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Agnis

Les Agnis sont un peuple d'Afrique de l'Ouest d'environ 1 200 000 personnes, vivant principalement en CĂ´te d'Ivoire. Ils sont Ă©galement prĂ©sents au voisin Ghana[1] - [2].

Agnis
Description de cette image, également commentée ci-après
Homme Agni (Élisée Reclus, 1892)
Populations importantes par région
Drapeau de la CĂ´te d'Ivoire CĂ´te d'Ivoire 953 339
Drapeau du Ghana Ghana 298 000
Population totale 1 251 339

Ils ont été le premier peuple de la région à entrer en contact avec les Européens au XVIIe siècle[3].

Ethnonymie

Selon les sources et le contexte, on observe différentes formes : Agnis, Ani, Anya, Anyi, Anyis, Ndenie[4], Sanwi, etc.

Histoire

Origine

Tête funéraire (Brooklyn Museum)

Au début du XVIIIe siècle, en provenance du royaume Ashanti du Ghana, les premiers Agnis traversent la frontière ivoirienne avec un autre peuple d'Akans. Arrivés à la lagune Aby, ils fondent le royaume de l'Indénié, Royaume du Sanwi et celui du Moronou avec les Agnis Mrôfo.

Il est à noter qu'il existe d'autres sous-groupes comme les Agnis-Assonvon dans la localité d'Ebilassokro, à l'Est de la Côte d'Ivoire.

Aujourd'hui

11% des Agnis vivent à Abengourou, ville centrale de l'ancien royaume de l'Indénié. Le reste du peuple Agni est réparti dans les régions de N'zi-Comoé, de Zanzan, le royaume du Sanwi et une minorité au Ghana[5].

Villes du sud

Dans ces grandes villes, il y a eu une fracture sociale à partir de 1990 car les peuples forestiers se regroupent dans certaines zones ainsi que les peuples de la savane majoritairement émigrés[6].

Société

Le système de chefferie

La reine-mère (Musée des costumes de Grand-Bassam)

Le système de chefferie des Akan est de type monarchique : le choix découle d’un mécanisme héréditaire de succession qui limite l’exercice du pouvoir aux membres d’une seule et même famille. Cela se déroulait conformément à la règle générale des successions de la tribu régnante qui dirigea un rôle historique depuis le Ghana voisin vers la fin du XVIIe siècle.

Avant la colonisation française, les Akan avaient développé un royaume avec une structure politique composée du souverain assisté par son conseil. Le reste de la société était composée de trois castes principales : les nobles, les hommes libres et les serviteurs .

Économie

Les Agnis sont des propriétaires fonciers de la forêt et sont devenus des planteurs rentiers. Étant minoritaires, ils ont su intégrer les nouvelles populations émigrées telles les Mossis en leur attribuant le rôle de métayers. Les récoltes sont divisées mais le principal bénéficiaire est le propriétaire de la terre, ce qui engendre un rapport de force dans la structure hiérarchique[7].

Ivoirité

À Ayamé, il y a eu des affrontements entre Agnis et Bozos (pêcheurs maliens) vers 1998. Auparavant, les populations vivaient en paix en Côte d'Ivoire car il y avait une prospérité économique qui profitait à tous[8].

Culture

Langue

La langue agni est de la famille des langues nigĂ©ro-congolaises. Il y aurait 250 000 locuteurs dans la rĂ©gion du sud-comoĂ©.

Religion

Chez les Agnis, le féticheur est le Kômian. Dans les sociétés Akans du Ghana et de Côte d'Ivoire, ce sont toutes les personnes qui détiennent le savoir occulte. Les Kômians peuvent enseigner leur savoir aux rois ou donner des prédictions sur l'avenir. Leurs transes magico-religieuses leur permettent de comprendre des choses incompréhensibles pour le commun des mortels. Les kômians sont regroupés en sociétés secrètes[9].

Il y a eu une grande influence des pasteurs togolais de la Church of Pentecost vers les Agnis du Ghana puis de Côte d'Ivoire dans les années 1950[10]

Alimentation

Les Agnis consomment entre 20 et 50 % du riz et du foutou banane plantain avec manioc dans leur préparation[11], sans oublier bien sûr de l'igname[12].

Famille

Pour pouvoir se marier, un prétendant doit fournir trois dots :

  • Bla-Ă´-kale : aide financière pour l'entretien de la future Ă©pouse
  • Adyia-tila : pour l'achat du trousseau
  • BĂ©-ti-sika : lie la jeune femme et ses parents. Elle devient une promise[13].

