AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Alessandro Valignano

Alessandro Valignano (chinois simplifiĂ© : èŒƒç€Œćź‰ ; chinois traditionnel : èŒƒçŠźćź‰ ; pinyin : FĂ n Lǐ’ān), nĂ© le Ă  Chieti, (Royaume de Naples) et dĂ©cĂ©dĂ© le Ă  Macao, est un prĂȘtre jĂ©suite italien, envoyĂ© en ExtrĂȘme-Orient par Everard Mercurian. Visiteur et vicaire gĂ©nĂ©ral des jĂ©suites de tout l'Orient, il y initia une approche inculturĂ©e de la foi chrĂ©tienne qui transforma le travail missionnaire en Asie.

Alessandro Valignano
Le pĂšre Alessandro Valignano
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Surnom
(chinois) chinois simplifiĂ© : èŒƒç€Œćź‰ ; chinois traditionnel : èŒƒçŠźćź‰ ; pinyin : FĂ n Lǐ’ān
Nationalité
italienne
Formation
Lettres, philosophie et théologie
Activité
Autres informations
Ordre religieux

Biographie

Jeunesse et formation

Valignano naquit dans une famille illustre de Chieti. Il Ă©tudia le droit Ă  l’universitĂ© de Padoue oĂč il acquit le double doctorat (civil et canonique). Il passa une annĂ©e en prison, accusĂ© d’avoir pris part Ă  une de ces bagarres qui avaient rendu cĂ©lĂšbres les Ă©tudiants de Padoue. Parti Ă  Rome en 1565 pour y chercher une belle situation il y rencontra les jĂ©suites et entra dans la Compagnie de JĂ©sus (1566). Études de philosophie et de thĂ©ologie furent faites au CollĂšge Romain et il est ordonnĂ© prĂȘtre en 1570 (il avait dĂ©jĂ  31 ans). AprĂšs un bref sĂ©jour Ă  Macerata comme recteur du collĂšge jĂ©suite, il est nommĂ© par Everard Mercurian, supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral des JĂ©suites, visiteur des missions en Inde et ExtrĂȘme-Orient (1573).

Voyages en Inde et ExtrĂȘme-Orient

Façade de l'église de la MÚre-de-Dieu, à Macao

Il quitta Lisbonne et l’Europe en 1574 avec un groupe de 40 missionnaires. En fin d’annĂ©e, il arriva Ă  Goa et commença immĂ©diatement une visite systĂ©matique de tous les postes de mission dans le pays. Ensuite, ce fut Malacca (1577), Macao (1578) oĂč un poste commercial portugais avait Ă©tĂ© ouvert depuis peu, et il arriva au Japon en 1579. Il y organisa la premiĂšre ambassade japonaise en Europe (1582-90) : quatre jeunes chrĂ©tiens furent envoyĂ©s rendre visite au pape et aux diverses cours europĂ©ennes. Il s’agissait de faire connaĂźtre les missions d’ExtrĂȘme-Orient en Europe comme de permettre aux jeunes gens de mieux connaĂźtre la culture chrĂ©tienne. Il avait l’intention de les accompagner Ă  Rome, mais arrivĂ© Ă  Goa il apprit qu’il y avait Ă©tĂ© nommĂ© provincial : il y resta (1583-1587). Il repartit Ă  Macao (-), et, lorsque le groupe fut de retour (1590), voyagea avec eux de nouveau jusqu’au Japon. Comme ambassadeur du vice-roi de l'Inde, il eut une entrevue avec Toyotomi Hideyoshi en 1591, mais sans succĂšs : le christianisme resta interdit et les chrĂ©tiens durent faire face Ă  de sĂ©vĂšres persĂ©cutions. Valignano dut repartir Ă  Macao (-) oĂč il fonda en 1594 le collĂšge Saint-Paul de Macao qui deviendra le centre de formation des missionnaires jĂ©suites pour les langues et cultures de l’Orient (Chine et Japon). Il fit un dernier sĂ©jour au Japon de 1598 Ă  1603[1].

