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Abus sexuels sur mineurs dans l'Église catholique en Espagne

Les abus sexuels sur mineurs dans l'Église catholique en Espagne désignent des agressions sexuelles de mineurs, commises au sein de l'Église catholique en Espagne par certains de ses clercs et agents pastoraux.

Historique

En 2010, plus d'une dizaine de prêtres condamnés pour abus sexuels sont dénombrés[1].

En 2018, les jésuites décident une enquête dans huit écoles en Catalogne, il s'agit d'« une enquête systématique sur les possibles cas d’abus sur mineurs dans les centres éducatifs depuis les années 1960 »[2].

En 2021, conformĂ©ment aux directives du Vatican, la ConfĂ©rence Ă©piscopale espagnole (CEE) signale 220 prĂŞtres espagnols faisant l’objet de plaintes. Mais son porte parole Francisco ArgĂĽello indique « Nous ne connaissons pas le nombre de cas. Très peu certainement ». Toutefois deux congrĂ©gations religieuses, les JĂ©suites et les Marianistes, ont passĂ© outre cette omerta. En janvier 2021, la Compagnie de JĂ©sus signale 81 victimes de religieux jĂ©suites. De mĂŞme des marianistes admettent avoir indemnisĂ© 25 plaignants Ă  hauteur de 400 000 euros. Dans les deux cas les identitĂ©s des victimes et de leurs agresseurs ne sont pas rendues publiques. En Ă©change de ces indemnitĂ©s les victimes doivent signer un document de confidentialitĂ© qui les oblige Ă  taire cette transaction[3].

En décembre 2021, alors que la CEE indique toujours qu'il existe peu de cas d'abus sexuel dans l'Église catholique en Espagne[4], un journaliste du quotidien El País remet directement au pape François un dossier mettant en cause 251 membres de l'Église catholique espagnole et quelques laïcs de congrégations religieuses. François fait suivre ce dossier pour enquête à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, chargée des délits de mœurs dont les abus sexuels d'un prêtre et dirigée par le jésuite espagnol Luis Ladaria Ferrer et au cardinal Juan José Omella, président de la Conférence épiscopale espagnole[5].

En mars 2022, les députés espagnols décident la création d'une commission parlementaire pour enquéter sur la pédocriminalité dans l’Église catholique espagnole. En juillet, la commission chargée d'établir un rapport sur les violences sexuelles contre des mineurs dans l’Église catholique a tenu sa première réunion. L’Église espagnole refuse d'y siéger regrettant que ces investigations ne visent que l’institution ecclésiastique et non l'ensemble de la société espagnole. Toutefois elle promet qu'elle va coopérer dans la limite de la loi espagnole. Pour sa part, elle a engagé un audit externe par un cabinet d’avocats pour traiter ces agressions sexuelles[6].

L'Église a recueilli, en , les tĂ©moignages de 927 victimes qui accusent 728 membres de l’Eglise, essentiellement des prĂŞtres. Ce chiffre est bien infĂ©rieur aux 1 957 victimes comptabilisĂ©Ă©s par le mĂ©dia El PaĂ­s qui tient sa propre base de donnĂ©es [7].

