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Al-Qaryatayn

Al-Qaryatayn (en arabe : Ű§Ù„Ù‚Ű±ÙŠŰȘين, Ă©galement Ă©crit Karyatayn, Qaratin ou Cariatein) est une ville du centre de la Syrie, rattachĂ©e administrativement au gouvernorat de Homs. SituĂ©e au sud-est de la ville de Homs et au sud-ouest de Palmyre, elle se trouve dans une oasis du dĂ©sert syrien. Al-Qaryatayn est proche des localitĂ©s de Furqlus (au nord), d'al-Riqama et de Dardaghan (au nord-ouest), de Mahin, Huwwarin et Sadad Ă  l'ouest, de Qarah, Deir Atiyah et al-Nabk au sud-ouest et de Jayrud au sud. Le nom « Al-Qaryatayn » signifie « les deux villages ». Selon le Bureau syrien des statistiques, la ville d’al-Qaryatayn avait une population de 14 208 habitants au recensement de 2004[1]. C’est le chef-lieu administratif du canton (nahiĂ©) d’al-Qaryatayn qui est constituĂ© de trois localitĂ©s et avait une population totale de 16 795 habitants en 2004. Ses habitants Ă©taient principalement musulmans sunnites et chrĂ©tiens syriaques [2]. Les chrĂ©tiens en ont Ă©tĂ© chassĂ©s par l'État Islamique en 2015.

Al-Qaryatayn
(ar) Ű§Ù„Ù‚Ű±ÙŠŰȘين
Administration
Pays Drapeau de la Syrie Syrie
Gouvernorat Homs
DĂ©mographie
Population 14 208 hab. (2004)
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 34° 14â€Č nord, 37° 14â€Č est
Localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : Syrie
Voir sur la carte administrative de Syrie
Al-Qaryatayn

    Histoire

    Antiquité

    La ville d’al-Qaryatayn comporte beaucoup de bĂątiments construits durant l’ùre grĂ©co-romaine, dont un important sanitarium connu sous le nom de Hamaam Balkis (« Bain de Sheba »). À l'Ă©poque romaine, la ville Ă©tait une importante station thermale[3]. Dans la ville se trouve Ă©galement un bon nombre de colonnes corinthiennes et d’ornements de marbre datant de cette Ăšre, lorsque la citĂ© de Palmyre, situĂ©e Ă  une centaine de kilomĂštres d’al-Qaryatayn, Ă©tait une ville prospĂšre[4]. La ville s'appelle alors Nazala : une inscription aramĂ©enne, datĂ©e de 146, est dĂ©diĂ©e par cinq frĂšres se prĂ©sentant comme « PalmyrĂ©niens de Nazala ». La divinitĂ© locale est connue comme le « Grand Dieu de Nazala »[5]. Avant la conquĂȘte musulmane au VIIe siĂšcle, les Arabes ghassanides, vassaux des Byzantins, ont une prĂ©sence militaire dans la ville[6].

    Moyen Âge musulman

    Lors de la conquĂȘte musulmane de la Syrie durant l’étĂ© de 634, les habitants d’al-Qaryatayn rĂ©sistent Ă  l’armĂ©e de Khalid ibn al-Walid. L’armĂ©e vainc et conquiert la ville (en) pour la piller avant de partir Ă  la conquĂȘte des villes voisines[7]. Sous le rĂšgne d’Abd Al-Malik et du califat des Omeyyades (646–705), son fils al-WalÄ«d Ier fait d’al-Qaryatayn de quelques villes voisines une base d’opĂ©rations militaires[8]. Al-WalÄ«d II, qui laissera la rĂ©putation d'un calife corrompu, organise des fĂȘtes au palais des Omeyyades Ă  al-Qaryatayn durant sa courte pĂ©riode de rĂšgne (743-744)[9].

