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Adina Mandlová

Adina[1] Mandlová était une actrice et l'une des deux plus grandes vedettes féminines du cinéma tchécoslovaque des années 1930[2]et comme l'autre, Lída Baarová, sa carrière ne se remit pas de la Seconde Guerre mondiale.

Adina Mandlová
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  81 ans)
Příbram
Nom de naissance
Jarmila Anna Františka Marie Mandlová
Nationalités
Activités
Parentèle
AntonĂ­n Mandl (d) (cousin)

Biographie

Sa maison natale

Adina Mandlová fut choyée par son père, qui lui apprit le piano avant de mourir de la grippe espagnole alors qu'elle n'avait pas huit ans. Sa mère, avec qui elle allait entretenir des relations conflictuelles, enchaîna alors les compagnons avant d'en trouver un plus riche que les autres.

Ă€ l'adolescence, elle fut exclue du lycĂ©e et tomba amoureuse d'un homme qui vendait des extincteurs, ce qui lui permit de faire des scènes et dĂ©monstrations publicitaires oĂą pour la première fois elle pouvait dĂ©ployer ses talents d'actrice et de chanteuse[3]. Le couple se noyant dans l'alcool, le nouveau compagnon de sa mère proposa de l'envoyer dans une pension de luxe, et Adina Mandlová choisit Paris pour perfectionner son français dans un collège privĂ© de rĂ©putation internationale qui s'adressait aux jeunes filles de la bonne sociĂ©tĂ©, et qui avait une annexe Ă  BouffĂ©mont, ville du baron Empain, oĂą elle passait les week-ends dans un « palais scolaire Â», un bâtiment avec une volumĂ©trie s'inspirant des châteaux classiques, qui fut Ă©difiĂ© en 1930 selon les plans de l'architecte Maurice Boutterin, prix de Rome en 1910. Si les journĂ©es Ă©taient consacrĂ©es Ă  l'activitĂ© sportive, la direction organisait des soirĂ©es oĂą Adina Mandlová connaissait un certain succès. Quant Ă  ses semmaines parisiennes : Ă©cole le matin, Sorbonne l'après-midi et vie parisienne le soir. Elle tomba enceinte, dut avorter, et lors d'une garden party oĂą tout le corps diplomatique Ă©tait invitĂ©, elle fut surprise enivrĂ©e dans les bras d'un homme Ă  la lumière d'un feu d'artifice. Un scandale s'ensuivit, ainsi que son exclusion, et elle dut revenir en TchĂ©coslovaquie, laissant derrière et selon elle les deux plus belles annĂ©es de sa vie.

Replongée dans l'ennui de Mladá Boleslav, elle ne respirait que par le tennis. Bonne joueuse, le président de son club l'envoya en compagnie d'un autre bon joueur faire les sparring-partners contre un couple pragois en vacances. Le mari était caméraman et s'arrangea pour que le producteur du film Děvčátko, neříkej ne! (1932)[4] lui trouve un petit rôle. N'ayant pas pu prononcer sa réplique par nervosité, le réalisateur, Josef Medeotti-Bohác, lui avait prédit qu'elle ne serait jamais actrice, ce à quoi elle avait répondu qu'elle deviendrait star.

De fil en aiguille, elle rencontra Hugo Haas, avec qui elle partagea l'affiche de La vie est une chienne, et bientôt la vie. Avec lui, elle put rencontrer des gens tels que Karel Čapek, Jan Masaryk, Karel Poláček, Jiří Voskovec ou Jan Werich. Si elle faisait le mannequin pour le styliste de mode Ulli Rosenbaum[5], Hugo Haas lui fit refuser certains rôles (comme celui qui rendit Hedy Lamarr célèbre dans le film Extase[6]) et certaines opportunités (jouer au D 34 d'Emil František Burian ou au Théâtre national). Lassée de son goût pour l'alcool et la cocaïne, ils se séparèrent en 1937 sur un dernier film, Děvčata, nedejte se! (cs). Il partit pour les États-Unis, et elle lui reprochera par la suite d'y avoir emmené son chien plutôt que son frère, le compositeur Pavel Haas, qui mourut à Auschwitz.

Dans Christian (en) avec Oldřich Nový

Devenue star avec Mravnost nade vše (cs) de Martin Frič, elle enchaîna ensuite les films et les amants, tournant par exemple une dizaine de films en 1937. Sur les films de cette époque, on peut retenir Cech panen kutnohorských (cs) (La Confrérie des demoiselles de Kutná Hora) d'Otakar Vávra, Christian (en) où elle joue avec une autre vedette, Oldřich Nový.

Quand vint le protectorat de BohĂŞme-Moravie et la Seconde Guerre mondiale, elle sortait avec un millionnaire, Fred SvĂ­til. Son père Ă©tait un Juif de Brno qui avait changĂ© le nom de famille Scheiner en SvĂ­til après la Première Guerre mondiale et s'Ă©tait converti Ă  la foi catholique après son mariage. Son compagnon ne voulant pas perdre sa fortune, il invita les nouveaux maĂ®tre de la BohĂŞme et de la Moravie Ă  des fĂŞtes et des chasses, et c'est Ă  ces occasions qu'elle rencontra ses premiers nazis, qui la traitaient comme une star (ils lui offèrent quatre manteaux de fourrure par exemple[7]). Ils durent faire face Ă  des campagnes de presse sur leurs passĂ©s, que ce soit les origines juives de Fred SvĂ­til ou ses anciens amis Ă  elle, intellectuels, de gauche ou juifs. PĂ©riode compliquĂ©e oĂą elle avoue une relation sexuelle d'un soir avec un envoyĂ© d'Hitler pour tenter de sauver son Ă©poux, ce qui lui sera reprochĂ© après la guerre. Elle avoua aussi avoir assouvi les goĂ»ts masochistes («  Je l'ai tellement cravachĂ© que le lendemain, il ne pouvait plus s'asseoir ») de Fritz Oehmke (un Allemand de l'Office des affaires culturelles) pour obtenir le maintien de l'ouverture d'un théâtre[8].

