle, il rejoint, Ă  14 ans, l’armĂ©e des Flandres le . Il abandonne trĂšs vite son unitĂ© pour rejoindre Naples et embarquer sur les galĂšres de Pedro de Toledo pour combattre les Turcs et les pirates barbaresques.

C’est Ă  partir de Malte que les chevaliers de la Religion harcĂšlent les Turcs et leurs vassaux d’Afrique du Nord et de la mer ÉgĂ©e. Ils arraisonnent leurs navires, agissant soit seuls, soit en groupe lors de missions de plus grande envergure, comme lors de la prise d'Hammamet. C’est lĂ  qu'Alonso de Contreras apprend l’art de la navigation.

En 1601, il reçoit le commandement d’une frĂ©gate et on lui confie la surveillance des Ăźles grecques pour y espionner les Turcs dont il commence Ă  maĂźtriser la langue. ParallĂšlement, il passe maĂźtre dans la guerre de course, rĂ©alisant sous le surnom « l'Espagnol de Malte » des raids extraordinaires, notamment jusqu'Ă  Salonique.

De retour en Espagne, aprĂšs avoir tentĂ© sans succĂšs de faire carriĂšre Ă  la Cour, il se retire au Moncayo, entre Castille et Aragon, comme ermite. AccusĂ© d’ĂȘtre de connivence avec les Morisques (musulmans restĂ©s en Espagne, obligĂ©s de se convertir) de la ville de Hornachos en EstrĂ©madure, oĂč il avait Ă©tĂ© en mission, il est arrĂȘtĂ© et torturĂ© par un haut fonctionnaire (Gregorio Lopez Madera qui fera dĂ©porter la majoritĂ© de cette population au Maroc, en 1610). Il est en effet accusĂ© d’ĂȘtre le chef d’une conspiration et, mĂȘme si l’on ne retient rien contre lui, il doit faire ses preuves en participant Ă  la rĂ©pression de la rĂ©bellion de morisques expulsĂ©s, prĂšs de Alcoy (Valence).

Puis il part pour les Flandres oĂč il sert en tant qu’officier, obtenant l’autorisation de retourner sur la MĂ©diterranĂ©e aprĂšs une mission Ă  travers la France en 1610, qui lui vaudra le titre de chevalier de Malte.

Auparavant, il s'Ă©tait mariĂ© Ă  Palerme, mais, trompĂ© par sa femme, il l’assassine avec son amant. De tempĂ©rament querelleur, il est mĂȘlĂ© Ă  plusieurs disputes, ce qui lui vaut, Ă  diffĂ©rentes reprises d’ĂȘtre incarcĂ©rĂ©.

Il participe Ă  une expĂ©dition dans les Indes occidentales, reprenant son activitĂ© de corsaire autour de Porto Rico contre Sir Walter Raleigh hispanisĂ© en Guatarral, en 1616. Ensuite au Maroc, oĂč il retrouve les habitants de Hornachos, devenus corsaires de SalĂ© (plus exactement de la casbah Ă  l'origine de la ville de Rabat).

On le retrouve au service du comte de Monterrey ambassadeur Ă  Rome, puis vice roi de Naples. Pendant un certain temps, il occupe les fonctions de gouverneur de L'Aquila[1], au nord-est de Rome, avec la consigne de remettre de l’ordre au sein d'une population isolĂ©e et rebelle et exĂ©cute sa mission avec beaucoup de brutalitĂ©. Il est prĂ©sent lors de l' Ă©ruption du VĂ©suve de et sauve un couvent de religieuses de la catastrophe. En 1633, il quitte le service armĂ© et termine ses MĂ©moires, peut-ĂȘtre sur la suggestion de Lope de Vega qui lui a dĂ©diĂ© une comĂ©die et qui l’a reçu dans sa maison (cependant ses mĂ©moires ne seront publiĂ©s qu’en 1900).

On retrouve toutefois ses traces en 1635 comme capitaine des prĂ©sides du Sinaloa (frontiĂšre nord du Mexique Ă  l'Ă©poque), puis gouverneur de la forteresse de San Juan de Ulua, dans le port de Veracruz, jusqu'en 1642, oĂč il est autorisĂ© Ă  rentrer en Espagne avec le titre de Sergent major de Nouvelle Espagne (cf. les derniers Ă©tats de service de 1645, Ă  Simancas)[2]. C'est peut-ĂȘtre alors qu'il termine ses MĂ©moires qui resteront inachevĂ©s.