    À la fin de l’an 1104, le prince seldjoukide Suqman ibn Artuq meurt dans la ville d’al-Qaryatayn alors qu’il Ă©tait en route pour Damas sur l'ordre du rĂ©gent de cette ville, Zahir ad-Din Tughtekin[10]. Le gĂ©ographe arabe Yaqout al-Rumi visite al-Qaryatayn au dĂ©but du XIIIe siĂšcle et dĂ©crit la ville comme un « grand village appartenant Ă  Hims, sur la route du dĂ©sert. Il se situe entre Hims, Sukhnah et Arak
 Il est Ă  deux pas de Tadmor [Palmyre] ». Il Ă©crit Ă©galement que tous les habitants de la ville sont des chrĂ©tiens[11]. En 1260, une brigade de 10 000 hommes de l’armĂ©e mongole attaque la ville et ses alentours. Plus tard la mĂȘme annĂ©e, des troupes de mamelouks dirigĂ©es par l’émir Salar repoussent des troupes mongoles vers al-Qaryatayn [12].

    Époque ottomane

    Au XIXe siĂšcle, l’économie d’al-Qaryatayn, dĂ©pendante des caravanes de chameaux, dĂ©cline sensiblement Ă  cause des avancĂ©es techniques effectuĂ©es dans le domaine des transports, notamment Ă  cause de l’apparition du train et du bateau Ă  vapeur. Cela a notamment rĂ©duit le nombre de pĂšlerins allant Ă  la Mecque cherchant des guides ou des moyens de transports Ă  al-Qaryatayn[13]. Au milieu du XIXe siĂšcle, sous le rĂšgne du gouverneur Ă©gyptien de Syrie Ibrahim Pacha, al-Qaryatayn est un petit village composĂ© de maisons faites de briques de terre crue[4]. Dans les annĂ©es 1850, al-Qaryatayn est dĂ©crit comme un « grand village » dont les deux-tiers des habitants sont des musulmans et le reste des chrĂ©tiens. La plupart des chrĂ©tiens de la ville Ă©taient des syriaques[14], mais certains se convertissaient au catholicisme selon une tendance rĂ©pandue Ă  l’époque chez les chrĂ©tiens de Syrie[15]. Au cours d'une visite de la ville en 1913, le voyageur amĂ©ricain Lewis Gatson dĂ©crit al-Qaryatayn comme un « village sordide ». Au dĂ©but du XXe siĂšcle, la voyageuse britannique Gertrude Bell remarque que le plus grand brigand syrien de l’époque, Fayyad Agha (peut-ĂȘtre Ahmed bin Fayyad), vivait Ă  al-Qaryatayn[16].

    Guerre civile syrienne

    Pendant la guerre civile syrienne, qui dĂ©bute en , la ville d’al-Qaryatayn reste relativement neutre la plupart du temps. Les anciens de la ville concluent des accords avec les forces gouvernementales et rebelles en assurant que ses hommes ne s’impliqueraient pas dans le conflit. Cependant, la situation de la ville est stratĂ©gique, car elle se trouve Ă  un carrefour entre le nord et le sud du pays. Al-Qaryatayn sert pendant plusieurs annĂ©es de point de passage entre les deux parties. Les rebelles font passer des armes depuis le nord jusqu’à Damas, alors que le gouvernement l'utilise pour renforcer et rĂ©approvisionner ses troupes dans le nord et l’ouest du pays [17]. La ville est Ă©galement frĂ©quentĂ©e par les transfuges de l'armĂ©e syrienne qui proviennent des quatre coins du pays[18].

    La ville est prise par l'État islamique la nuit du 5 au [19]. Le , le monastĂšre de Mar Elian, fondĂ© au VIe siĂšcle, est dĂ©truit Ă  coup de bulldozer[20].

    AprĂšs la prise de Palmyre, le , l'armĂ©e syrienne s'avance vers Al-Qaryatayn. Les troupes de l'État islamique en sont dĂ©logĂ©es, le , par l'armĂ©e syrienne appuyĂ©e par des hĂ©licoptĂšres russes[21] - [22].

    Le 1er octobre 2017, aprĂšs une offensive surprise, l'État islamique reprend la ville[23] et au moins une centaine d'habitants sont tuĂ©s par les djihadistes lors du massacre d'al-Qaryatayn[24] avant que le rĂ©gime ne la reprenne Ă  son tour le [25].