L'adultère était traditionnellement durement réprimé. Les coupables bannies du village, tous disposaient désormais du droit de vie ou de mort sur elles[14].

Les femmes doivent avouer le nombre d'amants qu'elles ont eus pour sauver leurs enfants et leurs propres vies lors d'accouchements difficiles. Le mari doit donner son pardon[15].

Notes et références

  1. afcam.org - Fiche pays Ghana
  2. Jean-Louis Chaléard, Temps des villes, temps des vivres : l'essor du vivrier marchand en Côte d'Ivoire, p. 66
  3. (en) « Western Africa - The beginnings of European activity », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  4. Source RAMEAU, BnF
  5. Marc Le Pape et Claudine Vidal, Côte d'Ivoire : l'année terrible, 1999-2000, Karthala, 2002, p. 128
  6. Marc Le Pape et Claudine Vidal, op. cit., p. 140
  7. Marc Le Pape et Claudine Vidal, op. cit., p. 136
  8. Marc Le Pape et Claudine Vidal, op. cit., p. 181
  9. Ursula Baumgardt, Françoise Ugochukwu, Jean Derive, Approches littéraires de l'oralité africaine en hommage à Jean Derive Mélanges Derive Jean Tradition orale : en hommage à Jean Derive, p. 301
  10. Sandra Fancello, Les aventuriers du pentecôtisme ghanéen : nation, conversion et délivrance en Afrique de l'ouest, p. 238
  11. Jean-Louis Chaléard, op. cit., p. 40
  12. Jean-Louis Chaléard, op. cit., p. 79
  13. La preuve : (3) Civilisations archaïques, asiatiques et islamiques, De Boeck Université, 1989, p. 144
  14. Société Jean Bodin pour l'histoire comparative des institutions, La Peine: quatrième partie : mondes non européens = punishment : fourth part : non european worlds, De Boeck Université, 1991, p. 52
  15. La preuve : (3) Civilisations archaïques, asiatiques et islamiques, De Boeck Université, 1989, p. 152

