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Actinopyga echinites

Holothurie brune, Holothurie Ă©pineuse

Actinopyga echinites
Description de cette image, également commentée ci-après
Holothurie brune Ă  La RĂ©union.

Espèce

Actinopyga echinites
(Jaeger, 1833)

Statut de conservation UICN

( VU )
VU A2bd : Vulnérable

Synonymes

  • Actinopyga caroliniana Tan Tiu, 1981
  • Actinopyga plebeja (Selenka, 1867)
  • Holothuria (Holothuria) echinites Jaeger, 1833
  • Muelleria echinites Jaeger, 1833
  • Muelleria plebeja Selenka, 1867

L’holothurie brune ou « holothurie épineuse » (Actinopyga echinites) est une espèce de concombres de mer de la famille des Holothuriidae.

Description

C'est une holothurie d'aspect caractĂ©ristique, avec un corps allongĂ© en cylindre lĂ©gèrement aplati ventralement, plus Ă©pais vers le milieu et arrondi aux deux extrĂ©mitĂ©s, oĂą se trouvent la bouche (en position lĂ©gèrement ventrale) et l'anus. Cette holothurie peut mesurer de 20 Ă  35 cm Ă  l'âge adulte, pour un poids de 200 Ă  350 g[1]. Elle est de couleur beige Ă  brun foncĂ© en passant par diverses teintes de brun clair et d'orangĂ© ; certains spĂ©cimens clairs de l'ocĂ©an Indien prĂ©sentent parfois une double rangĂ©e de taches plus brunes sur le dos[1] (notamment Ă  La RĂ©union[2]). Le tĂ©gument est Ă©pais, et peut ĂŞtre plus ou moins plissĂ© (notamment au grĂ© des contractions de l'animal) ; il est recouvert de podia jaune ou verdâtres principalement sur la face ventrale, ainsi que de papilles sur la face dorsale ; sur la face ventrale, les papilles sont plus jaunâtres. Vingt tentacules buccaux rayonnent autour de la bouche, alors que l'anus est entourĂ© par cinq petites dents jaunes, coniques [2].

Caractéristiques squelettiques

La classification scientifique des holothuries passe en bonne partie par l'examen des ossicules. L'holothurie brune a des ossicules en forme de bâtons Ă©pineux au niveau des tentacules (60-375 Âµm), des bâtons et des rosettes au niveau du tĂ©gument dorsal (20-135 Âµm), et les mĂŞmes en plus petit pour le tĂ©gument ventral (25-80 Âµm). Les podia de la face ventrale ont les mĂŞmes types d'ossicules (20-100 Âµm), et ceux de la face dorsale seulement des rosettes[1].

Habitat et répartition

Cette espèce est largement rĂ©partie dans le bassin Indo-Pacifique tropical ainsi qu'en Mer Rouge[3], avec une population ouest-indienne et une autre ocĂ©anienne sĂ©parĂ©es par une zone vide entre le golfe persique et l'Inde occidentale. On la trouve de l'Afrique du Sud Ă  l’Égypte et jusqu'Ă  l'Oman pour sa population occidentale, et du Sri Lanka Ă  la Nouvelle-CalĂ©donie et au Japon pour la population orientale, poussant Ă  l'est jusqu'aux archipels du Pacifique comme les Tonga ou Tuvalu[1]. Espèce benthique, on la trouve posĂ©e sur le fond, principalement dans les lagons calmes, dans les herbiers ou sur fonds sableux peu profonds (entre 1 et 30 m de profondeur, mais principalement Ă  moins de 10 m[1])[2] - [3].

Écologie et comportement

Alimentation

Comme toutes les holothuries de son ordre, cette espèce se nourrit en ingérant le substrat sableux, qu'elle trie grossièrement et porte à sa bouche à l'aide de ses tentacules buccaux pour en digérer les particules organiques[2] - [3]. Là où elle n'est pas pêchée, cette espèce peut localement se trouver en densité importante, jusqu'à plus d'un individu au mètre carré[1].

Respiration

Le système respiratoire est constituĂ© de deux « arbres respiratoires Â» qui dĂ©bouchent dans le cloaque, et qui aspirent et rejettent l’eau d'une manière analogue Ă  des poumons. Les besoins en oxygène des holothuries sont relativement modĂ©rĂ©s, et leur respiration est lente et irrĂ©gulière, ce qui peut s'observer aux contractions de l'anus qui expulse l'eau.