Elle eut une liaison avec un producteur allemand, Willy Söhnel, mais ses origines et son nom slave limitaient sa possibilité de faire carrière. On la trouve néanmoins au générique de la comédie Ich vertraue Dir meine Frau an, sous le pseudonyme de Lil Adina, choisi par Joseph Goebbels. Mais le ministre d'État du protectorat de Bohême-Moravie, Karl Hermann Frank, s'opposa à ce qu'elle poursuive sa carrière cinématographique, ce qui ne lui laissait que le théâtre.

Elle nia par contre tout relation avec le Karl Hermann Frank, rumeur qui circulait et qui fut mĂŞme propagĂ©e par l'Ă©mission en tchèque de Londres, ce qui, estimait-elle, l'avait coupĂ© de la RĂ©sistance, qui n'avait pas confiance en elle et percevait ses approches comme des tentatives d'infiltration. « Elle apprend Ă  cohabiter avec l’occupant nazi sans collaborer avec lui. C’est ce que confirme le journaliste Aleš Cibulka (cs) : "Elle savait avec qui faire connaissance, avec qui se montrer lors des soirĂ©es mondaines pour en tirer un certain profit, mais elle n’en a jamais abusĂ©. Plusieurs spĂ©cialistes renommĂ©s ont cherchĂ© dans les archives nazies pour rĂ©pondre Ă  la question si elle avait nui vraiment Ă  quelqu’un. Non, ce n’est pas le cas. Elle a mĂŞme intercĂ©dĂ© pour plusieurs personnalitĂ©s." Â»[9]

Pour se sortir de sa culpabilitĂ© et de la calomnie, elle se maria avec le peintre communiste ZdenÄ›k TĹŻma, qui se suicida en 1943, au bout d'un an de cohabitation malheureuse, et qui avant de mourir Ă©crivit sur une note « bon voyage Â», ce qui Ă©tait aussi de le titre du dernier film d'Adina Mandlová (Happy Journey (en)). Elle rencontra ensuite un autre artiste communiste, qu'elle connaissait depuis le tournage du film Le monde est Ă  nous en 1937, l'acteur VladimĂ­r Ĺ meral, dont la femme Ă©tait juive, et qui furent tous deux envoyĂ©s en camp de concentration. Elle attendit un enfant de lui, mais elle fit une fausse couche un peu avant NoĂ«l 1944 (peut-ĂŞtre d'avoir appris qu'il prĂ©fĂ©rait rester avec son Ă©pouse), et quand VladimĂ­r Ĺ meral vint la trouver après s'ĂŞtre Ă©chappĂ© du camp, elle accepta de le cacher.

À la libération, elle fut accusée d'avoir acquis la citoyenneté allemande et fut emprisonnée[10]. Tous les témoignages étant allés en sa faveur, elle fut libérée. Exclue à vie de l'Union des travailleurs tchécoslovaques du cinéma et ne voulant pas coopérer, elle se maria avec un ancien pilote de guerre qui avait aussi la citoyenneté britannique, et elle emménagea en Angleterre en 1948. Se succédèrent plusieurs mariages (dont un avec Bruce Lester) jusqu'à ce qu'elle se marie avec un homosexuel, Ben Pearson, et que leur mariage dure 37 ans. Avec lui, elle vécut à Malte et au Canada, et retourna après sa mort en Tchécoslovaquie. À cause de son accent et de sa mauvaise réputation, elle tourna peu.

Filmographie sélective

Notes et références

  1. En référence à l'Adina de L'elisir d'amore
  2. Radio Prague, Adina Mandlova 13 décembre 2001
  3. Miroslav Šiška (cs), Sláva, zvraty a pád Adiny Mandlové, 4 février 2010, Novinky.cz
  4. https://www.imdb.com/title/tt0203448/
  5. Eva Uchalová, Czech Fashion 1918-1939: Elegance of the Czechoslovak First Republic, Olympia 1996
  6. Lupita Tovar fut aussi pressentie pour le rôle, mais son mari Paul Kohner n'aurait pas voulut qu'elle fût filmée nue. Quant à Hedy Lamarr, anxieuse pour son premier rôle, elle n'aurait pas lu son contrat en entier, et il prévoyait une scène de nudité qu'elle eut du mal à accepter
  7. Peter Demetz (en), Prague in Danger: The Years of German Occupation, 1939-45: Memories and History, Terror and Resistance, Theater and Jazz, Film and Poetry, Politics and War, Farrar, Straus and Giroux, 2009
  8. Miroslav Šiška, ibid.
  9. Václav Richter, Adina Mandlová, la star emblématique de l’âge d’or du cinéma tchèque, 28 janvier 2010? Radio Prague
  10. Dans le cadre de l'Ă©puration tchĂ©coslovaque, 32 000 collaborateurs furent jugĂ©s, et 135 000 personnes eurent Ă  prouver leur innocence : Bernard Wasserstein (en), Barbarism and Civilization: A History of Europe in our Time, Oxford University Press

Liens externes

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