    Notes et références

    1. (en) Al-Qaryatayn, Bureau syrien des statistiques
    2. Smith, 1841, p. 174
    3. Leary, 1913, p. 129
    4. Addison, p. 236
    5. Yon Jean-Baptiste. Une bilingue grĂ©co-palmyrĂ©nienne de la rĂ©gion de ‘Aqῑrbāt. In: Entre nomades et sĂ©dentaires. Prospections en Syrie du Nord et en Jordanie du Sud. Lyon : Maison de l'Orient et de la MĂ©diterranĂ©e Jean Pouilloux, 2010. pp. 105-108. (Travaux de la Maison de l'Orient et de la MĂ©diterranĂ©e, 55).
    6. Bosworth, 1980, p. 117
    7. Blankinship, 1993, p. 110
    8. Necipoglu, 1996, p. 32
    9. Hitti, p. 480
    10. Richards, 2006, p. 90
    11. le Strange, 1890, p. 481.
    12. Abu al-Fida memoirs, Holt 1983, p. 41–42
    13. Chatty, 2006, p. 63
    14. Porter, 1858, p. 541–542
    15. Joseph, 1983, p. 51
    16. Bell, 1907, p. 152
    17. (en) Neutral Syrian town drawn into battle, Al Jazeera English, 24 avril 2013
    18. (en) Syrian defectors converge on central town, Al Jazeera English 26 avril 2013
    19. Syrie: l'EI a pris le contrÎle d'une ville clé dans la province de Homs, AFP, 6 août 2015.
    20. « Le monastĂšre syrien de Mar Elian dĂ©truit par l'État Islamique », Radio Vatican,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
    21. Paul Khalifeh, « Syrie: le rĂ©gime reprend la ville d'Al-Qaryatayn au groupe État islamique », RFI, 3 avril 2016.
    22. « Syrie: le porte-parole d’Al-QaĂŻda et 20 jihadistes tuĂ©s dans des frappes », AFP, 3 avril 2016.
    23. « L'EI s'empare d'Al-Qaryatayn, ville symbolique dans le centre de la Syrie », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
    24. "Syrie: l'EI a "exĂ©cutĂ©" 116 personnes avant d'ĂȘtre chassĂ© d'une ville", AFP, 23 octobre 2017.
    25. Daesh perd une nouvelle ville en Syrie, BFM TV avec AFP, 21 octobre 2017.

    Bibliographie

    • (en) Gertrude Lowthian Bell, Syria: The Desert & The Sown, Heinemann, (lire en ligne)
    • (en) Khalid Yahya Blankminship, Tabari: The Challenge to the Empires, SUNY Press, (ISBN 0-7914-0852-3, lire en ligne)
    • (en) Clifford Edmund Bosworth, The Encyclopaedia of Islam, new edition: Supplement, BRILL Archive, (ISBN 90-04-06167-3, lire en ligne)
    • (en) Dawn Chatty, Nomadic Societies in the Middle East and North Africa: Entering the 21st Century, BRILL, (ISBN 90-04-14792-6, lire en ligne)
    • (en) Phillip K. Hitti, History of Syria, Including Lebanon and Palestine, Gorgias Press LLC, (ISBN 1-59333-119-3, lire en ligne)
    • (en) John Joseph, Muslim-Christian Relations and Inter-Christian Rivalries in the Middle East: The Case of the Jacobites in an Age of Transition, SUNY Press, (ISBN 0-87395-600-1, lire en ligne)
    • (en) Lewis Gatson Leary, Syria: The Land of Lebanon, McBride, Nast & Company, (lire en ligne)
    • (en) Gulru Necipoglu, Muqarnas-An Annual on the Visual Culture of the Islamic World, BRILL, (ISBN 90-04-10633-2, lire en ligne)
    • (en) Josias Leslie Porter, A Handbook for Travellers in Syria and Palestine, vol. 1, Murray, (lire en ligne)
    • (en) Donald Sidney Richards, The chronicle of Ibn al-AthÄ«r for the crusading period from al-Kāmil fÄ«'l-ta'rÄ«kh: The years 491-541/1097-1146 : the coming of the Franks and the Muslim response, Ashgate Publishing Ltd., (ISBN 0-7546-4077-9, lire en ligne)
    • (en) Eli Smith et Edward Robinson, Biblical Researches in Palestine, Mount Sinai and Arabia Petraea: A Journal of Travels in the Year 1838, vol. 3, Crocker and Brewster, (lire en ligne)
    • (en) Guy le Strange, Palestine Under the Moslems: A Description of Syria and the Holy Land from A.D. 650 to 1500, Committee of the Palestine Exploration Fund, (lire en ligne)
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