Reproduction et croissance

La maturitĂ© sexuelle est atteinte quand les individus mesurent autour de 12 cm (pour 45 Ă  90 g) ; il n'y a pas de dimorphisme sexuel. La reproduction est sexuĂ©e, et la fĂ©condation a lieu en Ă©tĂ©, en pleine eau après Ă©mission synchronisĂ©e des gamètes mâles et femelles. La larve Ă©volue parmi le plancton pendant quelques semaines avant de se fixer pour entamer sa mĂ©tamorphose. Son espĂ©rance de vie est d'environ 12 ans[1].

Prédateurs

Cette Tonna perdix a paralysé une Actinopyga echinites à La Réunion. Elle va mettre plusieurs heures à la faire passer par sa bouche, puis plusieurs jours à la digérer.

Les holothuries ont un corps robuste sécrétant des substances désagréables pour les prédateurs, et sont donc généralement dédaignées par la plupart des carnivores généralistes. Cependant, certains prédateurs spécialisés comme le mollusque Tonna perdix sont adaptés à la prédation sur les holothuries, et capables d'attaquer une Actinopyga echinites.

Cette espèce contient dans sa cavité viscérale des tubes de Cuvier de couleur rosâtre, mais ceux-ci ne semblent pas fonctionnels[4] - [5] et ne semblent jamais éjectés[1].

Comme toutes les espèces du genre Actinopyga, cette espèce se protège d'éventuels parasites dans sa cavité cloacale par la présence de cinq dents anales[1].

L'holothurie brune et l'Homme

Cette holothurie est comestible, et fait partie des 58 espèces les plus vendues et consommĂ©es au monde : elle est considĂ©rĂ©e comme surexploitĂ©e[1]. ClassĂ©e comme « vulnĂ©rable Â» par l'UICN[6], sa pĂŞche fait l'objet d'une rĂ©gulation en Australie, et est interdite dans plusieurs pays[1].

Noms vernaculaires

En français, cette holothurie est communĂ©ment appelĂ©e « holothurie brune Â» ou « holothurie Ă©pineuse Â» (ce qui est plus fidèle Ă  son nom scientifique). En Nouvelle-CalĂ©donie, elle est parfois appelĂ©e « rouge Â». En anglais, cette espèce est paradoxalement nommĂ©e « Deep-water redfish Â» (FAO, Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, Inde, Maurice, Vietnam, Madagascar) ; il s'agit aussi de son nom commercial international. Ses noms traditionnels sont Trokena (Madagascar), Barbara (Maurice), Pal attai (Inde), Hải sâm mĂ­t (Vietnam), Goma attaya (Sri Lanka), Telehea loloto (Tonga), Dri tabua (Fiji). Aux Philippines, elle a de nombreux noms parmi lesquels Hud-hud, Brown beauty, Buli-buli, Khaki ou encore Uwak.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Steven W. Purcell, Yves Samyn et Chantal Conand, Commercially important sea cucumbers of the world, Rome, FAO Species Catalogue for Fishery Purposes No. 6, , 233 p. (ISBN 978-92-5-106719-2, lire en ligne).
  • Tortonese, E. (1980). « Researches on the coast of Somalia. Littoral Echinodermata Â» Monitore zoologico italiano NS Supplemento XIII 5: 99-139.

Références taxinomiques et zoologiques

Notes et références

  1. (en) Steven W. Purcell, Yves Samyn et Chantal Conand, Commercially important sea cucumbers of the world, Rome, FAO Species Catalogue for Fishery Purposes No. 6, , 233 p. (ISBN 978-92-5-106719-2).
  2. Philippe Bourjon, « Holothurie brune », sur Sous Les Mers.
  3. World Register of Marine Species, consulté le 21 novembre 2013
  4. (en) Patrick Flamang, Jérôme Ribesse et Michel Jangoux, « Biomechanics of Adhesion in Sea Cucumber Cuvierian Tubules (Echinodermata, Holothuroidea) », Interg. Compl. Biol., vol. 42,‎ , p. 1107-1115.
  5. (en) Didier VanDenSpiegel et Michel Jangoux, « Fine structure and behaviour of the so-called Cuvieran organs in the Holothuroid genus Actinopyga (Echinodermata) », Acta Zoologica, vol. 74,‎ , p. 43-50.
  6. UICN, consulté le 20 mars 2014
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