Chronologies des affaires

  • XXe siècle
    • Cesáreo Gabaráin, proche de Jean-Paul II, fait l'objet de plusieurs plaintes pour agressions sexuelles, il est expulsĂ© de diffĂ©rents collèges Ă  Madrid [8]. JosĂ© Luis MartĂ­n Vigil est un prĂŞtre jĂ©suite et cĂ©lèbre Ă©crivain espagnol dans les annĂ©es 1960 et 1970[9]. Plusieurs victimes allĂ©guĂ©es d'agressions sexuelles de sa part se sont fait connaitre [10].
  • 2010
    • Ă€ la fin des annĂ©es 2010, le moine bĂ©nĂ©dictin Andreu Soler, de l'abbaye de Montserrat, est reconnu comme un « prĂ©dateur sexuel » et un « pĂ©dophile ». Pendant 30 ans, il a abusĂ© de jeunes scouts dont il Ă©tait le directeur. Une fois ces agressions rĂ©vĂ©lĂ©es, il a Ă©tĂ© dĂ©placĂ© par l'Église espagnole dans un autre monastère[11]. Il est mort en 2008. En 2019, un autre moine bĂ©nĂ©dictin est, cette fois-ci, demis de ses fonctions pour pĂ©dophilie[4].
  • 2019
    • En avril, Ă  Barcelone, Joaquin Benitez, ancien professeur d’éducation physique d'une Ă©cole catholique dirigĂ©e par les Frères maristes, est condamnĂ© Ă  21 ans et 9 mois de prison pour agressions sexuelles sur mineurs. Les quatre victimes doivent par ailleurs recevoir 120 000 euros d'indemnitĂ© qui seront rĂ©glĂ©s par l'assureur des Frères mariste si le condamnĂ© est insolvable. Toutefois 17 anciens Ă©lèves avaient dĂ©noncĂ© des agressions sexuelles mais celles-ci Ă©taient gĂ©nĂ©ralement prescrites. Il s’agit du premier jugement parmi les 12 professeurs des Ă©coles Maristes de Barcelone, poursuivis avec plus de 40 plaintes en 2016[12].
    • Des centaines de manifestants Ă  Bilbao ont contestĂ© la prescription des agressions sur des dizaines d’enfants âgĂ©s de 6 Ă  12 ans, entre 1975 et 1990, d'un ancien professeur de l’école des SalĂ©siens [13].
  • 2023
    • Le quotidien El PaĂ­s rĂ©vèle l'affaire du jĂ©suite espagnol, Alfonso Pedrajas (es), qui indique dans son journal intime l'abus de 80 mineurs en Bolivie. Huit plaintes ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es contre des prĂŞtres de la Compagnie de JĂ©sus, dont Alfonso Pedrajas et trois autres religieux espagnols : Luis Maria Roma, Alejandro Mestre et Antonio Gausset, tous dĂ©cĂ©dĂ©s[7].

Références

  1. « L'Église catholique secouée en Europe par les plaintes d'abus sexuels », sur Lalibre.be, (consulté le )
  2. Sandrine Morel, « L’Eglise espagnole reste réticente à enquêter sur la pédophilie », sur Le Monde, (consulté le )
  3. François Musseau, « Pédocriminalité : le silence pesant de l’Église espagnole », sur Le Point, (consulté le )
  4. Guillaume Delacroix, « Pédocriminalité au sein de l'église : « En Espagne, la pédophilie est un tabou absolu » », sur L'Express, (consulté le )
  5. (es) Inigo Domingues, Julio Núnez et Daniel Verdú, « La Iglesia española afronta una gran investigación de la pederastia con 251 nuevos casos aportados por El País », sur elpais.com, (consulté le )
  6. « L’Espagne commence à enquêter sur la pédocriminalité dans l’Église catholique », sur La Croix, (consulté le )
  7. « Espagne: L’Eglise catholique recueille le témoignage de 900 victimes d’abus sexuels », sur L'Essentiel, (consulté le ).
  8. « Pédocriminalité en Espagne: ces prêtres superstars qui sont peinards aux cieux », sur Libération, (consulté le ).
  9. (es) Pedro Miguel Lamet, « José Luis Martín Vigil, de novelista para adolescentes a « cura maldito » » [« José Luis Martín Vigil, de romancier pour adolescents à "prêtre maudit" »], sur El Mundo, (consulté le )
  10. (es) Ínigo Domingues, « El piso de los abusos del cura Martín Vigil en Madrid, el lugar donde acudían los chicos que le escribían de toda España » [« L'appartement des abus du prêtre Martín Vigil à Madrid, l'endroit où se rendaient les garçons qui lui écrivaient de toute l'Espagne »], sur El País, (consulté le )
  11. (es) Jesús García BuenoOriol Güell, « El monje de Montserrat Andreu Soler fue un “depredador sexual y un pederasta” impune durante años », sur elpais.com, (consulté le )
  12. « Abus sexuels: Près de 22 ans de prison pour un ex-professeur d'une école catholique en Espagne », sur 20 minutes, (consulté le )
  13. « L’Église espagnole réticente à lever le voile sur la pédocriminalité en son sein », sur Le Monde, (consulté le )

Ă€ voir

Bibliographie

  • (es) Mauro Szeta, Secretos sagrados : La verdad detrás de los casos de abuso sexual en la Iglesia, Buenos Aires, Aguilar, , 152 p. (ISBN 9789877350319).

Documentaire

  • Examen de conscience (en) d'Albert SolĂ© sur Netflix, 2019

Lien externe

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