AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Al-Adiyat

Al-Adiyat (arabe : Ű§Ù„ŰčŰ§ŰŻÙŠŰ§ŰȘ, français : Les Coursiers) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă  la 100e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 11 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ɠuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e durant la pĂ©riode mecquoise.

100e sourate du Coran
Les Coursiers
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original Ű§Ù„ŰčŰ§ŰŻÙŠŰ§ŰȘ, Al-Adiyat
Titre français Les Coursiers
Ordre traditionnel 100e sourate
Ordre chronologique 14e sourate
PĂ©riode de proclamation PĂ©riode mecquoise
Nombre de versets (ayat) 11
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Origine du nom

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Les Coursiers[2], en référence au contenu du premier verset : « 1. Par les coursiers qui halÚtent ».

Historique

Il n'existe Ă  ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă  ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous l’autoritĂ© d’al-Azhar[3] - [4], cette sourate occupe la 14e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[7] - [8], pour qui cette sourate est la 30e.

Les sourates de la fin du Coran[Note 1] sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme appartenant aux plus anciennes. Elles se caractĂ©risent par des particularitĂ©s propres. Elles sont brĂšves, semblent issues de proclamations oraculaires (ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’elles en sont des enregistrements), elles contiennent de nombreux hapax[9]...

Pour Nöldeke et Schwally, la quasi-totalitĂ© des sourates 69 Ă  114 sont de la premiĂšre pĂ©riode mecquoise. Neuwirth les classe en quatre groupes supposĂ©s ĂȘtre chronologiques. Bien que reconnaissant leur anciennetĂ©, certains auteurs refusent de les qualifier de « mecquoise », car cela prĂ©suppose un contexte et une version de la genĂšse du corpus coranique qui n’est pas tranchĂ©e. Cette approche est spĂ©culative[9].

En effet, ces textes ne sont pas une simple transcription stĂ©nographique de proclamation mais sont des textes Ă©crits, souvent opaques, possĂ©dant des strates de composition et des rĂ©Ă©critures Cela n’empĂȘche pas ces sourates de fournir des Ă©lĂ©ments contextuels (comme l’attente d’une Fin des Temps imminente chez les partisans de Mahomet). Ces textes sont marquĂ©s par une forme de piĂ©tĂ© tributaire du christianisme oriental[9].

Certains exĂ©gĂštes musulmans ont considĂ©rĂ© cette sourate comme Ă©tant « rĂ©cente », voyant une rĂ©fĂ©rence Ă  la bataille de Badr[Note 2]. BlachĂšre refuse cette datation[10]. Pour Bell, seuls les versets 1 Ă  6 (avec peut-ĂȘtre les 7-8) formaient la sourate originelle. La suite serait un ajout postĂ©rieur[10].

Interprétations

Versets 1-5 : Serment

Cette premiĂšre section est composĂ©e de serments, dans une forme dĂ©jĂ  prĂ©sente dans d’autres sourates. Ce passage est obscur et a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© de « cryptique » par El-Badawi. Ce passage contient plusieurs hapax, comme le terme qui a donnĂ© son nom Ă  la sourate. Cette expression traduite par « celles qui galopent » a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ© par l’exĂ©gĂšse musulmane soit comme une rĂ©fĂ©rence aux juments de Mahomet lors de la bataille de Badr, soit comme une allusion au galop des chamelles[10]. Cette derniĂšre interprĂ©tation pourrait ĂȘtre une rĂ©fĂ©rence au pĂšlerinage Ă  La Mecque. RĂ©cemment, une nouvelle traduction a Ă©tĂ© proposĂ©e par Younes, sur la base d’une hypothĂšse de lecture Ă©tonnĂ©e du rasm : « Et celles qui sortent au (petit) matin ». El-Badawi, quant Ă  lui, y voit une rĂ©fĂ©rence aux armĂ©es cĂ©lestes, via un Ă©quivalent syriaque. Les versets suivant font aussi l’objet de discussions[10].

Le cinquiĂšme verset est ambigu, mĂȘme pour les exĂ©gĂštes musulmans qui ont hĂ©sitĂ© sur l’identitĂ© de l’antĂ©cĂ©dent du pronom suffixe. La plupart des traducteurs ont donnĂ© un sens concret Ă  ce verset en se basant sur la tradition musulmane. D’autres auteurs ont proposĂ© des interprĂ©tations. Grimme, Rodinson et El-Badawi  y voient une allusion Ă  des ĂȘtres cĂ©lestes. Pour Younes, le texte originel pourrait ĂȘtre une hymne chrĂ©tienne[10].

NĂ©anmoins, toutes ces interprĂ©tations, traditionnelles ou islamologiques, sont fragilisĂ©es par l’obscuritĂ© de ce passage. Pour Neuenkirchen, les hypothĂšses de Grimme, Rodinson et El-Badawi sont les plus convaincantes. Il propose que ce passage pourrait reposer sur un extrait du Livre de JĂ©rĂ©mie mais aussi peut-ĂȘtre sur une hymne zoroastrienne[10].


  • Texte de la sourate (Coran datant de 1874)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • P. Neuenkirchen, "Sourate 100", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2151 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 3].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. L’auteur prĂ©cise que ces remarques, si elles sont dans une partie consacrĂ©e aux sourates 69 Ă  99, s’appliquent aussi aux sourates 100 Ă  114.
  2. Les islamologues ont utilisĂ© plusieurs approches pour tenter de dater les diffĂ©rentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent Ă  l’« Ă©cole allemande » qui, Ă  la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un rĂ©cit « laĂŻcisĂ© » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les Ă©tudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie prĂ©sent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage Ă  l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  3. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  3. G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  4. R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
  5. R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
  6. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  7. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  8. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  9. G. Dye, « Introduction aux sourates 69-99 », Le Coran des historiens, 2019, p. 1789 et suiv.
  10. P. Neuenkirchen, "Sourate 100", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2151 et suiv.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.