Affaire des disparues de l'Yonne
L'affaire des disparues de l'Yonne est une affaire criminelle française d'enlèvements et de meurtres d'au moins huit femmes, avec des faits qui se sont déroulés entre 1975 et les années 2000 autour d'Auxerre, dans l'Yonne. Les multiples dysfonctionnements de la justice et du système de protection de l'enfance en ont fait une des affaires les plus connues de France. La ministre de la Justice de l'époque, Marylise Lebranchu, déclare elle-même en 2002 que « l'affaire de l'Yonne, c'est effectivement une série d'erreurs, de dysfonctionnements »[1].
Affaire des disparues de l'Yonne | |
Pays | France |
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Tribunal | Cour d'assises de l'Yonne |
Date | |
Recours | Recours rejeté par la Cour de cassation en septembre 2007 |
DĂ©tails juridiques | |
Branche | Droit pénal, Droits de l'enfant |
Chronologie | 1979 : Disparition de Martine Renault ; Emile Louis est entendu comme suspect.
1981 : Découverte du corps de Sylvianne Lesage ; Emile Louis est inculpé de meurtre. 1983 : Condamnation à 4 ans de prison d'Emile Louis pour attentats à la pudeur sur des mineures de la Ddass. 1984 : Emile Louis bénéficie d'un non-lieu dans l'affaire Lesage ; le gendarme Jambert fait part de ses soupçons sur Emile Louis dans un rapport demeuré sans suite. 1996 : L'Association de défense des handicapées de l'Yonne dépose des plaintes pour enlèvement et séquestration et participe à l'émission Perdu de vue diffusée sur TF1. 1997 : Le gendarme Jambert est retrouvé mort dans sa cave : l'enquête conclut à un suicide avant d'être réouverte en 2004. 2000 : Emile Louis avoue le meurtre de sept jeunes filles ; les corps de Madeleine Dejust et Jacqueline Weiss sont exhumés. 2001 : Emile Louis se rétracte et clame son innocence. 2004 : Emile Louis est condamné en première instance par la cour d'assise de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de 18 ans. 2006 : Confirmation de la peine par la cour d'assises d'appel de Paris. |
Voir aussi | |
Mot clef et texte | Abus sexuel sur mineur |
Malgré la disparition de plusieurs jeunes femmes à la fin des années 1970, logées dans des foyers de la DDASS, peu de personnes s'inquiètent, les familles sont peu présentes et n'ont pas les moyens de médiatiser l'affaire, et les foyers ne reportent pas les disparitions aux autorités, ayant conclu à une fugue malgré la nature peu autonome des victimes.
Après plus de vingt ans de non-résolution des premières disparitions, la médiatisation de l'affaire par les familles de victimes, dans l'émission Perdu de vue, sur TF1, permet de faire relancer l'enquête que la justice avait plusieurs fois prescrite. Le tueur en série Émile Louis est arrêté et emprisonné en l'an 2000, à la suite de révélations aux enquêteurs. Il est condamné à perpétuité en 2004 pour sept meurtres de jeunes femmes. Chauffeur de bus et conseiller municipal de Seignelay, il avait été pourtant été fortement suspecté par un gendarme, Christian Jambert, en 1984, faisant l'objet d'un rapport n'ayant pas été suivi d'effets. Émile Louis avait écopé d'une première condamnation en 1983 et d'une autre en 1989 dans le Var pour attentat à la pudeur sur mineur.
Plusieurs dizaines de disparitions inquiétantes restent à ce jour sans réponse autour d'Auxerre, de 1965 à 1990[1]. D'autres affaires de proxénétisme, d'enlèvements et de meurtres dans le département ainsi que les déclarations d'Émile Louis sur d'éventuels réseaux laissent planer le doute sur la fin effective de l'affaire des disparues de l'Yonne.