Il passe ses derniĂšres annĂ©es Ă  Macao et y meurt le . Il est inhumĂ© le mĂȘme jour dans la crypte de l'Ă©glise de la MĂšre-de-Dieu dont seule la façade est encore debout Ă  la suite d'un incendie en 1835.

Nouvelle approche culturelle

Généralités

  • DĂšs son premier passage en Inde (1575), Valignano recommanda qu’un sĂ©minaire fĂ»t ouvert pour la formation d’un clergĂ© autochtone. Il libĂ©ra de toute tĂąche Henrique Henriques, un vĂ©tĂ©ran de la mission et bon connaisseur du tamoul, pour qu’il puisse composer une grammaire, un dictionnaire et des livres de dĂ©votions. Ces premiers livres en langue tamoule furent imprimĂ©s sur l’imprimerie nouvellement importĂ©e d’Europe Ă  Goa.
  • La mĂȘme conviction que le christianisme ne survivrait pas Ă  la prĂ©sence de missionnaires Ă©trangers en Asie si la culture n’était pas prise au sĂ©rieux le guida au Japon. Ils ne pouvaient se contenter de quelques adaptations superficielles. Durant 25 ans, Valignano fut l’administrateur mĂ©ticuleux qui formula les Ă©lĂ©ments d’une politique d’inculturation chrĂ©tienne dans des civilisations anciennes dont il admirait la cohĂ©rence et la richesse.
  • Quelques-uns de ces Ă©lĂ©ments sont :
  1. Études de la langue et culture locale
  2. Respect et appréciation de cette culture
  3. Auteurs classiques occidentaux et orientaux enseignĂ©s dans les collĂšges (ouverture, en 1593, du fameux collĂšge Saint-Paul de Macao qui devint le centre de soutien de toute la mission d’ExtrĂȘme-Orient)[2]
  4. Formation d’un clergĂ© local (premiĂšre ordination sacerdotale Ă  Nagasaki en 1601)
  5. DĂ©veloppement d’une littĂ©rature chrĂ©tienne en chinois, japonais et langues indiennes
  6. Adoption des coutumes rĂ©gionales dans tout ce qui n’est pas contraire Ă  la foi
  • Sa vaste correspondance, dont de nombreuses lettres sont conservĂ©es, rĂ©vĂšle un homme qui rĂ©flĂ©chit Ă  la maniĂšre de parler du Christ Ă  des peuples totalement Ă©trangers au monde grĂ©co-latin : 'Comment Ă©viter un eurocentrisme nuisible Ă  la mission, et d’ailleurs sans vrai lien avec la foi'?

Ambassade TenshĂ”

Alessandro Valignano dĂ©cide en 1582 de monter une expĂ©dition de quatre jeunes gens de KyĆ«shĆ«, avec leurs serviteurs, dans un grand tour couvrant le Portugal, l'Espagne et l'Italie pour finir avec la visite du Pape. Cette mission est dite ambassade TenshĂ” en langue occidentale. Il s’agit bien d’exhiber devant les jeunes ambassadeurs la magnificence et l’autoritĂ© de l'Europe catholique. L'expĂ©dition rentre Ă  Nagasaki en juillet 1590 au moment oĂč le Japon lance les premiĂšres mesures anti-chrĂ©tiennes. La reprĂ©sentation de l’évĂ©nement d’actualitĂ© profite plus Ă  l’éclat des citĂ©s italiennes, des jĂ©suites et de l’Église, qu’au Japon, oĂč l’expulsion des chrĂ©tiens ne va pas tarder[3].

Conflits et controverses

Valignano dut faire face Ă  de fortes oppositions, d’une part de ceux qui estimaient qu’il paganisait le christianisme, d’autre part de missionnaires portugais liĂ©s au pouvoir colonial qui jugeaient qu’il agissait avec une trop grande libertĂ© vis-Ă -vis du pouvoir royal, « protecteur » des missions.