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) S. Domowitz, « Wearing proverbs: Anyi names for printed factory cloth », African arts, 1992, vol. 25, no 3, p. 82-87
  • (en) Paul Parin, Fritz Morgenthaler et Goldy Parin-Matthèy, Fear thy neighbor as thyself : psychoanalysis and society among the Anyi of West Africa, University of Chicago Press, Chicago, 1980, 408 p. (ISBN 978-0-226-64583-4)
  • Marius Ano N'Guessan, Contes Agni de l'indeniĂ©, Imprimerie Nationale, 1970, 244 pages.
  • François-Joseph Amon d'Aby, Croyances religieuses et coutumes juridiques des Agni de la CĂ´te d'Ivoire, Paris, Maisonneuve et Larose, 1960, 184 p., ill. (ISBN 2-7068-0001-1)
  • Maurice Delafosse, Essai de manuel de la langue agni, parlĂ©e dans la moitiĂ© orientale de la CĂ´te d’Ivoire, Paris, 1900, 226 pages.
Ouvrage accompagné d’un recueil de légendes, contes et chansons en langue agni, d’une étude des origines et des migrations des tribus agni-achanti, de vocabulaires comparatifs des différentes langues agni-achanti, d'une bibliographie et d'une carte
  • Sandra Fancello, Les aventuriers du pentecĂ´tisme ghanĂ©en : nation, conversion et dĂ©livrance en Afrique de l'ouest, Karthala, 2006, 378 pages, (ISBN 978-2-84586-822-9)
  • Ursula Baumgardt, Françoise Ugochukwu, Jean Derive, Approches littĂ©raires de l'oralitĂ© africaine en hommage Ă  Jean Derive MĂ©langes Derive Jean Tradition orale : en hommage Ă  Jean Derive, Karthala, 2005, 334 pages, (ISBN 978-2-84586-667-6)
  • Jean-Louis ChalĂ©ard, Temps des villes, temps des vivres : l'essor du vivrier marchand en CĂ´te d'Ivoire, Karthala, 1996, 661 pages, (ISBN 978-2-86537-635-3)
  • SociĂ©tĂ© Jean Bodin pour l'histoire comparative des institutions, La Peine : quatrième partie : mondes non europĂ©ens = punishment : fourth part : non european worlds., De Boeck UniversitĂ©, 1991, 514 pages, (ISBN 978-2-8041-1524-1)
  • Marc Le Pape, Claudine Vidal, CĂ´te d'Ivoire : l'annĂ©e terrible, 1999-2000, Karthala, 2002, 354 pages, (ISBN 978-2-84586-317-0)
  • La preuve : (3) Civilisations archaĂŻques, asiatiques et islamiques, De Boeck UniversitĂ©, 1989, 538 pages, (ISBN 978-2-8041-2893-7)
  • Catherine Blanchard, Les statues dites "Anyi de Krinjabo" dans la statuaire en terre cuite du quart Sud-Est de la CĂ´te d'Ivoire : Ă©tude stylistique et historique, UniversitĂ© de Paris 1, 1998, 683 p. 3 vol.
  • V. Duchesne, « GĂ©mellitĂ©, fĂ©conditĂ© et souverainetĂ© chez les Anyi de CĂ´te d'Ivoire », Quaderni de l'Uomo, 1998, no 1, p. 137-155 1998....
  • Claude-HĂ©lène Perrot, Les Anyi Ndenye et les Ashanti, UniversitĂ© d’Abidjan, Institut d'histoire, d'art et d'archĂ©ologie africains, 1974, 22 p.
  • Claude-HĂ©lène Perrot, Les Anyi-Ndenye et le pouvoir aux 18e et 19e siècles, Publications CEDA, Abidjan ; Publications de la Sorbonne, Paris, 1982, 333 p. (d’après une thèse de l’UniversitĂ© de Paris 5, 1978)
  • Claude-HĂ©lène Perrot, « Formation d'États et formation d'une ethnie : le cas des Anyi-Ndenye », Cahiers d'Ă©tudes africaines (Paris), 1982, vol. 22, no 87-88, p. 455-463
  • M. Delafosse, « Coutumes observĂ©es par les femmes en temps de guerre chez les Agni de la CĂ´te d'Ivoire », Revue d'Ethnographie et de Sociologie, 4, 1913, p. 266-268.
  • S. Crapuchet, Femmes Agni du Moronou : prĂ©paration de la femme Ă  son rĂ´le de mère en Basse CĂ´te d'Ivoire, École pratique des Hautes Ă©tudes (mĂ©moire no 163) VIe section, Paris, 1967.
  • « La fĂŞte des ignames chez les Agnis », Eburnea no 26, 1969.
  • J. Ehouman, « L'hĂ©ritage chez les Agnis Morophos », La CĂ´te d'Ivoire ChrĂ©tienne, no 57, s.l., 1943, p. 4.
  • F.-J. Amon d'Aby, Les principes successoraux des tribus agni et baoulĂ©, en CĂ´te d'Ivoire devant l'Ă©volution Ă©conomique moderne, CHEAM, 1958, 8 p.
  • BarthĂ©lĂ©my ComoĂ© Krou, Le jeu dans la sociĂ©tĂ© traditionnelle agni, thèse de doctorat : lettres, UniversitĂ© RenĂ© Descartes, Paris, 1977, 723 p.
  • BarthĂ©lĂ©my ComoĂ© Krou, La ludistique, essai sur la crĂ©ation d'une science du jeu (conclusion de recherches menĂ©es pendant près de dix ans sur les jeux pratiquĂ©s dans la sociĂ©tĂ© agni), UniversitĂ© d'Abidjan, 1978, 152 p.
  • H. Hubert, « Coutumes indigènes en matière d'exploitation des gĂ®tes aurifères en Afrique occidentale » (Droit coutumier de la CĂ´te d'Ivoire, chez les agni, les baoulĂ© de Bondoukou), Annuaire et mĂ©moire du comitĂ© d'Ă©tude historique et scientifique de l'AOF, s.l., 1917 p. 222-243.
  • OI. P. Amon, Études sur le droit coutumier agni (thèse de 3e cycle. Droit Ă©conomie des pays Ă©trangers. Afrique), 396 ff. dactyl. ill., 1968
  • V. Dolon, Coutumier du groupe agni-ashanti (Coutumier conservĂ© aux Archives Nationales de CĂ´te d'Ivoire, Abidjan), s.d., 72 p.
  • Koffi SiĂ©, Les Agni-DiabĂ©, histoire et sociĂ©tĂ©, thèse de doctorat de 3e cycle d'histoire, UniversitĂ© de Paris I, 1976.
    • Boa Kadio, Martin, « La naissance de la dot en pays Agni», Revue de la Gendarmerie Nationale, no 12, 1975, p. 27

Articles connexes

Liens externes

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