Liste des victimes et disparues
- Martine Renault, 16 ans, disparue en septembre 1979
- Sylviane Lesage, 22 ans, retrouvée morte le 5 juillet 1981
- Isabelle Laville, disparue le 11 décembre 1987[2]
- Sylvie Baton
- Danièle Bernard
- Joanna Parish
- Jeanine Parent-Vain
- Martine Menguy
- Marie-Angèle Domece,
- Elizabeth Fontaine
- Lucette Evain
Chronologie
Entre 1975 et 1979, plusieurs jeunes filles disparaissent dans la région d’Auxerre sans laisser de traces. Jeunes filles de la DDASS, orphelines ou arrachées à leurs parents à la naissance pour les protéger de l’alcool, de la violence, des mauvais traitements, certaines souffrent de léger handicap mental. Elles sont placées sous la responsabilité et la protection de l’État via les services de la direction des Affaires sanitaires et sociales.
Elles disparaissent pourtant dans l’indifférence générale ou presque : personne ne se préoccupe de leur disparition, à part leurs nourrices et parfois les membres éparpillés de leur famille quand elles en avaient une.
En 1984, le gendarme Jambert rend à la justice un rapport sur ses soupçons. Faute de preuve, il restera sans suite, mais le procureur demande tout de même à l'enquêteur de poursuivre son travail[3].
En 1987, 1988 et 1989, trois autres jeunes femmes disparaissent ou sont assassinées dans des conditions mystérieuses dans les alentours d’Auxerre. À chaque fois, la justice classe rapidement les dossiers sans trouver les coupables.
C’est au total près d’une vingtaine de jeunes femmes qui disparaissent « mystérieusement » sans laisser de trace dans le département de l’Yonne[4].
Ce n’est qu’en 1996 qu’une association dépose plusieurs plaintes pour enlèvement et séquestration — et non pas meurtre, puisqu’aucun corps n’a été retrouvé — soit près de 20 ans après les faits. Mais la justice refuse d’ouvrir une procédure, à cause de la période de prescription, largement dépassée.
L'association de familles des victimes décide alors de médiatiser l'affaire et il faut attendre 1996 et la diffusion de l’émission de télévision Perdu de vue pour que l’une des pires affaires criminelles que la France ait connue soit enfin révélée au grand jour. Les téléspectateurs découvrent alors que depuis 12 ans, un gendarme opiniâtre, Christian Jambert, soupçonne depuis longtemps un chauffeur de car de la région, Émile Louis.
En 1997, le gendarme Jambert, toujours sur la piste du tueur, est retrouvé mort. Il s’agit officiellement d’un suicide, même si le rapport d’autopsie révèle plusieurs incohérences, notamment le fait que deux balles, toutes deux décrites par les médecins légistes comme mortelles, aient été retrouvées à des endroits éloignés : l’une dans la tête, l’autre dans le cœur[5].
L’enquête se poursuit jusqu'en décembre 2000, quand les gendarmes se rendent au domicile d'Émile Louis, à Draguignan, où il avait emménagé. Après lui avoir assuré qu’en raison de la prescription, il pouvait parler des disparues de l’Yonne sans s’attirer d’ennuis, le tueur avoue : il a assassiné les sept jeunes filles dans les années 1970. Il guide même les enquêteurs jusqu’aux corps, dans la région d'Auxerre, mais seules deux victimes seront retrouvées. Le tueur est alors placé en garde à vue et lorsqu’il comprend qu’il devra finalement payer pour ses crimes, il se rétracte et clame son innocence, expliquant que la cause des disparitions est liée à un vaste réseau de proxénétisme qui minait le département à l'époque.
Émile Louis est condamné en 2004 à la réclusion criminelle à perpétuité. À la fin des années 1980, il avait une deuxième fois été condamné pour attentat à la pudeur sur mineurs[6].