Il eut Ă©galement des problĂšmes avec ses confrĂšres jĂ©suites lorsqu’il tenta d’introduire dans les communautĂ©s jĂ©suites des structures de vie et une discipline empruntĂ©es aux temples zen japonais


Postérité

Il est paradoxal que ce soit un homme peu douĂ© pour les langues (car Valignano ne parla jamais avec facilitĂ© le japonais) qui lança un mouvement qui permit l’émergence d’orientalistes de premier ordre, tels que Matteo Ricci, Roberto de Nobili, Alexandre de Rhodes et d’autres.

Son approche missionnaire fondée sur une adaptation aux coutumes et usages locaux alimenta notamment la querelle des rites qui se solda en 1704 par une interdiction des pratiques intégrant les rites indigÚnes en 1704 par le pape Clément XI, confirmée par la bulle Omnium Sollicitudinum de Benoßt XIV en 1744.

Le IIe concile ƓcumĂ©nique du Vatican avec le dĂ©cret Ad Gentes repris cependant en 1965 les principes d'inculturation dont nous trouvons de nombreux Ă©lĂ©ments dans l'Ɠuvre missionnaire de Valignano.

ƒuvres principales

  • Historia del principio y progreso de la C.J. en las India orientales (1542-1564), (Ă©d. J. Wicki, Rome, 1944.
  • Sumario de las cosas del Japon (1583), com adiciones al Sumario (1592) (Ă©d. J. L. Alvarez), Tokyo, 1954.
  • Il ceremoniale per i missionari del Giappone, (Ă©d. Schutte), Rome, 1946.
  • Catechismus christianae fidei. Lisbon: Antonius Riberius, 1586 (Ɠuvre trĂšs rare ; mais rĂ©impression intĂ©grale dans le premier volume de Antonio Possevino, Bibliotheca Selecta Qua Agitur De Ratione Studiorum in Historia, in Disciplinis, in Salutem Omnium Procuranda. Rome: Typographia Apostolica Vaticana, 1593[4].

En français :

  • Les JĂ©suites au Japon : Relation missionnaire (1583) (traduit par J.BĂ©sineau), Paris, DesclĂ©e de Brouwer (Coll. Christus), 1990, 285pp.

Bibliographie

  • C.R. Boxer: The Christian Century in Japan, Berkeley, University of California Press, 1951.
  • J.M. Braga: "The Panegyric of Alexander Valignano, S.J." dans Monumenta Nipponica, Vol.5, No. 2. (Jul., 1942), pp. 523–535
  • Michael Cooper: Rodrigues the Interpreter, New York, Weatherhill, 1974.
  • Naojiro Murakami:The Jesuit Seminary of Azuchi, dans Monumenta Nipponica, Vol.6, No. 1/2. (1943), pp. 370–374.
  • Joseph Francis Moran: The Japanese and the Jesuits : Valignano in the sixteenth-century Japan, Londres, 1993.
  • LĂ©on Bourdon: La Compagnie de JĂ©sus et le Japon (1547-1570), Fondation Calouste-Gulbenkian, 1993.
  • Josef Franz Schutte: Valignano's Mission Principles for Japan, St. Louis, Institute of Jesuit Sources, 1980
  • Vittorio Volpi: Alessandro Valignano (1539-1606), un jĂ©suite au Japon, Salvator, 2012.

Liens externes

Notes et références

  1. (pt) John W. Witek, DicionĂĄrio PortuguĂȘs-ChinĂȘs, , 535 p., p. 14
  2. La façade de son église est un des monuments les plus célÚbres de Macao. Voir article : Macao
  3. GĂ©rard Siary, Marie-Pierre NoĂ«l et Michel Boeglin, « L'ambassade Tenshƍ, entre croisements interculturels et entreprise mĂ©diatique », CECIL,‎ mis en ligne le 01 janvier 2022 (lire en ligne)
  4. Voir Urs App, The Birth of Orientalism, Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 2010 (ISBN 978-0-8122-4261-4), pp. 18-24, 139-146 sur le rĂŽle important de cette Ɠuvre de Valignano (version incluse dans la Bibliotheca selecta de Antonio Possevino, 1593) dans la rĂ©ception des religions asiatiques en Europe.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.