Affaire Jean Bréheret
L'affaire Jean BrĂ©heret est une affaire judiciaire mettant en cause un prĂȘtre du diocĂšse d'Angers, Jean BrĂ©heret, accusĂ© d'avoir violĂ© deux sĆurs jumelles, alors ĂągĂ©es de 13 ans, entre 1987 et 1989. Il est condamnĂ© en 2004 Ă huit ans de prison ferme, peine confirmĂ©e en appel en 2005.
Affaire Jean Bréheret | |
Chefs d'accusation | Viol sur mineur |
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Pays | France |
Ville | Doué-la-Fontaine |
Date | 1987 Ă 1989 |
Nombre de victimes | 2 |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée |
Tribunal | Cour d'assises d'Angers et Cour d'appel du Mans |
Date du jugement | 2004 et 2005 |
Recours | Oui |
Historique
En mars 2000, deux sĆurs jumelles, Sandrine et BĂ©atrice Forest, originaires de DouĂ©-La-Fontaine dans le Maine-et-Loire, dĂ©posent une plainte contre l'abbĂ© Jean BrĂ©heret pour viol sur mineur. Entre 1987 et 1989, le prĂȘtre, aumĂŽnier national du mouvement ChrĂ©tiens dans le monde rural et vicaire gĂ©nĂ©ral du diocĂšse d'Angers, ami de la famille, a violĂ© les deux sĆurs jumelles Ă plusieurs reprises dans la chambre qu'il occupait alors dans une maison de convalescence oĂč elles lui rendaient visite. Leur mĂšre les avait adressĂ©es au prĂȘtre pour « poursuivre leur Ă©ducation religieuse », mais ce dernier leur avait fait croire que sa mission Ă©ducative s'Ă©tendait aussi Ă la sexualitĂ©[1].
En aoĂ»t 1989, elles tĂ©moignent Ă leur autre sĆur des abus dont elles ont Ă©tĂ© victimes. Les parents, alertĂ©s, en font part au curĂ© de DouĂ©-La-Fontaine qui leur dĂ©clare ĂȘtre au courant des agissement de Jean BrĂ©heret, et avoir lui-mĂȘme recueilli sa confession. L'Ă©vĂȘque, Jean Orchampt, est aussi rapidement mis au courant par les deux jumelles qui lui remettent une lettre en main propre Ă laquelle il ne donne pas suite. Les parents rencontrent l'Ă©vĂȘque qui plaide un « un mauvais passage d'un homme malade » et leur demande d'oublier l'affaire. Le prĂȘtre reste en place pendant plusieurs annĂ©es au grand dam des parents. Jean BrĂ©heret est par la suite envoyĂ© Ă Saint-Flour dans le Cantal en 1998 et une premiĂšre plainte est dĂ©posĂ©e pour agression sexuelle sur mineur. La plainte est classĂ©e, les faits Ă©tant prescrits sous ce chef d'accusation.
Les deux sĆurs, ĂągĂ©es de 26 ans, portent Ă nouveau plainte pour viol en 2000 avec le soutien de l'association L'Enfant bleu. Jean BrĂ©heret est mis en examen. Cependant, quelques mois plus tard, le prĂȘtre tĂ©moin qui avait recueilli la confession de Jean BrĂ©heret dĂ©cĂšde accidentellement et le prĂȘtre accusĂ© conteste les faits devant le juge[2] - [3]. Jean BrĂ©heret comparaĂźt libre devant le tribunal d'Angers en mars 2004. Il nie les faits de viol, ne reconnaissant que les faits prescrits d'agression sexuelle, des caresses sur les seins et sur le pubis, pour lesquels il dit avoir demandĂ© pardon Ă ses deux victimes. Les experts les ayant examinĂ©es font valoir qu'elles souffrent de diffĂ©rents troubles : perte de l'estime de soi, sentiment de honte, dĂ©pression, perturbation de la vie sexuelle. Les victimes affirment avoir dĂ©posĂ© plainte en 2000 en accord avec leurs conjoints en raison des consĂ©quences de ces viols sur leur vie conjugale[4]. La Cour d'assises du Maine-et-Loire condamne le prĂȘtre, ĂągĂ© de 80 ans, Ă 8 ans de prison ferme[5].
Un comitĂ© de soutien se crĂ©e en faveur de Jean BrĂ©heret qui fait appel et est jugĂ© Ă nouveau en mars 2005. L'association de soutien fait valoir au tribunal que 2 500 lettres sont parvenues au prĂȘtre incarcĂ©rĂ©, et diffĂ©rents tĂ©moins attestent de la moralitĂ© du prĂȘtre qui dĂ©nonce de son cĂŽtĂ© « une vingtaine de faux tĂ©moignages » montĂ©s contre lui. L'Ă©vĂȘque Ă l'Ă©poque des faits, Jean Orchampt, dĂ©fend « mollement » Jean BrĂ©heret, s'efforçant de dĂ©douaner l'institution et arguant qu'il aurait dĂ©noncĂ© les faits s'il avait connu leur gravitĂ©. L'avocat gĂ©nĂ©ral qualifie le prĂȘtre de « pervers manipulateur ». La Cour d'appel du Mans confirme la peine de 8 ans de prison[6].
EnquĂȘte journalistique aprĂšs le procĂšs
Le site Mediapart rĂ©vĂšle en 2017 que 25 Ă©vĂȘques depuis les annĂ©es 60 ont « mĂ©thodiquement » couvert la plupart des abus commis par 32 prĂȘtres identifiĂ©s, parmi eux Jean BrĂ©heret[7]. Le magazine Golias Ă©voque « des enveloppes de fric que [l']ancien Ă©vĂȘque (1974-2000), Jean Orchampt, emportait avec lui Ă destination des parents des victimes du P. Jean BrĂ©heret afin quâils ne portent pas plainte »[8]. Le magazine avance que Jean BrĂ©heret aurait « abusĂ© dâune quarantaine dâenfants »[9].
Notes et références
- « Un prĂȘtre est jugĂ© pour le viol de deux mineures Ă Angers », La Croix,â (lire en ligne)
- « Un prĂȘtre accusĂ© d'avoir abusĂ© de sĆurs jumelles », Le Parisien,â (lire en ligne)
- « SĆurs jumelles, victimes d'un prĂȘtre pĂ©dophile », sur France 2 / INA, (consultĂ© le )
- « Le prĂȘtre nie les accusations de viol », La DĂ©pĂȘche,â (lire en ligne)
- « La « souffrance » de l'Ă©vĂȘque d'Angers aprĂšs la condamnation du P. Jean BrĂ©heret », La Croix,â (lire en ligne)
- « Huit ans de prison pour le curĂ© pĂ©dophile », La Nouvelle RĂ©publique,â , p. 3
- « EnquĂȘte Mediapart : Ă Angers et au Mans, des religieux auteurs d'abus sexuels couverts par leurs supĂ©rieurs », sur France 3 Pays de la Loire,
- « Bien des drames auraient pu ĂȘtre Ă©vitĂ©s sans lâadhĂ©sion de la masse », sur Golias Hebdo, (consultĂ© le )
- Philippe Ardent, « La pĂ©dophilie dans lâEglise de la RĂ©volution Ă nos jours », Golias Hebdo,â (lire en ligne [PDF])