Affaires parallèles
Parallèlement aux disparitions imputées à Émile Louis, d’autres enlèvements de jeunes filles, notamment issues de la DDASS, ont eu lieu dans l’Yonne. Eux étaient liés à la prostitution. L'affaire Dunand a éclaté en 1983, lorsque les époux Dunand ont été arrêtés à Appoigny, à moins de 10 km de là où vivait Émile Louis. Ils étaient à la tête d’un réseau de proxénétisme, de sadomasochisme et de torture, sur des jeunes filles qu’ils enlevaient dans le département.
Le département a été objet de nombreuses autres affaires de pédocriminalité, et d'autres tueurs en série comme Michel Fourniret ont sévi dans l’Yonne des années 1980 jusqu'à présent.
Documentaires télévisés
- « Mystérieuses disparitions » le dans Faites entrer l'accusé présenté par Christophe Hondelatte sur France 2.
- « Émile Louis, les disparues de l'Yonne » en , et juin 2009 dans Faites entrer l'accusé présenté par Christophe Hondelatte sur France 2.
- « Disparues de l'Yonne : enquête sur la terrible face cachée d'Émile Louis « le dans 90' faits divers sur TMC.
- « Émile Louis : l'affaire des disparues de l'Yonne » dans Affaires criminelles le sur NT1, puis le sur Toute l'Histoire.
- « les disparues de l'Yonne » (premier reportage) le dans Chroniques criminelles sur NT1.
- « Émile Louis : le boucher de l'Yonne » deuxième reportage du « Spécial : ils ont fait trembler la France » le dans Crimes sur NRJ 12.
- « Disparues de l'Yonne, la conspiration du silence », 2022, la série documentaire sur France 3.
Émission radiophonique
- « L'intégrale : Émile Louis et l'affaire des Disparues de l'Yonne » dans L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL.
Bibliographie
- 2001 : Les Disparues d'Auxerre. L'enquête, Corinne Herrmann et Philippe Jeanne, Éditions Ramsay
- 2003 : Affaires non classées (tome 1) (chapitre : Les sept disparues de l'Yonne), Christian English et Frédéric Thibaud, First édition, 334 pages, (ISBN 2876917661)
- 2004 :
- Les Réseaux cachés des pervers sexuels : enquête sur les disparues de l'Yonne, Éric Raynaud, éditions du Rocher
- Émile Louis et l'affaire des disparues de l'Yonne, Hubert Besson, l'Archipel
- 2005 : Disparues de l'Yonne - la 8e victime, Jacques Pradel, Éditions Michel Lafon, (ISBN 2-7499-0227-4)
- 2005 : Être la fille d'Émile Louis, Maryline Vinet (la fille ainée d'Émile Louis), (ISBN 978-2840989172)
- 2008 : Un tueur peut en cacher un autre. Comment les serial killers passent à travers les mailles du filet, Corinne Herrmann, Éditions Stock[7]
- 2009 : 40 ans d'affaires Criminelles, 1969-2009 (chapitre : L'affaire Émile Louis) pages 39 à 45, Pascal Michel, 208 pages, (ISBN 978-1-4092-7263-2)
- 2011 : Émile Louis innocent. La troublante hypothèse. Les avocats d'Émile Louis parlent, Alain Fraitag et Alain Thuault, Éditions David Reinharc (ISBN 9782358690164)
Notes et références
- « Les dix autres disparues de l'Yonne »
- « Black-out sur une huitième disparue de l'Yonne »
- « LES MEURTRES NON RÉSOLUS LES PLUS MYSTÉRIEUX (3/8) : LES DISPARUES DE L’YONNE »
- « france 3 »
- « Les meurtres non résolus les plus mystérieux (3/8) : les disparues de l’Yonne », sur CNews, 9janvier 2018 (consulté le )
- https://www.sudouest.fr/archives/emile-louis-et-les-disparues-de-l-yonne-le-parcours-d-un-tueur-en-serie-3617265.php#:~:text=Elles%20s'appelaient%20Chantal%2C%20Christine,%2C%20disparaissent%20autour%20d'Auxerre.
- description du livre sur le site des Éditions Stock.