ƒuvre

Usant de la dĂ©marche habituelle pour se mettre en valeur, Alonso de Contreras a Ă©crit plusieurs rĂ©cits relatant sa vie et ses activitĂ©s. Certains d’entre eux sont aujourd'hui archivĂ©s aux Archives gĂ©nĂ©rales de Simancas.

Autour de 1614, il a en outre écrit un routier, manuel d'instruction maritimes, Derrotero del Mediterråneo, remis à Philibert de Savoie, manuscrit qu'il a cru perdu mais qui a été retrouvé et publié[3].

Son autobiographie a pour titre original : Vida, nacimiento, padres y crianza del capitån Alonso de Contreras, natural de Madrid Cauallero del Orden de San Juan, Comendador de vna de sus en comiendas en Castilla, escrita por él mismo, y por subtítulo, Discurso de mi vida desde que salí a servir al rey, de edad de catorce años, que fue el año de 1597, hasta el fin del año de 1630, por primero de octubre, que comencé esta relación. Le manuscrit original se trouve aujourd'hui à la BibliothÚque nationale de Madrid.

Le manuscrit a Ă©tĂ© dĂ©couvert en 1900 par D. Manuel Serrano et Sanz, Ă©diteur de la premiĂšre Ă©dition qui contenait des suppressions et des erreurs. Par la suite, il y eut plusieurs Ă©ditions avec des prĂ©faces et des commentaires de divers auteurs. L'Ɠuvre a Ă©tĂ© publiĂ©e en 1943, avec un exposĂ© introductif de JosĂ© Ortega y Gasset, et plus rĂ©cemment par l’hispanisant anglais H. Ettinghausen.

Le style de son rĂ©cit, comme l'affirme l'auteur lui-mĂȘme, est sec et sans fioritures, trĂšs vivant, changeant et abordant tous les thĂšmes, de la sociologie Ă  l'histoire, de la religion Ă  la psychologie.

Rafael Gil a écrit et réalisé un film en 1955, La otra vida del capitån Contreras (L'autre vie du capitaine Contreras), avec Fernando Fernån Gómez à partir du roman de Torcuato Luca de Teins (1953).

Bibliographie

ƒuvres d'Alonso de Contreras

  • Alonso de Contreras, Derrotero universal desde el Cabo de San Vicente, en el Mar OcĂ©ano, costeando Cartagena, Cataluña, Francia, NĂĄpoles, Golfo de Venecia, ArchipiĂ©lago de Levante, Caramania, Natolia, Suria, Egipto, Nilo, volviendo por BerberĂ­a hasta Cabo CantĂ­n, Islas de Sicilia, Cerdeña, Mallorca, CandĂ­a, Chipre. Le manuscrit original de son Derrotero, Ă©crit autour de 1614, a Ă©tĂ© retrouvĂ© et est conservĂ© Ă  la BibliothĂšque nationale de Madrid
  • Alonso de Contreras, Memorial de Servicios, Ă©crit vers 1628. Le manuscrit original est conservĂ© aux Archives gĂ©nĂ©rales de Simancas
  • Alonso de Contreras, Memorial de Servicios, Ă©crit vers 1645. Le manuscrit original est conservĂ© aux Archives gĂ©nĂ©rales de Simancas
  • Le manuscrit original de sa Vida est conservĂ© Ă  la BibliothĂšque nationale de Madrid
  • 1900 : Alonso de Contreras, Vida del capitĂĄn Alonso de Contreras, Édition de Manuel Serrano y Sanz (avec quelques suppressions et de nombreuses erreurs), BoletĂ­n de la Real Academia de la Historia, XXXVII
  • 1911 : Édition en français. MĂ©moires du capitan Alonso de Contreras, lequel, de marmiton se fit commandeur de Malte, Ă©crits par lui-mĂȘme et mis en français par Marcel Lami et LĂ©o Rouanet. Éditeur : H. Champion (1911)
  • 1912 : JosĂ© Muñoz EscĂĄmez publie Ă  Parus une autre Ă©dition en espagnol intitulĂ©e De pinche a comendador
  • 1924 : Édition en allemand
  • 1926 : Édition en anglais
  • 1943 : Revista de Occidente publie une Ă©dition, avec une prĂ©face de Ortega y Gasset, qui ne se rĂ©fĂšre pas entiĂšrement Ă  l’original
  • 1956 : Autobiografias de soldatos, (siglo XVII) Biblioteca de Autores Españoles (B. A. E.), Tomo XC, Madrid, xxx-627, Ă©d. Ă©tablie par don JosĂ© Maria de Cossio, Alonso de Contreras, La Vida del capitĂĄn Alonso de Contreras,pp.77-123. Cette Ă©dition inclut Ă©galement le Derrotero del MediterrĂĄneo, le routier de Contreras, pp.125-248.
  • Alonso de Contreras, Vida del capitĂĄn Alonso de Contreras, Éditions Taurus, 1965, prĂ©face de Manuel Criado de Val
  • Alonso de Contreras, Vida del capitĂĄn Alonso de Contreras, Alianza Editorial, 1967, prĂ©face de JosĂ© Ortega y Gasset
  • Alonso de Contreras, Vida del capitĂĄn Contreras. Barcelona : Editorial Sopena, 1969
  • Alonso de Contreras, Discurso de mi vida, Ă©dition, introduction et notes de Henry Ettinghausen, Ed. Bruguera-Libro ClĂĄsico, 1983
  • Alonso de Contreras (Auteur), MĂ©moires du capitĂĄn Alonso de Contreras. traduction de Olivier Aubertin ,Éditeur : Viviane Hamy (1989, 2005 pour la collection poche), # Collection : littĂ©rature Ă©trangĂšre (1990). (ISBN 2878580028)
  • Alonso de Contreras MĂ©moires du CapitĂĄn Alonso de Contreras (1582-1633). Éditeur : Viviane Hamy (1992), Collection : Domaine Ă©tranger. (ISBN 287858015X)
  • JosĂ© Ortega y Gasset (Postface), Alonso de Contreras (Auteur), Ernst JĂŒnger (PrĂ©face), Olivier Aubertin (Traduction), MĂ©moires du capitĂĄn Alonso de Contreras. Éditeur : Viviane Hamy (2005), Collection : bis. (ISBN 287858211X)
  • Publication d’une nouvelle Ă©dition de Discurso de mi vida, de Alonso de Contreras, La Tinta del Calamar Ediciones, . En plus de la prĂ©face de Ortega y Gasset qui a Ă©tĂ© publiĂ©e dans la Revista de Occidente, se trouve une introduction de Rafael Reig
  • Publication en 2008 d’une nouvelle Ă©dition du Discurso de mi vida, aux Ă©ditions Editorial Reino de Redonda, avec une prĂ©face de Arturo PĂ©rez-Reverte
  • La meilleure Ă©dition critique est de Maria Antonia Dominguez Flores (Alonso de Contreras : Discurso de mi vida. Edicion y estudio, universidad complutense de Madrid, 2007). Il s'agit d'une thĂšse de philologie centrĂ©e sur l'orthographe de Contreras et ses italianismes.

Sur Alonso de Contreras

  •  H. Ettinghausen, « Alonso de Contreras : un Ă©pisode de sa vie et de sa " Vida " », Bulletin Hispanique, vol. 77, no 3,‎ , p. 293-318 (lire en ligne)
  • J.-M. Pelorson, « Le routier du capitaine Alonso de Contreras », Bulletin Hispanique, vol. 68, no 1,‎ , p. 30-48 (lire en ligne)
  • J.-M. Pelorson, « Lope de Vega et Alonso de Contreras. Une mise au point Ă  propos de El Rey sin reino », Bulletin Hispanique, vol. 72, no 3,‎ , p. 253-276 (lire en ligne)
  • Jean-Paul Le Flem, « La violence et la mort chez un aventurier espagnol. Le capitaine Alonso de Contreras et “sus vivencias », dans : La Vie, la mort, la foi. MĂ©langes offerts Ă  Pierre Chaunu,‎ , p. 331-338
  • Thomas Calvo : Espadas y plumas en la monarquia hispana (Alonso de Contreras y otras vidas de soldados -1600-1650) ed. Colegio de Michoacan et Casa de Velazquez - 2019[4]

Notes et références

  1. page 94 de son autobiographie
  2. cf. dernier Memorial de servicios, conservé à Simancas.
  3. Pelorson Jean-Marc, « Le routier du capitaine Alonso de Contreras », Bulletin hispanique, no tome 68, n°1-2,‎ , p. 30-48 (lire en ligne)
  4. (es) « Espadas y plumas en la Monarquía Hispana | Reseñas de novedades », sur Metahistoria (consulté le )

Liens externes

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